Monde des Dieux

Dieux, prêtres, temples et Gallo-Romains

  • I)Des dieux
  • a)La religion gauloise
  • b)La religion romaine
  • c)Les dieux et les hommes : 1-Le culte impérial ; 2-Les « grands » dieux romains ; 3-Les dieux d’origine celtique ; 4-Les divinités en double, triple… ; 5-Les « douceurs » de l’Orient ; 6-magie et astrologie
  • II)Des prêtres
  • a)Les prêtres du culte impérial
  • b et c)Les autres prêtres
  • III)Les demeures des dieux
  • IV)Les gestes pour les dieux

I)DES DIEUX

-Traditionnellement, les historiens parlent des dieux romains, des dieux indigènes (gaulois) et des dieux orientaux (Cybèle, Mithra, Isis…). Ils nous parlent aussi de syncrétisme, d’acculturation, de « créolisation », de cohabitation, de coexistence… ! Je préfère ce dernier terme.


a)-Avant l’arrivée des Romains, les Gaulois avaient, bien sûr, des dieux : environ 4 000 connus, rarement représentés (mais il y a des effigies sur les monnaies et César évoque des images de Mercure). Les plus connus sont Teutatès (Toutatis pour Astérix !), Esus, Taranis, Lug, Belenos, Cernunnos (avec ses bois de cerf et sa pose « bouddhique »), Sucellus… et la « féminine » Epona. Mais il y a aussi une multitude de dieux locaux (= topiques) et de dieux « écologiques » (sources, rivières, forêts, souterrains…). Certains guerriers héroïsés, des ancêtres, des déesses-mères semblent aussi honorés. Pour certains historiens, les statues et bustes du centre et du sud de la Gaule peuvent être des aristocrates, objets d’un « culte de la personnalité » plutôt que des dieux. Les sanctuaires sont essentiellement des enclos carrés ou, dans le Midi, des portiques. Les rituels, assurés par des druides, se composent de sacrifices (parfois humains, à une époque ancienne, surtout animaux -porc, mouton, bœuf…-), de banquets, d’offrandes (céramiques, monnaies, vin dans des puits pour les divinités du sous-sol), d’élévation de trophées (avec armes, crânes humains…), de dépôts de statues (surtout dans le Sud de la Gaule)…


b)-Dans la Gaule romaine, plus de 500 dieux sont recensés.

*Un tournant : les dieux sont représentés de manière sûre et leur nom écrit.
*Les dieux romains « arrivent » mais ne sont pas imposés (sauf le culte impérial). La religion romaine officielle n’a pas de dogme, pas de clergé, elle est civique (un dieu peut être « patron » d’une cité), polythéiste bien sûr, ouverte aux « adoptions » d’autres dieux (les dieux sont partout les mêmes, sous des noms différents), assez tolérante (sauf pour les druides qui disparaissent) et très ritualiste (sacrifices, libations, offrandes). Une nuance cependant, dans les colonies, le modèle romain l’emporte tandis que dans les autres cités, les cultes sont redéfinis (apparition de dieux « municipaux » et « interprétation » de dieux comme Mars ou Jupiter). Souvent, le nom d’un dieu romain est associé à une épiclèse (= épithète d’origine indigène ou toponymique) qui reprend généralement un dieu pré-romain. Et ce dieu à épithète est souvent associé à une déesse, romaine ou indigène. Un culte civique (dans le cadre de la cité) apparaît avec un espace dédié (monuments dynastiques, forum dominé par un temple). Sont associés l’empereur, Jupiter, le Génie municipal et des dieux locaux interprétés. Puis une réorganisation des sanctuaires est sans doute liée à la diffusion du droit latin.  Selon W. Van Andringa, des dieux « promus » divinités municipales reçoivent le duo nomina (nom romain et épithète locale).A signaler que, les rares statues colossales parvenues jusqu’à nous, en bronze ou en pierre, ne représentent que des dieux romains ! (l’Apollon d’Entrains, le Mercure de Lezoux, la Fortuna de Vienne, l’Apollon de Vault-de-Lugny, le Jupiter de Séguret, la Vénus d’Arles, l’Apollon -ou Mars- de Lillebonne, le Jupiter de Mézin, le Mars de Coligny, le Neptune de Lyon, l’Hercule de Bordeaux…)

*Les dieux gaulois ou indigènes ne disparaissent pas mais ils sont  « latinisés » (« naturalisés » en quelque sorte), « romanisés » (comme les hommes !),  « interprétés » (on cherche des points communs entre un dieu gaulois et un dieu romain), plus souvent représentés (« habillés à la romaine »). La représentation des dieux gaulois est en soit un signe de romanisation puisque les Gaulois ne les représentaient presque jamais. Certains dieux ne sont pas « assimilés » (ils gardent leur nom comme Borvo ou Grannos) mais on doit parler de persistance, au titre d’une mythologie, et non de résistance à la romanisation. Pour W. Van Andringa, les cités gallo-romaines ont réécrit leur histoire à la fois en la rattachant aux mythes romains et à Auguste comme fondateur de cité mais aussi en évoquant un passé révolu voir imaginaire (voir ci-dessous le pilier des Nautes).  La langue gauloise, qui n’a pas disparue, est utilisée dans une cinquantaine de dédicaces d’époque romaine, rédigées en grec dans le sud et en latin ailleurs (à Couchey, Néris-les-Bains, Alésia, Autun,  Vaison-la-Romaine, Nîmes…). Pour M.-Th. Raepsaet-Charlier, « un dieu interprété est un dieu indigène qui a été assimilé dans la cité par les autorités locales à un dieu romain en sauvegardant ses qualités ancestrales ». Il n’y a pas de fusion ou de syncrétisme. W. Van Andringa est sur la même ligne.
*Certaines divinités (Isis, Cybèle, Mithra) n’ont jamais été « interprétés ».

Les possibles interprétations :

 Teutatès  = Mars (et Mercure ?) ; mais c’est peut-être un terme générique (« dieu de la tribu » ?)guerre
 Esus= Esus mais aussi Mars (et Mercure ?)guerre
 Taranis= Jupiter ? ; dieu à la roue ; dieu cavalier à l’anguipède ?ciel, lumière
 Lug= Mercure ? arts 
 Bélénos et Belisama= Apollon et Minervemédecine, forge
 Epona= Epona, sur une jumentfécondité, voyages, écuries ? 
 Cernunnos= Cernunnos, à bois de cerf ; dieu accroupi ?? ; Dionysos ??fécondité ?
 Sucellus= Sucellus ; Silvanus (Sylvain) ; Dispater ; Pluton ; dieu au mailletvie et mort 
 Rosmerta= Diane ; Cérèsagriculture 
 Borvo et Damona= Apollon/Esculapemédecine, eaux thermales
 Sirona    = Diane  ?? (souvent confondue avec Damona ou Hygie)astres et eaux ; santé
 Smertios et Ogmios= Hercule ou Marsguerre 

*Pour résumer :

des dieux romains sont « adoptés » par les Gaulois de la Gaule romaine, sont dotés d’un « petit » surnom gaulois (Mars Mullo par exemple), sont représentés avec des attributs gaulois (la roue ou l’anguipède pour Jupiter).

des dieux gaulois sont « adoptés » (sans doute à titre « folklorique ») par les colons romains, soit de « grands dieux » (Taranis, Cernunnos…), soit des « dieux locaux » (Abellio…). Ils peuvent être « associés » ou « assimilés » à des dieux gaulois (Taranis -dont le nom disparaît- devenant Jupiter…), sont dotés d’un « petit nom » romain (Grannos devenant Apollon Grannus), sont représentés avec des attributs romains (Epona et Cernunnos avec une corne d’abondance).

des dieux gaulois (encore Epona, Tarvos, la Tarasque) et des dieux romains sont gardés tels quels.

des dieux gaulois et romains se retrouvent sur le même monument, sans problème (voir ci-dessous).
Séparer les dieux en catégories (celtes, romains) est donc absurde (mais finalement bien pratique…).

Souvent, sur un même site cultuel, on rencontre plusieurs divinités qui semblent se partager les lieux sans conflits ! Voici quelques exemples :
-Argenton : dieu en tailleur + empereur + Mercure Felix + Apollon
-Antigny : dieu en tailleur + Mercure + Apollon-Bouhy  : Auguste, Mars Bouluinnus et Dunatis se côtoient.
-Champoulet : Epona + Mercure + Apollon + Rosmerta + Auguste et maison impériale
-Chateaubleau : Epona + Mercure Solitumarus
-Convènes (cité de Comminges) : environ 60 dieux, surtout « indigènes » locaux + un Jupiter « romain » dominant (32 dédicaces) + un Mars important (27 dédicaces). A Ardiège (20 dédicaces), par exemple, il y a Leherennus, Leherennus Mars, Mars Leherennus et Mars ! Dans cette cité des Pyrénées, les dieux romains sont en ville, dans les carrières et les forêts et les dieux indigènes, hors-ville. Les autels votifs de cette région montrent un mélange d’influence indigène (dédicace courte) et romaine (en latin, décors latéraux).
-Ménestreau : Grinovantis + déesse-mère + Apollon + Hercule-Nîmes : deux inscriptions énumèrent les Lares Augustes, Minerve, Nemausus, Urnia et Avicantus pour l’une et Sérapis, Isis, Vesta, Diane, Mars et le Sommeil d’Esculape pour la seconde…
-Paris : le pilier des Nautes (voir ci-dessous) regroupe 16 divinités dont 9 romaines, 4 indigènes et 3 incertaines. Il y a supériorité des dieux romains puisque c’est un monument religieux officiel, offert par un collège officiel, à un dieu romain (Jupiter) et à un empereur romain (Tibère). Les dieux indigènes ne sont là que pour rappeler des mythes ancestraux.
-Reims : une inscription réunit Saturne, Mars, Jupiter, Mercure et Hercule
Afficher l'image d'origine Afficher l'image d'origine EXEMPLE EMBLEMATIQUE MAIS TROMPEUR DE « COEXISTENCE PACIFIQUE » DE DIEUX TRES DIFFERENTS : LE PILIER DES NAUTES à Paris
Mais attention, la reconstitution du musée de Cluny (ci-contre) ne correspond pas à la réalité.
-4ème niveau (en fait 3ème) : un mythe celtique  (Esus, en bucheron et le taureau aux trois grues, Tarvos Trigaranus = Taranis ??) et 2 dieux romains (Jupiter et Vulcain)
-3ème niveau (en fait 4ème) : 2 dieux indigènes (Cernunnos et Smertios représenté comme Hercule et l’Hydre de Lerne !) et 2 dieux romains (Castor et Pollux)
-2ème niveau : bloc de la corporation des nautes avec trois jeunes gens armés, trois vieillards barbus (pour J-C. Béal, il s’agit plutôt d’une procession de dieux gaulois ou de guerriers mythiques selon d’autres), la dédicace à  Jupiter et à Tibère et une représentation très abîmée (l’empereur ?)
-1er niveau : bloc des couples divins avec 8 divinités (Mars et Cérès ? ; Mercure et Rosmerta ? ; Fortuna et Diane ou Junon ? ; Vénus et ?  ou Apollon et Sirona ?)

c)Les dieux et les hommes : Une autre distinction vient à l’esprit : le culte public, dans le cadre de la cité (aux dieux -dont un est généralement privilégié comme le « patron » de la cité-, à l’empereur défunt, au Génie du prince vivant, à sa famille, aux divinités des circonscriptions de la cité -pagus dans 21 cas connus ou vicus dans 19 cas connus-,  au Génie municipal, à des divinités ancestrales…) et le culte privé, dans le secret des demeures (on pense au petit laraire d’Argenton-sur-Creuse). Voici un petit « catalogue » des divinités :





 Monnaie (Dupondius d’Auguste, vers 10/14) représentant l’autel des Trois Gaules à Lyon, avec la légende, à ROM(e) et à AUG(uste). L’autel de Narbonne, dédié au numen d’Auguste le 22 septembre 11 ap. JC. par la plèbe de Narbonne.

