Société

  1. La Gaule des « deux cent familles »… (les élites) (1ère page)
  2. Les « cadeaux entretiennent l’amitié » (évergésie)(1ère page)
  3. Les femmes en Gaule romaine (A-statut, B-droits, C-les femmes dans la société, D-les loisirs, E-Les loisirs)(2ème page)
  4. Les enfants en Gaule romaine (A-naissance, B-nom, C-soins et vêtements, D-alimentation, E-premiers apprentissages, F-jouets et jeux, G-éducation, H-dans la vie de la cité, I-maladies et mort)(3ème page)
  5. Les laissés-pour-compte ? = Esclaves et affranchis (A-quelques généralités, B-petit inventaire, C-quelques chiffres) (4ème page)

I-LA GAULE DES « DEUX CENT FAMILLES »… (LES ELITES)

INTRODUCTION

-Par ce petit clin d’œil anachronique (pour mémoire, ce mythe des « deux cent familles » date du Front Populaire en 1936), je vais m’intéresser aux grandes et petites familles (pas nécessairement au nombre de 200 !) qui ont marqué l’histoire de leur cité, de la Gaule, voir même de l’Empire. Toutes sont attestées par des témoignages littéraires et épigraphiques. Il s’agit, d’une part, des fameux « Primores Galliarum » (Y. Burnand a réalisé l’inventaire des 67 sénateurs et 223 chevaliers originaires des Gaules dont 181 de Narbonnaise et 50 des 3 provinces des Gaules) et d’autre part des familles de notables  locaux, qui ont œuvré dans leur cité, par des magistratures (les « honorati« , c’est à dire ceux qui ont réalisé la « carrière des honneurs », 79 connus à Vienne, 74 à Nîmes, 34 à Narbonne, 29 à Lyon…) ou par des évergésies. Une troisième catégorie peut s’ajouter : les « honestiores », des personnalités marquantes dans le domaine économique et commerciale et, plus insolite, des familles suffisamment riches pour posséder un mausolée ou un enclos funéraire.


-Sur les 67 sénateurs Gaulois, 42/43 viennent de Narbonnaise (17 de Vienne, 7 de Nîmes…) et 7 d’Aquitaine. L’entrée de Gaulois au sénat de Rome est une affaire de longue haleine, du fait de l’hostilité des membres de la haute assemblée : 2 entrent grâce à César (Aecus et Roucillus de Vienne), aucun sous Auguste, 24 sous Claude, Néron et les Flaviens, 29 sous les Antonins au second siècle. Ce sont des descendants de la noblesse gauloise qui sont admis, par décision impériale (« adlectio ») : ils viennent surtout de colonies de Narbonnaise (les Iulii de Fréjus, les Pompeii et les Annii d’Arles, les Valerii de Vienne, les Aurelii de Nîmes…).

-Pour les 223 chevaliers, 137/138 sont de Narbonnaise (41 de Vienne, 18 de Nîmes, 15 d’Arles, 13 de Narbonne, 13 des Voconces…), 16 de Belgique, 11 de Lyonnaise, 7 d’Aquitaine… ; 85 chevaliers ont eu un cursus municipal connu (18 à Vienne, 12 à Nîmes…) mais c’est surtout le service de l’Etat qui marque la carrière de ces officiers équestres (146 chevaliers attestés dont 86 de Narbonnaise, originaires encore une fois de Vienne et Nîmes). La promotion à l’ordre équestre des chefs indigènes puis de leurs descendants est plus précoce que celle des sénateurs : 10 au -Ier siècle (les Pompeii Voconces, les Fabii de Narbonne), 117 au Ier siècle (les Iulii de Fréjus, les Domitii d’Aix, les Iulii de Saintes…) suivie d’une légère décrue au IIème siècle (57) et au IIIème (47). Dans ces chiffres, sont pris en compte la faible représentation des descendants de colons italiens promus (13 seulement dont la famille des Mettii d’Arles). 


