Gallo-Romains et environnement

A-Des animaux et des hommes dans la Gaule romaine

  • I-Animaux sauvages (rôle, spectacles, chasse, pêche…)
  • II-Animaux d’élevage (terrestres, aquatiques)
  • III-Animaux domestiques (chien, chat et autres)
  • IV-Relations homme-animal

Les grands auteurs grecs et latins mentionnent des animaux dans leurs œuvres, en particulier : Homère, dans « L’Iliade » et « L’Odyssée », Hérodote, dans ses « Histoires » , Xénophon, dans « L’art de la chasse » et « L’art équestre » , Platon et Aristote réalisent des inventaires et des classements de la faune, Cicéron, dans « La nature des dieux » , Columelle, dans son t,raité « De l’agriculture » , Ovide, dans les « Métamorphoses » , Pline l’Ancien, dans son « Histoire naturelle », Plutarque, dans « Œuvres morales » ,Varron, dans « Economie rurale » ,Virgile, dans les « Géorgiques » …

File:Ours et sanglier R Landesmuseum Trier 101008.jpg Ours terrassant un sanglier, groupe sculpté (restauré) du musée de Trèves File:Trésor de Neuvy-en-Sullias Cerf.jpg
Cerf en bronze du trésor de Neuvy-en-Sullias (musée d’Orléans)
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Orphée charmant les animaux (mosaïque du musée d’Arles)
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Echassier attrapant un serpent ou une anguille (mosaïque du musée de Saint-Romain-en-Gal)

I) Des animaux « sauvages »

1-Certains sont considérés comme protecteurs (louve liée à la fondation de Rome, oies du Capitole qui sauvèrent la ville de l’invasion gauloise, dauphins évoqués par Plutarque qui aiment la compagnie des hommes et constituent de bons auxiliaires pour la pêche.

2-D’autres sont redoutés car nuisibles ou dangereux : Aristote cite les souris, Pline, les rats et les sauterelles qui détruisent les récoltes, Homère décrit le chien d’Ulysse dévoré par les tiques et des pêcheurs harcelés par les poux.
En ce qui concerne les serpents, considérés comme de nature divine, ils sont à la fois respectés et craints car leur venin peut soit tuer, soit guérir. Porphyre prétend même que la viande de vipère améliore la vision.

3- Beaucoup sont capturés, importés et exhibés dans les spectacles, les singes et les éléphants notamment pour des numéros de « cirque » (mais dans un amphithéâtre) évoqués par Martial ou Suétone, à Rome. Philon d’Alexandrie relate un numéro auquel il a assisté au théâtre, mettant en scène un singe guidant un char tiré par 4 chèvres et un jeune éléphant dansant sur un air de musique joué à la trompette et à la lyre. Les paons font également l’objet d’exhibitions payantes. Suétone raconte que Néron, au cours des jeux juvénaux fit courir un quadrige attelé de chameaux. A Rome toujours, on montre pour la première fois, entre -58 et -18, des crocodiles, des hippopotames, des rhinocéros, des girafes, des tigres. En Gaule, un os de patte avant de chameau ou de dromadaire du 2ème siècle a été retrouvé à Tours et le squelette d’un dromadaire a été retrouvé récemment dans un puits au Luxembourg. Une gravure de Narbonne montre sans doute deux ours « jouant » avec leurs dresseurs.

4- De sanglants spectacles sont organisés dans les amphithéâtres : les combats de lions ont commencé à Rome, à l’époque de Sylla où une centaine de ces fauves ont été sacrifiés. Puis Pompée en a fait combattre 500 ou 600 (en -55) et César 400 (en -46). Puis c’est une inflation des chiffres, en 80 (inauguration du Colisée), on aurait massacré 9 000 animaux puis sous Trajan, 11 000…

 Des témoignages iconographiques, en Gaule, représentent des combats entre hommes et animaux (le groupe sculpté du gladiateur terrassé par un lion au musée de Chalon, les vases sigillés souvent décorés de ce genre de scènes, une mosaïque de Reims…) mais il s’agit de conventions artistiques. Des fauves dans des amphithéâtres en Gaule sont peu vraisemblables : c’est un taureau qui tua Sainte Blandine à Lyon selon la tradition chrétienne, ce sont des ours qu’un centurion de Cologne captura (sans doute pour ces spectacles), ce sont aussi des cerfs et des sangliers, sans doute, donc une faune locale. Les chasseurs de l’arène sont des « bestiarii » (ressemblent à des gladiateurs) et les « venatores » (moins protégés mais munis d’un épieu) mais très peu d’inscriptions les évoquent (deux collèges de chasseurs -sans précision- à Saint-Pé-d’Ardet dans les Pyrénées et à Beaufort/s/Gervanne près de Die).

5- La chasse : elle sert à réguler le nombre de certains animaux, de divertissement des propriétaires de villae, peut-être aussi à exalter des vertus aristocratiques et des attitudes héroïques (c’est cette dernière raison qui est représentée de façon peu réaliste sur les sarcophages -voir ci-dessous-), d’activité physique aux militaires et enfin à se nourrir (mais uniquement pour le « petit gibier »). Non réglementée, la chasse pouvait être pratiquée par n’importe qui (y compris des esclaves !). Paulin de Pella, petit-fils d’Ausone, évoque la chasse, dès ses 15 ans, avec « un beau cheval richement orné de phalères, un écuyer…, un chien à la course rapide, un superbe faucon », comme un agrément de la vie de l’élite.


On peut distinguer plusieurs sortes de chasses:
a- Plus courante, en Gaule, était la chasse au « gros gibier » comme surtout le sanglier (chasse à pied avec des filets, ou à cheval, avec des serviteurs), le cerf (chasse, jugée non noble, à pied avec des filets, des lassos -scène visible sur une céramique de Sierentz en Alsace-, des pièges, des épouvantails ou des appelants), l’ours (les ursarii étaient chargés de les capturer ; trois sont cités en Gaules et Germanies, à Aix-en-Provence, Langres et Cologne ; dans ce dernier lieu, un centurion se vante d’en avoir pris 50 en 6 mois), l’auroch, l’élan (le Testament du Lingon cite des cornes de cet animal comme un bien précieux), le loup. Par contre, les « grandes chasses » aux fauves, sont inconnues pour la Gaule mises à part quelques représentations (chasse au lion peinte à Nizy-le-Comte).Épieux, coutelas, arbalètes, filets constituaient l’attirail indispensable à tout bon chasseur. Un épieu en fer de chasse au sanglier a été découvert à Jallerange en Franche-Comté. Dans une lettre, Ausone parle des dangers de la chasse au sanglier (« Crains l’expérience de ton frère qui en retroussant son vêtement, exhibe de vilaines entailles près de ses parties honteuses et des trous à ses fesses dans le voisinage de l’anus »).

b-Le « petit gibier », demande des techniques particulières : le lièvre (chasse courante, mais pas le lapin qui est domestiqué) est piégé par des lacets ou des filets et certains oiseaux (grives ou canards, envoyés par le poète Ausone à son ami Hesperius), capturés avec de la glu (relief de Sens). A Lattes, existaient peut-être des réserves à gibiers (lapins ?). Une étonnante découverte à Cairon en Normandie témoigne de la chasse au blaireau : important réseau de terriers, bouchons de pierre placés par les chasseurs devant certains entrées, foyers d’enfumage pour forcer l’animal à sortir (cf RAO, 33, p 191-208).

c- Les « appelants ». Des animaux  (cerfs, chouettes, faucons) sont capturés et apprivoisés,  pour servir d’appâts : la mosaïque de Lillebonne montre des cerfs ainsi apprivoisés (comme sur des bas-reliefs et sarcophages d’Orléans, d’Arles, de Déols et d’Espaly) et un serviteur donne de la nourriture à un autre cerf domestiqué sur un relief funéraire du Puy. Sur un graffito du temple d’Athée, un cerf est tenu « en laisse » par un homme et conduit peut-être vers une cage. Un graffito de Périgueux montre à peu près la même scène. Un vase d’Alésia, au musée de Dijon, montre 2 cerfs dont un est tenu par un assistant d’un chasseur. Un tesson de vase d’Antigny représente aussi un cerf tenu par une longe. Des fosses  ont livré des squelettes de cerfs (4 à Saulsotte près de Nogent, en Haute-Marne, 1 à Créteil, 1 à Limoges, âgé d’environ 18 ans, muni d’un mors et ayant les bois sciés, 1 à Verpilliers-Villemanche dans l’Yonne),  sans doute appelants car certains sont munis de « mentonnières » (équipement métallique au niveau des mandibules) et ont les bois sciés. Nous avons vus plus haut que Paulin de Pella possédait un faucon dressé. Cf un article sur les cerfs appelants in TAL, 38, 2018, p 33-46.