1)-Le cas du CULTE IMPERIAL : le terme est impropre car il n’existe pas une religion de l’empereur mais il s’agit d’insérer l’empereur dans la religion romaine. L’empereur n’est pas un dieu mais un médiateur entre les dieux et les hommes, grâce à ses vertus, à son Génie (voir ci-dessous) et à son numen (=  puissance divine qui « habite » l’empereur et le fait agir pour le bien de l’Empire ; le numen est lié à la fonction et non à la personne de l’empereur…). Ce culte est introduit par étapes, d’abord au « divin Jules » (César) après sa mort (un flamine à Arles, un autre à Riez), puis au numen  d’ Auguste (en l’an 11 à Narbonne, par exemple), à la maison divine (sous Tibère à Naix) et ensuite à des empereurs de plus en plus nombreux. Il semble « officiellement » crée par Vespasien. Il est organisé à l’échelle de la cité (culte municipal), de la province ou d’un ensemble de provinces (l’autel des Trois Gaules à Lyon fondé en -12). Les sacerdoces (prêtrises) seront vus plus bas. Le culte peut se manifester par des dédicaces et inscriptions surtout, des bustes (Auguste et Livie à Neuilly-le-Réal, peut-être Gallien, en argent, à Lyon-Vaise, peut-être Magnence à Châlon…), des statues (Auguste en marbre à Saintes, Claude à Senlis : il en reste le socle en bronze…). Sacrifier à l’empereur est autant un acte religieux qu’ un acte civique et politique (adhésion à l’empire)

-Van Andringa et A. Chastagnol  ont recensé 378 expressions épigraphiques du culte impérial dont 119 en Germanie supérieure (surtout la domus divinae), 83 en Belgique, 82 en Lyonnaise (surtout Auguste sacrum), 80 dans les provinces alpines, 43 en Aquitaine (surtout le numen impérial) et 21 en Narbonnaise (mais bien davantage sont mentionnées par S. Cibu).

-On devrait parler plutôt de « cultes impériaux« , il peut être fait :

au numen de l’empereur =sa puissance divine, 92 inscriptions dont 36 en Aquitaine, à Périgueux, Néris-les-Bains, Vendoeuvres, Vichy ; il y a aussi le célèbre autel de Narbonne en 11… ; la formule au pluriel (les Numina Augustorum) s’adresse à l’empereur vivant et aux empereurs défunts.
à la « paix Auguste » première occurrence à Narbonne vers -10 ; la Pax Augusta semble être en réalité la déesse Paix qualifiée d’Auguste (tout comme la « Victoire Auguste »).
à Auguste « sacrum » 68 inscriptions dont 49 en Lyonnaise -presque toutes chez les Eduens-, à Autun, Alésia, Entrains…
à « Augusto deo »46 inscriptions
au « Génie de l’Empereur » c’est à dire à son « double » (Tibère, à Périgueux, par la corporation des bouchers, Caligula à Nîmes, à plusieurs empereurs à Néris-les-Bains). Le culte des Lares publics (de carrefours) se transforme peu à peu en culte des Lares Auguste, associé à celui du Génie. Parmi les 19 dédicaces à des Lares, 13 sont adressées à ceux de l’empereur (Néron à Melun) ou de la famille impériale.
à la « domus divinae » = maison divine, c’est à dire la famille impériale, surtout à partir d’Hadrien ; 218 inscriptions dont 112 en Germanie supérieure ; des évergésies comme celle du théâtre de Jublains ; et au numen de la domus divinae (à Lyon en 190)
à l’impératrice Livie sur la dédicace du temple de Vienne, Drusilla à Bourges…
à d’autres membres de la famille impériale dédicace du temple de Nîmes, plusieurs dédicaces à Ruscino près de Perpignan
à l’anniversaire des Augustesà Marsal le 23 septembre 44
à un dieu auguste Exemples : Mars auguste à Aime, Mercure auguste à Bordeaux et à Berthouville, la Tutèle auguste à Périgueux… ou à un dieu associé au numen de l’empereur (Mars à Bois l’Abbé, Apollon à Nizy-le-Comte et à Bram, le dieu indigène Nerios à Néris-les Bains…). 
La thèse d’A. Villaret sur « les dieux augustes en Occident » (2016) permet d’y voir plus clair : l’auteur précise qu’il s’agit d’une divinité (un dieu interprété ou un dieu romain comme  Mercure, Apollon, Mars et plus rarement un dieu indigène ; au total, 278 divinités différentes)  dotée de l’épithète « augustus » et agissant en relation étroite avec le pouvoir impérial. Il comptabilise 292 inscriptions pour les Gaules-Germanies (surtout en Narbonnaise et Lyonnaise) et 314 dédicants, surtout des citoyens des élites municipales.                    
à l’empereur et à Romeà Rennes sous Hadrien
 
Jupiter tenant la foudre romaine et la roue indigène (Bayard-sur-Marne) 
 
Autel de Reims : Apollon et Mercure entourant Cernunos 
File:01 Autel gallo-romain de Minerve la fileuse Courthézon Musée lapidaire d'Avignon.jpg 
Autel de Courthezon (musée d’Avignon) : une Minerve peu conventionnelle et assez naïve. 
 
Statue de Neptune, offerte par une corporation de bateliers, vers 212, découverte dans le Rhône.

2)-Les « grands » dieux romains : de l’Etat (Jupiter, Junon, Minerve), des princes (Apollon, Mars, Venus, Diane, Hercule) et de leurs vertus (Victoire, Fortune, Paix, Concorde…), des communautés (Génies, Tutèle…), des activités économiques et des groupes sociaux (Silvain, Mercure, Neptune, Vulcain…), personnels (Esculape, Hygie…)

 Apollon -Plus de80 dédicaces, surtout dans les stations thermales comme dieu guérisseur ; « patron » d’Alésia et de Grand en Lorraine ; est associé ou assimilé  à Borvo (en Bourgogne), à Bélinos (en Provence).
-Il a aussi environ 23 épithètes comme Atepomaros ou Bassoiedutanus chez les Bituriges, Matvicus à Poitiers,  Moritasgus à Alésia (10 dédicaces), Mogetimarus (à Malain), Vindonnus à Essarois, Grannus (près de 30 dédicaces dont  Grand et Horbourg), Vatumarus chez les Viromandiens (à rapprocher de Vatumogons à Chartres), Grinovantis à Menestreau dans la Nièvre (une coquille en argent dédicacée), Cobledulitavis  à Périgueux, Virotutis aux Fins d’Annecy…  
-Quelques représentations : Arles (autel aux cygnes), Cutry (une stèle où il tient une lyre), Entrains (statue gigantesque où il tient encore sa lyre), Lillebonne (statue en bronze), Nîmes (tête en bronze), Vaupoisson (statue en bronze), Vieil-Evreux (statue en bronze), Vienne (statue en marbre)…
 Hercule 580 figurations et 160 inscriptions (les dédicaces sont souvent réalisées par des militaires comme à Fréjus, Glanum, Norroy-lès-Pont-à-Mousson ou par des pèlerins comme les 14 dédicaces et stèles de la source de Deneuvre) ; C’est un dieu salutaire et guérisseur  (comme à Deneuvre) qui peut protéger des carriers (avec sa force légendaire, comme à Norroy) comme des habitants d’un pagus… Il a également des surnoms comme Graius (Alpes Grées) ou Invictus en Narbonnaise, Saxsanus chez les Médiomatriques et Bellovaques, Andossus chez les Convènes, Toliandossus Invincible chez les Ausques, Lunnus Andonse à Narbonne…; Ses travaux sont représentés sur des mosaïques (à St Paul-Trois-Châteaux, à Valence) ou sur des plaques décoratives en marbres (villa de Chiragan) ;  Statue à Bordeaux (en bronze)…
 Jupiter -554 dédicaces, surtout dans le Nord-Est de la Gaule (avec Mercure) ; 397 en Germanie supérieure, 59 en Belgique mais aussi 102 en Narbonnaise, 70 en Aquitaine, 33 en Lyonnaise ; en Aquitaine, il est très présent chez les Convènes avec 53 dédicaces dans 31 sites de la cité ; il est sans doute aussi le dieu des Carnutes, en Lyonnaise. Il a rarement une épithète (environ 10 connues) : c’est donc le dieu capitolin qui est honoré  (qualifié de « très bon, très grand ») mais dans quelques cas, il est « Poennius » (dans les cols des Alpes dont 51 ex-voto au col de Grand-Saint-Bernard), « cornu » (à Montjustin, cité d’Apt) ou « fertile en moissons », Sabazius à Vichy, Dolichenus et Heliopolitanus à Marseille et Nîmes… 
-536 monuments  (dont 45 colonnes) représentent Jupiter, en cavalier  romain ou debout (197), terrassant un monstre dit « anguipède » (286) ou un captif. Le monstre est représenté couché, accroupi (à Vienne-en-Val), enterré (à Luxeuil), sous la forme d’un masque (à Neschers). La base des colonnes représente souvent les 7 dieux de la semaine et 4 divinités majeures (voir plus bas). Ces « Jupiter à l’anguipède » se concentrent dans le nord-est de la Gaule, surtout en Moselle (51 en pays de Sarrebourg) mais aussi en Bourgogne et dans le Massif Central (9 connus en Auvergne). Ils datent surtout des années 120 à 250. Pour W; Van Andringa, ces Jupiter servent à promouvoir les victoires impériales sur les « barbares ». D’autres représentations le montrent tenant une roue et la foudre (statuette du Chatelet-sur-Gourzon), parfois accompagné d’un aigle comme à Avignonet-Lauragais. Il y a environ 100 « Jupiter à la roue » dans tout l’empire, la plupart en Gaule (une trentaine en Aquitaine). Ils sont appelés aussi « Jupiter-Taranis ». Ces « Jupiter » sont surtout nus, âgés, chevelus et barbus et ils sont accompagnés d’une roue à 6, 8 ou 10 rayons.
-Finalement, il est peu représenté en majesté (des statues, tout de même, à Auch, Evreux, Mézin, Séguret -mais avec une roue-).
-A signaler, une curiosité : la chute de la foudre est mentionnée sur des plaques ou autels et le lieu est sacralisé ; 25 inscriptions, au formulaire bref (« fulgur conditum » = foudre enfouie), sont connues en Gaules-Germanies dont 21 en Narbonnaise, surtout dans la cité de Nîmes (10) ; Il s’agit, selon N. Laubry (article « Les coups de foudre de Jupiter » in Gallia, 73-2, 2016, p123-144) d’un rituel d’origine italienne (39 connues sur 71 dans tout l’empire), transféré en Gaule méridionale.
 Mars -environ 300 dédicaces (dont 92 en Narbonnaise, 83 en Belgique et sud de la Germanie supérieure, 37 en Aquitaine, 28 en Lyonnaise)   
 –Succès garanti chez les militaires ! mais il est également choisi comme « grand patron » de nombreuses cités des Trois-Gaules, dans l’ouest (Mars Mullo), au nord-est et à l’est (Lenus Mars et Mars Caturix)… 
-il a reçu environ 90 qualificatifs (épithètes) indigènes comme  Mullo dans le Nord-Ouest (Rédones, Cénomans, Namnètes, Andécaves),  Loucetius à Angers, Camulus chez les Rèmes mais aussi à Glanum, Cicolluis chez les Lingons, Eduens et Séquanes,  Segomo pour les Séquanes, Ambarres et Ségusiaves, Vesontius chez les Séquanes aussi, Mogetius, Cososus ou Rigisamus chez les Bituriges, Grannus chez les Lémovices (Chassenon, Limoges), Randosas et Vorocius chez les Arvernes, Sutugius et Leherennus chez les Convènes et Lelhunnus chez les Tarbelles, Rudianus, Carrus Cicinus, Nabelcus, Masuciacus et  Albiorix des Voconces,  Belado à la Tour d’Aigues et Giarinus à St Zacharie (cité d’Aix), Ollioudios près d’Antibes, Cemenelus à Cimiez, Leusdrinus et Veracinius toujours dans les Alpes Maritimes,  Budenicus Aramon à Collias (cité de Nîmes), Melovius à Riez, … 
-En Narbonnaise, le Mars romain (51 dédicaces) fait poids égal avec le Mars indigène (50 dédicaces).
-Les représentations en bronze (statue de Coligny et inombrables statuettes) sont  plus nombreuses que celles en pierre (Auxerre, Mandeure). Un nouveau type iconographique a un certain succès : le Mars, nu, jeune, imberbe.
 Mercure -380 statues et bas-reliefs,  environ 510 dédicaces (155 en Belgique et sud de Germanie supérieure, 117 en Narbonnaise -surtout 49 Vienne et 22 à Die-, 71 en Lyonnaise -surtout à Lyon et chez les Eduens-, 46 en Aquitaine dont 12 Arvernes).
dieu des commerçants et artisansdieu « populaire », représenté de façon classique (avec le caducée), nu ou vêtu à la gauloise, parfois assis en tailleur (Pouy-de-Touges), et même cornu (à Bordeaux) ou à trois visages… ; 
-peu présent en Aquitaine et Narbonnaise mais patron des Arvernes, des Ambarres, des Allobroges (48 représentations), des Triboques ; a reçu des qualificatifs romains (Felix, Victor) ou indigènes (environ 40) dont Dumias pour le Puy de Dôme, Solitumarus à Chateaubleau, Cissonius à Besançon, Atepomarus à Rennes, Visucius à Bordeaux, Adsmerius à Poitiers ; mais attention, certaines épiclèses sont en fait des lieux : Cannetonensis à Berthouville (37 dédicaces + un trésor) ou Dubnocaratiacum à Champoulet (4 dédicaces + un trésor). 
Une étude de N. Mathieu permet d’en savoir un peu plus sur les dévots de ce dieu, en Lyonnaise (55 dévots), Belgique (83 dévots dont 34 Trévires, 29 Médiomatriques, 13 Leuques) et Germanie supérieure (190 dévots dont 30 Triboques, 16 lingons). Ce sont pour moitié des pérégrins et il y a très peu d’affranchis et d’esclaves. Environ 10 % sont des soldats. Quand à M. Migeon, il comptabilise 506 dédicants dont 241 citoyens, 82 pérégrins, 54 portant un nom unique, 21 affranchis; 6 esclaves.
 Silvain Environ 100 inscriptions, 50 autels, 60 statues et bas-reliefs ;  surtout en Narbonnaise  (plus de 40 mentions) et dans le Nord-Est (sous le nom indigène de Sucellus) ; dieu des chasseurs, bûcherons, carriers (il existe une centaine de représentations du « dieu au maillet », à Arles, Nîmes, Glanum, Gannat, Javols ou chez les Eduens ; de Vienne, provient une étonnante statuette en bronze avec un dieu aux 5 maillets sur la tête).
dieux un peu plus raresEsculape (lié à la médecine mais presque absent des stations thermales et sources guérisseuses ! ; environ 75 représentations, assez modestes et très classiques, rappelant l’Asclépios grec, parfois associé à un serpent ; à Arles, Vienne, Martres-Tolosanes, Dax, Vichy, Evaux-les-Bains, Santenay, Seurre, Orléans, Reims, Langres… ; peu d’inscriptions : Nîmes, Riez, Grenoble, Aoste, Lyon)
-Neptune (environ 40 représentations et 10 inscriptions ; avec comme épithètes Hippius et Auguste, à Douarnenez ; assez présent à Arles et Plombières ; une belle mosaïque à Besançon ; une statue repêchée dans le Rhône en Arles, une grande statue découverte à Nîmes en 2006, une autre statue en bronze à Lyon…),
Vulcain (21 dédicaces, surtout en Narbonnaise et Lyonnaise, et plus de 50 documents figurés recensés en 1976, surtout en Lyonnaise et Belgique),
-La triade capitoline (des Capitoles sont attestés à Narbonne, Toulouse, Autun ; 10 dédicaces seulement mais 118 inscriptions « éliminent » Minerve, ne gardant que Jupiter et Junon)
Bacchus ou Dionysos (peintures de Roquelaure, de Strasbourg ; mosaïques à Lyon, à Arles ; statues d’un cortège dionysiaque découvert dans le théâtre d’Apt ; scène bachique à Thaims…), Océan (sur plusieurs mosaïques d’Aquitaine), Priape (celui de Rivery, au musée d’Amiens, est célèbre)…
 déesses-La Bonne Déesse (pour la santé),
-la Tutèle (déesse protectrice d’un lieu, à Auch, d’une ville, Périgueux, Bordeaux, Vieux…, qualifiée de « très sainte » à Dax, avec une couronne en forme de tour à Vienne, Carpentras, Lyon…),
Diane (85 inscriptions, surtout en Germanies ; + de 80 témoignages lapidaires ; son culte est illustré sur la grande mosaïque de la chasse à Lillebonne ; un collège de dévots est connu à Vichy ; peut être assimilée à Arduina, dans le Jura),
Hygie (une fille d’Esculape ; entre 10 et 50 témoignages dont peut-être une grande statue à Saint-Romain-en-Gal, quelques statuettes à Rouen, Lillebonne, Nîmes, Vienne, quelques graffiti à Marseille ; elle sera peut-être remplacée par Sirona),
Maia (21 dédicaces connues où elle est surtout associée à Mercure),
Junon (avec Jupiter dans 118 dédicaces ; une tête en bronze à Lyon, une tête en marbre à Vienne…),
Vénus ou Aphrodite (dédicace à Tarascon, sur des peintures murales à Boult/s/Suippe, à Langon ; plusieurs statues magnifiques dont celles d’Arles, du Mas d’Agenais, de Niederbronn, de Nîmes, de Pourrières, de Vienne et de St Romain-en-Gal ; buste en marbre à Arles…),
Minerve ou Athéna (déessela plus répandue, chez les artisans ; environ 400 représentations et 217 inscriptions ; très présente chez les Lingons, Pictons et Convènes ; n’a que 3 épithètes connues dont Belisama chez les Consorani en Ariège. A signaler, une statue acéphale de Chiragan, une belle statue à Poitiers, une statue à Selongey…)
Proserpine (Aumagne, Vienne), Mère Flora, les abstractions divines telles la Victoire (une en bronze à Arles, une autre en marbre à Champigny-Lès-Langres…), l’Abondance (sur deux ou trois stèles de Grand) ou la Fortune
 cas des GéniesSont relativement fréquents et variés : ils protègent un dieu ! (Apollon à Mauvières, Acorus à Lançon-Provence et Accolus à Rognac, dans la cité d’Arles), un peuple, une cité (Leuques, Nerviens, Arvernes, Bituriges Vivisques, colonies d’Apt, d’Arles, de Nîmes), un pagus (à Soulosse ou Hasparren), un vicus (Strasbourg), une agglomération (des Olbiens à Hyères), un lieu non précisé (Til-Chatel, Pontailler, Niederbronn, Strasbourg, Angoulème), une corporation (les utriculaires à Lyon, Bard et à Vienne, les bateliers d’Arles, les centonaires de Vaison-la-Romaine, le trésor des Diarenses à Meyzieu ?), une personne (P. Terentius Aquila, à Vaison) … Le Génie municipal (dans la cité) est l’objet d’un culte politique et public, peut-être lié à une promotion civique (changement de statue).
 En fait, tout homme avait son Génie (son double divin, son avatar…), mais seuls l’empereur et les dieux avaient un « numen » (une puissance pour agir).
 File:Epona Auxois.jpg
Epona d’Alésia 