Voici l’élite des Gaules en quelques familles :
Narbonnaise et Alpes

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Caius Iulius Pacatianus, VienneAulus Annius Camars, Arles, CIL XII, 670
Les Adreticii  10 personnes connues sur 4 générations, à Cabasse, dans la cité de Fréjus ; l’un d’eux épouse une Cornelia ; d’autres sont présents à Riez et même à Sbeïtla en Afrique…
Les Aemilii -de Narbonne : dont L. Aemilius Arcanus, fait sénateur par Hadrien, après une longue carrière civile et militaire
-de Nîmes : avec une dizaine de personnes connues, peut-être de plusieurs familles ; le sénateur L. Aemilius Honoratus, fut surtout gouverneur de Crète-Cyrénaïque sous Trajan
Les Afranii,  Voconces le plus célèbre est Sex. Afranius Burrus, né à vaison, préfet du prétoire à Rome en 51, conseiller du jeune Néron et décédé en 62 -de mort naturelle !
Les Allii, (Alpes Cottiennes) avec un magistrat d’Embrun et un fils décurion
Les Annii, de la cité d’Arles avec 3 sénateurs dont Aulus Annius Camars, légat propréteur en Afrique et évergète dans sa ville d’Arles et L. Annius Tullus, décédé très jeune
Les Antonii, de Toulouse avec M. Antonius Primus, sénateur et ami des empereurs Flaviens
Les Attii sont une centaine dans la province, surtout concentrés dans les cités d’Arles, Aix et Glanum (1 tribun de légion à Arles, 1 tribun militaire à Aix, 5 à St Zacharie, 1 à Lourmarin, 1 à Toulon) ; Ils sont aussi nombreux dans la cité de Vienne dont Sex. Attius Suburanus, qui a accompli une belle carrière (gouverneur des Alpes Cottiennes, préfet du prétoire puis consul à Rome en 101 et 104) et les Attii de Grenoble, sur 4 générations connues,  avec un flamine et un sévir.
Les Aurelii -de Nîmes : une grande famille dont l’ascension la porta jusqu’à l’empire avec T. Aurelius Fulvus, né vers 23/25, légat de la 3ème légion en 64-69, gouverneur de Tarraconaise v75/78, consul en 85, préfet de Rome v86/90, son fils homonyme, né vers 54/56, consul en 89 puis le fils de ce dernier, le futur empereur Antonin, né en Italie en 86
-de Narbonne : avec M. Aurelius Carus, futur empereur en 282-283
Les Bussulii (Alpes Cottiennes) un membre de cette famille devint préfet de 4 peuples alpins
Les Belliccii Viennois le consulat fut une affaire de famille : 3 comme consuls suffects-remplaçants- en 68, 87, 118 et 3 comme consuls ordinaires, C. Bellicus Flaccus Torquatus en 124 et ses deux fils en 143 et 148
Les Coelii de Fréjus 3 frères connus à Caillan dont 2 furent sévirs et encore un autre sévir -spécialité familiale- à Seillans
Les Cornelii d’Arles le magistrat Cn. Cornelius Optatus fut patron des marins d’Arles et l’affranchi Q. Cornelius Marcellus, sévir, a défendu devant l’empereur Antonin l’affaire de l’accès gratuit aux thermes d’Arles pour les habitants d’un pagus proche
les Craxii -de Nîmes : 9 personnes surtout dans la partie nord-est de la cité, à Tresques, Gaujac…, sans doute propriétaire d’un domaine ; un président de collège des fabricants de toiles à Tresques, un questeur à Nîmes ; la fille de L. Craxius Severinus, Craxia Secundina, fait un beau mariage en épousant le notable Q. Frontonius Secundinus, un « excellent mari » d’après sa stèle funéraire…