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Sarcophage de la chasse au musée d’Arles

Quelques témoignages de chasse en Gaule sur statuettes, graffitis, mosaïques et des bas-reliefs (de sarcophages essentiellement ) ; (les chiffres correspondent à l’inventaire d’Espérandieu) :

 Départ de chasse -A Vertault (Bourgogne, 3399), une statuette montre un chasseur à pied (portant un filet sur ses épaules) avec son chien ; A Espaly (Haute-Loire, 1683), deux chasseurs partent avec arbalète, arc, chien, et plus insolite, cerf et biche apprivoisés (utilisés comme appelants) ; Sur le sarcophage de Déols, six hommes et un cerf appelant partent et passent devant une borne routière ; La mosaïque de Lillebonne montre un départ de chasse (chasseurs, 2 chiens, un cerf tenu par la bride).
 Chasse au gros gibier -Le sarcophage de Jovin à Reims montre une chasse aux cerfs, sangliers et lion (mais le sarcophage provient peut-être d’Italie ?, 3677) ; Sur le sarcophage de Déols (1560), un sanglier et un lion sont tués avec des épieux, 2 ours et un cerf sont pris dans des filets (on retrouve aussi un ou deux apprivoisés) ; Hécatombe sur le sarcophage de Cahors (1648), loup, laie, cerf sont tués et un sanglier est attaqué ; On retrouve une chasse au sanglier, souvent avec des chiens, à Narbonne (613), Orange (267), Arles (au moins trois représentations dont 133 et 175). Chasse au lion et au sanglier sur un sarcophage du 5ème s. à Clermont-Ferrand, également. Un cerf est également capturé à Arles ; A Simiane, un chasseur tue un ours (44) ; Egalement une chasse au sanglier sur un sarcophage du Luc (localisation incertaine, 29) et un cerf avec un sanglier et un chien à Chalons/s/Marne. Plus rare, un coffre funéraire du Limousin (à Barsanges, près des Cars, en Corrèze, mais provenant du mausolée des Cars) est décoré d’une scène de chasse avec un sanglier attaqué par deux chiens et tué par un homme, plusieurs cerfs et biches. Sur la mosaïque de Lillebonne, on voit une chasse à courre, au loup et une chasse, au cerf, à l’appelant. Une chasse au sanglier, également, sur une mosaïque de Vienne. Enfin, une mosaïque peu connue (de Villelaure, mais visible… à Los Angeles) montre des chasses à pied : à l’épieu contre 2 cerfs et un sanglier, au filet contre un lièvre. A Périgueux et Athée, des graffitis montrent une capture de cerf (peut-être pour être un appelant ?). D’autres graffitis de Périgueux représentent des chasses au cerf au filet.
 Chasse au petit gibier -A Paris, trois chiens poursuivent deux lièvres qui se prennent dans un filet (3179) ; Sur un fragment de sarcophage de Cabasse2 lièvres -gigantesques par rapport au chasseur- se retrouvent aussi piégés. Sur les sarcophages de Cahors et d’Arles, les lièvres, plus malins, s’échappent d’un filet… ; Sur le sarcophage de Déols, le lièvre passe même entre les jambes d’un chasseur ; Sur les deux faces d’un autel de Mandeure, un chasseur tient un lièvre. Un relief de Sens montre un oiseleur utiliser un arbre artificiel enduit de glu et une chouette sert d’appeau (2775).
 Retour de chasse -Une autre statuette de Vertault représente un rabatteur portant en bandoulière un sac contenant des lièvres (3400) ; Un devant de sarcophage de Narbonne montre un groupe de 5 chasseurs : 2 d’entre eux portent un sanglier mort dans un filet (1704) ; A Orange, encore un retour de chasse au sanglier (268). A Touget (Gers), le dieu chasseur porte un lièvre.
 Quelques animaux plus ou moins sauvages représentés (chiffres = Espérandieu) :
sur des objets en bronze : cerf, cheval et sanglier de Neuvy-en-Sullias ; sanglier de Cahors ; lion de Chateaumeillant ; lion de Mézin ; lion et dauphins de Vienne…
sur des sculptures en pierre : aigle (statue colossale à Ussel) ; 2 bœufs (à Bouzemont, chez les Leuques) ; lion (nombreux lions funéraires en Limousin et 3 à Angoulême -dont un tient une tête de sanglier ; 14 lionnes-louves servant de fontaine de thermes ou de villas, en Auvergne) ; tortue (Nîmes) …
-sur des bas-reliefs et stèles : aigles (frise à Nîmes) ; chevaux (sur deux stèles de Reims, rue Belin) ; chouettes (Metz, 4369, sur la stèle d’Iunia Curmilla) ; cochons (3 sont pendus, sur un côté de l’épitaphe de C. Catus Catianus à Autun) ;  écureuils (Vienne, 408) ; ours (Périgueux 1266, Narbonne 609) ; panthère à 7 mamelles (Vienne, 8015) ; poissons (peut-être une truite à Vizille,7458) ; sangliers (Le Puy 1654, Le Donon 4569)… 
sur des mosaïques : canards sauvages (Lyon, Liffol, Autun, Pithiviers, Vienne, Ste Colombe) ; cerfs (St Romain-en-Gal, Lillebonne, Sens, Périgueux -avec biche et faon) ; cigognes (St Romain-en-Gal) ; coqs (Bavay, Biches) ; dauphins (St Paul-Trois-Châteaux, St Paulien, Jublains) ; écureuil et hérisson (Ormes) ; léopard (Chaumont, Fréjus) ; lions (Tourmont dans le Jura) ; oiseaux (Aix-en-Provence, Vienne, St-Romain-en-Gal, Ste Colombe, St Paulien, Nîmes, Mandeure -une huppe-) ; panthères (Nîmes, Maranville, St Romain-en-Gal) ; paon (Vaison, Vienne) ; perdrix (Ste Colombe, Vienne) ; perruches (Grenoble, St Romain-en-Gal) ; pintades (St Romain-en-Gal) ; poissons souvent accompagnés de coquillages et crustacés (Alba, Liffol, Lyon, Jonvelle, Vienne, Ste Colombe, Jurançon, St Cricq-Villeneuve, Sarbazan, Orbessan, Reims, St Romain-le-Puy, Champvert, Pithiviers) ; sangliers (Grand, Vienne) ; Il existe aussi les célèbres mosaïques représentant Orphée charmant de sa musique, des animaux nombreux, au choix, sanglierpanthère, lion, éléphant, cheval, renard, canard, perdrix… (à Vienne, St Romain-en-Gal, Ste Colombe, Arles, Blanzy-les-Fismes, Aix-en-Provence, forêt de Brotonne) et les mosaïques au dieu Océan, environnés de poissons, dauphins, crustacés, poulpes... (Maubourguet, Montréal, Vienne, St Romain-en-Gal, Ste Rustice…).
sur des peintures murales : dauphins (île Ste Marguerite, Bayeux, Langon) ; lions (chasse à Nizy-le-Comte ; Limoges) ; panthères (Vendeuil-Caply, Bois l’Abbé ; ou chat, à Nîmes) ; oiseaux (Jublains, Fréjus, St Romain-en-Gal et Vienne, Lyon, Limoges, Martizay, Besançon) ; poissons (Périgueux, Vieux, Langon)…
sous forme de graffiti : ânes (Périgueux) ; cerfs (Vaison, St Ulrich, Périgueux -chasse aux cerfs au filet-) ; chevaux (Narbonne, Rennes) ; éléphant et tortue (Chartres) ;  grues (Périgueux) ; paons (Narbonne, St Ulrich) ; poissons (Grand, Chartres, Périgueux, Glanum) ; sangliers (Ruscino).
 Résultat de recherche d'images pour "pecheur  gallo-romain"File:Senlis (60), musée d'art et d'archéologie, paire d'écrévisses, gallo-romain (Raray).jpg
 Bas-relief de Metz avec
deux scènes de pêche
 Écrevisses en bronze (musée de Senlis)

6- La pêche 

a- Beaucoup de poissons d’eau douce sont énumérés par Ausone (le chabot des torrents de montagne, l’omble des lacs d’altitude, la truite qui apprécie les eaux claires et vives, l’ablette des rivières de plaine, le saumon…). Sidoine Apollinaire cite le brochet du lac d’Aydat, non loin de sa propriété auvergnate. 

b- En mer, les poissons, les coquillages et les crustacés les plus recherchés sont le loup, le surmulet de Méditerranée, le corroco (turbot ou esturgeon ?), le rouget, la raie, le thon, les huîtres, les moules  et les langoustes et crabes de Gascogne…

A. Borvon (12ème colloque AGER) a étudié les nombreux ossements de poissons de Rézé (près de Nantes) : les habitants pêchaient sur l’estran de très petits poissons, comme sur de nombreux sites côtiers du nord-ouest. Par contre, à Harfleur (Normandie) et à Nempont-Saint-Firmin (Pas-de-Calais), on pêche de gros poissons (morues, merlans, lottes…). M. Sternberg s’est intéressé aux espèces pêchées en Méditerranée à Lattes (anguille, loup, daurade), Olbia (thon, anguille, congre) et Marseille (thon surtout, sardine, anchois, maquereau aussi).

c- Comme matériel pour pêcher à la ligne, Plutarque conseille d’utiliser une canne mince (« calamus » latin), du crin et des hameçons clairs (« hamus ») afin de ne pas être repéré par les poissons. Pour le thon, c’est au contraire un hameçon très grand et gros qui est utilisé. Des tridents sont utilisés pour les seiches et le thon. On peut aussi  capturer les poissons grâce à des filets, des nasses, des pièges, des appâts naturels (insectes)dans les rivières. Elien évoque l’existence de pêche à la mouche factice !Pline évoque même la pêche aux mulets, à l’étang de Lattes, avec l’aide de dauphins, « rabatteurs » ! : les dauphins empêchaient les poissons de descendre dans les eaux profondes et les repoussaient vers les filets des pêcheurs qui partageaient leurs prises avec eux.

Des témoignages peu nombreux : -quelques représentations de scènes de pêche : des bas-reliefs à Vieux-la-Romaine, en Normandie ; Blois avec des pêcheurs de brochets sur une sigillée ; Metz où un pêcheur répare sa nasse et un autre porte un trident ; Narbonne ; Aix-en-Provence avec deux pêcheurs utilisant une nasse ; Lyon où un pêcheur rapporte des poissons dans un panier ; peut-être à Ceyssac ; Une mosaïque à Lyon. -d’autres mosaïques montrent des animaux  sans doute pêchés : la mosaïque aux poissons d’Alba (voir plus bas) montre sans doute les espèces d’un milieu de type étang, peut-être des perches et des tanches ; sur la mosaïque de Montcaret, les poissons sont plus difficiles à déterminer mais les seiches sont reconnaissables. -Beaucoup de coquilles ainsi que des vertèbres et  des écailles de poissons ont été retrouvées sur les sites gallo-romains. Le matériel de pêche est plus rare : aucun reste de filet mais de nombreux lests, plusieurs tridents (dont celui de Chalon/s/Saône), des vestiges de nasses (dont celles du Petit-Creusot  à Chalon également, de Pont-sur-Seine dans l’Aube,  à Arles dans le Rhône -une amphore réutilisée en nasse à anguilles ou à écrevisses-…).