Stèle à Dijon : un « dieu aux oiseaux » de Moux
File:Musée Picardie Archéo 01.jpg Le dieu à l’oreille de cervidé au musée d’Amiens  
Autel au dieu Abellio à St Aventin (31)

3)-Les divinités d’origine celtique

a)-Plus de 300 divinités ne sont cités qu’une fois (3/4 des 110 dieux indigènes de Narbonnaise), dans un seul lieu évidemment, d’autres sont cités rarement : ce sont des dieux dits « topiques ». 

On peut citer, dans un inventaire « à la Prévert »,  Adsagsona à Hospitalet-du-Larzac,  Aesovius à La Roquebrussanne, Alambrima (La Piarre, Voconces), Anvalus et la déesse Bibracte… à Autun, Arbegio et Pipius dans la cité d’Antibes, Baginus (Bellecombe-Tassendol, Voconces), Camulus à Rodez, Carpunda à Poitiers, Dagiata à Bétheny (Rèmes),  Dexiva à Cadenet, Gisacus au Vieil-Evreux,  Graselos (Entrechaux, Voconces),  Grinovantis à Menestreau, Icaunus à Auxerre, Ieniecus à Autun, Larraso à Moux, Limetus à Châteauneuf en Savoie, Maponos à Chamalières, Moltinus à Macon, Naga à Gièvres,  Perla à Uchaud,  Rudianus à Hyères, Rudiobus à Neuvy-en-Sullias,  Smertulitanis à Chalons, Souconna à Châlon et Sagonne,  Surbur au Donon, Ucuetis à Alésia, Vintius Pollux à Seyssel,  Volkanus à Vieux et Saint-Quentin … Dans les régions de marge  (montagnes), ils ont tendance à se « multiplier » : dans les Pyrénées, on vénère Erriappe à Saint-Béat (21 autels à ce dieu topique sans doute lié aux carrières de marbre), Abellio (dieu « régional », 10 dédicaces) à Saint-Aventin et Bilière, Erge à Montsérié (24 dédicaces à ce dieu rural communautaire), Leherennus à Ardiège (20 dédicaces)…

b)-P. Aupert (in Dieux guérisseurs, p 59-76) a recensé 95 divinités  guérisseuses dont beaucoup sont liées à des sources (pas forcément guérisseuses, d’ailleurs !). Voici les principales :  Acionna  près d’Orléans, Adacrius à Vernais (il est question d’un fils malade), Apollon dans certains cas (avec les épithètes de Gisacus près d’Evreux, Grannus, Moritasgus à Alésia, Vindonnus à Essarois), Bellone, Bormona, Borvo (souvent associé à Damona, dont 11 dédicaces à Bourbonne-les-Bains), Bricta et Luxovius à Luxeuil, Britus à Nîmes (une jambe figure sur un autel), Damona (19 inscriptions en Gaule dont 13 où elle est associée à Borvo),  Divona à Cahors, Hercule à Glanum ou Deneuvre, Ianuaria à Beire-le-Chatel (ex-voto de guérison),  Ilixo à Luchon, Ivaos à Evaux, Jupiter parfois (à Vichy et Vienne-en-Val), la déesse Marne,  Mars (épithètes de Cicolluis à Malain, Dunas à Bouhy, Mullo à Allonnes, Segomo aux Bolards), Mercure (à Metz, Poitiers… et épithète de Cissonius), Nemausos à Nîmes (13 dédicaces), Nerius à Néris, les Nymphes (plus de 60 dédicaces en Narbonnaise et Trois-Gaules dont : Bagnères-de-Luchon, Allègres et Uzès dans la cité de Nîmes, Gréoux-les-Bains, Amélie-les-Bains), Ritona (à St Honoré-les-Bains), peut-être Rosmerta (30 dédicaces connues dans les Trois-Gaules), Segeta à Sceaux-du-Gâtinais, Sequana aux sources de la Seine (14 dédicaces, rite probable de l’incubation) et à Salmaise, Sianna au Mont-Dore, Sirona (46 témoignages dans les Gaules-Germanies dont à Malain avec Apollon, à Grand ou Luxeuil, au Mans sous le nom de Sirona Sivelia, à Sainte-Fontaine, à Razey et à Laneuville-devant-Nancy où elles tiennent un serpent), Valetudo à Glanum… et d’autres, hélas anonymes, à Beaune d’Allier (une déesse des eaux ?), à Colombières/s/Orb, à Gissey-le-Vieil (une déesse de source, allongée, peut-être Rosmerta ?),  en forêt d’Halatte, à Mauves (ex-voto de guérison), à Pouillé…

c)-Le dieu « assis en tailleur«  porte un torque autour du cou, fait « du yoga » (sa position assise !), peut être jeune ou âgé et barbu, est parfois cornu (ou a des bois de cerfs mais dans 4 cas seulement), est associé à des animaux (serpent, béliers, bœufs, cerfs…) et à des objets évoquant l’abondance (bourse, corbeille, patère). Pour S. Deyts, cet « accroupi » est d’abord un haut personnage à l’époque gauloise (des « assis en tailleur » sont connus pour cette période mais surtout dans le Midi -environ 20-), transformé en dieu par les Romains. Il s’agit probablement de Cernunnos ou de Mercure. Environ 65 statues de ce dieu sont connues. Il se concentre dans centre-Ouest de la Gaule (à Amboise, Quinssaines, Néris-les-Bains, St Ambroix/s/Arnon, Agris, Antigny, Chassenon, Luxé, Verteuil/s/Charente, St Paul d’Eyjcaux -dit d’Aigueperse-, Limoges, 7 à Argenton/s/Creuse) mais aussi à Saintes (autel avec 2 représentations de ce dieu), Beaune, Auxerre, Metz, Reims (entouré par Apollon et Mercure), Paris, à St Marcel-de-Félines -dit du Crêt-Chatelard-, au Donon (debout, avec un cerf)… Aux Bolards -Nuits-St-Georges-, à Beaune et à Etang-sur-Arroux (-dite aussi de Savigny-, en Bourgogne) ainsi qu’ à Condat (Aquitaine), il est même tricéphale. Parfois, ce sont des « statues-troncs » (ou bustes sur socles) avec un personnage non accroupi mais portant un torque (à Pauvrelay-Paulmy, Pérassay, Orsennes, Alésia, Ars, Chateaumeillant, Levroux ?). Y. Menez pense à des représentations funéraires d’ancêtres et non de dieux. A Escolives, seules sa tête et une ramure sont visibles sur un bloc.