-de Vienne et chez les voconces
les Domitii -de Nîmes : le plus célèbre est Cn. Domitius Afer, né à Nîmes vers -16, grand orateur, sénateur et proche du pouvoir sous Tibère et Caligula qui le « nomme » consul suffect en 39 ; il sera aussi curateur des aqueducs de Rome en 49 ;  ; il adopte, dans des circonstances suspectes, les 2 fils de S. Curvius Tullus qui s’appelleront désormais Cn. Domitius Curvius et seront, tous deux consuls suffects ; l’un d’eux sera l’arrière-grand-père de l’empereur Marc Aurèle
-dans la cité d’Aix-en-Provence : mausolée à Rognes vers 25/50, villa sans doute à Grand-Saint-Paul ; 2 Domitii furent tribuns militaires puis préfet des ouvriers pour l’un, pontife pour le second ; T. Domitius Pedullus, propriétaire d’un domaine à Esparon, cité d’Aix, a fait toute sa carrière publique à Arles
Les Duvii Voconces représentés par le sénateur L. Duvius Avitus, né vers 10/15, gouverneur d’Aquitaine vers 53-55 et consul suffect en 56 ; son épouse était flaminique et évergète à Entrechaux ; son oncle, Cassius Salanus, peut-être aussi un Voconce, était le précepteur de Germanicus
Les Fadii l’origine de Sextus Fadius Secundus Musa est controversée, peut-être de Narbonne : il fit tout le cursus municipal, fut patron de collège vers 150 et son petit-fils sera sénateur
Les Frontinii de Nîmes C. Frontinius Servatus à Tresques et ses 3 enfants dont Frontinia Servata mariée à T. Varenius Severus ; 2 autres Frontinii à Pougnadoresse
Les Frontonii de Nîmes présents à  St Victor-la-Coste, Blauzac, St Gilles, Manduel et Lunel-Vieil ; 2 quattuorvirs dans cette famille : Q. Frontonius Valerius et surtout Q. Frontonius Secundinus qui a réalisé une belle carrière de magistrat dans sa cité
Les Iallii, chez les Helviens un seul représentant connu, un sénateur : M. Iallius Bassus, né vers 120 dans le Vivarais, consul sous Marc Aurèle, gouverneur dans les deux Pannonie vers 156/165 et enterré dans un mausolée en Ardèche vers 170
Les Iulii – de la cité d’Aix-en-Provence  : 2 chevaliers, flamines et tribuns militaires et le fils de l’un d’eux, jeune sénateur ; tous les 3 patrons de la colonie et sans doute enterrés dans le grand mausolée disparu dit de la tour de l’Horloge à Aix
-de Fréjus : le célèbre Agricola, son père et son grand-père, tous trois sénateurs ; le père d’Agricola, Iulius Graecinus, est connu comme écrivain agronome ; Agricola, né en 40 à Fréjus a fait une brillante carrière militaire (victoires en Bretagne entre 70 et 84) et administrative (gouverneur en Aquitaine et en Bretagne), il meurt à Rome en 93 ; il a marié sa fille Iulia à l’écrivain Tacite.
-de Nîmes : un chevalier, Sex. Iulius Maximus réalise une carrière municipale classique au Ier s. et un sénateur,  T. Iulius Maximus, né vers 70, est devenu gouverneur de Tarraconaise vers 102 puis de Pannonie inférieure vers 108/110 et consul en 112