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Ruche représentée sur une plaquette en os d’Escolives. 
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Bétail, marqueurs de bétail, force de tonte (musée de Nîmes)

II Les animaux d’élevage :

L’élevage occupait une place importante dans l’agriculture du monde romain où la richesse se mesurait en bêtes et en troupeaux. Virgile, Columelle, Pline…indiquent des méthodes d’élevage et donnent de nombreux conseils.
1- Les animaux terrestres: 

a – Les principaux élevages des grandes exploitations agricoles (villae) :

– Des étables pour les bovins. Une étable avec fumière a été identifiée dans le Val d’Oise . Des bovins pâturent sur le calendrier de Reims, sur un relief de St-Cricq, sur un relief de Metz (en compagnie de chevaux et de chèvres). On a retrouvé en Frise le contrat de vente d’un bœuf par Gargolius Secundus à un fournisseur de l’armée pour 115 sesterces. Deux centurions des 1ère et 5ème légions sont témoins et 2 vétérans se portent caution pour le vendeur-fermier

– Quant aux chèvres, il faut, selon Virgile, les nourrir avec des feuilles d’arbousier. Une mosaïque de Lyon montre un berger, son chien  et son troupeau. A Nuits-St-Georges, un paysan porte sa chèvre sur ses épaules.

– Des bergeries pour les ovins. Virgile préconise « d’étendre sur le sol une couche de paille et de fougères ». Un troupeau de moutons pâture sur un relief de sarcophage d’Arles. Plusieurs bergeries ont été découvertes dans la cité de Nîmes (Esperirau, St Cômes-et-Maruéjols…).

– Des écuries, construites sur poteaux comme celle de Rom, pour les chevaux, les mulets et les ânes. Déjà, César vante la qualité des équidés gaulois et Pline, l’efficacité de leurs dresseurs. Les chevaux sont très représentés, utilisés par des cavaliers (militaires ou non), des chasseurs, des charretiers, des cochers, des auriges (un cheval de course est représenté sur un bas-relief de Lyon)… Sur une stèle de Luxeuil, Musinus tient un fouet et une lanière, près d’un cheval. Un pédiluve à chevaux a été découvert à la villa de Conthil, en Moselle. Le mulet, lui, tire le « vallus » qui est une sorte de moissonneuse rudimentaire.

– Des porcheries sont mentionnées par Varron et Columelle. Mais, pour Strabon, les porcs sont surtout élevés en liberté. Cet élevage est attesté pour la villa du grand Loou à La Roquebrussanne.

– Des poulaillers pour les volailles. On retrouve de nombreux ossements de poulet, oie, canard… On peut voir un coq en bronze à Lyon, un coq avec un enfant sur une stèle funéraire de Saintes (E 1362) et un autre coq sur une mosaïque de la Nièvre.  Les oies du nord de la Gaule sont exportées (à pattes !) jusqu’à Rome.

– Des pigeonniers et des volières pour les pigeons, les tourterelles, les merles, les grives, les cailles et même les paons et les ortolans.

– Des ruches, construites en écorce, osier ou paille, pour les abeilles. Elles étaient exposées, de préférence, au vent d’ est (dixit Pline !). Un enfumoir a été découvert dans la villa de Peymeinade (Alpes Maritimes) et une ruche est représentée sur une plaquette d’Escolives.

– Des clapiers à lapins ?, à Ambrussum (A.Gardeisen 2012) mais c’est un élevage introduit tardivement depuis l’Espagne.

– D’innombrables coquilles d’escargots ont été retrouvées sur les sites archéologiques gallo-romains.

Empreintes de chien, de poule et de marcassin sur des tuiles…

De nombreux ex-voto, d’innombrables figurines en terre cuite ou en bronze et des décors de céramiques sigillées, représentent des bœufs, des chèvres, des coqs, des canards… Des chenets de cheminée prennent souvent la forme de têtes de béliers. Plus anecdotiques mais aussi émouvants, les archéologues retrouvent fréquemment des empreintes de pattes sur des tuiles : un bel exemple est celui de la villa de Gilly en Savoie où des traces de 22 animaux différents ont été retrouvées (11 chiens, 3 chèvres, 4 porcelets, une poule ou un dindon, peut-être un chat et des moutons). A Moissey, dans le Jura, ce sont les empreintes d’animaux sur 31 tuiles. Les animaux sont aussi associés à des divinités, le coq ou le serpent de Mercure, le paon de Junon, le cheval d’Epona, le cerf et le chien de Diane, le chien de Sucellus et les ramures de cerf de Cernunnos. D’autres sont mêmes des représentations de divinités comme le taureau tricorne des Séquanes et Helvètes.

b- Les produits : 

 La viande, trop coûteuse, n’était pas consommée couramment. Seul le porc était abordable. Étaient appréciés surtout les jambons des Cavares selon Varron, des Ménapes selon Strabon, la charcuterie, le porcelet farci (selon une recette d’Apicius). Pour la conserver, la viande pouvait aussi être salée ou fumée. Des fumoirs à viande sont connus, dont ceux de Mandeure (l’un d’eux fut installé dans des thermes désaffectés au IVème s.) ou de Vannes (dans la villa du Boizy). La viande était, en général, consommée fraîche, parfois marinée puis bouillie ou rôtie, cuite avec du saindoux et accompagnée de sauce ou en soupes avec des légumes et des céréales. D’après les fouilles du nord de la Gaule (Lepetz, 1996), on consomme surtout le bœuf, puis le porc et le mouton. Dans une ville comme Arras, on consommait chaque année, environ 100 à 400 porcs, 50 à 200 bœufs et 150 à 600 moutons. Les volailles n’étaient pas très recherchées à l’exception des poules pour les œufs, des chapons, des canards et des oies gavées avec des bouillies de céréales ou des figues pour le foie gras ; Apicius propose aussi des plats de grives farcies, de tourterelles et de perdrix. Le gibier,  particulièrement le cerf et le loir, constituait des mets de luxe.

 Les produits laitiers : Le lait, pour des raisons de conservation, n’était consommé frais qu’à la campagne. Les fromages étaient fabriqués le plus souvent avec du lait de brebis. Les plus connus venaient de Lozère, Toulouse et  Nîmes, mais ils avaient « un goût de médicament », selon Pline. Ils pouvaient être agrémentés avec des herbes ou des épices. Le beurre était peu apprécié mais utilisé comme onguent.
– La laine (tondue entre l’équinoxe de printemps et le solstice et aux heures chaudes de la journée, pour obtenir, selon Varron, une meilleure qualité ; étaient réputées en Gaule, les laines des cités du nord de la Belgique et celles de Cahors) 
– Les cuirs étaient utilisés pour fabriquer, en particulier, des selles visibles par exemple sur l’arc d’Orange et sur une stèle de Sens où figure un cheval conduit par un valet.
– Le miel, était récolté trois fois dans l’année : au printemps, en été et en automne. La cire servait à fabriquer les tablettes à écrire. Principale source d’approvisionnement en sucre, le miel entrait dans la préparation des viandes, des poissons et, surtout, des pâtisseries et des « fruits confits ». Accessoirement on  l’utilisait comme médicament. Quelques pots à miel ont été découverts dans la province de Belgique. 
– Autres matières premières : dures (bois des cervidés, corne, os, dents, ivoire pour faire des jetons, des pions, des perles) et périssables (fourrures pour les vêtements, graisse pour la cuisine, plumes pour les coussins, fumier pour fertiliser les sols)…

File:Vivier maritime la Gaillarde.JPGFile:Alba-la-Romaine.Mosaïque.JPG
 Vivier romain des Issambres (Roquebrune-sur-Argens) Poissons et coquillages sur une mosaïque à Alba (Ardèche)

2 – Les animaux aquatiques :

a- Des viviers, aménagés à grands frais par des particuliers dans leurs villae ou par des « entreprises » pouvaient être alimentés en eau douce, les « viviers doux », ou en eau salée, » les viviers amers ». Ils étaient divisés en plusieurs compartiments pour les différentes espèces. On en retrouve les traces (le grand vivier de la villa de Molesme en Bourgogne, celui de Guisseny en Bretagne), en particulier en Narbonnaise (il y a quelques années, à Port-la-Nautique, près de Narbonne, un vaste vivier circulaire de 67 m de diamètre, a été découvert ; il est doté au centre, d’une île artificielle, sans doute utilisée pour les banquets d’été, mais aussi de casiers à huîtres et de caches à poissons, des murènes surtout). On a aussi retrouvé dans les vestiges d’un bassin de la villa de Peltre en Moselle des amphores qui pouvaient servir d’abris pour des poissons (Feller 2010). 

b– Les coquillages ne sont pas oubliés : moules et huîtres du Médoc (Pline, Ausone), huîtres du delta du Rhône (Strabon), coquilles d’huîtres retrouvées en grand nombre, sur d’innombrables sites de fouilles, y compris loin des côtes (huîtres vivantes transportées dans de l’eau de mer ou conservées dans de la saumure et du vinaigre). Ainsi Ausone reçoit une trentaine d’huitres de son ami Theonius. Environ 30 sites des côtes Atlantique et Manche avaient comme spécialité, l’extraction de colorant à partir du pourpre et du murex (deux mollusques gastéropodes).

c- Les produits : outre le poisson qui était conservé salé, séché et fumé en Armorique et dans le golfe de  Gascogne, ces élevages fournissaient de la saumure (exemples à Fréjus, Antibes) et surtout du garum. Des ateliers des côtes Atlantique et méditerranéenne (environ 40 sites connus) obtenaient ce condiment puissant en faisant macérer dans des cuves au soleil, des entrailles de sardines ou de maquereaux trempés dans de la saumure. Ce produit très apprécié et très cher, permettait  » d’épicer » les sauces qui accompagnaient les viandes.