d)-Peu de noms, sortis tout droit de la mythologie celte : Totatès/Toutatis n’est attesté qu’à Voingt et à Jort, pour le moment. Taranis est cité à Orgon (cité d’Avignon) et à Amiens. Hors des inscriptions, nous avons par contre la roue (de Taranis ?) visible sur de nombreux autels de Narbonnaise et de nombreuses  représentations du panthéon indigène : le taureau à 3 cornes (à Avrigney, Beire-le-Chatel et Auxy) ou à 3 grues (appelé Tarvos à Paris), le cerf  et le sanglier associés à Rudiobus (Neuvy-en-Sulias), le dieu de Bouray aux sabots de cerf (Cernunnos ??), le dieu d’Euffigneix avec son sanglier, le dieu au maillet, cité plus haut (= Sucellus), la divinité au serpent (à Sommérécourt), la déesse au sanglier (Betting-lès-St Avold), le dieu aux oiseaux (8 exemplaires connus dont ceux de Corgoloin-Moux et Alésia), le dieu à l’oreille de cerf (Amiens, Besançon), le dieu debout avec des cornes de cerf (statuette en bronze des Margerides), une déesse aux bois de cerf (à Broye-les-Pesmes, en Haute-Saône) et même des têtes phalliques (3 à Saintes, par exemple), une stèle de Lugh ou Lugues à Briga … On remarque que la nature et les animaux sont sur-représentés.

e)-Epona a environ 300 représentations connues (dans 228 cas, elle est représentée assise sur un cheval) et plus de 45 dédicaces. C’est une des rares divinités gauloises non assimilées à une divinité romaine. Les plus connues sont celles de Allerey, Auxerre, Gannat, Gourzon, Langres, Loisia (en bronze), Mellecey, Metz, Néris-les-Bains, Perthes, St Martin-sous-Montaigu, Thaims… Parmi les divinités féminines collectives, on a les déesses-mères (ou « Matres »), seule (à Naix-aux-Forges), par deux (chez les Pictons et Santons) ou trois (très nombreuses, surtout chez les Lingons et Eduens) pour la fécondité, les Parques (par trois) et les Proxsumes pour le foyer (37 attestations dont 21 dédicaces dans la cité de Nîmes, 6 chez les Voconces)…

f)-Terminons avec certains dieux qui nous semblent très étranges : des « dieux Parents » à Eguilles (cité d’Aix), le dieu « Six-Arbres » à Arbas et à Castelbiague (Convènes), un dieu Chêne (Roborius) à Angoulême, la déesse Onuava qui a  droit à un beau poème à Bordeaux, Caumonna chez les Rutènes, les divinités Digenes et Menmandutes à Béziers, les Uroicae à Rognes et les Vogientae d’Apt, les Osdiavi à Riez, les Baginatae (7 dédicaces à Sainte-Jalle, chez les Voconces, pour ces déesses des hêtres), les Mères Védiantiennes à Cimiez, les Vierges Vénérables (à St Romain-en-Gal), la « Fièvre Quarte » ! à Nîmes, le dieu Glan à Glanum, les déesses des carrefours (Briviae, Triviae, Quadriviae, « ancêtres » du code de la route…) à Til-Chatel, Strasbourg et Saverne, les divinités des Cinq routes à Brumath, les montagnes peut-être sacralisées (Montes  et  Garri au pic du Gar, Montes associé à Silvain à Marignac, Montibus à Baudéan, dans les Pyrénées, Vosegus … dans les Vosges) et les « Junons de la Montagne » à Nîmes,  les Vents à Nîmes et Auch, les déesses nerviennes (chez les … Nerviens), des dieux au nom bien long comme Helioucmounis à Martres-Tolosane, Herauscorritsehe à Tardets-Sorholus (chez les Tarbelles), Dinomogetimaros à Saint-Pons (cité de Béziers), des dieux qui ne choqueraient pas le célèbre petit gaulois de la BD comme Epadatextorix (Néris-les-Bains), Allobrox (La Bâtie-Montsaléon)  ou Baicorrix (chez les Convènes)…

4)Les divinités en double, triple…

Les couples divins, surtout chez les Eduens (Lyonnaise) mais aussi à Genainville : ce sont deux divinités debout ou assises, assez variées. On peut trouver Mercure avec Abondance (ou Vénus ou Rosmerta ou Maia), Apollon avec Hygie ou Damona ou Sirona (groupe en bronze de Malain), Mars avec Bellone ou Litavis, Sucellus avec Fortuna (ou Abondance ou Nantesuelta, à Sarrebourg)…

Les têtes d’hermès bicéphales : ce sont des piliers de carrefours. A Fréjus, il s’agit sans doute de Bacchus et Pan.

Les Jupiter-Ammon, doubles : un superbe exemplaire, en bronze, est au musée de Gap.

Les triades divines : nous avons déjà mentionné les déesses-mères, les Parques. A Beaune, une stèle présente un dieu inconnu, un dieu tricéphale et le dieu Pan. A Dennevy, une autre stèle montre un dieu tricéphale, une déesse-mère et un dieu au serpent (Esus) ?. Aux Bolards, on repère un Génie du lieu (?), une déesse-mère et Cernunnos tricéphale. Un autel célèbre de Reims place Cernunnos entouré d’Apollon et de Mercure. Toujours à Reims, un bloc associe peut-être Esus, Teutatès, Rigani (« triade celtique »). Un bas-relief de Vendoeuvres nous montre Apollon, les Dioscures et Esus. A Saverne, c’est Apollon, entre Leda et Esus. Une plaque de bronze, de Mathay, associe Mars, Apollon (?) et Luna (??). Une base de colonne de Metz est décorée d’ Hercule, en bonne compagnie (Cerès et Fortune).Toujours avec le chiffre trois, des bustes tricéphales (de Cernunnos ?) proviennent de Condat, de Nîmes, de Reims (bas-relief, borne, colonnette, plusieurs autels avec tête unique, 2 yeux, 3 bouches et 3 nez), de Langres, de Cébazat (déesse, en bronze)… et des bustes tricornus (un Bacchus de Périgueux).

-Les piliers et autels à 4 dieux : ils sont particulièrement nombreux en Lyonnaise (Paris, Vienne-en-Val, Autun…), en Belgique (38 connus dont Lamerey, Metz) et en Alsace (119 pour toute la Germanie supérieure). Au total, ils seraient plus de 400. Peut-être certains supportaient-ils une colonne (à Jupiter) ou une statue ? Les dieux et héros romains sont largement majoritaires (Mercure, Apollon, Mars, Hercule, Vulcain, Junon, Minerve…). En voici quelques exemples :

 Autun Mercure, Fortuna, Mars, Hercule 
 Bermerain (Nord) Mars, Mercure, Hercule et peut-être Junon ?
 Brienne-la-Vieille (Aube) Minerve, Hercule, Vulcain, Junon (était associé à une colonne à l’anguipède)
 Champagné-Saint-Hilaire (Vienne) Jupiter, Vénus, Mars et peut-être Sucellus ?
 Chateau-Larcher (Vienne) Apollon, Mercure, Minerve + ?
 Châtelet-de-Gourzon (Haute-Marne) ; conservé à Gétigné-Clisson (44) Maia ou Rosmerta, déesse locale (liée à la Marne ?), Victoria, Hercule et le lion de Némée
 Escolives (Bourgogne) 1)Venus, Hercule, Vulcain, Fortune ; 2)Hercule, Mars, Mercure, Junon
Grand (Vosges)colonnette : Hercule, dieu nu, Abondance et Mars
 La Caillère-Saint-Hilaire (Vendée) Jupiter, Fortuna et ?
 Langensoultzbach Junon, Hercule, Mercure, Minerve
LameureyHercule, Diane ?, Vénus, Junon (trois divinités féminines !)
Metz (mais vient d’Arlon)Mercure, Hercule, Mars, Jupiter
 Metz (colonne de Merten) socle avec Apollon, Minerve, Junon, Hercule 
 Metz Junon, Jupiter, Hercule, Mars ?
 Metz Apollon, Fortuna, Mercure, Minerve
 Paris, pont au ChangeApollon, Génie ailé, Mercure, Rosmerta
 Reims Mercure, Jupiter, Diane et un dieu indigène à 2 visages
 Reims Hercule, une déesse, Mars, Mercure
 Reims Mercure, Hercule, Mars, Minerve ?
 Saintes  Autel avec Hercule, Mars, Mercure et Minerve
 Saverne Mercure, Hercule + 2 disparus 
 Vendoeuvres-en-Brenne pas tout à fait un pilier à 4 dieux mais un autel votif à 4 faces : attributs de Mars et Apollon, Junon ?, Concorde, attributs de Minerve
 Vienne-en-Val 1)Minerve, Hercule, Apollon, Fortuna 2)Vulcain, Mars, Fortuna, Virtus

Il existe aussi des chapiteaux à 4 têtes divines (à Auxerre, Glanum, Vernègues par exemple) qui peuvent se confondre avec les chapiteaux aux personnifications des saisons.

Les piliers à plus de 4 dieux, comme ceux de Mavilly (11 ou 12 divinités dont Jupiter, Neptune, Vénus ?, Vulcain, Mars ?, Minerve ?, Abondance ?, déesse aux serpents…), de Paris (16 divinités du pilier des Nautes ; + de 5 divinités du pilier de Saint-Landry dont Mars, Vulcain, Mercure, Minerve…), de Metz (tambour octogonal avec les 7 divinités de la semaine), de Reims (2 divinités sur chaque face d’un bloc à 4 faces : Hercule et Hebé ?, Mars et Minerve ?, Vulcain et Venus ?, Mercure ? et Rosmerta ?),  de Quimper (stèle de Kernuz avec Mercure, Jupiter, Mars, Minerve et Apollon), d’Yzeures/s/Creuse (11 divinités et héros visibles, sur 3 niveaux : Jupiter, Vulcain, 2 fois Mars, Apollon, Hercule, Persée, Minerve, Leda, les Dioscures, Neptune), d’Agnin (un autel octogonal avec tous les dieux de la semaine et un buste probable de l’empereur Septime-Sévère) …

Un dieu « panthée » : c’est une divinité (Mercure surtout, comme celui d’Anost, en bronze mais aussi Tutela à Macon et Vienne) supportant tout un panthéon de dieux et déesses représentés plus petits.

Les vases dits « à bustes » des Nerviens (Bavay) : de 1 à 7 visages moulés se répartissent autour du vase. Ils sont souvent chevelus et barbus. Les interprétations sont nombreuses : jours ? planètes ? dieux Mânes ? dieux orientaux ? seul Mercure est parfois reconnaissable.

 
Trois faces d’un autel taurobolique de Lyon 

5)Les « douceurs » de l’Orient :

-On offrait à Cybèle (dite Grande Mère ou Mère des Dieux à partir d’Auguste) des autels dits tauroboliques (ornés d’une tête de taureau, référence au sacrifice d’un taureau –le taurobole ou le criobole– lors du culte : le sang de l’animal « baptise » le fidèle) : le culte avec taurobole semble apparaître sous Antonin (138-160).  L’autel du 9 décembre 160, à Lyon, est le plus ancien de tout l’empire romain. 21 tauroboles sont célébrés pour la famille impériale et ils semblent se faire en série (à Lectoure, 7 ont lieu le 18 octobre 176 et 14, le 8 décembre 241). 37 femmes sont dédicantes contre 20 hommes.  Les galles et archigalles sont les prêtres et des citoyens. C’est un culte romain et non oriental. A Crozon (Franche-Comté), une cymbale est dédiée à Cybèle.