– de la cité de Vienne : 114 personnes ont ce gentilice dans la cité ; 11 chevaliers connus, peut-être de plusieurs familles ; parmi eux, on peut citer des magistrats Helvètes comme M. Iulius Atticus, D. Iulius Ripanus, Iulius Valerianus, le quattuorvir L. Iulius Fronto et son fils le duumvir L. Iulius Iulianus, l’ami de Néron et gouverneur de Sardaigne Iulius Pollio, le préfet du prétoire en 55 T. Iulius Ustus, le préfet d’Egypte en 60-61 L. Iulius Vestinus, le gouverneur des Alpes Cottiennes, de Maurétanie et de Mésopotamie C. Iulius Pacatianus, sous les Sévères, étant le plus célèbre.
Les Marii, Nîmois 24 personnes, sans doute de familles différentes ; 16 sont à Nîmes même ; 2 magistrats et un sévir
les Mettii d’Arles la famille a donné plusieurs hauts fonctionnaires à l’Empire, chevaliers puis sénateurs, avec M. Mettius Modestus, procurateur en Syrie sous Claude, ses deux fils M. Mettius Modestus, consul vers 82/85 et M. Mettius Rufus, préfet de l’Annone puis d’Egypte en 89/92 (il tomba sans doute en disgrâce en 93) puis les deux fils de ce dernier, M. Mettius Rufus, proconsul en Achaïe et C. Trebonius Proculus Mettius Modestus, consul suffect en 103 puis gouverneur en Asie v119-120 et enfin le probable fils de ce dernier, M. Iunius Mettius Rufus, consul suffect en 128.
Les Pompeii– dans la cité d’Aix-en-Provence : villa et mausolée, sans doute à Lambesc
– d’Arles :  ont fait aussi carrière à Rome et dans les provinces : un chevalier, Pompeius Paulinus, préfet de l’annone vers 48-55 (sa fille, Paulina sera mariée au philosophe Sénèque) et quatre sénateurs,  Aulus Pompeius Paulinus (fils du premier Pompeius Paulinus), sera consul suffect vers 55, M. Pompeius Priscus, son fils M. Pompeius Silvanus Staberius Flavinus (a exercé 3 prêtrises, a été consul suffect en 45, gouverneur en Afrique en 53-56, en Dalmatie vers 75, décédé très âgé en 83 alors qu’il a été élu consul), un autre M. Pompeius Silvanus, consul suffect en 76.
-les Pompeii-Trogi, Voconces : 10 Pompeii connus dans cette cité ; Cn. Pompeius Trogus dit aussi Trogue-Pompée est né à Vaison et est devenu un historien et naturaliste célèbre sous Aguste ; son grand-père reçut la citoyenneté de Pompée et son père fut le secrétaire de César pendant la guerre des Gaules : la famille avait choisit son camp !
-les Pompeii-Vopisci, dans la cité de Vienne : connus sur 5 générations avec 2 consuls suffects assurés en 69 et 77 ; sinon, il y a 30 Pompeii connus pour toute la cité : ceux d’Aix-les-Bains représentent 16 personnes dont L. Pompeius Campanus qui a offert l’arc qui porte toujours son nom.
Les Samnii de Nîmes 18 personnes dont 13 à Nîmes même, sur 14 inscriptions dont un chevalier -L. Samnius Aemilianus-, 2 magistrats, 3 flaminiques et un grand-prêtre d’une confrérie religieuse
Les Secundii, Nîmois 5 à Tresques dont C. Secundius Iulianus et ses 2 enfants, C. Secundius Paternus et Secundia Iulia)
Les Sextii-Sextii-Vibiatrones : sont, selon P. Leveau, les possibles propriétaires de la villa de la Mérindole et des fameux moulins de Barbegal (cité d’Arles)
