Vivre en Gaule au quotidien

A- Une journée de Gallo-Romain (1-comment organiser sa journée ? ; 2-Comment avoir l’heure ? Comment lire le temps ? ; 3-Où habiter ? ; 4-Comment meubler et décorer sa maison ? ; 5-Comment se chauffer et s’éclairer ? ; 6-A table ! ; 7-Quel est le coût de la vie ? ; 8-Comment mesurer et peser ?) (1ère page)

B-Comment s’habiller et se préparer de bon matin ? (1-Les femmes : se faire belle ; 2-Les vêtements ; 3-La coiffure ; 4-Bijoux et parures)(2ème page)

A-UNE JOURNEE DE GALLO-ROMAIN

1) COMMENT ORGANISER SA JOURNEE ? Les activités des hommes Gallo-romains se déroulent du lever au coucher du soleil et les horaires varient suivant les saisons de 4h30 à 20h en été et de 7h30 à 18h en hiver. 

 Lever– Toilette des bras et des jambes avant de s’habiller.
– Jentaculum = petit-déjeuner léger.
 Matinée– La famille et des esclaves viennent souhaiter le bonjour au « pater familias ».
– Réception des « clients » que le « patron » aide avec un panier-repas (sportule) ou une somme d’argent.
– Travail : affaires privées -dans les champs, l’atelier ou la boutique-
 ou publiques sur le forum…
 Midi– Fin de la journée de travail et prandium= repas léger
 Après-midi– Vers 13h30 : sieste puis détente, bain et sport aux thermes.
 Soirée– Vers 15h : Cena = principal repas de la journée.
 Coucher Avec les sous-vêtements… ; extinction des feux !
Afficher l'image d'origine
Fragment du calendrier de Coligny
Cadran solaire scaphé des thermes romains.JPG
Cadran solaire du musée d’Aix-les-Bains

2) COMMENT AVOIR L’HEURE ? COMMENT LIRE LE TEMPS ?

-Un Gallo-Romain lit l’heure sur des cadrans solaires fixes ou portatifs et sur des horloges à eau ou clepsydre (celles de Grand, de Talloires, citée sur une inscription), qui pouvaient fonctionner avec un flotteur qui produisait des sifflements aux changements d’heure. 

-Des cadrans solaires fixes : à Banon, en Provence, à Laffite/s/Lot, à Lardiers dans les Basses-Alpes, à Izernore dans l’Ain, à Narbonne, à Peltre en Moselle, à Châteauvert, Brue-Auriac et Reydissart-Fréjus-dans le Var, à Domjulien dans les Vosges (2 lignes conservées, février et 8 calendes de janvier), à Equevillon et à Mandeure en Franche-Comté, à Tigery dans l’Essonne, à Aix-les-Bains en Savoie… Un autre cadran solaire surmonte un pilier à 4 divinités, à Bettwiller, en Alsace.

-Des cadrans solaires portatifs : 4 découverts : Berteaucourt-les-Dames, Amiens, Cocheren-Forbach,  St Marcel-de-Félines ; le cadran d’Amiens, cylindrique, a 7 lignes horaires qui délimitent 6 heures.

L’ inscription de Talloires (Haute-Savoie) mentionne une horloge (horologium) offerte par C. Blaesius Gratus. Cette horloge est gérée par un esclave d’une valeur de  4 000 sesterces ! (L’horloge, elle-même, avec sa décoration, lui a coûté 10 000 sesterces).

-Un Gallo-Romain utilise aussi l’ancien calendrier gaulois de 12 mois lunaires (29 ou 30 jours) comme celui découvert à Coligny (Ain) et surtout le calendrier romain de 365 jours répartis en 12 mois solaires (30 ou 31 jours sauf 28 en février). L’année commence le 1er mars (sous la République) puis le 1er janvier. Un mois est divisé en semaines de 7 jours. La semaine commence le samedi. En été, la journée dure plus longtemps (environ 15 heures, en juin) qu’en hiver (environ 9 heures, en décembre). Les jours se comptent, à rebours,  à partir de 3 repères : les Calendes (1er jour du mois), les Nones  (5ème ou 7ème jour) et les Ides (13ème ou 15ème jour). Pensons aux fameuses « Ides de Mars » de -44, funestes à Jules César.

-Des calendriers : Coligny (nombreux fragments découverts en 1897 et visibles au musée archéologique de Lyon ; il était sur une grande plaque de bronze de 1,50 x 0,90m, datée de la fin du 2ème s. ; il présente 62 mois, dont 30 complets, de 5 années successives, répartis sur 16 colonnes ; une année dure 355 jours, 5 années durent 355 jours, s’ajoutent 2 mois intercalaires de 30 jours, ce qui donne un total de 1835 jours) ; Villards d’Héria (petits fragments de bronze découverts en 1807 et 1967).

Ainsi, un Gallo-Romain pouvait savoir qu’il était né un mardi (V. Felix à Lyon) ou qu’il était en galante compagnie la nuit des Nones de Mars (graffiti de Limoges)…

Les mois du calendrier gaulois, d’après celui de Coligny (d’après le site deomercurio) :

 Samonios DumaniosRiuros Anagantio Ogronios Qutios Giamonios Simiuisonna Equos Elembiuos Aedrinios  Cantlos
 30 jours 29 3029 30 30 30 29 30 30 29 30 29 30 
 étéfumigations ?  gel ?hiver ? froid invocations ? fin hiver ? printemps ? cheval ? cerf été ? chants ? 