Liste des autels tauroboliques des Gaules (fichier joint ci-dessous). 65 autels sont conservés en France (sur 137 connus dans tout l’Empire) :  21/22 à Lectoure de 176 à 241, 9 à Narbonne, 7 à Die, 6/7 à Lyon entre 160 et 197,  2 à Bordeaux, 2 à Valence + des isolés, à Antibes, Aulnay, Caderousse, Caveirac, Chateaubourg, Châteauneuf/s/Isère, Eauze, Flavignac-Texon, Fréjus, Le Pouzin, Metz, Orange,  Périgueux, Poitiers, Riez, Stes Maries-de-la-Mer, Tain l’Hermitage, Vaison, Vence, Vesoul, Vienne.

Le dieu Attis, parèdre de Cybèle, est associé à ce culte, sous la forme de fêtes dites métroaques (le 22 mars) « présidées » par une confrérie d’artisans, les dendrophores, qui coupaient un pin et le transportaient jusqu’au lieu de culte. Rappelons qu’Attis est émasculé puis régénéré par sa transformation en pin. Peu cité dans les inscriptions, Attis est davantage représenté sur des bas-reliefs (à Narbonne surtout) et sur quelques autels tauroboliques (à Périgueux).

-Les dieux d’origine égyptienne (Isis, Anubis, Sérapis…) se rencontrent à Arles (un porteur de l’image d’Isis), Nîmes (au moins 7 ex-voto à Isis dont un écrit « Hisis » et des prêtres d’Anubis), Lyon (2 dédicaces à Isis), Orange (un médaillon montre une procession des Anubiaci), Die, Grenoble, Autun, Soissons…

Sabazius, dieu d’Asie Mineure, est  à Vichy (associé à Apollon), à Nanteuil chez les Pictons, à Amiens (main de bronze).

Mithra est aussi associé à un tauroctone (sacrifice d’un taureau, dans le but de régénérer le monde) dans le cadre d’un culte public.  Il est souvent mentionné sur des graffiti religieux. Des dédicaces ont été retrouvées à Angers (8), Bordeaux, Eauze, Entrains, la Batie-Montsaléon, Lyon, Mandeure, Murviel-les-Montpellier, Vaison-la-Romaine (L. Apronius Chrysomallus célèbre son accession au 6ème grade, de « perse »), Vieu-en Valmorey (un médecin est aussi « père », c’est à dire au premier grade). A Apt, il est associé à Mercure et une dédicace à Cissonius a été découverte au mithraeum de Koenigshoffen.

6)Magie et astrologie…

-Quelques divinités, surtout « indigènes » (Maponos à Chamalières, Adsagonda et Antumnos aux Martres-de-Veyre, Oamoutha au Bouchet et à Mondragon, Agathodaimon à Chartres…) sont « convoquées » par des plaignants,  des « sorciers » et « sorcières » (Tascouipus à Chartres, Gallara à Aumagne) dans le cadre de la magieL’objectif est soit offensif (gagner un procès, envoûter un « ennemi », se venger, faire fuir des voleurs, faire une conquête amoureuse) soit protecteur (guérir d’une maladie, écarter le mauvais temps). Environ 110 tablettes dites de « défixio » sont connues, sur environ 2 000 recensés pour toute l’Antiquité gréco-romaine (voir les principales sur la fiche « Loisirs et faits divers »). Ces tablettes, en plomb surtout, inscrites (la demande) lors d’une cérémonie, étaient souvent pliées, roulées, enterrées. A Chartres, c’est tout une panoplie du « parfais magicien » qui a été découverte en 2005 dans une cave : des vases décorés de serpents, des lampes, des ossements d’animaux sacrifiés et surtout un superbe brûle-encens (« turibulum ») inscrit. 

-Assez proches de la magie, de multiples objets, amulettes, médaillons, phallus… sont là pour protéger, lutter « contre le mauvais œil » : ce sont des « porte-bonheurs ».

Image illustrative de l’article Tablettes astrologiques de Grand
 Disque zodiacal de Chevroches Deux des tablettes de Grand (celles du MAN, les deux autres sont à Epinal)

-Des objets « astrologiques » sont fameux : le disque de Chevroches (découvert en 2001, c’est une calotte zodiacale avec les mois égyptiens et romains), les quatre tablettes de Grand, formant deux diptyques,  en  ivoire (ce sont des sortes de cartes zodiacales aidant à la réalisation  des horoscopes. On y trouve le Soleil et la Lune au centre, les signes du zodiaque et 36 personnages de l’imaginaire égyptien mais avec les noms des signes en grec. Tout cela forme les divisions de l’écliptique en 12 signes et 36 décans), les semainiers des Sources de la Seine et d’Alésia (avec les noms ou symboles des sept jours de la semaine), la trentaine de dodécaèdres, dont ceux de Jublains et Reims (pour prédire l’avenir ? ; mais d’autres spécialistes pensent qu’il s’agit « simplement » d’instruments de géomètres…)…

II)DES PRETRES





File:CILXII,702Arles.png

 Base de la statue de C. Allius celer, quattuorvir, flamine et augure de la colonie d’Apt.  Epitaphe de Publicius Eutychus, sévir augustal de la colonie d’Arles. Dédicace au dieu Anvallus par le gutuater Norbaneius Thallus, à Autun. 

Dans la religion romaine, il n’y a pas de corps de prêtres, de clergé. Chacun (ou presque) peut officier, sacrifier, honorer les divinités. Il y a donc le « prêtre » occasionnel (le magistrat, le père de famille) et le « prêtre » professionnel (« sacerdos ») qui est un personnage influent, honoré (c’est le premier ou l’un des premiers « honneurs » dans une cité), généreux… Un seul exemple, Titus Sennius Sollemnis, augure et prêtre du culte impérial à Lyon, offre quatre jours de gladiature (sang et religion !), achève les thermes de Vieux en Normandie où les décurions le remercient d’une statue le représentant ! 

a)Les prêtres du culte impérial (attention, ils ne sont pas supérieurs aux autres prêtres mais autonomes) :

Les prêtres du culte impérial, provincial Plus de 50 connus, de l’autel du confluent de Lyon : 20 viennent d’Aquitaine et 16 de Lyonnaise.
Les prêtres du culte impérial, municipal = flamines Près de 200 prêtres  connus ; Ils sont parfois dits « de Rome et d’Auguste » (chez les Bituriges…) ou « d’Auguste » (chez les Eduens, Santons, Senons…) et exercent  une charge municipale (un flamine par cité, élu pour un an). Le flamine perpétuel forme le « haut du panier ».
 Les flaminiques 44 en Narbonnaise, quelques unes ailleurs, s’occupent du culte de l’impératrice.
 44 autres « sacerdos » Des prêtres sans plus de précision ; « Romae et Augusti » (à Bois l’Abbé, Rennes, Metz, Rodez…) ou  « Augusti » (à Langres ou Feurs). Ils s’occupent aussi du culte impérial municipal. D’après Van Andringa, le prêtre se nomme d’abord « sacerdos » puis flamine lorsqu’il y a une promotion de la cité (accès au droit latin ou au statut de colonie). Le prêtre de Rome et d’Auguste de Rodez est le premier de la cité des Rutènes et ce du vivant d’Auguste.
 Les sévirs augustaux Ce sont surtout des affranchis, par six, formant ensuite un collège « augustal » : ils sont très nombreux (322), dans les inscriptions, preuve de leur volonté d’intégration sociale. 227 en Narbonnaise (71 à Nîmes, 45 à Narbonne, 16 à Arles…), 78 en Lyonnaise (66 à Lyon)… Ils forment un ordo mais ne sont pas des prêtres. Ils desservent les temples et organisent des jeux en l’honneur des empereurs. Ils s’occupent aussi du culte du Génie et des Lares des empereurs.  9 d’entre-eux sont actifs dans plusieurs villes tel que, C. Aurelius Parthenius (Nîmes), sévir à Lyon, Narbonne, Orange et Fréjus.

b)Les autres prêtres, souvent réunis en collèges :

 Les pontifes 63 connus, uniquement dans des colonies, 59 en Narbonnaise, 3 seulement dans les Trois Gaules. Maîtres du rituel. Ils dressent le calendrier des fêtes et cérémonies religieuses, organisent les sacrifices.
 Les augures 32 connus, uniquement dans des colonies, 16 en Narbonnaise, 12 dans les Trois Gaules. Maîtres des auspices (interprétation des signes envoyés par les dieux), ce sont des prêtres publics, des médiateurs entre les dieux et les hommes. Ils inaugurent  (le verbe vient de ce nom !) aussi les temples.
 Les haruspices Peut-être 5 connus. Maîtres des prédictions.
 Les décemvirs (sont 10) Consultent les livres sacrés.
 Les septemvirs (sont 7) Organisent les jeux publics et les banquets sacrés (et profitent sans doute des restes…).
 Les dendrophores Ne sont pas des prêtres mais des artisans officiant dans le culte de Cybèle et d’Attis. Sur 146 inscriptions les concernant, dans l’Empire, 18 se trouvent en France : 5 à Lyon, 3 à Vienne, 2 à Cimiez (un collège) et d’autres à Alba (un collège), Nîmes (un collège), à Aix-en-P., Marseille, Glanum, Valence, Vieu et Arras.

c)Encore d’autres prêtres ?

 des flamines peuvent « cacher » d’autres flamines ! Consacrés à un dieu (Jupiter ou Mars), à un grand dieu de cité (Mars Mullo, chez les Riedons), à tous les dieux (à Lyon) ;  A noter que chez les Allobroges, il existe 10 flamines de Mars  et que les 9 flamines de la jeunesse recensés sont plutôt une « association » de jeunes hommes de l’élite…
 des prêtres « survivants » de la religion celte Comme les 3 gutuaters de Mars chez les Eduens et les Vellaves.
 des « maîtres des Lares » A Narbonne ou Arles. Peut-être un collège de prêtres des Lares à Lyon ?
 des prêtres et prêtresses de « la mère des dieux »  (Cybèle) Dans une dizaine de sites, des malheureux galles (à Lectoure, par exemple ; habillés en femme, maquillés, ils se flagellaient lors d’une procession, le 24 mars et pouvaient être castrés, pour les plus fanatiques…) et archigalles (chefs des galles, nommés à vie par les magistrats de la cité, ils défilaient coiffés d’une couronne en or), des hastifères à Vienne (collège de prêtres en relation avec les cultes de Mithra ou de Cybèle), une « mater sacrorum » morte à Besançon…. 
 des prêtres d’Anubis Appelés anubofores à Vienne et anubiaques à Nîmes.
 pour Isis Des « prophètes » d’Isis (deux à Marseille), un « pausarius d’Isis » à Arles (il porte les images divines lors des processions), une prêtresse d’Isis à Nîmes.
 pour Mithra A Eauze et à Vieu-en-Valmorey, un marchand et un médecin sont les chefs  (« père des pères ») de la communauté religieuse de Mithra. A Murviel-les-Montpellier, P. Anthius Logius est « père des mystères ».
 et aussi… -Des prêtres d’un seul dieu, Mercure (à Tournon), Castor (à Duingt)… ; une prêtresse « avertie en songe » et faisant une dédicace à Silvain et aux Nymphes, à Metz ; un médecin d’Esculape (prêtre probable) à Limony ; une confrérie d’artistes dionysiaques à Nîmes, sans doute des comédiens mais dirigés par un grand-prêtre !-Des préfets de temple (sont-ils des prêtres ?) à Ribemont-sur-Ancre et à Bussy-Albieux, chez les Ségusiaves ; deux possibles gardiens de temple à Allonnes (qualifié d’esclave public) et à Velleron.

 III)-Les demeures des dieux


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 La seule cella « intacte » d’un fanum, en France, à Fréteval (Loir-et-Cher).
Il manque la galerie.
 Temple gréco-romain dit « Maison Carrée » à Nîmes. Sanctuaire péri-urbain de Corseul, en Bretagne. Appelé « temple de Mars ».