-Sextii-Iulii : dans la cité d’Aix-en-Provence (villa rurale et mausolée possibles à Puy-Sainte-Réparade)
Les Severii-de Nîmes : 13 personnes dont un édile
-d’Arles et de Riez : (M. Severus Viator, enterré à Tarascon, a fait toute sa carrière publique à Riez)
les Solonii, à Nîmes 6 personnes dont 2 chevaliers ; peut-être un domaine à Cavillargues ?
Les Titii -de Vienne : 24 personnes connues dont beaucoup à Aix-les-Bains mais un seul sévir…
– Voconces  : un seul membre connu mais quel parcours, sous Trajan et Hadrien ! : M. Titius Lustricus Bruttianus, né à Vaison vers 68, devient sénateur, commande ensuite 2 légions puis 3 provinces, l’Afrique, la Cilicie en 103-105 et l’Achaïe vers 106, est consul suffect en 108, est décoré par Trajan pour sa participation aux guerres daciques,  puis légat de 2 armées en Syrie-Arabie vers 118
Les Trebelii de Toulouse surtout Q. Trebellius Rufus, né vers 31 ou 45, magistrat de sa cité, flamine de sa province puis archonte à Athènes, chevalier. Son épouse était prêtresse à Toulouse
Les usulenii de Narbonne peut-être propriétaires d’un atelier de céramiques en Espagne, d’un atelier de briques à Moux et certainement négociants en vins ; l’un d’eux est aussi magistrat à Narbonne ; plus curieux, deux affranchis de la famille ont été magistrats à Moux
Les Valerii-de Fréjus : avec surtout un représentant, C. Valerius Paullinus, ami de l’empereur Vespasien, procurateur de Narbonnaise en 69 (le 3ème connu) puis (comme récompense de son soutien au nouvel empereur) préfet de l’Annone vers 70/73 et préfet d’Egypte vers 73/74.
-de Nîmes : 136 personnes sur 108 inscriptions !
-de Ruscino : 4 personnes de ce nom font l’objet d’hommages de la cité : L. Valerius, son fils C. Valerius Paetus, prêtre et préfet des ouvriers, C. Valerius Maxumus, procurateur de Claude et préfet dans une province indéterminée, Valeria, flaminique
-de Vienne : 64 connus pour toute la cité, de plusieurs familles ; le plus illustre représentant est Decimus Valerius Asiaticus, né sans doute à Vienne vers -5, sénateur et très riche, consul suffect vers 35/38 et consul ordinaire en 46, disgracié par Claude, il se suicide en 47 ; Une allusion négative sur ce personnage se trouve dans le discours impérial de la Table Claudienne ; On sait aussi qu’il possédait une troupe de comédiens à Vienne ; Sa femme Lollia Saturnina était la sœur d’une des épouses de l’empereur Caligula ; un fils possible, homonyme, a été gouverneur de Belgique en 69/70 et consul ; un autre membre de la famille fut gouverneur d’Asie, consul en 125 et préfet de Rome en 134, c’est D. Valerius Asiaticus Saturninus ; un Q. Valerius Macedo, devenu sénateur grâce à Hadrien en 122, n’appartient peut-être pas à la même famille
Les Vettii, de Nîmes 8 connus à Nîmes même dont 3 sévirs ; selon M. Christol, ils possédaient peut-être un domaine vers Monbazin
les Vinicii (Alpes-Maritimes) au Broc, à Carros, à La Garde ; connus sur 5 générations ; on trouve 2 décurions, un duumvir de Vence et même un secrétaire du préfet du prétoire à Rome