Les saisons des Romains :

 HiverPrintemps Été Automne 
 vieillard couronné de roseaux jeune homme ou
jeune femme fleurie
+ bâton de berger
 jeune couple ou
jeune homme couronné d’épis
+ faucille
 couple ou jeune homme
+ corbeille de fruits
 sangliertaureau  lion tigre de Bacchus

Les mois romains :

Janvier Février Mars Avril Mai  Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre  
JanuariusFebruarius Martius Aprilis Maius Junius Julius Augustus September October NovemberDecember
 dieu Janus dieu Februusdieu Marsdéesse Aphroditedéesse Maiadéesse Junon Jules César Auguste 7ème mois 8ème mois 9ème mois  10ème mois

Les jours de la semaine

 Samedi DimancheLundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi 
 Saturni dies Solis diesLunae dies Martis dies Mercurii dies Jovis dies Veneris dies
 jour de Saturne jour du Soleil jour de la Lune jour de Mars jour de Mercure jour de Jupiter jour de Vénus
Résultat de recherche d'images pour "maison romaine maquette"File:Musée BeauxArts Besançon 076.jpg
Maquette d’une domus de Vieux-la-Romaine (Normandie) Coupe de la domus du collège Lumière à Besançon

3) OU HABITER ? (LA MAISON EN GAULE ROMAINE)

– Dans les villes et agglomérations, de nombreux types de maisons existent, de la plus luxueuse à la plus modeste et se juxtaposant dans un même quartier. On peut distinguer cependant deux grandes sortes de maisons :

 Des demeures résidentielles ou domus, construites par de riches Gallo-Romains,  surtout en Narbonnaise, dont le plan s’inspirait du modèle des Grecs  (l’atrium) et des Romains (le péristyle) ; voir ci-dessous. Leur taille peut aller de 200 à 6 000 m2. De nombreuses maisons comportaient des balnéaires privés (souvent dans un angle et parfois doubles) et pouvaient s’élever sur plusieurs étages ou niveaux (3 pour la maison à la Tonnelle à Vaison, encore).  Dans les autres régions, les pièces étaient plus petites, irrégulières et sont difficilement identifiables. Des éléments d’agrément s’ajoutaient à ces belles maisons : terrasses à portiques, jardins, fontaines (à escalier d’eau pour la maison du Paon à Vaison), bassins, viviers…

traits marrons Toits
 1Entrée (vestibulum)
 2 Boutiques (tabernae)
 3Cour centrale (atrium) ; présence du laraire (petit autel aux dieux Lares)
 4Bassin (impluvium) pour les eaux de pluie qui tombent par l’ouverture du toit (compluvium) 
 5Chambres (cubiculae)
 6Bureau (tablinum) ou salon (oecus) ; présence d’un autre autel, aux divinités du foyer, les Pénates
 7Salle à manger (triclinium)
 8Cuisine (culina) 
 9Latrines = toilettes (latrinae) ; celles de la maison au Dauphin de Vaison, proposaient plus de 25 places… ; Mais il existe aussi des vases d’aisance (pots de chambre) comme ceux découverts à Lyon ou Bavay
 10Jardin (hortus ou viridarium) orné de statues, d’un bassin, d’arbres
 11Péristyle = galerie couverte soutenue par des colonnes.
Les plus anciennes domus, de plan hellénistique (atrium seul), se rencontrent en Narbonnaise, à Ensérune (début -Ier), Glanum (vers -75), Olbia (ilot VI vers -40), Vieille-Toulouse (domus vers -40/-10),  Narbonne (Clos de la Lombarde vers -40/-20), Vaison (maisons à la Tonnelle et au Dauphin, vers -40/-30), Fréjus (résidence de la Plate-Forme vers -30/-10),  St Romain-en-Gal (maison à la Citerne vers -20), puis dans les Trois Gaules, à Auch/Roquelaure (vers -20/-15, 1ère maison quadrangulaire autour d’une cour puis domus à cour centrale) et Bibracte (maisons PC 1 et 2, maison des Grandes forges vers -20/-10), à Lyon (Palais dit du Prétoire vers -20). A Arles, a été découverte une maison « italique » dite de la Harpiste, datée de -70/-50 (avant même la création de la colonie) et détruite assez rapidement (vers -50/-40).
Les plus vastes domus des Gaules : La Plate-Forme à Fréjus (8 145 m2) et La Butte St Antoine à Fréjus (5 500 m2) ne sont peut-être pas des habitats privés mais des édifices administratifs ; Collège lumière à Besançon (6 000m2 dont 3 000 pour les bâtiments) ; Du lycée à St Romain-en-Gal (+ 4 600 m2) ; De Vesunna à Périgueux (4 000 m2) ; De la Porte de Chaillouet à Troyes (4 000 m2) ; Les Nones de Mars à Limoges (3 735 m2) ; Domus PC1 à Bibracte (3 600 m2) ; une domus repérée au nord-ouest de Eauze (3 600 m2 ?) ; Au buste d’argent à Vaison (3 500 m2, peut-être une schola ?) ; domus dite du Prétoire à Lyon (3 200 m2) ; A la Tonnelle à Vaison (3 000 m2) ; Des dieux Océans à St Romain-en-Gal (2 932 m2) ; Du palais des sports à Amiens (2 800 m2) ; Au Dauphin à Vaison (2 700 m2 pour son dernier état) ; De Cieutat à Eauze (2 600 m2, issue de la transformation d’une maison de 400m2 en domus de 1 600m2 vers 260 puis en vaste demeure vers 350) ; Des Bouquets à Périgueux (2 350 m2)…
Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est image-2.png
Maisons sur caves d’AlésiaPlan du quartier nord (maisons de type longère) de Briga-Bois l’Abbé à Eu

Des quartiers populaires correspondant à des « îlots » (insulae) où l’habitat, plus dense, était constitué par des maisons quadrangulaires, en rez-de-chaussée ou à étage(s), sur cave et avec cour, bâties en matériaux légers, à pans de bois et en torchis, couvertes de chaume. Les sols étaient en terre battue ou en planchers. Les maisons  étaient  serrées les unes contre les autres (ou séparées par d’étroits couloirs = ambitus),  le long de la rue et précédées d’un portique. Au dessus ou à l’arrière des boutiques ou ateliers du rez-de-chaussée, les logements, composés de pièces minuscules, de formes irrégulières, de 1,5 m à 3 m de côté étaient loués à des  populations modestes, souvent des artisans.