Les auteurs antiques citent assez peu de sanctuaires pour la Gaule : Strabon (Apollon à Marseille, Artémis dans le delta du Rhône, Aphrodite sur un cap des Pyrénées orientales, Toulouse, Lyon, confluent du Rhône et de l’Isère, à l’embouchure de la Loire), Pline (Mercure au Puy de Dôme), le Panégyrique de Constantin (Autun)… L’épigraphie utilise un vocabulaire varié, difficile à différencié : aedes (demeure du dieu, 18 occurrences), templum (espace consacré, 11 occurrences), fanum (domaine sacré, 6 occurrences). I. Fauduet a recensé plus de 1 000 lieux de culte en Gaule.  Mais, hélas, elle précise que l’on peut « reloger » une divinité dans son temple dans une cinquantaine de cas seulement (Apollon Moritasgus et Sirona à Alésia, Apollon Mogetimarus et Sirona à Malain, Apollon Vatumarus à Mesnil-St-Nicaise, Hercule à Ménestreau et Deneuvre, Mercure Solitumarus à Chateaubleau, Mercure au Donon, Mars Mullo à Allonnes, Acionna près d’Orléans…). Des « villes » portent parfois des noms de divinités : Fanum Martis (Famars dans le Nord et Corseul en Bretagne), Aquae Segestae (= »les eaux de Segeta » à Sceaux-du-Gâtinais), Aquae Neri (= »les eaux de Nerius » à Néris-les-Bains en Auvergne) et même Divodurum (= « Place des dieux » ? à Metz) ou Diodurum (= « Ville des dieux » à Jouars-Pontchartrain dans les Yvelines) !

 La « naissance » des temples gallo-romains (en résumant un article de S. Agusta-Boularot)Les populations indigènes de Narbonnaise furent très tôt habituées à la présence de temples grecs (à Marseille ou à l’Acapte d’Hyères vers -120/-80, par exemple) et eux-mêmes aménagèrent des enclos cultuels monumentaux (autour de deux avens sur l’oppidum de Constantine, vers -75/-40). Un premier temple italique (« temple toscan ») est possible à Glanum dès les années -125/-100 mais il faut attendre les années -50/-20 pour voir se multiplier ces temples romains, sur podium : à Vieille-Toulouse vers -47, à Glanum (construit par Agrippa au dieu Valetudo, vers -40/-35), à Narbonne (au dieu Volcanus, vers -30/-20, d’après une inscription), à Moux (au dieu ibère Larraso, vers -20/-10), à Vernègues, à Gaujac, à Lamanon…
Dans le reste de la Gaule, après la conquête césarienne, les premiers sanctuaires romains attestés sont peu nombreux (à Bois l’Abbé et Magny-Cours vers -30, à Chamalières, Alésia, Mandeure et Tintignac sous Auguste, à Ribemont-sur-Ancre, Antigny, Allonnes sous Tibère). De nombreux temples gallo-romains (à cella à galerie dit aussi à plan centré ou fanum) seront construits sur des lieux sacrés celtes mais selon W. Van Andringa, il n’y a pas de continuité de culte  (sauf, peut-être, des dépôts rituels comme des armes) mais un respect de la mémoire locale.

a)L’édifice le plus courant (environ 950) est le temple à plan centré ou « fanum », -terme choisi par les archéologues- pour les temples de tradition indigène (cella en bois puis en pierre, entourée d’une galerie) mais adoptant souvent une architecture et un décor romain (fanum de type mixte). Le plan est rectangulaire dans le Nord, polygonal de la Bretagne à la Bourgogne, circulaire dans le Sud-Ouest. Un sanctuaire peut parfois réunir deux cellae (à Isle-et-Bardais dans l’Allier, à Naves dans le Limousin et un à  Limoges découvert en 2017) ou plus (Chateaubleau). D’autres cellae n’ont pas de galerie (Saint-Léomer, Saint-Beauzély, Antigny, Loubers, Faverges…). Il existe très peu de représentations de ces temples (un décor de vase à Sains-du-Nord, un enduit peint de Famars, un graffito à Corent, une maquette comme offrande à Antigny…). Le rôle de la galerie périphérique reste mal connu : pour faire le tour de la cella (selon Strabon) ?, pour s’abriter de la pluie (selon Pline) ?, pour exposer des ex-voto (c’est attesté) ou des portraits impériaux (c’est possible) ?, partie réservée aux fidèles (la cella étant réservée aux prêtres) ? Cette galerie est peut-être une adaptation du portique des temples gréco-romains. 

b)Le temple purement gréco-romain se rencontre surtout en ville, pour honorer les « grands » dieux ou l’empereur. Il est rectangulaire, sur un podium. Deux beaux « spécimens » (Nîmes en -5/3 et Vienne, vers -20/50) sont parvenus jusqu’à nous. Les spécialistes différencient les temples périptères (Vienne), pseudo-périptères (Nîmes), prostyles (Vernèges), prostyles tétrastyles (Glanum)… Ces sanctuaires semblent proches de modèles italiens. Le temple du culte impérial à Lyon est le plus grand des Gaules (120 x 80 m).

c)Rien n’est figé !  A Eu (Normandie) et à Antigny (Poitou), ils ont associé un fanum et un temple classique, au Viel-Evreux, ils ont remplacé des fana par trois temples classiques. A Alba, le sanctuaire de Bagnols associe un fanum, un temple sur podium et un temple axial à galeries, vers 20/30. Un même édifice peut avoir une cella « indigène » et un pronaos « romain » (à Aubigné-Racan, Corseul, Cahors vers 60/80, Jublains vers 67, Tours vers 80/100,  Périgueux avec la Tour de Vésone, vers 100/120, Villards d’Héria, Equevillon…). A Mézin, le temple a trois pièces en enfilade et un pronaos. A Izernore (Ain), le temple d’apparence classique (haut podium, grand appareil) était doté de curieux piliers d’angle monumentaux (trois sont parvenus jusqu’à nous).

d)Il existe aussi :

Les sanctuaires « dits ruraux » en fait, ils ne sont pas ruraux (dans le sens de l’isolement !) mais ils structurent l’espace de la cité, soit en limite de la cité (certainement pour un dieu topique, c’est à dire local), soit en limite du chef-lieu (probablement pour un dieu poliade, c’est à dire régional) ou d’une agglomération secondaire. De plus, ils font l’objet de travaux démesurés et d’offrandes ou d’évergésies importantes. Dans la plupart de ces cas, le temple (pour le culte civique) est proche d’un vaste théâtre (sans doute utilisé pour le culte impérial) et de thermes de cure. Des lieux d’accueil des pèlerins sont très probables mais non attestés pour le moment (peut-être au Vieil-Evreux ou à Chassenon, sous la forme d’un bâtiment organisé autour de deux cours intérieures).
Les vastes sanctuaires péri-urbains Ils sont particulièrement spectaculaires : 33 sont assurés ou probables dont la Genetoye à Autun (ou temple de Janus), la Bauve à Meaux (vers 100), Saint-Martin-du-Val à Chartres (vers 70/80, une vaste esplanade de 320x200m, la plus grande de Gaule, mais restée inachevée), le Vieil-Evreux (de 6 ha), le Haut-Becherel à Corseul (vers 100/120), La motte du Ciar à Sens (vers 80/100, ensemble de plus de 16 ha), Champigny-lès-Langres, Allonnes, la Tonnelle à Jublains, les Bagnols à  Alba, Troyes…  Sanctuaires les plus monumentaux de leur cité, en position dominante et souvent consacrés à Mars et au culte impérial, ils associent un ou plusieurs temples (à plan centré surtout et en fond de cour) et un portique monumental à la romaine (à 3 ou 4 côtés). Pour le décor, le corinthien est préféré (parfois exubérant comme au vieil-Evreux), les marbres sont réservés à certaines parties (les ressources en pierres locales sont privilégiés), des enduits peints à panneaux noirs ou à motifs végétaux et figurés sont attestés.
sources sacrées et sanctuaires des eaux Les sources sacrées  aménagées (Chamalières, source de la Seine) et les sanctuaires des eaux (Grand, Néris-les-Bains, Glanum, Sceaux-du-Gâtinais, Chateaubleau…). Ceux-ci ont un aménagement spécifique, puits, bassins, fontaines… mais ne sont pas tous liés à la guérison. Selon P. Wech, il n’y a aucun exemple avéré de continuité de culte de l’eau de l’époque gauloise à l’époque romaine mais des lieux de culte « réactivés » (Aubigné-Racan, source de la Douix à Châtillon-sur-Seine) ou crées (sanctuaire de la Fontaine à Nîmes, sculptures en bois de Chamalières et la source de la Seine, bassins de Deneuvre et de Genainville, sanctuaire de la Croix-Saint-Charles à Alésia). Un sanctuaire du Mans a été aménagé près d’un étang devenu sacré et à Villards-d’Héria, le sanctuaire a été installé à la fois près d’un lac sacré et d’une résurgence.
sanctuaires guérisseurs comme ceux d’Alésia, Deneuvre, Chamalières, des sources de la Seine…
sanctuaires de cols et de sommets Les sanctuaires des cols (Le Donon, le Grand saint-Bernard) ou des sommets (temple de Mercure sur le Puy de Dôme à 1400 m, temple de la Chapelle-Marcousse à 1163 m). Le terme de sanctuaire de sommet est contesté par Raepsaet-Charlier (les dieux honorés font partie du paysage sacré des habitants vivant dans des montagnes).
sanctuaires de cavité -Les grottes-sanctuaires comme celle du Rajal-de-Gorp, dans l’Aveyron, fut fréquentée jusqu’au IVème s.
-Les sanctuaires aménagés autour d’une cavité naturelle, comme sur l’oppidum de Constantine.
sanctuaires divers…Les sanctuaires de quartier (à Vienne par exemple).
Les sanctuaires des confins de cités (Chassenon ou le Donon par exemples).
Les bois sacrés (à Luc-en-Diois, Aix-les-Bains, Vaison pour la déesse Belisama…)
Les sanctuaires de carrières (St Béat dans les Pyrénées).
sanctuaires « orientaux »-Quelques sanctuaires à Cybèle sont attestés, à Belley, Arles (des prêtresses), Glanum…
-Le « mithraeum » est le sanctuaire de Mithra (= salle souterraine munie de banquettes). 13 sont attestés en Gaule « classique » (+ 49 dans les Germanies) à Angers, Biesheim, Les Bolards (il est installé dans le sanctuaire d’Apollon), Bordeaux, Lillebonne, Mackwiller, Mandelieu, Septeuil (il remplace un sanctuaire de sources), Strasbourg… construits à partir de 150 environ et abandonnés ou détruits entre 350 et 420 ; celui de Bourg-Saint-Andéol est rupestre).
colonnes et piliers votifs Lisieux, Pilier des nautes à Paris vers 15/20, Yzeure, Vienne-en-Val, Cussy et les nombreuses colonnes de Jupiter…
autels-Les autels aux cultes impériaux, sans doute précurseurs d’un temple (Lyon, Bavay, Reims) ou liés à un sacerdoce (Rodez, Feurs…) ou sur un forum (Glanum, Narbonne, Bordeaux…).
-Les autels de carrefour, dédiés aux Lares publics dits Compitales (une fête était célébrée en janvier, les Compitalia) ou à un Génie. Plusieurs sont connus avec une part d’incertitude pour certains : Aoste, Angers, Angoulême, Carhaix, Olbia, Saintes, Limoges (double édicule à un carrefour), Poitiers, Rennes (petites constructions circulaires), Rezé (édicule avec cinq  figurines), St Bertrand-de-Comminges… ; Un autel de carrefour est peut-être représenté sur la mosaïque dite du calendrier de Saint-Romain-en-Gal (en janvier).

e)A titre privé, des propriétaires de villas se faisaient construire un ou deux temples (à Châtillon-sur-Seiche ou à Bais en Bretagne, à Saint-Georges-les-Baillargeaux ou à Verteuil-sur-Charente en Poitou, à Gron ou Levet dans le Berry, à Tremonteix près de Clermont-Ferrand, à Asquins dans l’Yonne -un temple sur podium-…) et des personnes moins aisées aménageaient leur cave en « oratoire » (à Poitiers, Alésia ou Argenton-sur-Creuse).Les cultes domestiques, dirigés par le chef de famille,  sont représentés par des laraires, classiques (statuettes en bronze) ou gallo-romains (figurines en terre blanche) et par des oratoires en sous-sol (à Entrains, Montbouy, Paris…). 