III) Les animaux domestiques 

1- Le chien : c’est l’animal le plus représenté sur les stèles funéraires. A la différence des Gaulois, les Gallo-Romains ne devaient pas manger de viande de chien.

a- Le chien animal de compagnie par excellence,  partage les jeux des enfants : près de Langres, une stèle représente un chariot tiré par un chien et conduit par un enfant. Couché sur le lit, il peut aussi servir de bouillotte. Les chiens participent également aux activités des adultes. Arrien évoque avec affection Ormé, son lévrier gaulois, « aux yeux gris…, vif, travailleur et fin de nez, … doux », « A la maison, il ne me quitte pas. Il me suit quand je vais au gymnase et s’assied pendant mes exercices. Quand je rentre il me précède, se retournant de temps en temps pour voir si je suis bien »… « Lorsque je reparais après une absence, il saute autour de moi joyeusement et pousse des cris doux et caressants. Lorsqu’il assiste au repas, il vous touche avec sa patte en poussant de petits cris incroyables pour vous prier de lui donner quelque chose ; tout ce qu’il désire, il le fait comprendre par ses aboiements. »(texte étonnamment moderne !). Les petits chiens – bichons en particulier- étaient particulièrement appréciés par les dames de la haute société qui n’hésitaient à les parer de bijoux et même à leur faire construire des tombeaux. La chienne Myia était certainement la compagne d’une riche anonyme d’Auch qui lui a dressé une tombe avec épitaphe.(voir plus bas)
b- les chiens de chasse, Columelle conseille de choisir des chiens de meute légers et rapides pour poursuivre le gibier .Ils apparaissent sur des bas-reliefs et de nombreuses sigillées. Le lévrier d’Arrien est un chien de chasse. Les dogues sont plus adaptés à la chasse aux sangliers.
c- Les chiens de berger doivent être assez robustes et bien nourris pour pouvoir affronter les loups et, de préférence, de couleur blanche pour ne pas être confondus avec ces derniers. Pour les protéger des morsures, Varron recommande un collier constitué par une lanière de cuir hérissée de clous pointes tournées vers l’extérieur. 
d- Les chiens de garde ( « cave canem ») doivent effrayer les intrus par leur forte corpulence et leurs aboiements sonores. Une robe foncée leur permet d’être moins visibles de loin la nuit. Certains étaient affectés à la garde de monuments publics.
e- Les chiens de combat : déjà utilisés par les chefs gaulois (le roi arverne Bituit en avaient, contre les Romains en -121), des molosses servirent aussi dans les légions (en 1930, près de Châlon, on a mis à jour 26 tombes de grands chiens, considérés à l’époque comme des chiens de l’armée romaine). Des gladiateurs pouvaient aussi être accompagnés de ces chiens dans les arènes. 


2- Le chat :

a- Moins apprécié, car plus indépendant, il était souvent victime de préjugés suivant sa couleur : les chats blancs seraient censés porter bonheur alors que les chats noirs porteraient malheur. Cependant, Pline vante sa propreté et peu à peu, il se substitua aux belettes pour chasser les rats et Palladius (auteur du Vème s.) le conseille aussi contre les taupes. Les Romains ont beaucoup contribué à le répandre par la vallée du Rhône. Des squelettes de chats ont été retrouvés sur certains sites : à Corent, un crâne dans un fossé, à Senlis, un animal complet dans un puits.
b- Les représentations du chat comme animal de compagnie sont assez rares. On a retrouvé quatre  ou cinq stèles funéraires à Dijon, à Montceau-les-Mines, à Lyon,, Entrains- sur- Nohain peut-être à Bordeaux, ainsi qu’un pied de table à Alésia et une statuette à Auxerre. Une mosaïque d’Orange (perdue) montre un chat serrant un rat (ou une souris) dans sa gueule. Des figurines en terre blanche et des petits bronzes représentent également des félins. Une lampe à huile est décorée d’un chat grimpant sur une échelle avec un singe. Des empreintes de pattes de chats sont même visibles sur des tuiles (par exemple, à Tavaux  dans le Jura, à Jonvelle en Haute-Saône ou à Palleville dans le Tarn…).

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Cliché François Lauginie, Ville de Bourges, 2008.


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 Langres : Lollius Gemellus et son chien, tenu en laisse Bourges : un enfant assis avec son chiot (Esp. 1491) Alésia (pied de table) : un enfant tient un chat (ou un chien ?), portant un grelot

Inventaire des représentations de nos compagnons à quatre pattes (les chiffres correspondent aux inventaires Espérandieu) :

 Les chiens (61  recensés ici) Les chats (5/8 recensés ici, essentiellement en Bourgogne)
 Amiens (2 chiens courants, 3957 ; chien sur une stèle récemment découverte -in RAP 2020, 3/4, p52-53-) ; Aubigny (chien de Tartinia Florentiana, 8256) ; Autun (un enfant tient un oiseau mais un chien est tout proche ; l’enfant Secundinus avec un probable chien ; un autre enfant accompagné d’un chien ; un homme avec un chien, 1973 ; une femme avec un chien, 1842) ; Auxerre (Cocilius tient un probable chien) ;  Bordeaux (un coq pince la queue d’un chiot ou un chat, que tient la fille de Laetus !, 1193 ; un chien aux pieds de Claudius Sparsiolus, 1184) ; Bourges (Ivnianus et son chien, 1486 ; un enfant assis tient un chiot sur ses cuisses, 1491 ; Graccha tient un panier avec 3 chiots et une chienne se tient aux pieds de la fille, 1490 ; un chien couché aux pieds d’un enfant, 1494) ; Dijon (chien couché aux pieds d’un enfant, 3498 ; chien debout aux pieds d’un enfant, 7193 ; enfant et chien sur une stèle disparue, 3542) ; Entrains (un chien assis regarde l’enfant Apinosus, 2309) ; Grand (un chien couché entre les pieds d’un enfant, 4904) ; Langres (Lolius Gemellus tient son chien assis en laisse, 3249 ; l’enfant Mallus et un chien couché, 3257 ; 2 stèles disparues montrent un enfant tenant un chien et sur une autre stèle, un chien assis regarde l’enfant, 3258, 3314, 3315) ; Lemberg (4 chiens sculptés dans une scène de chasse du rocher dit Pomposer Bronn) ; Le Puy (un chien assis assiste à un repas funéraire, 1666) ; Les Bolards (un chien dort aux pieds d’un bébé dans un berceau, 2051) ; Lillebonne (une femme tenant un petit chien, 3097 ; une tête de chien, gueule ouverte, 3125) ; Luxeuil (un chien probable représenté au bas d’une stèle d’une femme, CIL 13, 5447) ; Lyon (Sutia Anthis et ses 2 chiennes, Merula et Educata, 7062) ; Marseille (chien assis au pied d’un homme, 53 ; chien sur un monument votif décoré aussi d’un navire de guerre) ; Metz (l’enfant Suarigillus présente une balle et caresse un chien qui se dresse contre lui, 4361 ; sur une stèle disparue, une femme tient un chien, 4407 ; un chien près d’un couple, 4408 ; un chien sur le fronton de la stèle d’Actianus et Gloria) ; Narbonne (un chien regarde un mulet qui fait tourner une meule, 6903 ; un chien assis entre un couple, 653 ; la chienne assise de Cytheris, 770 ; un autre chien assis, 773) ; Niederhergheim (un chien dans une scène de banquet funéraire) ;  Nîmes (statue de l’enfant au chien) ; Orléans (un chien devant deux cerfs, 2983) ; Périgueux (le célèbre graffiti du chien qui fait Vava !) ; Ploumoguer/Plouarzel (l’étonnante cuve à urnes décorée d’un chien de chasse) ; Robache (sur une stèle, un couple avec un chien) ; Roppeviller (2 chiens accompagnant 3 divinités sur le roche sculpté dit de Diane) ; Saint-Fraigne (un personnage avec un possible chien, 1372) ; Saint-Jean-de-Liversay (chien accompagnant deux hommes -des chasseurs ?-, 1368) ; Sauzelles (2 ou 3 petits chiens sont représentés sur un monument funéraire rupestre où figurent 3 personnes) ; Senlis (une levrette, 8359) ; Sens (le forgeron Bellicus a un chien et un lapin à ses pieds, 2769) ; Sorcy-St-Martin (un chien courant après un animal) ; Sources de la Seine (deux statues d’enfant tenant un chien dont 2407) ; Vaison (sur un couvercle de sarcophage d’enfant, un chien se dirige vers une table chargée de mets appétissants, 298) ; Vienne (une statuette d’un lévrier couché, 2636 ; un chien qui attaque un coq, 361 ; un chien du type molosse, 8015) ; Villards-d’Héria (un possible chien sur un dessin-graffiti) …+ de nombreux chiens (assis, couchés, courants) représentés aux côtés de divinités, à Nîmes, Mavilly, Beaune, Dampierre-sous-Bouhy, Entrains, Sens, Auxerre, Langres, Lamerey, Escles, Rouillac (Epona tient un chien ou un chat) Alésia (un pied de table représente un enfant tenant un chat -ou chien- des deux mains, 7811)  ; Auxerre (une statuette d’un chat portant un collier, 2906) ; Bordeaux (cf Laetus, ci-contre) ; Corre (selon H. Walter, une femme tient un chat) ; Dijon (un enfant tient un chat d’une main et un fouet de l’autre, 3500) ; Entrains (un enfant avec un chat ou un chien, mais c’est peut-être un faux, 2208) ; Lyon (Aurélia Satyra tient maladroitement un chat, 1783) ; Montceau-les-Mines (décor fruste d’un enfant tenant encore un chat)

3- Des oiseaux d’agrément : des chardonnerets et des rossignols dont on admirait le chantdes colombes, paons, cygnes pour agrémenter les jardinsvoire même des  corbeaux quétaient sans doute apprivoisés et, parfois, dressés pour parler, mais peu de découvertes archéologiques le confirment. Sur des stèles funéraires, on peut voir un enfant tenant un oiseau (une fille à Bordeaux, un jeune homme à Metz, un enfant à Reims, une jeune femme à Bourges E 1479) ou lui donnant la becquée (Alogius à Baugy ; une fille à Bourges ; à Bordeaux), un oiseau lié par une cordelette (à Sens), un coq avec un enfant (stèle à Saintes E 1362). A Bar-le-Duc, un pied de table montre un enfant nu tenant un oiseau.