Quelques sites où des maisons sont bien connues :

 Alésia des maisons, sur caves (comme à Corent ou Vertault), comptaient 3 à 5 pièces et une cour, représentant environ 100 m2.
 Amiens dans le quartier du Palais des Sports, une demeure de 450 m2 avait un plan en U, une autre de 760 m2, en L.
 Bordeaux le site de l’Auditorium a montré de modestes maisons de 35m2 et une maison plus résidentielle de 175m2.
 Corent (Puy-de-Dôme) dans le quartier ouest, les maisons rectangulaires, à 2 pièces, font de 50 à 80 m2 mais s’y ajoutent une cave et un foyer culinaire dans une cour.
 Eu (Seine-Maritime) dans le quartier nord, les maisons, modestes, sont de type longère, avec 2 à 5 pièces et une ou deux galeries sur les façades.
 Fréjus des maisons avec cour atteignaient 200 m2.
 Limoges trois habitations d’un îlot (de 176 à 635 m2) s’organisaient en 3 ailes autour d’une cour.
 Lyon dans un îlot, rue de la Fontaine, les demeures, de 1 à 3 pièces, sans étage, ne dépassaient pas 80 m2 et une maison longue, place Valmy atteint 85 m2. Mais d’autres (maisons à la Banquette Chauffante et du Laraire, au Verbe-Incarné) sont un peu plus grandes (200 à 400 m2) et ont une petite cour. La maison au Char, toujours à Lyon, fait 300 m2, avec sa forme trapézoïdale.
 Poitiers Une maison (site de l’ Ancien Évêché) s’étendait sur 180 m2 autour d’une cour dotée d’une citerne. 
 Rouen 7 habitations étaient dépourvues d’étage et l’une d’entre-elles, constituée de 4 pièces, faisait 144 m2.
 Saintes des « cases » rectangulaires, atteignaient péniblement les 20 à 30 m2.   
 Senon (Meuse) l’habitat, très modeste, est soit laniéré (parcelle étroite et longue dite « street-buildings »), soit à 2 pièces (150m2), soit organisé autour d’une cour ouvrant sur la rue.

Plus rares, les immeubles de rapport (comme à Rome et Ostie) à plusieurs étages, ne sont attestés que dans quelques sites (Bavay, Lyon -au Verbe-Incarné, de 100 à 450 m2-, Aix-en-Provence, Ste Colombe -découverts en 2017, longeant la voie de Narbonnaise).

 De la variété des types de maisons à Lyon : il existe la maison à atrium (à l’ Embléma mosaïqué, aux Pilastres, à l’Opus spicatum…), la maison à péristyle (aux Masques, aux Xenia, au diplôme militaire…), la maison à atrium et péristyle (Prétoire, Antiquaille, au Dauphin…), la maison à cour interne et boutiques en façade (à la Banquette chauffante, au Laraire), la maison à étages (au Clos du Verbe Incarné, aux Farges), la maison longue (place Valmy), la maison trapézoïdale (au Char)…

Dans les campagnes, l’habitat était plus dispersé mais tout aussi varié, des villas aux fermes modestes. Les demeures aristocratiques du sud-ouest comportaient une ou deux vastes cours à péristyle (de 540 à 2 450m2), une ou deux salles de réception (de 80 à 240m2, à abside ou triconque ou encore cruciforme). Ce sont de véritables palais ruraux qui ont toutes les commodités d’une domus urbaine.  (cf fiche Aménager le territoire)

File:Carnuntum Buergerhaus-DSC 0056w.jpg
File:Périgueux Vesunna Museum - Türbeschläge.jpg
Clés gallo-romaines Metz 100109.jpg
 Petite incursion à Carnuntum (Autriche) pour voir cette belle reconstitution d’un intérieur (chic) romain Poignées de portes à PérigueuxClés au musée de Metz

4) COMMENT MEUBLER ET DECORER SA MAISON ?

-Se meubler ? Les témoignages sont rares et fragmentaires mais si l’on se réfère à d’autres sites du monde romain, à l’iconographie et aux résultats des fouilles, on peut se faire une idée de l’ameublement des différentes pièces :

– Les tables carrées ou rectangulaires à quatre pieds sont souvent représentées sur les scènes de banquets funéraires. On les recouvre d’une nappe pour les repas. Les tables rondes à trois pieds, importées d’Italie sont plus rares. On a retrouvé des pieds en bois tourné, en bronze, en pierre de forme animale ou en marbre cannelé (Andilly-en-Bassigny), un plateau en pierre (à Martizay, Indre), des guéridons de pierre à un seul pied (à Alésia), des tables de toilette pour les cuvettes, les brocs, les pots.

– Les sièges présentent une grande variété, du simple tabouret à trois ou quatre pieds pour les pauvres ou du tabouret pliant des magistrats municipaux à la chaise-coffre à dossier. Les fauteuils, sièges de luxe, sont le plus souvent ronds à haut dossier et en osier tressé. On les voit sur les représentations de dames à leur toilette ou de maîtres au milieu de leurs élèves. Il existe aussi des modèles à dossiers carrés ou triangulaires ou, encore plus originaux, à dossier bas et à trois pieds (fauteuils de bureau ?).

– Les lits-canapés à pieds et cadre en bois avec deux ou trois montants capitonnés d’un matelas au fond et de coussins à la tête. Deux ou trois personnes peuvent y prendre place. Ces lits sont utilisés pour les repas que les gallo-romains prennent surtout assis. Servent-ils également pour dormir ? Dans les milieux modestes, une simple banquette en maçonnerie recouverte d’un matelas, de coussins et de couvertures devait suffire.