Les autres provinces des Gaules

File:MuséeBretagne stèle Postuminus.jpgCette image a un attribut alt vide ; son nom de fichier est cil_13_00939_1.jpg
T. Flavius Postuminus, RennesM. Pompeius Libo, Périgueux
Les Antistii (Ausques) 7 connus dont un flamine et un sévir évergète
Les Antonii (Dax)4 connus
Les Ausonii famille d’Ausone, le poète et préfet du prétoire des Gaules), originaire d’Autun puis installée au IIIème s. à Dax (Caecilius Argicius Arborius, d’Autun marié à une Daxoise : ils ont quatre enfants dont Aemilia Aeonia qui épouse Iulius Ausonius ; ce sont les parents d’Ausone) puis à Bordeaux (où nait Ausone v310).
Les Claudii -de Saintonge : Claudius Varenus, gouverneur de Bithynie et sa fille Claudia Varenilla, mariée au consul M. Censorius Pavius et décédée à Poitiers
-à Aire-sur-l’Adour : 4 connus
Les Flavii (Redones) T. Flavius Postuminus, duumvir de sa cité et flamine
Les Iulii-des Bituriges Cubes  : L. Iulius Equester, duumvir, flamine et évergète à Néris-les-Bains, avec ses fils, flamines également
-des Convènes : C. Iulius Serenus, magistrat et évergète sous Trajan)
-Eduens : l’évergéte C. Iulius Proculus à Autun et son frère L. Iulius Calenus, préfet de cohorte en 69
-de Saintonge sont bien connus : un grand-père (Agedomopas) et un père (Catuaneunius), devenus citoyens sous César, un fils, C. Iulius Rufus, qui accède à l’ordre équestre et est assez riche pour construire l’arc de Saintes et l’amphithéâtre de Lyon vers 15-20 ; d’autres Iulii ont joué un rôle important : le flamine C. Iulius Ricoverigus, son fils le vergobret C. Iulius Marinus ; A Lyon, un C. Iulius Celsus appartient-il à la même famille ? Il a, en tout cas, des liens étroits avec l’Aquitaine (recruteur de soldats dans le sud de la province, procurateur) et avec un monument « familial » (il a peut-être restauré l’amphithéâtre). Son fils est même devenu sénateur sous Antonin, à l’âge de 4 ans…
-D’autres Iulii d’Aquitaine sont connus : C. Iulius Vindex, sénateur comme son père, est gouverneur de Lyonnaise mais il se suicide après l’échec de sa révolte contre Néron en 68
-chez les Tricasses : T. Iulius Couribocalus et son fils T. Iulius Lentinus, tous deux chevaliers, prêtres et préfets des ouvriers
-Les Iulii-Magilii, chez les Senons : surtout 3 flamines dont Sex. Iulius Thermianus, également prêtre fédéral à Lyon et évergète
Les Nonnii, Vellaves le père, préfet de la colonie et prêtre, le fils, 2 fois duumvir et flamine
les Pompeii (Pétrucores) 16 personnes connues dont un chevalier, Aulus Pompeius Tertullus et deux prêtres fédéraux à Lyon, C. Pompeius Sanctus et son fils M. Pompeius Libo vers 150/220 ; tous furent évergètes pour leur ville de Périgueux en faisant bâtir l’amphithéâtre, le temple de la Tutelle et en restaurant des thermes
Les Sedatii, Pictons M. Sedatus Severianus qui a vécu vers 105 à 161, est connu comme patron de plusieurs corporations d’Ostie -lien possible avec le grand commerce-, sénateur, gouverneur de Dacie vers 151, consul en 153 -comme récompense-, de nouveau gouverneur, en Cappadoce vers 158/161 où il finit tristement, vaincu et tué par les Parthes
les Sennii, (Viducasses) T. Sennius Sollemnis a accompli une carrière locale avec 4 duumvirats, provinciale avec la prêtrise fédérale à Lyon en 220 ou l’administration des mines de fer des Gaules, romaine avec la préfecture du prétoire en 223 ; De plus, son père et lui ont fait construire les thermes de Vieux en Normandie
Les Suiccii (Viromanduens) avec C. Suiccius Latinus, chevalier ayant fait une belle carrière assez complète
Les Valerii-des Aquenses aux Convènes : près de 30 connus dont plusieurs évergètes
-Triboques, en Alsace : une famille de militaires dont on a un beau mausolée visible au musée de Strasbourg