4- Et d’autres animaux... tels que des lapins (à Sens, le forgeron Bellicus en a un, une fillette de Bordeaux aussi, à Dijon,  un homme en tient un sous le bras), des tortues (avec un enfant, à Genainville), peut-être des singes (un squelette de singe magot a été découvert à Narbonne et un autre à Cutry en Meurthe-et-Moselle, une sépulture d’un autre petit singe est connue à Poitiers, rue des Caillons) …

IV) Les relations entre l’homme et l’animal : 

1- L’animal »objet » : L’opinion commune considérait que les animaux avaient été créés pour l’homme qui pouvait en disposer à sa guise (Cf Cicéron).

a -Tout naturellement, les bœufs étaient dressés pour le travail et habitués à porter un joug.  Ils tirent un araire sur des reliefs (à Nîmes, Aix, Bordeaux…) et sur des mosaïques (Saint-Romain-en-Gal)Les chevaux sellés ou attelés constituaient le principal moyen de transport terrestre. Ils étaient aussi des auxiliaires indispensables des courses du cirque (voir les mosaïques de Lyon ou de Sennecey-le-Grand avec les noms de quatre auriges)… Les mulets travaillaient aussi dans les champs, les moulins et sur les routes.
b- La guerre exploitait également des animaux, les chevaux bien sûr mais aussi les éléphants et même des « porcs incendiaires » badigeonnés de poix et enflammés avant d’être lancés sur l’ennemi .
c-Les sacrifices d’animaux se sont multipliés, tant à l’époque gauloise qu’à l’époque romaine. -Les fouilles réalisées dans le sanctuaire de l’oppidum gaulois de  Corent  (Auvergne) le confirment. Les archéologues y ont en effet exhumé 150 000 ossements d’animaux. Les plus nombreux appartenaient à des moutons et à des chèvres adultes. Ensuite venaient les porcs, dont quelques cochons de lait, puis des bœufs d’âge avancé. Ils ont retrouvé aussi des ossements de volailles et même des crânes de loups, de renard, de chien et de chat… Après les sacrifices, le sang et les bas morceaux, considérés comme les plus nourrissants, étaient offerts aux dieux. Les morceaux « nobles » comme les gigots, les jambons ou les côtes, étaient dévorés au cours de gigantesques festins (ils sont décrits par  Poseidonios d’Apamée), où le vin coulait à flots. Une partie de la viande était également vendue en dehors du sanctuaire. L’époque romaine voit la poursuite des sacrifices d’animaux dans un but religieux : un taureau pour Jupiter ou Apollon, une truie pour Cérès, un bélier pour Diane, un veau pour Mercure, un coq pour Esculape… L’archéologie précise ces données et on peut citer quelques sanctuaires bourguignons :  Mirebeau/s/Bèze, utilisé pendant 600 ans, de -300 à 300, a livré de nombreux restes d’animaux : pour l’époque gauloise, on sacrifie surtout des porcs (45 %) et des caprinés (31 %), pour l’époque romaine, le bœuf domine mais sa part diminue (de 56 à 31 % entre -50 et 300), la part du porc progresse (de 29 à 40 %) et les caprinés sont très réduits ; à signaler 0,1 à 0,4 % de chiens). Au début de l’époque romaine, à Vertault, 80 fosses, près d’un temple, ont livré des restes de près de 200 chiens, 42 chevaux, 7 moutons et 2 bœufs, tous adultes, tous sacrifiés. A Pannes (dans le Loiret), 7 fosses ont livré, chacune, un chien et un mouton. A Dijon, des fosses individuelles ont servies pour 28 chiens mâles (sans doute sacrifiés), ainsi que 5 agneaux et 2 truies. A Mâcon, ce sont des chiens et chevaux, dans des fosses d’extraction… Dans l’Oise, à Longueil-Sainte-Marie, environ 40 chevaux ont été sacrifiés, assez tardivement (IIIème s.). Dans le Val d’Oise, à Genainville, une insolite découverte récente concerne huit squelettes de moutons, sacrifiés mais non consommés. -Des ossements d’animaux (sacrifiés ?, rebuts de boucherie ?) sont également utilisés dans des inhumations humaines, à Saintes (un crâne de chien séparait deux squelettes humains) ou à Evreux (de nombreux dépôts de chevaux dont 2 crânes de chevaux enserrant une tête humaine !).-Un dépôt de 4 chiens, découvert à Port-en-Bessin, est peut-être lié à des animaux victimes de mauvais traitements.

 Les curieuses sépultures de chevaux de Gondole (Puy-de-Dôme) : Il s’agit de 6 fosses où furent inhumés, simultanément et avec soin, 61 équidés (dont 6 ânes ou mulets), vers -50/20. Ces animaux, tous des mâles, sont très différents en stature, poids (beaucoup sont corpulents), âge. Ces inhumations ne correspondent pas à une épidémie (pas de femelle ni de poulain), ni à des restes alimentaires (pas de trace de découpe) mais sans doute à un rituel, en partie funéraire. Une hypothèse se fait jour : des chevaux, lourds mais résistants d’auxiliaires Germains de l’armée romaine, installée au Grand camp voisin. (cf Les armées romaines en Gaule à l’époque républicaine, Bibracte 28, 2018, p 104-106)

2- L’animal « reconnu » :

a- L’intelligence animale : on trouve de nombreux témoignages sur la fidélité et l’obéissance du chien(voir plus haut, le texte d’Arrien).Plutarque vante l’habileté des araignées pour, à la fois, filer, tisser, coudre leur toile et neutraliser leurs proies. Il donne beaucoup d’exemples d’amour maternel, de solidarité et de ruses déployées par les animaux pour défendre leurs petits…On sait que le sens de l’orientation des pigeons leur permet de revenir à leurs pigeonniers, ce qui en fait d’excellents messagers (Pline)

b- Les droits des animaux : considérant que les animaux sont des êtres sensibles, Cicéron déclare que « C’est donc un crime que de causer dommage à une bête ». Porphyre estime que l’homme n’a pas le droit de porter atteinte aux animaux qui ne le menacent pas. Plutarque va plus loin lorsqu’il critique la cruauté qui consiste à tuer des animaux pour manger leur viande. Ovide prête même à Pythagore des propos végétariens  :  « Abstenez-vous mortels de souiller vos corps de mets abominables…Quel crime n’est-ce pas d’engloutir des entrailles dans ses entrailles…alors que la terre vous fournit des aliments délicieux… »

c- L’animal « soigné »: – Des soins d‘hygiène étaient dispensés aux chevaux et chiens, brossés et frictionnés pour nettoyer leur peau et assouplir leur poil. Les sabots des chevaux de trait étaient protégés par des hipposandales constituées de plaques de fer et attachées par des lanières de cuir. Les vétérinaires conseillaient de veiller à la propreté des logements des bêtes et d’isoler celles qui étaient malades.- Il y a eu vraisemblablement des épizooties. Ainsi à Ambrussum dans l’Hérault, un puits était rempli de restes d’animaux sans doute malades, jetés car considérés comme impropres à la consommation (Porcier 2012). A Lattes, des cadavres de porcins et bovins furent également jetés dans un puits. Et à Baron dans l’Oise, deux fosses contenaient les ossements de tous les oiseaux de la basse-cour. – Les maladies pouvaient être traitées par des potions fabriquées à base de plantes et de produits d’origine animale (fenouil, sauge, thym, romarin, lait, œufs…) Columelle conseille de frotter les oreilles des animaux infestés de tiques et de puces avec une lotion d’amandes pilées dans de l’eau. Les animaux pouvaient également servir à fabriquer des remèdes pour les humains. Ainsi, Pline conseille la cendre de corne de cerf comme dentifrice et pour les douleurs dentaires.

File:Hipposandales 02317.JPG
 Hipposandale du musée de St Rémi à Reims
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Inscription d’Auch, à la chienne Myia (4ème et 7ème ligne)

d- L’animal « choyé » : Certains maîtres, ou maîtresses, traitaient leurs animaux domestiques comme des membres de leur famille, avec beaucoup d’affection, comme le prouve cette épitaphe très poétique composée à Auch pour la chienne Myia  (« Mouchette ») :« Qu’elle était douce et qu’elle était aimable ! Tant qu’elle vécut, elle se couchait toujours près de moi, partageant mon lit et mon sommeil. Ô quel malheur, Myia que tu sois morte ! Tu ne te permettais d’aboyer que si quelque rival s’approchait de ta maîtresse. Ô quel malheur,  Myia que tu sois morte ! Un grand tombeau te recouvre maintenant, corps sans conscience, et tu ne peux plus gronder, ni folâtrer, ni répondre à mes caresses par de douces morsures ». Deux bas-reliefs de Narbonne semblent être des stèles funéraires de chiens : la chienne assise de Cytheris et un autre chien assis. Et une stèle d’Aubigny (en Bourgogne), également. Le chien représenté sur une tombe peut aussi avoir pour mission d’accompagner le défunt dans l’au-delà. D’après Dion Cassius, au cours d’une partie de chasse dans le sud de la Gaule,  l’Empereur Hadrien perdit son cheval préféré Borysthénès, auquel il était très attaché. Il lui fit construire un tombeau à colonnes et composa lui même une épitaphe :  « Borysthénès l’Alain, Impérial cheval de chasse, qui par la plaine, par les marais et par les collines étrusques savait si bien voler… qu’aucun sanglier, quand il chassait les sangliers de Pannonie, de sa dent étincelante de blanc n’osa le blesser… De sa bouche il éclaboussait de salive l’extrémité de sa queue. Mais dans la force de sa jeunesse, comme il arrive souvent, en pleine possession de ses moyens, il a atteint son dernier jour. Il repose ici dans la terre. » Cette inscription, retrouvée près d’Apt au XVIIème siècle mais aujourd’hui disparue (il en reste un fragment au musée Calvet d’Avignon), constituait le seul vestige du tombeau de Borysthénès. A noter qu’ Hadrien était un chasseur-voyageur : le sanglier en Pannonie, l’ours en Bithynie, le lion en Egypte…
Que penser aussi, des inhumations d’animaux (chien ou cheval, presque uniquement) découvertes par les archéologues : s’agit-il d’inhumations « sentimentales » ou liées à des sacrifices (normalement en voie de disparition pour ces deux espèces). Citons  Auxerre (un chien), Avenay-Val-d’or (2 chiens dans une unité de fours de potiers), Beaune-la-Rolande (5 chiens enterrés), Chalons (26 tombes de grands chiens enterrés avec des articles funéraires, découvertes en 1930),  Feurs (un chien déposé complet), Gurgy (un chien),  Lyon (les restes d’un chien inhumé avec sa gamelle entre les pattes !), Meuilley (un cheval), Nîmes (plusieurs cas de chiens inhumés dans un coffrage de blocs ou de tuiles), Ploumoguer/Plouarzel (sarcophage d’un chien), Poligny (un chien avec un humain),  Rodez (2 chevaux de plus de 11 ans, avec marquage des tombes ; un cas rare de porc inhumé au-dessus d’une tombe humaine), Saintes (un cheval et un chien enterrés avec des  humains), St Priest (un chien et un cheval inhumés ensemble), Sierentz (un cheval),  Strasbourg (des chiens et un cheval inhumés près d’humains), Valladas (une stèle en réemploi marquait une sépulture de chien) … 