– Les coffres en bois cloutés, fermés par une serrure, avec des poignées en bronze sculpté (2 dauphins affrontés à Alésia) parfois incrustés d’os ou d’ivoire permettent de ranger les aliments et les vêtements.

– D’autres meubles apparaissent : des buffets, des armoires, des casiers pour les livres…

– Décorer sa maison ?  La décoration est constituée par des tapis, des portières  (rideaux de portes), des médaillons en terre cuite, représentant souvent des sujets religieux, suspendus aux murs; des bibelots sont posés sur les meubles :  statuettes en bronze ou en terre cuite représentant des divinités, des animaux ou des hommes et vases en terre, en métal ou en verre.

-Sécuriser ses biens ?  Les portes donnant sur l’extérieur, d’ailleurs peu nombreuses, étaient en bois et renforcées par des pentures transversales métalliques qui permettaient de les soutenir sur leurs gonds. On a retrouvé des plaques de serrures en fer ou en bronze de formes diverses (rondes, ovales ou rectangulaires) et quelques serrures complètes sont exposées à Périgueux, Aurillac, Bessines et Grand (des serrures de coffres) . La fente a une forme en L ou en Z. Pour ouvrir ou fermer, il faut faire coulisser la clé dans l’ouverture sans avoir à la tourner. Ce système ne permet pas de fermer la porte de l’intérieur où l’on utilise d’autres moyens de sécurité comme des barres de fermeture bloquées dans les chambranles ou des chaines équipées de cadenas. 

Quelques découvertes : banquette de bois à Arles, siège pliant de Saintes, siège métallique pliable découvert dans une tombe à Boinville-en-Mantois (Yvelines), plateau de table de Martizay, pied de table d’Alésia (avec un jeune homme tenant un chien), de Rouffiac-d’Aude (représentant Attis, en marbre), d’Arles (en forme de captif), de Clermont-F. (sculpté ; découvert en 2016) ;   pieds en bronze d’un petit meuble bas à Arles, pied de guéridon à Lattes, pieds de lit de Jallieu-en-Isère, accoudoir de lit de Condrier, pied et accoudoir de lit de banquet en bronze des Saintes-Maries… ; Pour protéger ses biens, on utilise des cadenas (une dizaine connue dont celui d’Horbourg-Wihr, découvert en 2008, constitué d’une serrure à rotation dans une boite cylindrique liée à une chaîne). Un exceptionnel coffre en bois, à serrure, a été repêché près d’Arles en 2013.

Le recueil Espérandieu montre, selon P.-M. Duval,  cinq pliants (dont trois à Narbonne), un lit de salle à manger (à Béziers), sept tables à quatre pieds, neuf lits-canapés (sur des bas-reliefs funéraires), environ vingt tabourets, trois bancs, quatre chaises, onze fauteuils… 



File:Vieux la Romaine Villa hypocauste.jpg
File:Musee montmaurin verre.JPG
File:Lampe Souris Musée de Laon 70908 2.jpg
 Hypocauste d’une domus de Vieux, en Normandie  Vitre de Montmaurin Lampe en huile originale (en forme de souris) ; musée de Laon
Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est image-3.png 
 Coupe schématique d’un hypocauste

5) COMMENT SE CHAUFFER ET S’ECLAIRER ? 

-Se chauffer ? 

– Le foyer de la cuisine ou de la pièce principale, carré, en pierre ou en briques légèrement surélevé dans la plupart des maisons, les cheminées murales avec un âtre semi-circulaire, les braseros comme appareils d’appoint ne peuvent chauffer que quelques pièces.

– Des hypocaustes chez les plus riches permettent de chauffer par le sol les salles communes et, en particulier, la salle de bains. En Belgique, le chauffage, par hypocauste à canaux ou par chambres à pilettes, est beaucoup plus utilisé pour les sols que pour les bains. Pour les plus modestes, une maison n’a souvent qu’un seul foyer posé sur le sol.

– En Gaule septentrionale, on s’adapte au froid et à l’humidité par des élévations en bois et torchis (bonne isolation thermique) et des sols en craie, mortier ou en dallages.

-S’éclairer ? 

– La lumière naturelle ne pénètre pas beaucoup car les fenêtres, bien que nombreuses sont petites, placées en hauteur, le plus souvent équipées de parchemin huilé peu transparent (le verre étant réservé aux fermetures de luxe ; environ une dizaine de vitres sont parvenues jusqu’à nous : à Limoges, elles mesurent 26x27cm, à Aix-en-Provence, 47×44 ou 46x54cm et à Champallement, jusqu’à 61x44cm) et elles ne s’ouvrent pas ! Les portes donnant sur la rue sont rares. Dans les villae, seule la cour intérieure apporte un peu de clarté. 

– Différentes techniques d’éclairage sont employées la nuit et dans les endroits sombres : les torches de bois enduites de poix servant surtout à l’extérieur et les lampes à graisse dont l’usage remonte à l’époque gauloise. Les chandelles sont également très répandues; elles sont constituées de bandes de papyrus ou de tissu tressées enduites de suif ou de cire. On a découvert de nombreuses lampes à huile généralement en terre cuite (en bronze pour les plus riches) de forme parfois originale (tête d’homme, animaux) et ornées de scènes de la vie quotidienne ou de la mythologie (chasse, plantes…).  Elles comprennent une anse et un réservoir avec un bec pour placer la mèche et percé de deux trous, un pour l’huile et un pour l’aération. Les lanternes métalliques munies d’une chaîne peuvent être tenues à la main ou suspendues . Les supports vont du simple chandelier aux impressionnants  candélabres ( comme ceux découverts à Paris, Cimiez …) auxquels on peut suspendre plusieurs lampes et qui constituent les ancêtres de nos lustres. 