Sources :-Alvarez Melero A. : Les matrones équestres de Narbonnaise, RAN, 2016, p 65-73 (article original sur les 32 matrones connues dans cette province).-ArchaEpigraph ; « l’épigraphie spatiale » au service de l’étude des dynamiques des territoires, RAN, 47, 2014, p 35-49.-Burnand Y. : Domitii Aquenses. Une famille de chevaliers romains de la région d’Aix-en-Provence. Mausolée et domaine, De Boccard, Paris, 1975.-Burnand Y. : Primores Galliarum, coll. Latomus, 2005 à 2010 ; 5 volumes sur la méthodologie, la prosopographie, l’étude sociale (2 tomes) et les indices.-Chausson F. : Les Aurelii Fulvi de Nîmes, in Occidents romains, 2009, Errance, p175-190.-Christol M. : Le patrimoine des notables en Gaule méridionale, Histoire et sociétés rurales, 19, 2003, p 133-150.-Christol M. : L’ordre équestre en Narbonnaise : un groupe et ses personnalités entre cités, province et Etat, in Occidents romains. Sénateurs, chevaliers, militaires, notables dans les provinces d’Occident (Espagnes, Gaules, Germanies, Bretagne), Paris, 2010, p. 81-109. Le nombre de chevaliers provenant de Narbonnaise  (67 jusque vers 70, 58 sous les Flaviens et Antonins, 11 au IIIème s.) recule peu à peu au profit de ceux des autres provinces gauloises et germaniques (21, 25 puis 34).-Chulsky C. : Notables nîmois : magistrats, chevaliers et sénateurs issus de la cité de Nîmes à l’époque romaine, thèse, 2012. 115 personnes recensées avec 10 sénateurs, 19 chevaliers. Les familles les plus représentées sont les Iulii (7 notables), les Sammii (6 notables dont 3 flaminiques), les Aemilii (6 notables). les Valerii (5 notables).-Chulsky C. : Le recrutement de l’élite dirigeante en Narbonnaise, Latomus, 2015, p 149-164. Etude  portant sur Nîmes (39 hauts magistrats ; élite mixte de chevaliers et non chevaliers), Vienne (sur 43 chevaliers, 18 ont été magistrats viennois), les Voconces (sur 14 chevaliers, seuls 4 font une carrière locale), Béziers (sur 6 chevaliers, 5 font une carrière locale), Aix-en-Provence et Narbonne (même tendance qu’à Béziers) et Arles (élite équestre mixte puis séparée en 2 groupes). peu à peu, l’aristocratie pré-romaine est remplacée par une élite nouvelle.-Fiches JL. : Les élites nîmoises et les campagnes au Haut-Empire : caractérisation, place et signification de leurs sépultures, in Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, suppl. RACF, 1993, p 333-339.-Létève Ph. : Les Allobroges au service de l’empire, mémoire de maîtrise, Paris I, 2005. L’auteur a listé 13 sénateurs et 36 chevaliers. Seuls 15 ont fait une carrière municipale. -Leveau P. : Villas, aristocraties municipales et territoire dans les cités romaines de Provence occidentale (Arles, Marseille, Aix, Apt et Voconces), in Paysages ruraux et territoires dans les cités de l’Occident romain. Gallia et Hispania, 2012, p 269-280.-Ouriachi MJ. et Nuninger L. : Trajectoires des hommes et des établissements : contribution à la modélisation du système de peuplement antique en Languedoc oriental, RAN, 44, 2011, p 99-116.-Rémy B. : Les élites locales et municipales de la colonie de Vienne, Antiquité classique, 67, 1998, p 77-120. Sont recensés 275 notables dont 34 chevaliers, 61 magistrats municipaux et locaux, 46 prêtres, sévirs et flaminiques, 62 honestiores.-Rémy B., Mathieu N., Desaye H. : Les notables voconces au Haut-Empire,  Gallia, 70,2, 2013, p 257-293. 52 magistrats et prêtres municipaux ou locaux, 15 chevaliers et 3 sénateurs recensés ainsi que 82 autres notables  dits honestiores (commerce, artisanat, évergètes, propriétaires de grands tombeaux…) -Rossignol B. : Les élites de Narbonnaise de leur cité jusqu’au coeur du pouvoir romain, in RAN, 49, 2016, p 9-23.

II-LES « CADEAUX ENTRETIENNENT L’AMITIE » (DONS et EVERGESIES)

 
 C. Iulius Rufus offre l’amphithéâtre de Lyon Deux frères, L. Patricius Martialis et L. Patricius Marcus offrent le vestibule d’un temple aux habitants du vicus, à Vertault (Bourgogne)

a-Dans l’antiquité (grecque, hellénistique et surtout romaine), on offre beaucoup !

1-C’est une pratique religieuse (les dédicaces aux dieux)  basée sur une sorte de « donnant-donnant » : soit on demande à la divinité une faveur, soit on la remercie (ex-voto de guérison par exemple).
2-C’est aussi une pratique sociale et morale permettant à toute personne aisée (même l’empereur !), de financer de lourdes dépenses de la cité et de montrer sa générosité. Il existe deux moyens :

*l’ obligation légale dite « somme honoraire » = votum : il s’agit d’un don d’argent, obligatoire, juridique, fait par un magistrat.

*l’évergétisme (mot crée vers 1920) : il s’agit d’un don libre, facultatif, pour financer la construction ou la restauration d’un édifice public, donner des spectacles ou des jeux, offrir des banquets ou de l’argent (stips), distribuer des « sportules » (dons en nature, de la nourriture par exemple ; de façon plus générale, il s’agit aussi de dons quotidiens du patron à ses clients)…  Il y a bien sûr une arrière-pensée à ces « mécénats » : se faire élire ou réélire magistrat, se faire bien voir par les autorités supérieures (loyalisme), avoir des remerciements (honneurs) de la cité…


b- Les dons et évergésies de Gaule 

1-Il y a environ 400 inscriptions  : environ 100 en Narbonnaise (F. Jacques n’en comptabilisait que 34 en 1984, in Le Privilège de liberté, p 720), 66 en Lyonnaise (30 à Lyon), 38 en Belgique, 37 en Aquitaine, les autres en Germanies et Corse. Les évergètes les plus nombreux sont, sans surprise, des notables et des membres d’une communauté civique. Les évergésies exprimées (environ 600) s’adressent surtout aux dieux (la moitié environ), à l’empereur, à des collectivités (cité, vicus, pagus, collège). Les financements sont mentionnées dans une trentaine de cas (50 000 sesterces correspondent à environ 40 000 euros !)


2-Dans le cas des édifices construits ou restaurés, la majorité sont des temples (Aix-les-Bains, Aléria, Bourges, Entrains, Flavigny, Hermès, Lyon, Melun, Moux, Nantes, Narbonne, Périgueux, Rancon, Reims, Rézé, Toulouse, Yzeures…), mais on a aussi des édifices civiques (basilique à Annecy, Bois l’Abbé, St Pierre d’Albigny, Vendeuvre, Vendoeuvres ; forum à Naix-aux-Forges, Nîmes…), des monuments des eaux (thermes à Albens, Marcay, Marigny-St-Marcel, Narbonne, Néris-les-Bains, Périgueux, Reims, Vaison, Vieux ; aqueducs à Balaruc, Bordeaux, Cimiez, Limoges, Metz, Périgueux, Vienne ; fontaine à Lyon, Narbonne…) ou de spectacles, surtout des théâtres (Argenton, Bois l’Abbé, Bram, Briord, Feurs, Jublains, Lyon, Meaux, Metz, Mirebeau, Nizy-le-Comte, Périgueux, Vaison, Vendeuvre…), des portiques (Aléria, Alésia, Aoste, Nantes, Vaison, Vieu-en-Valromey…), d’autres édifices « utiles » et des éléments de « décor » (une enceinte offerte par un ou plusieurs empereurs à Grenoble, Nîmes, Vienne, un marché à Narbonne, Rodez, des schola à Cimiez, un « magnifique poste de douane » à St Bertrand-de-C., un gué ou une digue à Vieux-Poitiers, une voie à Escot, une horloge à Annecy et à Vienne, des sièges à Auch et Rodez, une balance publique à Bavay).


3-De nombreuses statues sont offertes (4 à Rennes, 3 à Grenoble, une statue ornée d’argent d’une valeur de 50 000 sesterces à Nîmes, une autre statue de 30 000 sesterces à Aix-en-Provence, 5 statues offertes par un anonyme nîmois pour 6 000 sesterces…).


4-Les distributions de jeux (spectacles de gladiateurs à Aix-en-P., Lyon, Narbonne, Sens ; concours et chasses à Arles ; « jeux des sévirs » à Nîmes ; jeux au cirque à Lyon ; jeux et distribution d’huile à Orange, distribution d’huile et de vin à Cimiez) ou d’argent (240 000 sesterces par un sévir lyonnais pour l’empereur, 200 000 sesterces par un notable d’Arles, 100 000 sesterces par un magistrat de Marseille, 30 000 sesterces par un sévir d’Aix-en-P., 10 000 sesterces par un sévir et 1 500 sesterces par un magistrat à Narbonne) sont plus rares.

PIECE-JOINTE :
Voici la liste (pas tout à fait complète !) de ces cadeaux qui permettent d’entretenir sa popularité, sa clientèle, d’espérer gagner une élection, de renforcer sa vanité…

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