 Hors des Gaules, il existe une trentaine de stèles funéraires d’animaux : 10 à Rome (la chienne Helena, « incomparable », le chien Synoris -« délice de Glycon »-, le chien Aminnaracus, la chienne Margarita -originaire de Gaule et morte « en couche »-, un chien de chasse, le chien Heuresis, le chien Lupa, la chienne Cyras, morte à 10 ans, 2 mois et 19 jours, le cheval Speudusa, le cheval Selmo), le chien Philokynegos à Pergame, la chienne Aelis à Gallicane del Lazio, le cochon tué par une roue de char à Edesse, la chienne Parthenope à Lesbos, le chien Ossa à Aquilée, la chienne Patrice à Salerne, le chien Stephanos à Termessos, le chien Pluton à Salona, le chien Fuscus -mort à 18 ans- en Vénétie, le chien Lucronius à Albinum, le chien Nerantus -mort à 3 ans- à Este, un chien à Gloucester, une chienne à Mytilène, le chien Tauros, le chien de chasse Lycas,  le cheval Felix à Pola, le cheval Aegyptus à Padoue, le cheval Samis à Aquae Albulae, le cheval Coporus en Italie du nord…  A Rome même, un corbeau du temple des Dioscures reçu des honneurs funèbres !

Sources :-Armand-Calliat L., « Une stèle de Montceau-les-Mines montrant un chat domestique« , Gallia, 1953, 11, p 85-89.-Barbet A. et Fuchs M., « Les murs murmurent, graffitis gallo-romains« , Infolio, 2008.-Bellier C., Cattelain L. et P., « Chiens et chats dans la Préhistoire et l’Antiquité », Catalogue d’exposition, Guides archéologiques du Malgré-Tout, Editions du CEDARC, 2015. Surtout p. 97 à 125.-Blaizot F., « Les inhumations de chiens », in Pratiques et espaces funéraires de la Gaule durant l’Antiquité, Gallia, 66-1, 2009, p 84-87.-Bodson L., « Les animaux dans l’antiquité« , in Acta Orientalia Belgica, 14, 2001, p 1-27.-Duval P-M., « La Gaule pendant la paix romaine », Hachette, 1997.-Edme A-L., « Des hommes et des bêtes, la présence des animaux domestiques sur les stèles funéraires du territoire lingon« , poster visible sur le site Academia, 2015.-Ferdière A., « Les campagnes en Gaule romaine« , Errance, tome 2 surtout, 1988.-Grilhé G., « Le chat dans la statuaire gallo-romaine« , RAE, 9, 1958, p 128-136.-Horard-Herbin M-P., « Pourquoi j’ai mangé mon chien ? Une archéologie des animaux », catalogue exposition, 2010.-Lepetz S., « L’animal dans la société gallo-romaine de la France du nord », numéro spécial 12 de la R. A. Picardie, 1996.-Leseleuc A. de, « Le Chien, compagnon des dieux gallo-romains« éd. Trismégiste, 1983 = corpus de 222 monuments figurés de dieux associés à des chiens ; 42 en Narbonnaise, 29 en Aquitaine, 39 en Lyonnaise, 30 en Belgique, 68 en Germanies ; 208 chiens identifiés ; 36 avec Diane (des braques et des lévriers), 25 avec Sucellus (surtout des braques), 23 avec Mithra, 19 avec des divinités féminines indigènes (surtout des chiots), 12 portés en offrandes par des personnages (au Tremblois et sources de la Seine), 9 avec Silvain, 7 avec Hercule, 7 avec Acteon…-Poirier J-L., « Cave Canem, Hommes et bêtes dans l’Antiquité« , Belles Lettres, 2016.-M.Poux, S.Foucras, M.Demierre, M.Garcia, « Du banquet gaulois au sacrifice romain à Corent« , Editions Mergoil, 2002.-M. Sternberg : Les produits de la pêche et la modification des structures halieutiques en Gaule Narbonnaise du IIIème av JC au Ier s ap JC. Mélanges de L’Ecole française de Rome, 110, 1, p 81-109, 1998.

B-LES GALLO SONT-ILS ECOLOS ?

Les Gaulois de Gaule romaine ont subi de nombreux « risques » environnementaux, très peu cités dans les textes et inscriptions mais de plus en plus souvent détectés par l’archéologie.

1-Les Romains et la nature, en guise d’introduction

a-Côté pile, les Romains aiment une certaine forme de nature…

-les Romains ont des divinités de la nature, un peu présentes en Gaule par ailleurs : Feronia (pour l’agriculture), Silvanus (dans les bois), Epona (pour les cavaliers)… Et il existe des bois sacrés (en fait très aménagés !).

-De nombreux auteurs (Virgile, Pline l’Ancien, Cicéron, Properce…) sont élogieux vis à vis de la nature et ils font un lien entre cette dernière et le comportement des hommes. Pline associe l’environnement à de l’air sain, un climat tempéré (donc habitable selon Strabon), une terre fertile. En Italie, Horace et Martial se déclarent heureux à la campagne. Pline, Martial et Juvénal  ne seraient même pas étonnés par la mode des aliments « bio » de notre époque : ils jugent la nourriture venue de la ferme plus naturelle. On introduit ou développe en Gaule de nouveaux produits agricoles comme les figues, les mûriers, la vigne, l’olivier…

-Les Romains ont des agronomes réputés (l’Espagnol Columelle et l’Italien Varron) et des architectes (Vitruve surtout) qui se préoccupent de l’implantation des lieux publics, des maisons (aisées surtout), des thermes mais aussi de pureté de l’eau (il existe des curateurs des eaux et des aqueducs) … Les Romains entretenaient plus ou moins régulièrement les rives des cours d’eau et les égouts. On sait que les empereurs Auguste et Trajan ont limité la hauteur des immeubles (20 puis 18 m) mais ces mesures concernent peu la Gaule. Des lois, à l’échelle de l’empire,  interdisaient les jets d’immondices dans les rues et obligeaient les propriétaires et les édiles à entretenir les trottoirs et les rues. En Gaule, certaines villes (Famars, Besançon, Sens, Bordeaux…) éloignent  en périphérie,  les ateliers bruyants et les dépotoirs.

-On retrouve les mêmes auteurs pour déplorer les atteintes faites aux montagnes (pour le passage d’un aqueduc  en Italie du sud, selon Varron) et aux sous-sols (risque d’écroulement de bâtiments en ville ou d’épuisement des minerais  des mines, selon Pline)

-Dans les villes, les « espaces verts«  sont nombreux (jardins publics ou privés, palestres des thermes) mais on le sait surtout pour Rome (ces espaces en Gaule sont mal connus).

-Les Romains pratiquent aussi le recyclage : les amphores pour le drainage (voir plus loin), les scories de fer pour aménager des routes (dans la région d’Argenton-sur-Creuse, par exemple)…

 « La seule jouissance de ces êtres détestables (certains hommes), c’est de tout haïr ; mais la nature, majestueuse en cela même, a engendré en plus grand nombre les hommes honnêtes et vertueux; comme elle est plus féconde en plantes salutaires et nutritives. C’est en vue de l’estime et de la joie de ces gens de bien qu’abandonnant la foule des méchants à leurs passions brûlantes, nous continuerons à servir l’humanité, et avec d’autant plus de constance que nous désirons plus faire un ouvrage utile qu’un ouvrage renommé. » (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, 18, 1, 4)
File:002. Pièce du musée de Saint-Romain-en-Gal.JPG
Tuyaux en plomb du musée de Saint-Romain-en-Gal

b-Côté face, les Romains ont très intensément exploité et « abimé »  la nature :

-De façon générale, les activités métallurgiques provoquaient des nuisances, fumées, déchets… Des minerais comme le plomb (pour fabriquer des tuyaux –très nombreux-, des monnaies, des plats et même des sarcophages). La pollution par le plomb était très présente : à Vienne, elle semble 800 fois supérieure aux normes actuelles, au lac d’Anterne en Haute-Savoie, un pic de concentration, peut-être lié à une exploitation à Passy, est daté de 120 à 300. Une étude récente des glaces du Mont Blanc, au col du Dôme (4 300m), montre aussi une importante pollution liée à l’extraction du plomb argentifère dès les années -300 et jusque vers 200. Mais en avaient-ils conscience ? Pline et Vitruve évoquent en tout cas  la toxicité des eaux passant dans les tuyaux de plomb et le second auteur parle des problèmes de santé des ouvriers du plomb. Par contre, pour de nombreux spécialistes,  l’idée d’un Empire romain, « tué » par le saturnisme est à rejeter.

le bois à brûler dans les fours de potiers ou les thermes par exemple (ils consomment jusqu’à 40 000 tonnes de bois par an !),  ce qui entraîne fumées et air vicié (Lucrèce et Sénèque en parlent)  ou le bois coupé dans le cadre du déboisement (pour avoir plus d’espaces agricoles), pour construire des maisons (beaucoup utilisent ce matériau) ou des navires, pour les mines, pour les vignes (pieux)… Les forêts sont donc fortement sollicitées. Une étude sur les forêts des environs de Rouen montre que les arbres sont coupés de plus en plus jeunes. Les maquis et garrigues remplacent peu à peu des forêts dans le midi. D’ailleurs des auteurs comme Virgile et Strabon, proches d’une nature (maîtrisée) apprécient peu les forêts, domaines du sauvage. Mais, selon B. Rossignol, l’idée d’un Empire romain, destructeur des écosystèmes, est à nuancer.

-les cours d’eau pollués par les rejets de toutes sortes venant d’égouts parfois  mal entretenus.

-les animaux massacrés à grande échelle pour les spectacles puisque l’on sait que l’impact fût énorme sur la faune d’Afrique du nord (cf fiche sur les animaux). Et Salluste dénonce les gaspillages alimentaires de certains riches (il pense aux fastueux repas de Lucullus).