Quelques découvertes :  vitres quadrangulaires (6 à Limoges, 2 à Aix-en-Provence, 3 à Champallement) ou bombées (à Cimiez, Fréjus, Narbonne…), vitres soufflées à Ennerye et Hettange-Grande en Lorraine, à Escolives en Bourgogne, gonds de volets à Montmaurin en Haute-Garonne, porte-chandelle à Brumath, Horbourg-Wihr, Lyon, bougeoir ou chandelle à Sarreinsming, chandelier de Bavay,  lustre à 20 becs à Arles (découvert dans une épave du Rhône en 2009),  grande lampe à St Paul-Trois-Châteaux,  lanterne à  Brumath (en 3 fragments), Troyes et à Draveil …

File:Montans triclinium.jpgReconstitution d’un triclinium à l’Archéosite deMontans (Tarn)File:Vaison-la-Romaine - Culina.JPG
Cuisine à Vaison-la-Romaine
Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est image-4.png 
Disposition des banquettes dans un triclinium

 1 – Medius lectus, le plus haut, pour les invités d’honneur

 2 – Imus lectus, le plus bas, pour le maître et ses proches

 3 – Summus lectus, pour les autres convives

 4 – Mensa, la table

6) A TABLE !

– Où prépare-t-on les repas ? 

Quelques cuisines, placées dans un coin de l’habitation, ont été recensées : en Narbonnaise à Narbonne, Orange (6 m2), Vaison et Vienne ; en Aquitaine à Périgueux, Poitiers (35m2), Javols (43 m2) ; en Lyonnaise à Malain, Brau, Taden, Richebourg ; en Belgique à Reims, Grand. Certaines sont associées à des bains à Périgueux, Coudoux, Saint Laurent d’Agny (8 m2) ou même à des latrines à Fréjus, Orange, Poitiers et Glanum. Ces découvertes permettent de reconstituer une cuisine type : les grandes demeures disposent d’un « coin-cuisson » avec une table à feu maçonnée à soubassement enterré ou surélevé (la partie vide servant de réserve de combustible) et un foyer où brûlent des braises qui chauffent la table de cuisson, le « gril » et le four (qui peut être constitué de dolia couchés). Il existe aussi des fours portatifs en cloche (utilisés en particulier par les armées). Des pots de stockage permettent de garder du miel ou des olives.

La vaisselle de cuisine ou de table présente une grande diversité : 

Pour PREPARERjatte (d’origine gauloise puis en recul), passoire, louche, écumoire, mortier (avec pilons)
Pour CUIREmarmite (= « caccabus », apparaît à Lyon vers -40, utilisée pour les plats mijotés en sauce)
pot à cuire (= « olla », très répandu, pour les bouillons et bouillies de céréales),
plat à cuire (= « patina », assez répandu aussi, pour les pains et flans et pour les « omelettes »)
poêle (parfois à manche pliable, pour frire)
-écuelle tripode (pour cuire à l’étouffé)
-et aussi, chaudron, casserole, pots à infuser les épices (retrouvés à Arles ou à Die), bouilloires (pour bouillir l’eau).  
Pour CONSERVER-séchage : pour les fruits (figues)
-imbibé dans un liquide : sirops, vin cuit, saumure (poissons)
-dans du miel (fruits), du vinaigre, du sel
-dans des pots et récipients : pour les fruits séchés ou la charcuterie et la viande (en salaisons ou confits)
-dans des sortes de bourriches : on sait que les huîtres consommées à Chartres et Paris venaient de Normandie
Pour SERVIR et CONSOMMERplat, assiette (= « catillus »), coupe et coupelle, bol (= « panna »), cruche à anses, bouteille, gobelet…  

La vaisselle ordinaire est en bois ou en terre cuite. La céramique sigillée est plus précieuse. Les plus fortunés possèdent des services en verre, en bronze et de l’argenterie (le dépôt de Chaourse se compose de 39 pièces, celui de Béziers de 3 plats en argent massif ouvragé, le trésor du sanctuaire de Berthouville en Normandie contient de belles pièces d’argenterie comme le « skyphos aux centaures », vase à boire sans pied réalisé au Ier siècle après J-C, probablement à Rome).

Vieux-la-Romaine Museum 04.JPGFile:Forum antique de Bavay ustensil.JPG
Vaisselle de table, reconstituée au musée de Vieux-la-Romaine : pots, cruches, plats, gobelets…Vaisselle de cuisine (cruche, assiette, pot, marmite tripode, couteaux…) au musée de Bavay

Quelques témoignages matériels : 186 récipients de cuisine découverts dans une maison de Brumath, des fours culinaires ou domestiques à Wiwersheim (18) et à Lampertheim (10), en Alsace, un cuiller en argent et une casserole en bronze à Horbourg-Wihr, 2 grandes casseroles à Entrains, de grandes poêles à frire à manche pliant à Reims, Saintes, Jumel en Picardie, Faux-la-montagne en Creuse, un poêlon au musée d’Evreux,  des moules à gâteau à Alésia, Nîmes (en forme de cœur), Mâlain (35 retrouvés), Andilly, des moules-timbres pour marquer les pâtisseries, à Chalon, Seure (avec le nom du possible boulanger), des grils à Compiègne, Anse, Malain, Fléré-la-Rivière (dans une tombe et peut-être utilisé lors d’un banquet funéraire), des braseros à Bordeaux, Vienne, Tourbes dans l’Hérault, de rares authepsae (« chauffe-eau » destiné à chauffer ou garder au chaud un liquide, muni d’un réservoir à eau et d’une chambre de chauffe) découverts à Die (datée de 160/200) et à Chartres …

– Quand et comment mange-t-on ?