 Les dieux à la maison ! On y vénère le Génie du propriétaire (sa « puissance d’action »), les deux  Pénates (sortes d’esprits qui protègent la nourriture, les repas et plus largement, la prospérité de la famille), les deux Lares  (célébrés le 23 décembre, ils protègent la maison et tout ceux qui y vivent ; Si la famille déménage, les Lares restent et les Pénates déménagent aussi !), les mânes des défunts (célébrées en février), les Lémures  (mânes des ancêtres, célébrés en mai), les déesses-mères, des couples divins et triades divines, des dieux accroupis…

Quelques sanctuaires célèbres (hors Narbonnaise) :

 Alésia La Croix-St Charles = sanctuaire périurbain ; enclos gaulois puis temple octogonal associé à des thermes puis ajout d’un nymphée ; culte de l’eau et ex-voto à Apollon Moritasgus et Sirona vers 50/60 et vers 130/150 abandon au 4ème s.
 Allonnes La Foresterie = site cultuel gaulois puis 1er temple carré puis grand temple sur podium à cella circulaire et galerie carrée, pronaos, podium ; décor corinthien ; cour et quadriportique (112x98m) à Mars Mullo vers 20/50 ; monumentalisation vers 80 à vers 140 vers 330 à vers 400 abandon et destruction
 Barzan Le Fâ = cella circulaire à porche de 6 colonnes, podium circulaire ; galerie carrée (100x100m) divinité inconnue vers 70 ; monumentalisation vers 130/160 abandon mal connu
 Chassenon Chenevrières/Montelu = 6 ha ; 2 esplanades dont cour ouest (200x80m) ; cella octogonale sur podium cruciforme ; bassin ; bois sacré de 49 plantations à Mars Grannus et Cobrandia ? vers 100/120 abandon mal connu
 Chateaubleau La Justice = sanctuaire central à 3 enceintes ; 3 fana carrés puis 4ème fanum puis grand temple remplaçant le fanum nord à Mercure Solitumaros et Epona vers 100/150 et 300/350 vers 350/420 abandon
 Corseul Haut Becherel = sanctuaire suburbain et poliade ; 108x98m ; fanum à cella octogonale et pronaos, triple portique ; style toscan culte impérial ? vers 100/120 abandon vers 250 puis incendie vers 280/310
 Eu (Bois l’Abbé) site cultuel gaulois puis 1er fanum puis temple sur podium associé à 2 fana puis grand temple (32x28m)associé à 6 fana à Mercure ? Mars ? sous Auguste ; monumentalisation vers 200/220 vers 270/280 fermeture rituelle  ?
 Genainville 1er fanum avec un nymphée puis temple à 2 cellae accolées (28x28m) ; avec 4 bassins cultuels et plusieurs autres petits temples à Mercure et Rosmerta ? vers 50 ; monumentalisation vers 180/220 abandon progressif de 275 à 380 (inondations ?)
 Mandeure vaste sanctuaire de 20 ha avec plusieurs temples dont le champ des Fougères (enclos gaulois puis temple dans une cour annulaire) et le Cloux du Château (site cultuel gaulois puis temple à péribole ovale) à Mars ?? vers -10/30 et travaux jusque vers 100 vers 300/350 abandon progressif
 Naves Tintignac = site cultuel gaulois puis 2 fana carrés dans un péribole divinité inconnue vers -10/20 ? vers 280/300 incendie
 Nuits-St-Georges Les Bolards = site cultuel gaulois puis fanum remplacé par un grand sanctuaire à portique en fer à cheval, temple rectangulaire à tour centrale et pronaos divinité féminine ? vers -10 puis vers 70 vers 380/420 abandon et spoliation
 Orcines Puy-de-Dôme ; plate-forme à terrasses, temple à cella carrée et galerie sur 3 côtés et à pronaos à Mercure Dumias vers 125/135 abandon mal connu
 Périgueux « Tour de Vesone » = temple de type gréco-romain à podium et pronaos, cella circulaire ; dans un ensemble (141x122m) à 3 portiques à la Tutelle vers 100/120 restauré vers 150/220 abandon vers 300/350 ??
 Saint-Leomer 1er fanum carré de type indigène puis 2 temples rectangulaires jumeaux classiques divinité inconnue fin du -1er puis vers 50/100 abandon mal connu
 Sanxay 1)sanctuaire des eaux : temple à 2 cellae associé à 2 thermes ; 2)temple à cella octogonale et galerie cruciforme, cour et portique (79x76m) à Apollon et Mercure ?? 1)vers 100/120 ? ; 2)vers 50 ? abandon mal connu
 Villards d’Héria 1)2 temples du lac d’Antre ; 2)temple du pont des Arches, sur haut podium, fanum à galerie sur 3 côtés ; associé à un bassin cultuel et à des thermes à Mars et Bellone ?? 2)vers 120/140 abandon mal connu
 Vieil-Evreux 6 ha ; 1er temple circulaire puis 2 temples carrés alignés puis remplacement de ces 3 temples par 3 temples rectangulaires sur hauts podiums (fana à cella et galerie mais façade italique pseudo-periptère) divinité inconnue vers 50 ; monumentalisation vers 180/220 vers 270/330 fermeture rituelle et transformation en camp

IV)Les gestes pour les dieux


  Bas-relief de Dijon (Esp. 3451) : un prêtre dépose une offrande sur un autel et un victimaire tient un taureau Ex-voto en bronze à une divinité inconnue par un certain Esupomas Cnusticus, à Beaumont-le-Roger (Eure)

a)-Le rituel est mal connu : une statue de culte est exposée dans la cella, un autel pour les sacrifices se trouve dans la cour, les offrandes et d’autres statues sont exposées dans les portiques ou dans la galerie périphérique. 

-Il existait des rites préparatoires : fondation (dépôts dans des fosses, sacrifices), processions, purification par l’eau (les thermes de Chassenon, Villards d’Héria, Sceaux-du-Gâtinais servaient certainement à cela). Apparemment, les fidèles n’entraient pas dans la cella (réservée aux prêtres) et le culte se déroulait surtout devant l’édifice. Au passage, il existait aussi des rituels de clôture des temples (attestés au Vieil-Evreux par exemple).

-Des couteaux, haches, spatules, hochets… témoignent des accessoires du culte et des sacrifices. Il est possible qu’un graffiti de Châteauneuf mentionne une dolabre (hache de sacrifice). Un graffito sur un vase d’Antigny mentionne les « exta », c’est à dire les entrailles de l’animal sacrifié et offertes aux dieux. A bordeaux, une inscription parle des « victimes » offertes à Jupiter par Martialis (CIL 13, 569). V. Huet a recensé 123 scènes de sacrifices sculptées en Gaule, où souvent un « victimaire » est représenté (responsable des sacrifices d’animaux) : à Bordeaux encore, un bas-relief montre une scène de sacrifice d’un cochon (Esp 1100), à St Paul-Trois-Châteaux (Esp 329), Béziers (avec un victimaire, Esp 535), Vaison (sacrifice d’un boeuf, Esp 290), Narbonne (plusieurs mais fragmentaires ; il peut s’agir de fragments de monuments funéraires de sévirs), Beaujeu avec toute une procession de 10 personnes, 2 taureaux, 1 bélier, 1 truie (Esp 1801, mais ce relief était-il de Gaule ou d’Italie ?), Pommiers dans le Rhône (5 personnes et un bovidé sur un décor de sarcophage), Paris (un taureau gît au sol, Esp 3184). A Dijon, un bloc (Esp 3485) figure certainement un « victimaire » (muni d’un grand couteau). A Bourbonne-les-Bains, un officiant tient une patère et un couteau de sacrifice. 

-A Metz, sur deux bas-reliefs (Esp 4336 et 4343), une femme verse des libations sur un autel. A Bourges (Esp 1463), une femme jette de l’encens sur un autel. Une personne fait aussi une libation à Sens (Esp 2815), à deux reprises à Dijon (Esp 3451 -c’est un prêtre- et 3459) et sans doute à Fontenay-près-Vezelay, devant une statue de Mercure. 

-Des banquets rituels devaient exister (des milliers de fragments d’os de coqs l’attestent au mithraeum d’Angers, d’autres restes de repas ont été retrouvés au temple du Puy-de-Dôme, à Ribemont ou à Jouars et une cuisine est lié au sanctuaire de Mandeure). 


b)-La dévotion est publique ou privée (demander quelque chose à un dieu ou le remercier). La dévotion publique est surtout le fait de magistrats (114 cas dans les Trois Gaules) ou de notables (96 cas). Plus rarement, le culte est organisé dans le cadre de pagi (17 cas dont Chalon, Asque, Rennes, Bois l’Abbé…) ou par des vicani (23 cas dont Nantes, Bagnères-de-Bigorre, Soulosse, Metz, Vieu…), par des collèges (les nautes à Paris, les bouchers à Périgueux, les marbriers dans les Pyrénées…). La dédicace de Rennes, par le sénat de la cité à T. Flavius Postuminus, s’inscrit dans un triple cadre, celui du culte impérial (il est prêtre de Rome et d’Auguste), de la divinité de la cité (il est flamine de Mars Mullo), des divinités de deux pagus (Mars et Mercure Atepomarus).

c)-Les offrandes se font après le vœu et non avant (On demande quelque chose, on fait une promesse, on acquitte de sa promesse si le vœu est réalisé) et sont variées : des animaux sacrifiés (porcs et bœufs surtout), des autels et dédicaces (491 en Narbonnaise et Alpes et 2 339 dédicaces dans les Trois Gaules et Germanies, soit 2830), des objets précieux ou plus modestes, des statues et des figurines (de déesses-mères par exemple), des ex-voto anatomiques, des vases, des patères et casseroles (à Amiens, Evaux, Chateaubleau, Mandeure), des lampes, des céramiques contenant des restes alimentaires (Le Mans), des monnaies (très souvent de faible valeur, parfois entaillées, jetées dans un tronc de cella -tel celui de Villards d’Héria-, dans une fontaine, dans une fosse…), des dés inscrits (comme ceux de Gevrey-Chambertin, probable sanctuaire de divination), des armes ou outils miniaturisés, des rondelles en terre cuite (qui remplacent peut-être les pièces ?), des fibules, des tablettes de malédiction et … des oursins fossiles et des haches néolithiques (à Chartres), des dents de requins, des bifaces préhistoriques (à Antigny) et même des graffitis, dans la galerie de la cella (à Châteauneuf en Savoie) !

 –Au Châstelard-de-Lardiers (Alpes-de-Haute-Provence), les dieux sont contents ! 
Les archéologues ont retrouvé dans la galerie du temple un nombre spectaculaire d’offrandes : plus de 11 000 lampes entières, plus de 10 000 anneaux de bronze, environ 5 000 plaques de bronze percées,  environ 500 monnaies, 190 broches et fibules, 35 bagues, des perles, bracelets, miroirs, statuettes…
-A Châteauneuf (Savoie) et au Mans (Sarthe), les pèlerins sont peu généreux !
Les 75 graffitis retrouvés sur des enduits peints ou sur des tuiles, à Châteauneuf, sont fragmentaires mais certains mentionnent les dieux honorés (Mercure, Limetus, Maïa, Rome) et les montants des dons en argent (2 deniers et demi ; 5 deniers ; 12 deniers et demi). Au Mans, dans le sanctuaire des Jacobins, environ 600 monnaies d’offrande ont été retrouvées, surtout de très faible valeur, voir même des monnaies « de substitution » (des rondelles)…

d)-Les dépôts d’objets précieux : 69 objets offerts à Mercure par 20 personnes à Berthouville, 70 objets offerts à Rudiobus et au culte impérial par une communauté (curie Cassiate) à Neuvy-en-Sullias, 4 objets conservés, pour Mercure, Apollon, Rosmerta et l’Auguste à Champoulet, une coquille en argent à Ménestreau…

e)-Les ex-voto anatomiques, pas forcément liés à des « dieux guérisseurs » ou à des sources thermales. Ils apparaissent très tôt (à Chamalières, sous Auguste), sont nombreux en Bourgogne (Alésia, sources de la Seine, Essarois…) et Normandie ainsi que chez les Bituriges, mais curieusement absents de la Narbonnaise. Ils sont en bois, en pierre ou en métal. Il y a environ 400 ex-voto oculaires connus, retrouvés dans, au moins, 25 sanctuaires (Sources de la Seine, Alésia, Antigny…). Une liste se trouve sur la fiche « se soigner en Gaule romaine ».

Epilogue : Les dieux « meurent » très lentement, les sanctuaires ferment ou sont abandonnés (parfois brutalement) entre 250 et 420 (avec un pic de 360 à 400)… Le culte, civique et impérial, disparaît en premier (dès la fin du 3ème s., donc avant la christianisation), puis les cultes locaux perdurent, surtout dans le milieu rural (au 4ème s.). L’essor et la reconnaissance du christianisme (à partir des années 330) ne sont pas forcément la cause de cette disparition et les églises réutilisent ou remplacent davantage, des mausolées et des salles thermales que des temples. Il faut plutôt chercher les causes dans un changement des mentalités et dans un déclin des évergésies.

Bilan religionNarbonnaiseles Trois GaulesAquit.Lyon.Belg.G.Sup (* = GS + GI)Alpes
hommages ou interventions de cités, pagi, vici ou collèges, en faveur de divinités54181818
culte impérial : (378)21257928283149*80
-formule « Aug. Sacrum » (48)66074942*
-formule « In honorem domus divinae » (218)07601363142*
-formule « numen aug. » ; à p. d’Hadrien (92)15724123165*
-formule « Augusto deo »24363611
« Prêtres » :
-prêtres fédéraux de Lyon (51)040 + 82016430
-flamines (196)818917711521
-flamines de Mars (10)8202000
-flaminiques  (48)44413000
-pontifes (63)59302010
-augures (32 ?)1612245 ?4 ?0
-haruspices (5 ?)211 ?002 ?0
-sévirs augustaux (322)225871788218
-prêtres de Cybèle (22)14853000
-vergobrets (5)0550000
-gutuaters (3)0312000
Dédicaces :569516918
-Jupiter (554)601671840451667
-Mercure  (442)         102 4468881499
-Mars (250)10195104144926
-Apollon7273530472
-Hercule (142)203411521384
-Silvain+801491464
 Tauroboles à Cybèle (65) 28 37 28 7 1 1 0

Sources :-S. Agusta-Boularot : Quand naissent les dieux en Transalpine. Apparition des lieux de culte, des pratiques cultuelles et des divinités italiques en Gaule du Sud (IIe-Ier siècle avant notre ère), in Quand naissent les dieux, EFR, 2018, p 299-336.-R. Bedon et H. Mavéraud-Tardiveau : Présence des divinités et des cultes, dans les villes et les agglomérations secondaires de la Gaule romaine et des régions voisines, Caesarodunum, 47-48, 2013-2014, PULIM. (23 articles dont Mercure dans les Trois Gaules, Vulcain, les autels aux cultes impériaux et les autels de carrefour, les sculptures de bois + des études régionales sur la Normandie, les Pictons, Minerve chez les Bituriges, les Lémovices, Clermont-Ferrand, le sud de l’Aquitaine, les Médiomatriques…) ; Divinités et cultes dans les campagnes de la Gaule romaine et des régions voisines, Caesarodunum, 49-50, 2015-2016, PULIM (16 articles portant sur  des zones géographiques comme le Berry, l’Armorique, le Poitou, la cité des Voconces, sur des divinités comme Sirona et sur les temples des villas ou des zones de montagne).-F. Blanchard : Jupiter dans les Gaules et les Germanies, PUR, 2015 (l’auteur comptabilise 536 témoignages iconographiques : 8 piliers et arcs votifs, 45 colonnes, 197 représentations classiques, 258 cavaliers à l’anguipède et 28 Jupiter associé à un anguipède)-V. Brouquier-Reddé… : Mars en Occident, PUR, 2006-M-O. Charles-Laforge : Les religions dans le monde romain. Cultes locaux et dieux romains en Gaule, PAPU, 2014 (dont articles sur les divinités du centre, les dépôts religieux, Jupiter chez les Convènes)-A. Chastagnol : L’expression épigraphique du culte impérial dans les provinces gauloises, Revue des Etudes anciennes, 97, 1995, pp. 593-614.-S. Cibu : Chronologie et formulaire dans les inscriptions religieuses de Narbonnaise et des provinces alpines, RAN, 2003 (recensement de 491 dédicaces avec comme formules, 105 Augustes, 96 deo ou deae, 79 sacrum, 33 pro salute, 21 numina imp. …)-S. Deyts : Images des dieux de la Gaule, 1992 (surtout sur les dieux accroupis, Cernunnos et les dieux associés à des animaux, les déesses-mères, le dieu au maillet…) ; A la rencontre des dieux gaulois, un défi à César, catalogue d’exposition à Lattes et St Germain-en-Laye, 1998-1999.-M. Dondin-Payre : Religion et identité sociale des notables dans les Trois Gaules ; in Pouvoir et religion dans le monde romain, PUPS, 2006. (210 témoignages épigraphiques de dévotions recensés : 68 en Lyonnaise dont 12 à Lyon, 55 en Aquitaine, 50 en Germanie supérieure, 36 en Belgique ; par 172 citoyens soit 83 % des dévots).-L. Dubosson-Sbriglione :  Le culte de la Mère des dieux dans l’Empire romain, Stuttgart, 2018.-P.-M. Duval : Dieux de la Gaule, 1976 (les chiffres sont un peu dépassés !)-I. Fauduet : Sanctuaires et divinités romaines en Aquitaine : découvertes récentes, in Aquitania, 21, 2005 ; Les temples de tradition celtique, Errance, 2010 (nouvelle édition ; très riche ouvrage avec liste et atlas) ; Sanctuaires, dévots et offrandes en Gaule, 2014-S. Girond : Images de dieux, images d’ancêtres : aperçus sur la religion antique dans la cité des Bituriges Cubes, PUS (sur les personnages assis en tailleur ; article visible sur le site books.openedition.org-R. Golosetti : Archéologie d’un paysage religieux. Sanctuaires et cultes du Sud-Est de la Gaule (Ve s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Osanna Éd., coll. archeologia nuova, 2016.-L-A. Gysler et A. Bielman : Le flaminat municipal, Etudes de Lettres, 1994,2 (Ils recensent les inscriptions mentionnant des flamines municipaux : 4 en Narbonnaise, 15 en Aquitaine, 12 en Lyonnaise, 3 en Belgique, 16 en Germanie supérieure = 50 ; ils ajoutent 17 inscriptions de sacerdotes indéterminés)-J.-J. Hatt : Mythes et dieux de la Gaule, 2 tomes, 1989 et 1997 (il comptabilise 248 dédicaces à Mars -43 Trévires, 22 Allobroges, 20 Convènes, 19 Voconces, 16 Helvètes…- et 283 dédicaces à Mercure -40 Triboques, 36 Trévires, 35 Allobroges, 31 Médiomatriques, 20 Ubiens, 18 Lexoviens, 17 Némètes, 15 Helvètes…-)-V. Huet : Les images de sacrifice en Gaule romaine in Sébastien Lepetz, William Van Andringa (éds), Archéologie du sacrifice animal en Gaule romaine, Rituels et pratiques alimentaires (APA 2), Montagnac, éditions Monique Mergoil, 2008, p. 43-74.-N. Jufer : Répertoire des dieux gaulois, les noms des divinités celtiques, 2001 = Inventaire géographique des épithètes celtiques des dieux romains (60 noms chez les Convènes, 44 dans la cité de Nîmes, 26 chez les Salyens, 25 chez les Eduens, 22 chez les Médiomatriques, 21 chez les Voconces, 20 chez les Lingons et chez les Séquanes, 19 chez les Bituriges, 17 chez les Allobroges,  16 chez les Cavares, 15 chez les Mandubiens, 14 chez les Senons, 10 chez les Arvernes… )-C. Landes : Dieux guérisseurs en Gaule romaine, catalogue d’exposition, Lattes, 1992.-H. Lavagne : Les dieux de la Gaule Narbonnaise, « romanité » et romanisation, Journal des Savants, 3, 1979, p 155-197.-Y. Lehmann : Les Religions de l’Antiquité, PUF, 1999 (C-M Ternes traite de la partie gallo-romaine avec des exemples surtout empruntés aux Germanies et à la Belgique : il recense ainsi 742 divinités)-J-P. Martin : Société et religions dans les provinces romaines d’Europe centrale et occidentales, SEDES, 1991.-N. Mathieu : Les dévots de Mercure en Lyonnaise, Belgique, Germanies, in Prosopographie et histoire religieuse, De Boccard, 2005, p 222-241 ; Les dédicaces religieuses privées des femmes en Narbonnaise, in Arcana Imperii, 2015, p 369-392 (il recense 128 monuments  dont 79 autels et 129 femmes dont 62 citoyennes ; elles honorent 70 fois des dieux classiques ou gallo-romains et 43 fois des dieux indigènes ; les divinités les plus honorées : 22 fois les Proxumes, 8 fois Mercure et  Minerve, 7 fois les Nymphes, 6 fois Junon, 5 fois les Matres, Bona Dea, Jupiter…). -M. Migeon : Le culte de Mercure en Narbonnaise, dans les Trois Gaules et en Germanies. Approche épigraphique, 2020, édition Mergoil. -L. Péchoux : Les sanctuaires de périphérie urbaine en Gaule romaine,  2010, Monique Mergoil.-B. Pichon : La monumentalisation des sanctuaires dans les Trois Gaules (Lyon exclu) : interventions publiques et collectives. in Cébeillac-Gervasoni M., Lamoine L. (dir.) La praxis municipale dans l’Occident romain. Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010 : 457-469. (Il recense 54 inscriptions, 18 en Aquitaine, 18 en Lyonnaise, 18 en Belgique ; 15 sont des interventions de la Cité, 17 de pagi et vici (11 en Belgique), 22 d’autres collectivités (collèges).-M.-Th. Raepsaert-Charlier : Cultes et territoires. Mères et Matrones, dieux celtiques, Antiquité classique, 84, 2015 ; Monumentalité, religion publique, vie civique et évergétisme en Gaule romaine, Revue belge de philologie et d’histoire, 93, 2015.-R. Sylvestre : un article de la revue de la Société Française d’Etude de la Céramique Antique en Gaule (SFECAG) de 2015 recense 104 graffiti religieux en Gaules-Germanies ; Ils s’adressent à 26 divinités seulement dont 37 à Mithra, 7 à Mars, 5 à Toutatis (tous à Voingt), 4 à Mercure, 4 à Apollon…-R. Turcan : Les religions orientales en Gaule Narbonnaise et dans la vallée du Rhône, ANRW, II.18.1 (1986) 456-518  (il recense les témoignages des cultes d’Isis, de Sérapis, de Cybèle, d’Attis, de Mithra… sous la forme de dédicaces, d’autels, de statuettes, de lampes, de médaillons…) ; La documentation métroaque en Gaule romaine, Revue du Nord, 1991, 292, p 9-19.-L. Valensi : Le panthéon gallo-romain, in Bull. G. Budé, 2011 (il donne des chiffres, 1300 inscriptions religieuses et 500 statues de divinités, plus de 400 noms de dieux indigènes qui incarnent les animaux -taureau, cerf, sanglier-, la nature -sommet, rivière, forêts, sources- et la fécondité avec les déesses-mères et Eponna ; il évoque  aussi la place importante de Mercure, Jupiter, Mars, du culte impérial, du syncrétisme par l’onomastique -50 épiclèses à Mars- et par l’art -exemple du pilier des nautes)-W. Van Andringa : La religion en Gaule romaine (2002, réedition 2017) ; Nouvelles combinaisons, nouveaux statuts, les dieux indigènes dans les panthéons des cités de Gaule romaine, in La romanisation et la question de l’héritage celtique, Bibracte, 2006 ;  Les dieux, la cité et le pouvoir impérial (article dans Pallas, 2009) ; Prêtrises et cités dans les Gaules et Germanies, in Cités, municipes, colonies, 2009 (il recense les inscriptions citant les sacerdos et flamines, 18 en Aquitaine, 27 en Lyonnaise dont 9 à Lyon, 10 en Belgique, 32 en Germanie supérieure…) ; La fin des dieux (Gallia, 71.1, 2014)-A. Villaret : Les dieux augustes en Occident : un phénomène d’acculturation, 2016 (thèse visible sur internet)-P. Wech : Autour du culte de l’eau : phénomènes d’acculturation gallo-romaine à l’époque augustéenne, in Archéo-Doct n° 5, Publications de la Sorbonne, 2013, p. 65-88.

-exposition « Donnant, Donnant, vœux et dons aux dieux en Gaule romaine« , à Nyon et Dijon (dossier de presse visible sur internet) ; -exposition « L’empereur romain, un mortel parmi les dieux« , à Nîmes (Dossier d’archéologie, n° 405, mai-juin 2021 + remarquable catalogue de l’exposition, 2021, sous la direction de M. Lambert + article dans Archéologia n° 599, p 24-28) ; -exposition « Le mystère Mithra« , 2021 (catalogue et Archéologia HS n° 32)

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