-D. Goguey aborde  un sujet original, les nuisances urbaines : en Italie, Sénèque et Juvénal mais aussi Martial  se plaignent des bruits dans les villes (célèbre lettre à Lucilius du premier et fameuse Satire III, 223-249 du second), notamment des ivrognes, des baigneurs des thermes, des spectateurs du cirque, des voisins dans les immeubles. En Gaule, il y a peu de cirques et d’immeubles mais on peut aisément imaginer les clameurs des théâtres et amphithéâtres, les bruits des artisans au travail (forgerons, bronziers, argentiers), les odeurs nauséabondes des immondices non ramassés, des dépotoirs de boucheries,  des ateliers de foulons, des latrines (certaines n’ont pas de passage d’eau courante), les fumées des cuisines et des braseros… Des ateliers sont curieusement situés en pleine ville, à Metz (métallurgie), Limoges (forgeron), Alésia (argentiers), Autun (bronziers), Saintes… Dans la nécropole de la Viotte à Besançon, des traces de problèmes liés à des pollutions artisanales ont été détectées.

2-L’influence possible d’éruptions volcaniques lointaines

Les volcans d’Auvergne étaient bien calmes à l’époque gauloise et gallo-romaine (endormis depuis longtemps) mais l’étude des carottes glaciaires du Groenland a révélé l’existence d’environ 12 éruptions à l’ époque romaine, en plus de la très « médiatique » explosion du Vésuve à l’automne 79 : notamment en -53 (en Islande ?), en -44 (peut-être l’Etna ?), vers 150/155 (au Japon ?), en 160/162 (en Sibérie ?), vers 182 (en Nouvelle-Zélande ?), vers 220, vers 240, en 260/270, vers 280 (dans les Antilles ?)… Certaines de ces catastrophes ont pu avoir des conséquences momentanées sur le climat et les récoltes et provoquer des disettes ou famines (ce que l’historiographie nomme des « années sans été »), y compris en Gaule mais tout cela n’est que suppositions…

3-Les séismes

-Des études récentes ont révélé l’existence d’un violent tremblement de terre (estimé de force 5,5-6 sur l’échelle de Richter) à Vienne vers 36/37 : le temple d’Auguste et de Livie et les arcades du forum furent déstabilisés, les aqueducs endommagés, de nombreux habitats détruits, un des grands entrepôts recouvert d’alluvions (un possible « tsunami » du Rhône accompagna ce séisme). Tout fut restauré sur une dizaine d’années (la partie est du temple fut reconstruite, le théâtre réparé, les aqueducs refaits).

-La ville de Ruscino (près de Perpignan) fut, selon certaines hypothèses, abandonnée après un possible (mais non avéré)  séisme des années 80/120. Une étude récente (Travaux Archéologiques du Limousin, 43, 2023) dresse une liste de désordres dans des maçonneries, de fissures dans des murs, de consolidations, à Limoges et ses environs (villa de Brachaud dont la coupole des bains s’est effondrée) : pour les auteurs, un séisme a provoqué ces dégâts vers 130/150. Un tremblement de terre à Augst en Suisse (vers 240-250) a peut-être eu des répercutions jusqu’en Alsace. Un autre séisme est attesté au IVème s. sur l’aqueduc de Nîmes, provoquant plus précisément la chute d’une partie du pont de la Lône. Une inscription de Corse, près d’Aléria, fait peut-être référence à un séisme qui aurait endommagé l’amphithéâtre (AE 1984, 450).

-Dans l’antiquité tardive, quelques tremblements de terre sont cités par des auteurs anciens : peut-être à Béziers en 419 selon Paulin, à Vienne vers 463 selon selon Sidoine Apollinaire (« Tantôt de fréquents tremblements de terre ébranlaient les édifices publics », Lettres VII, 1), à Toulouse en 468 et en Anjou en 469 (Grégoire de Tours le cite bien plus tard).

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 CIL 12, 107 : inscription de Bourg-Saint-Maurice évoquant des réparations de dégâts provoqués par des inondations (site Manfred Clauss)

4-L’évolution du climat

-Jules César est un des rares auteurs anciens a donner quelques indications météorologiques, lors de la conquête des Gaules : un temps agité lors de la campagne contre les Vénètes, de fortes pluies en -56 dans le nord,  une forte sécheresse et de mauvaises récoltes durant l’hiver -54 à -53 et un hiver suivant très froid (traversée des Cévennes puis siège de Bourges). A l’époque tardive, quelques allusions réapparaissent : Ausone et Sidoine Apollinaire évoquent les neiges de Pyrénées (ce qui est, somme toute, banal)  et du Massif central, le Panégyrique d’Autun parle de « terres transformées en marais et fondrières ».

-Pour la période gallo-romaine, les spécialistes s’accordent sur une phase d’instabilité climatique forte avec des pluies abondantes et donc des crues nombreuses. Un climat frais est attesté pour les années 150 à 300.

-Ce climat pluvieux a provoqué des dégâts que l’archéologie dévoile de plus en plus souvent : à Argenton/s/Creuse, une dépression karstique s’est brutalement ouverte vers 50/100 et a détruit en partie un bâtiment à portiques en construction sur l’îlot B ; à Genainville, le bassin sacré central est abandonné au IIème s., sans doute victime d’inondations répétées ; à Bois l’Abbé (Eu, en Normandie), tout le quartier nord de l’agglomération ainsi que les « petits thermes » sont abandonnés  vers 280/300, suite à des glissements de terrain ; la façade du  monument (sanctuaire ou mausolée ?) de Pont-Sainte-Maxence dans l’Oise,  s’est écroulée d’un coup, suite vraisemblablement à un « événement climatique pluvieux » qui provoqua un « gonflement du sol par l’eau », selon les auteurs des fouilles (44ème suppl. RAE, 2017, p 330).

-De façon plus générale, un climat plus humide peut entraîner des modifications des paysages : les études menées dans la « Limagne des Marais » en Auvergne ont montré l’existence d’une érosion des versants assez forte, des alluvions nombreuses, un lac (Sarliève) qui a disparu aux II-IIIème s. puis s’est reformé à la fin de l’époque romaine. Plus tard (à l’époque mérovingienne), c’est Javols, en Lozère, qui est touché par une érosion massive des versants.

-Si on croise quelques rares autres données textuelles, inscriptions et études scientifiques, on peut penser que les années 160 à 170 furent difficiles, pour tout l’empire : crues très faibles du Nil en Egypte, inondations des cours d’eau Alpins et Syriens (d’après des inscriptions de 163 –CIL 12, 107- et 164), un hiver 165-166 très froid et tempétueux selon Aelius Aristide…

 File:Corne du port Jardin des vestiges.jpg
 « corne du port » de Marseille, envasée depuis le début de l’Antiquité tardive. Son quai fut réhaussé avec des blocs funéraires de remploi.

5-Les menaces maritimes

-Aucun chef-lieu n’a été implanté en bordure de mer, mais quelques-unes  n’en s’ont pas très loin (Vannes, Nantes ou Lillebonne, Narbonne, Fréjus…).

-Mais des tempêtes peuvent provoquer des dégâts : César en a subi sur la Manche lors de ses incursions en (Grande)-Bretagne en -55/-54 et les épaves des Saintes-Maries, en Camargue, à l’une des embouchures du Rhône, ont sans doute coulé ou échoué sur des bancs de sable, lors de tempêtes (ou d’un épisode plus violent comme un séisme ?).

-La transgression marine « rabote » les zones côtières du nord (la plaine maritime de Flandre fut inondée sur environ 10 km du IIIème au VIIIème s., c’est ce que les spécialistes appellent la « transgression Dunkerque II »), de Bretagne (la remontée du niveau de la mer a peut-être provoqué l’abandon des ateliers de salaisons de Douarnenez ?) et du sud de la Gaule  (l’avant-port d’Arles, près des Saintes-Maries, a disparu ainsi  au cours de l’Antiquité tardive, par enfoncement du sol).

-Des ports maritimes et d’estuaire sont envasés (à Rézé –estuaire sud de la Loire-, Barzan, Narbonne –Port-la-Nautique dès les années 60/80-) mais certains à des dates tardives, preuves qu’ils étaient régulièrement  curés par des bateaux dragues : à Marseille, la « corne du port » n’est envasé qu’au VIème s., à Bordeaux le port de la Devèze  est utilisé jusqu’aux VI-VIIème s, à Fréjus, le grand port est en voie de colmatage aux VI—VIIème s.

6-L’évolution des cours d’eau

Pourquoi de très nombreuses villes gallo-romaines ont été implantées à proximité d’un cours d’eau ou d’un confluent (sauf Langres, Corseul ou Jublains), dans des zones inondables (quartier St Leu à Amiens, Lyon, Strasbourg, Avignon, centre ville d’Orange, quartier nord à Aoste, Riez, Senez, autour du centre de Clermont-Ferrand…), voire même des zones de marécages (Dax, Bourges, Amiens, Sens, Meaux), à priori à éviter ?

R. Bedon cite de nombreuses motivations : protection, alimentation en eau, lutte contre les incendies (mais avec des moyens dérisoires), évacuation des eaux de pluies, commerce et transport des hommes et des marchandises, pêche… On peut ajouter la volonté de contrôler un point de passage (pont, rupture de charges…).

-A l’échelle de la Gaule, il est maintenant avéré que le « pays » a connu une crise hydrique à l’époque romaine. De nombreuses traces de crues (alluvions déposées) ont été découvertes lors de fouilles archéologiques dans de nombreuses villes et sites urbains de Gaule :

 Ambrussum une crise hydrologique de la Vidourle a été perçue pour le Ier s. et le cours de la rivière était large, entraînant la construction d’un pont de grande ampleur et des aménagements de berges
 Apt le théâtre lui-même a subi de nombreux dégâts au Ier s.
 Clermont-Ferrand la petite Tiretaine a peut-être provoqué l’abandon des sites de la Gare routière et du Carré Jaude vers le IVème s.
 Fréjus le quartier artisanal de Saint-Lambert fut abandonné au IIème s., suite à des crues répétées
 Glanum présence de couches d’alluvions d’époque tardive, du fait de la situation de la ville en fond de vallée
 Javols le Triboulin déborde souvent jusque sur le centre monumental, au IIIème s.
 Niort un sanctuaire périurbain découvert récemment, a peut-être été abandonné, dès le IIème s., à la suite de plusieurs inondations de la Sèvre Niortaise toute proche
 Orange des maisons furent détruites au quartier Saint-Florent avec la Meyne vers 10/20 et la nécropole des Fourches-Vieilles fut abandonnée suite à une crue de l’Aygues
 Thésée une dédicace fait peut-être allusion à un danger fluvial

et aussi dans de nombreuses villes alpines (Senez, Digne, Riez…).  Des habitats ruraux sont aussi touchés par des inondations fréquentes comme la villa de La Hillère près de Montmaurin (Haute-Garonne).

 Le cours du Rhône a été abondamment étudié et un régime fluvial dit « style en tresse » a été constaté pour les périodes gauloises et romaines. De plus, son lit semble s’être étendu, surtout entre 80 et 150  puisque des sites se sont retrouvés inondés ou fossilisés : le port de Seyssel repose sous plusieurs mètres d’alluvions, tout comme les carrières de Franciens (Ain). Le fleuve s’est exhaussé de 6 à 10 mètres par endroits. A Lyon, les crues du Rhône et de la Saône sont nombreuses de -30 à 40 environ puis au début du IIIème s et la presqu’île actuelle est une zone habitée (depuis les années 40/50) mais instable (par la présence de plusieurs chenaux, côté est -on parle de « morphologie en tresse »). Une autre île, sur la Saône –Saint-Jean- disparaît également au IIIème s. en même temps que la Saône primitive, côté ouest, qui se ferme). Vienne subit de fortes crues au Ier s., provoquant le recul de la berge rive gauche et une accumulation de limons sur 2 mètres de hauteur. De fortes crues ont touché aussi  Avignon (sous Auguste),  Arles (notamment vers -30 à -10 et peut-être vers 50/60 lorsque la fameuse épave Arles-Rhône 3 coule). Le Rhône semble plus calme à partir des  années 150/200 (sauf entre Valence et Avignon) mais les crues recommencent vers 350/450 (dans le quartier du cirque à Arles par exemple et plus tard à Vienne vers 450/470). Par contre le delta semble très instable, les bras d’embouchure passent de deux à trois vers -150/-100.

-Les habitants, tout comme les intellectuels romains, ne faisaient pas le lien entre l’érosion des sols et les inondations (nature incontrôlable ou punition divine…) mais avaient conscience des risques puisque de nombreux aménagements ont été retrouvés en bordure de fleuves et rivières.

Les preuves d’interventions sont nombreuses :

-dès l’implantation d’une ville ou plus tard (après des crues), on se livre à de grands travaux d’exhaussement des terrains par l’apport de remblais (à Rouen, Amiens, Dax, Saint-Romain-en-Gal et en face Vienne vers 20/40 …). A Beauvais, la zone marécageuse est assainie par d’importants remblais. A Arles et Vienne, des zones inondables sont densément loties et peuplées grâce à la construction de digues et de quais et l’aménagement de vides sanitaires ou de drains sous les maisons. Le cirque a été construit sur une « forêt » de pilotis.

 -des cours d’eau sont canalisés (le Triboulin à Javols), remblayés (des chenaux du Rhône à Lyon, par des vides sanitaires d’amphores), détournés même (la Meyne à Orange, le Peugue à Bordeaux, peut-être l’Isère à Gilly d’après une inscription de 184 -CIL 12, 2343-),

-des chenaux de crues sont aménagés (à Riez),

-les fleuves sont curés (par des bateaux dragues),

-les rives sont protégées (par des pieux en bois comme à Rouen ou à Lyon-Tolozan, des quais en pierre comme à Arles, des grands murs d’endiguement comme à Lyon, Vienne –le long de la Gère- et Vaison –sur des pieux de bois datés des années 80-, des levées artificielles comme à Lyon). De nombreuses villes aménagent un urbanisme en terrasses comme à Poitiers ou Clermont-Ferrand (travaux accompagnés d’importants drainages des sols vers 40/70).

 17. Entrepot commerces.jpg
 Maquette des entrepôts de Vienne : on distingue les amphores recyclées pour le drainage.

7-La gestion des milieux humides : 

-De nombreux sites de fouilles révèlent une gestion efficace des zones humides : en Limagne d’Auvergne, c’est  l’aménagement de nombreux fossés de drainage et de drains souterrains constitués d’amphores recyclées ;  à Clermont-Ferrand (site de Fontgiève), c’est la canalisation d’un petit cours d’eau et le drainage des terrains environnants vers 100/120, toujours à Clermont (site du forum), de nombreuses galeries sanitaires souterraines forment des « barrières » contre l’humidité ;  au Mans (site des Jacobins), une zone marécageuse, objet de pratiques cultuelles, est assainie puis transformée en plan d’eau artificiel (vers 10/20) ; à Genainville, face aux inondations (le site est en fond de vallées), on aménage des terrasses d’assainissement et on construit un grand collecteur pour recueillir les eaux de pluie, au IIIème s ; à Fos-sur-Mer, une zone de marécages est bonifiée pour agrandir le port vers 60/90 (par un système de caissons en bois, remplis de posidonies, de déchets de scierie ou d’amphores verticales et installés sur la vase).

-A l’opposé de ces actions, on constate durant l’Antiquité tardive, un certain manque d’entretien de ces aménagements  et des abandons en série : à Fontgiève (Clermont), le chenal aménagé est transformé en égout au IIIème s. puis le site redevient une zone marécageuse, à Arles, le comblement des cryptoportiques est en partie dû au manque d’entretien des égouts.

SOURCES :-C. Allinne : Les villes romaines face aux inondations. La place des données archéologiques dans l’étude des risques fluviaux, revue Géomorphologie : relief, processus, environnement [En ligne], 13, 1, 2007. ; -C. Allinne, P. Leveau : Les villes antiques du Rhône et le risque fluvial. In Favier R. (dir.), Les pouvoirs publics face aux risques naturels dans l’Histoire. Publications de la Maison des Sciences de l’Homme des Alpes, Grenoble, 2002, 195-218. ; -C. Allinne, H. Bruneton : Arles face au Rhône : la gestion des inondations dans la ville antique, in CAG Arles, Crau, Camargue, 13/5, 2008, p 147-151. ; -F. Arnaud, J. Serralongue, T. Winiarski, M. Desmet, M. Paterne : Pollution au plomb dans la Savoie antique en relation avec une installation métallurgique de la cité de Vienne, CR Géoscience, 338, 2005, p 244-252 (et aussi dans ArchéSciences 34, 2010, p 197-201). ; -R. Bedon : Les villes des Trois Gaules et leur recherché d’une proximité de l’eau, in Vers une gestion intégrée de l’eau dans l’Empire romain, Actes université de Laval en 2006, L’Erma de Brteschneider, 2008, p 99-106. ; -O. Blin : Impact anthropique et gestion du milieu durant l’Antiquité (à propos du site de Jouars-Pontchartrain dans les Yvelines), Les nouvelles de l’archéologie, 78, 1999, p 45-56. ; -M. Calvet : Régimes des contraintes et volumes de relief dans l’est des Pyrénées, Géomorphologie : relief, processus, environnement, 5-3,‎ octobre 1999, p. 253-278. ; -P. Cordier, N. Dieudonné-Glad (dir.) : La Ville et ses déchets dans le monde romain : rebuts et recyclages (Actes du colloque de Poitiers, 19-20 sept. 2002), Editions Monique Mergoil, 2003. ; -P. Fedeli : Ecologie antique,  Infolio, 2005. ; -D. Goguey : Nuisances urbaines selon les auteurs, in Amoenitas urbium, Caesarodunum, 2001-2002, p 255-273. ; -W. V. Harris : Bois et déboisement dans la Méditerranée antique, Annales, 2011/1. ; -B. Helly : Evolution de la topographie de Vienne, in CAG, Vienne, 38/3, 2013 (p 119-126 sur le séisme de 36/37) ; -F. Laubenheimer : L’eau et les amphores. Les systèmes d’assainissement en Gaule romaine. In Pesavento Mattioli S. (dir.), Bonifiche e drenaggi con anfore in epoca romana : aspetti tecnici e topografici. Franco Cosimo Panini, Padoue, 1998, 47-70. ; -P. Leveau : Dossier dans Gallia, 1999, 56, sur le Rhône romain. Dynamiques fluviales, dynamiques territoriales (plusieurs articles dont un sur le régime du Rhône, un sur le Rhône et la Saône à Lyon, un autre sur les contraintes hydrologiques à Vienne…). ; -E. Mantel et S. Dubois : L’agglomération de Briga (Eu): premières données sur l’occupation durant l’Antiquité tardive, in Gallia, 74-1, 2017, p 181-194. ; -M. Provansal : Le rôle du climat dans la morphogenèse à la fin de l’âge du fer et dans l’Antiquité en Basse-Provence, in les nouvelles de l’archéologie, 50, 1992, p 21-26. ; -M. Provost : L’homme et les fluctuations climatiques en Gaule dans la deuxième moitié du IIème siècle après JC, Revue archéologique, 1984, p 71-78. ; -H. Richard, M. Magny : Le climat à la fin de l’âge du fer et dans l’Antiquité, in Les nouvelles de l’Archéologie, 50, 1992. ; -B. Rossignol et S. Durost : Volcanisme global et variations climatiques de courte durée dans l’histoire romaine (Ier s. av. J.-C. – IVème s. ap. J.-C.) : leçons d’une archive glaciaire (GISP2). Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz, Römisch-Germanisches Zentralmuseum, 2010, 54 – 2007 (2), pp.395-438. ; -PG. Salvador, A. Verot-Bourrély, JP. Bravard, O. Franc, S. Macé : Les crues du Rhône à l’époque gallo-romaine dans la région lyonnaise, in Les fleuves ont une histoire, 2002, p 215-221. ; -P. Testard-Vaillant : L’urbanisation du paysage, in L’occident et la nature, Cahiers de Science et Vie, 174, 2017, p 36-38. ; -S. Thiebault : Archéologie environnementale de la France, La Découverte, 2010. ; -P. Voisin : Ecolo, écologie et environnement en Grèce et à Rome, les Belles Lettres, 2014. (excellent choix de textes)

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