– On mange un peu le matin, vers 8 heures, où le petit déjeuner (« jentaculum ») se compose souvent de pain et de fromage, voire même d’une coupe d’eau.
– Au milieu de la journée, vers 12 heures, on prend un « casse-croûte »  (« prandium »)  constituée d’un peu de viande froide et de fruits.- Mais le repas le plus important, le dîner (la Cène !) se prend le soir. Les plus modestes se contentent de pain, de bouillie et de légumes. Les plus aisés s’installent dans un triclinium (salle à manger autour de laquelle sont disposées trois banquettes à trois places recouvertes de matelas de plumes et de coussins). A Arles, C. Iunius Priscus (CIL 12, 697) a offert 2 banquets dont un de 14 lits de table à 3 places (triclinia) et 34 lits à 2 places (biclinia) pour les 110 décurions. Contrairement à l’usage romain de manger allongé, les Gallo-Romains se tiennent plutôt assis soit sur un lit de repos, soit sur un siège. Les mets (hors d’oeuvre, entrées, rôtis et desserts pour les banquets) sont déposés sur une petite table, couverte d’une nappe, placée devant les convives qui se servent de couteaux, de cuillères (l’autre extrémité peut servir de cure-dent) ou … de leurs doigts. Une salle de banquets des 1er-2ème siècles a été retrouvée à Marseille sur le site du parc des Phocéens. A l’époque tardive, les trois lits sont remplacés par un seul  en demi-cercle (cornua) épousant la forme de la table. Ce lit était prévu pour 6 à 8 convives. Un exemple suit.

Voici un petit divertissement basé sur un récit authentique (Lettre I, 11 de Sidoine Apollinaire) :

 En 461, invité par l’empereur Majorien, Sidoine Apollinaire, âgé alors de 30 ans (futur évêque de Clermont) revient en Arles, lieu de ses brillantes études et participe au BANQUET IMPERIAL.
-L’Empereur Majorien et le consul Severinus prennent place aux extrémités de la table.
-Le noble Gratianensis bouscule du coude Sidoine et s’en excuse.
Camillus, le troisième à partir de la droite, est à côté de son oncle, l’ancien consul Magnus.
-L’ancien préfet des Gaules, Paeonius a le mauvais goût de répondre à Majorien à la place de son voisin de droite, le noble Athenius.
-Sidoine a la chance d’être à côté d’un Empereur et face à un ancien consul.
Mais Sidoine a oublié de nous donner le plan de la disposition des invités ! Reconstituez-le !
Réponse en bas de page.
 Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est image-5.png



 

– Que mange-t-on ?
– Du pain ou des galettes pétris avec de la farine de froment, d’épeautre, d’orge  ou de seigle, et cuits par le boulanger ou à la maison servent de base aux repas dans toutes les classes sociales. Les fouilles archéologiques ont mis à jour une quinzaine d’exemplaires de petits pains ronds d’époque gallo-romaine (Amiens, La Cabasse, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Brebières…). La principale découverte, celle d’une maison particulière à Amiens, permet de reconstituer toutes les étapes de la fabrication de cet aliment.
– Des bouillies d’orge, de blé, de millet, mijotées dans des pots à cuir (bouillies découvertes dans des vases, dans la Saône).
– Les œufs sont servis au début du repas à la coque, durs ou frits. Ils servent aussi à la préparation des sauces et des desserts.
– Les plantes potagères sont très appréciées et présentent une grande variété :  concombre, asperge, navet, rave, carotte, poireau, choux, fèves, lentilles, pois, pois chiches, ail, oignon…
 – Les viandes
 de porc, sont réputées, particulièrement les jambons et les saucissons. Les meilleures charcuteries (d’Alsace, de Franche-Comté, des Pyrénées…) salées ou fumées sont exportées jusqu’à Rome. Les charcutiers vendent aussi du lard, des têtes de porc, du boudin... Le bœuf et le veau sont également appréciés. Les volailles (poule, pigeon, oie, canard) occupent une place plus réduite dans la consommation. Le foie gras est déjà connu. Le mouton, l’agneau et la chèvre sont consommés surtout dans les régions méditerranéennes. Le gibier (lièvre, perdrix, bécasse) est peu présent. Par contre, le cheval et le chien ne sont presque plus consommés (sauf en période de crise ou de famine)…
– Les poissons de rivière (brochets, saumons, truites…) ou de mer (thon, raie…) constituent un aliment important. Les fouilles ont livré des quantités considérables d’écailles et aussi de coquilles.
– Les fruits de mer dont les gallo-Romains sont friands, en particulier les huîtres de Bordeaux  (les meilleures d’après Ausone qui est capable d’en avaler une trentaine au petit-déjeuner !!) mais aussi de Marseille, Narbonne et de l’Armorique consommées crues ou cuites. Ensuite, viennent les moules, les autres coquillages et les oursins. Enfin, les crustacés (langoustes et crabes) qui sont représentés sur le décor de vases.
– Les fromages de brebis connus proviennent de la région de Nîmes, de la Lozère et de Toulouse (le « Caseus Tolosanus » cité par Martial). Ils sont consommés frais ou secs aux petits repas.
– Les fruits apparaissent souvent sur les bas-reliefs ou sont découverts dans des tombes, en particulier les pommes, les poires, les cerises (à Pontarion), les pêches (à Saint-Paul-Trois-Châteaux), les prunes, les melons (à Biesheim), les raisins, les fraises, les châtaignes, les figues, les noix, les amandes, les dattes (à Lyon). Ils peuvent être consommés frais, secs ou confits.
– Des desserts à base de fruits et de miel.
On peut imaginer un menu en s’inspirant de celui que Pline le jeune a servi à son ami Septicius Clarus :  

 MENU
– Une laitue
– Trois escargots
– Deux oeufs
– Des olives
– Des oignons
– Des courges
– Un gâteau d’épeautre
– Du vin miellé refroidi dans la neige

– Comment assaisonne-t-on les plats ?
Les viandes et les poissons sont bouillis ou cuits avec de l’huile d’olive (importée des régions méditerranéennes dans des amphores) ou de la graisse de porc (saindoux)Les plats sont assez relevés grâce au sel provenant des marais-salants du midi, de la côte atlantique ou de Bretagne ou des mines de sel du nord-est du pays ou des sources d »eau salée (Fontaines Salées)La cuisine emploie également des herbes, de l’ail, des oignons, du miel, des épices importés (beaucoup de poivre, du cumin, de coriandre…) et surtout du garum.

 -Qu’est-ce que le « garum » ?  Il ne faut pas confondre les salaisons (morceaux de poisson déposés dans des cuves et recouverts de sel pour la conservation) et le « garum » (sauce de poisson obtenue par macération, au soleil, pendant des mois, des intestins et autres déchets de thon rouge -pour la meilleure qualité, « la fleur de fleur »- , de maquereaux et d’anchois dans des couches de sel et d’herbes aromatiques pour filtrer et recueillir le jus de putréfaction). Ce « garum » était utilisé comme sauce mais aussi comme condiment (goût de « moutarde » avec odeur très forte…) et même comme médicament selon Pline l’Ancien.

-Que boit-on ?
– Toutes sortes de bières, brassées le plus souvent à la maison, à base de céréales fermentées : blé, orge et épeautre comme la fameuse cervoise stockée dans des tonneaux.

– Du vin, bien sûr, issu de plusieurs cépages. Il est gardé dans des amphores dont le goulot est fermé par un bouchon d’argile ou de liège (le « vin vieux » est élevé 5 ans dans des dolia = grandes jarres). Il existe aussi des vins cuits purs (« sapa ») ou avec des fruits et aromates (« defrutum ») et le « passum », un vin liquoreux obtenu avec des raisins sur-mûris. Pour la conservation on ajoute de la résine, de la poix, du miel ou des épices . Il contient donc beaucoup de dépôt et il faut  le filtrer avec une passoire avant de le servir, puis il est bu rarement pur, mais plutôt coupé d’eau. Parmi les vins locaux réputés figure les blancs et rouges « poissés » de « Béziers », ceux de Marseille, fumés. 

 Des liqueurs dont les « vins cuits » et l’absinthe.

– De l’hydromel (miel fermenté dans de l’eau)
Lors des banquets trop copieux, l’eau de mer est utilisée comme … vomitif !

 Et si on s’offrait un « resto » ? 
Le « thermopolium » est une sorte de « fast-food » ou de lieu de « restauration rapide », bien connu à Pompéi ou Ostie. On mange au comptoir, donnant sur la rue, ou dans l’arrière-boutique, sur une table. Il devait certainement en exister en Gaule.

Les Gallo-Romains n’ont évidemment jamais mangé de haricots, de maïs, de pommes de terre, de tomates, de pâtes et de riz, de chocolats ni bu de café… qui ont été introduits en Europe beaucoup plus tard.

Afficher l'image d'origine  File:Nero Lugdunum sestertius 691535.jpg
 Monnaie romaine frappée vers 10/14 à Nîmes ; avers : Agrippa et Auguste ; revers : un crocodile enchainé à un palmier (symbolique de la conquête de l’Egypte). C’est un « dupondius », en bronze, valant 2 as ou 1/2 sesterce. Monnaie romaine frappée en 66 à Lyon ; avers : Néron ; revers : l’Annone (debout) devant la déesse Cérès. C’est un sesterce, en laiton.

7) QUEL EST LE COUT DE LA VIE ?

Quelles monnaies utilisent les Gallo-romains ? C’est le système, étonnamment moderne, de la monnaie unique pour tout l’empire ! Au IIème s., des Gaules à l’Egypte, on utilise la même monnaie d’or (L’AUREUS), la même monnaie d’argent (LE DENIER), la même monnaie de laiton (Le célèbre SESTERCE) et la même monnaie de cuivre (L’AS). A partir du IIIème s., le manque de petites monnaies amène à fractionner les deniers (à Nîmes ou Lyon) et à produire des monnaies d’imitations (tolérées) ou des faux (interdits).

 enau Ier et IIème s. équivalences à partir de 290/300  équivalences
 or aureus = 100 sesterces ou 25 deniers aureus puis solidus 
 argent denier = 4 sesterces ou 16 as denarius ou siliques= 1/25 aureus
 laiton sesterce = 1/4 denier ou 4 as follis 
 bronze dupondius = 1/2 sesterce nummus = 1/200 aureus
 bronze et cuivre as = 1/4 sesterces  
 cuivre semis = 1/2 as  

-Quels sont les salaires ? Un sénateur gagne 600 sesterces/jour, un ouvrier ou un légionnaire gagne entre 2 et 4 sesterces/jour (le soldat est payé en 3 fois et environ 50 % de sa solde est retenue pour les dépenses de nourriture et de vêtements !) ; Un maître d’école gagne 50 deniers par jour et par élève, un grammairien, 200 deniers ; Parmi les artistes, un peintre gagne 150 deniers par jour, un mosaïste, 75 deniers, un plâtrier, 60 deniers …

-Quels sont les prix ? (connus surtout à Pompéi ; ceux de Gaule n’étant pas connus, sauf exceptions ; La bande dessinée « Aquitania », 2016, et l’ouvrage « Artes Urbanae », 2017, p 67, donnent  un grand nombre de prix, parfois en litre et kilo, inconnus il y a 2000 ans… ; selon Alberto Angela, dans « les trois jours de Pompéi », 2017, 1 as = 1,50 euros et donc 1 sesterce = 6 euros

 Les aliments Les « autres » marchandises
un litre de garum = 150 sesterces
un kilo de porc = 25 sesterces
un kilo de boeuf = 16 sesterces
une livre de poivre = 16 à 60 sesterces
100 huîtres = 7 sesterces
un vin supérieur = 2 à 4 sesterces
un lapin ou un pigeon = 2 sesterces 
un poulet = 1 sesterce
une livre de fromage (327 gr) = 2 as à 1 sesterce
une livre d’huile = 4 as à 5 sesterces
un repas modeste dans une auberge = 3 as
une livre de lard = 3 as
un kilo de pain = 2 as 
500 gr. de pain = 1 as
un setier de vin = 1 as
5 œufs = 1 as
un tapis = 800 000 sesterces
un esclave « de luxe » = 100 à 200 000 sesterces
un couple d’esclaves = 5 000 sesterces
une musicienne (esclave) = 4 000 sesterces
un esclave « ordinaire »= entre 500 et 6 000 sesterces
un mulet = 5 aureus 
un emplacement funéraire coûte entre 1 et 200 sesterces à Carpentras
une paire de chaussure = 150 deniers 
un sayon (vêtement de laine) = 8 000 deniers
une tunique = 15 sesterces
un nettoyage de tunique = 16 as (1 denier)
un moment passé avec une prostituée ordinaire = 1 sesterce
un verre ou un bol = 2 as
une lampe ordinaire = 1 as
une assiette = 1 as
une entrée aux thermes = 1 as

8)COMMENT MESURER OU PESER ?

Les mesures de longueur 

Unitédoigt oncepaume (palmus) pied
(pes)
coudéepas  (gradus)double pas perchearpent (actus)stademillelieue
En pieds 1/161/12 1/4  1,52,5  5 10 120 625 50007500 
Equivalence  1,8 cm 2,4 cm 7,4
cm
 29,6 cm 44,6 cm0,7
 1,5
m
 2,9
m
 35,6
m
 185
m
 1,4 km 2,2
km

-Les mesures de surface (les principales)

 Unitéarpent (actus)  jugèreacre (heredium)  centurie
 En actus 1 2 actus 4 actus 400 actus
 Equivalence 12,6
are
 25,2 are  50,4
ha
 201,6 ha

Les poids (les principaux) ; Il existait deux sortes de balances (« librae »), celle dite romaine à un plateau et bras unique et celle à deux bras égaux et deux plateaux.

 Unité drachmesicle once livre (libra) mine  quadrans semis
 En drachmes 1 2 drachmes 8 drachmes 96 drachmes 128 drachmes 3 onces 6 onces
 Equivalence 3,3 g 6,7 g 27 g 324 g 432 g  

-Les volumes (pour les liquides)

 Unité sextanstriens  sextarius (setier) congius modius urna quadrantal (amphore)culleus  (outre)
 En setiers 1/6 1/3 1 6 (1/4 amphore) 1/3 amphore24 (1/2 amphore) 48 960
 Equivalences 9 cl 18 cl 0,55 l 3,25 l  8,71 l 13,1 l 26,3 l 520 l

Les « mense ponerarie » sont cités par les auteurs comme des lieux où se trouvaient les mesures étalons appliquées au poids des céréales, du sel ou des liquides. C’est aussi le nom des tables de mesures percées de cavités qui se trouvaient dans ces lieux. Quatre tables semblent avérées pour les Gaules (Agen, Aix-en-Provence, Bordeaux, Murviel-lès-Montpellier découverte en 2008).

Sources :-G. Alberti : La romanisation de l’habitat urbain après la conquête. L’exemple des villes de Gaule Belgique et des Germanies, in archéopages, 46, 2018, p 27-35 = 300 plans plus ou moins complets sont connus dans 33 villes et agglomérations de ces provinces ; la domus se développe surtout au 2ème s. et l’atrium est rare ; utilisation précoce de la pierre et de la brique à Reims et Besançon, plus tardive ailleurs-G. Coulon  : L’enfant en Gaule romaine, Errance, 2004 ; Les Gallo-Romains, Errance, 2006-F. Dieulafait  : Rome et l’Empire romain, éditions Milan, 2017-D. Djaoui  : On n’a rien inventé ! Produits, commerce et gastronomie dans l’Antiquité romaine, Musées de Marseille, 2019-P.-M. Duval  : La Gaule pendant la paix romaine, Hachette, collection La vie quotidienne, édition 1997 ; avec de nombreuses références à Espérandieu-E. Espérandieu puis R. Lantier  : Recueil des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, 1907-1949, 14 volumes-P. Gros  : L’architecture romaine, 2-maisons, palais, villas et tombeaux, Picard, 2001-S. Mauné, N. Monteix, M. Poux  : Cuisines et  boulangeries en Gaule romaine, Gallia, 70-1, CNRS,  2013-M. Moliner, F. Quantin, K. Schörle : Le banquet romain, in Le banquet de Marseille à Rome, 2016, p 77-90-M. Monteil et L. Tranoy  : La France gallo-romaine, La Découverte, 2008-B. Remy et N. Mathieu : Les femmes en Gaule Romaine, Errance, 2009 ; -collectif : La gastronomie romaine, dossier d’archéologie hors-série n° 39, 2021, lié à l’exposition de Lyon.

Solution du jeu du banquet  :
« Le lendemain, l’empereur nous fit dire de nous trouver au repas qu’il donnait à l’occasion des jeux du cirque. La première place du côté gauche était occupée par le consul ordinaire Severinus, personnage qui avait joui d’une faveur toujours égale, malgré les fréquents changements de princes, et les révolutions survenues dans la république. Près de lui était Magnus, ancien préfet, qui venait de quitter le consulat, et digne à tous égards des deux places qu’il avait occupées ; Camillus, fils de son frère, se trouvait après lui ; il avait aussi passé par ces deux charges, et avait également honoré le proconsulat de son père et le consulat de son oncle. Venait ensuite Paeonius, puis Athenius, homme versé dans les procès et habile à se plier aux variétés des temps. A côté d’Athenius on voyait Gratianensis, personnage d’une conduite irréprochable, qui, sans égaler Severinus en dignités, l’avait toutefois devancé en faveur. Enfin, j’étais le dernier à gauche de l’empereur, qui occupait le côté droit. » (Extrait de la lettre I, 11, de Sidoine Apollinaire). On constate que les invités sont placés par ordre hiérarchique.

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer