Métiers

Pôle emploi gallo-romain !

Quel métier aimeriez-vous faire … il y a deux mille ans ? En voici un aperçu détaillé :

 Les métiers en Gaules et Germanie Supérieure (d’après Ed. Frézouls, « les noms de métiers dans l’épigraphie de la Gaule et de la Germanie romaines, Ktéma, 16, 1991, p33-72) NarbonnaiseAquitaine      Lyonnaise BelgiqueGermanie supérieure 
 métiers : 723 occurrences26749 13162 144 
 métiers : 255 différents116 36 36 44 76 
 % dans la production (74 métiers et 181 occurrences)38 14 13,5 8,5 20 
 % dans le commerce (311 occurrences)32 25 21 
 % dans les services50 14 10 16 
 % dans la santé et la culture30 11 13,5 26 

Sur 723 occurrences, 97 proviennent de Lyon, 92 de Narbonne, 47 de Nîmes, 39 d’Arles, 16 de Vienne, 15 de Langres et de Metz, 10 de Bordeaux… On compte, 77 commerçants spécialisés, 53 secrétaires, 50 nautes, 48 métiers dans la finance, 43 médecins et oculistes, 28 gladiateurs, 28 charpentiers, 24 utriculaires, 14 naviculaires, 13 enseignants, 10 juristes, 10 actors, 8 marbriers, 5 architectes, 4 maçons…

ABECEDAIRE DES METIERS ET DE LA VIE ECONOMIQUE (pour l’iconographie, E = recueil d’Espérandieu)

 SOMMAIRE : 
A comme AGRICULTEURS (Eleveurs, paysans, résiniers, viticulteurs)
A comme ARTISANS (apprentis, bois, carrières, cuir, décoration, métallurgie, meunerie, poterie, tabletterie, textile, verrerie)
C comme COLLEGES et CORPORATIONS
F comme « FONCTIONNAIRES »
M comme MARCHANDS (petit commerce)
N comme NEGOCIANTS (grand commerce)
P comme PECHEURS (+ garum, ostréiculture, saunerie)
S comme « intermittents » du SPECTACLE
Les MEDECINS et SOLDATS sont sur d’autres fiches.
Afficher l'image d'origineRustic calendar from Saint-Romain-en-Gal (Autumn).jpgMusee-romanite-stele-labour.jpg
Représentation du « vallus »
sur un bas-relief de Gaule Belgique (Buzenol)
Scènes de semailles et de labour
sur une mosaïque de Saint-Romain-en-Gal
Stèle de Nîmes avec scène de labour
(Esp. 464)
A comme AGRICULTEURS
 –Voici ce que dit STRABON (Géographie, IV, I, 2) de l’agriculture en Gaule (traduction sur le remarquable site Remacle.org) : « Dans toute la Narbonnaise, en effet, les productions du sol sont identiquement les mêmes qu’en Italie, tandis qu’en avançant vers le nord et dans la direction du mont Cemmène (Massif Central) on ne rencontre déjà plus de plantations d’oliviers ni de figuiers; les autres cultures, il est vrai, continuent de prospérer, mais, pour peu qu’on avance encore dans la même direction, on voit la vigne, à son tour, ne plus réussir qu’avec peine. En revanche, tout le reste de la Gaule produit du blé et en grande quantité, ainsi que du millet, du gland et du bétail de toute espèce, le sol n’y demeurant nulle part inactif, si ce n’est dans les parties où les marécages et les bois ont absolument interdit toute culture. »
Les travaux agricoles du calendrier des saisons de Saint-Romain-en-Gal (visible au MAN de St Germain-en-Laye) :
-HIVER : semailles ; meule à grain  ; transport (du fumier  ou d’un foyer mobile ?) ; four à pain ; tressage des paniers
-PRINTEMPS : 1 seul panneau conservé : la greffe des arbres
-ETE : 1 seul panneau conservé : ramassage du bois
-AUTOMNE : cueillette des pommes ; vendanges ; foulage du raisin  ; labours et semailles ; poissage des jarres à huile ; cueillette et pressage des olives

E comme ELEVEURS

Animaux : grands bœufs (élevage en forte augmentation), moutons (dans le sud surtout et son importance décroit au fil des siècles), porcs (chez les Séquanes et Ménapiens surtout, en Normandie aussi), chèvres (peu répandues mais elles furent pourtant transportées sur le bateau Arles-Rhône 3 !), chevaux (élevage attesté en Camargue, en 401, dans une lettre de Symmaque), mules et mulets (plus fréquents dans le nord), ânes (plus nombreux dans le sud), coqs et oies (chez les Morins)… Certains animaux, ordinairement chassés, sont parfois « élevés » dans des enclos (lièvres, cerfs). Pour les villae du Var, 50/60 % des animaux sont des ovins, 25/30 % des suidés et 5/15 % des bovins. Certains auteurs anciens évoquent des fromages (de Toulouse ou des Gabales).

Témoignages : découvertes d’enclos à bestiaux (dans l’ouest surtout mais aussi à Lattes, Nîmes, Clermont-l’Hérault  dans le Languedoc), d’étables (Meylan en Isère, Poulainville dans la Somme, St Brice-sous-Forêt et Epiais-lès-Louvres dans le Val d’Oise, Autun, Castillon-du-Gard, Lattes également), de fermes-étables regroupées en villages (dans le nord), de bergeries (130 dans la plaine de la Crau, mais l’identification comme bergerie est contestée par certains ; à Carry-le-Rouet en Provence, dans le Languedoc, à Narbonne-Saint-Hippolyte, Loupian ou Lunel, dans l’Aveyron à Salles-la-Source ou à La Cavalerie, dans le Vercors…), d’écuries (à Rom dans le Poitou), d’abreuvoirs (à Villeveyrac ou au Mas de Boudan à Nîmes) … ; quelques rares fers à marquer le bétail (un découvert récemment à Lattes) ; environ 350 faisselles connues pour les fromages ; nombreux ossements animaux dans les dépotoirs domestiques (par exemple les squelettes de 25 porcs et 13 bœufs de Portout, en Savoie), de cloches à bovins (villa de Taradeau, par exemple) ; un pot découvert dans le Rhône contenait peut-être de la viande de taureaux …  ; Inscriptions (1 apiculteur probable à Cucuron ; 1 palefrenier à Chancelade) et iconographie  (statuette de berger à Pouillé ; bas-relief de berger à Metz, de l’oiseleur à Sens (E 2775) ; scènes de traite sur des sarcophages d’Arles ou de Narbonne ; berger de la mosaïque de Grand ; vétérinaire ou maréchal-ferrant à Aix-en-Provence (E 104), palefrenier possible à Scarponne (E 4611), à Sens (E 2771).

P comme PAYSANS

LES TECHNIQUES (surtout pour les céréales) : labour avec l’araire, moisson avec la faucille (existence d’une « moissonneuse », le vallus, dans le nord-est), fenaison avec la faux ; pratique du drainage ; stockage dans des greniers. 

-LES CULTURES :
Les céréales : blé (nu dans le Bassin Parisien, épeautre -blé vêtu- dans le nord), orge (chez les Cavares d’après une céramique de Marseille ou dans un pot d’Istres sous le terme d' »orge mondé »), avoine surtout, millet (des graines dans un pot d’Arles), seigle également. D’après le programme Rurland, le blé nu se cultive plutôt dans de petites exploitations tandis que l’épeautre se trouve dans les villae. Dans l’Antiquité tardive, l’orge régresse, le blé nu et les légumineuses progressent.
-Les légumes : lentille, pois, féverole
Les oléagineux : lin, chanvre 
Les fruits : cerise, figue (appréciée par l’empereur Julien à Lutèce), melon, noix, olive (« olives noires dans du defrutum -sirop de raisin-. Conserves excellentes de L. Pompeius Philodespotus » sur une amphore d’Arles), pêche, pomme, poire, mûre, noisette, prune, coing (d’après une inscription peinte d’une amphore d’Arles)… 
L’oleiculture (huile d’olives) : surtout présente en Narbonnaise (environ 100 huileries connues dans le Var, à Tarradeau, La Garde, La Roquebrussanne…) ; c’est une culture (comme le vin) qui nécessite d’investir dans de nombreuses infrastructures : les olives sont broyées dans des moulins à pressoir et l’huile est décantée dans des dolia (grandes jarres semi-enterrées) puis stockée et transportée dans des amphores ; l’huile est utilisée pour l’éclairage, le sport (dans les thermes et palestres), la médecine… 
-On doit signaler aussi la bière de céréales (= cervoise) et la boisson de miel (= hydromel). Une gourde conservée au musée Carnavalet est inscrite de cette recommandation : « hôtesse, remplis mon vase de bière ». Un col d’amphore de Narbonne indique la « fleur de miel » (un miel de qualité).
PAR CONTRE, d’autres fruits (dattes, amandes, abricots…) et des épices (coriandre, poivre…) sont importés. 

Scène de récolte des olives sur un sarcophage d’Arles

Témoignages : 2 calendriers agricoles (les reliefs de la Porte de mars à Reims et la mosaïque de Saint-Romain-en-Gal) ; de nombreux outils (houe, soc, faucille, faux…) retrouvés dans les fouilles (exemples du sep d’araire à Art/s/Meurthe, du soc de Soncourt dans les Vosges, du matériel exceptionnel retrouvé intact  dans une cave de la ferme de St Clément en Bourgogne avec 43 objets dont des serpes, 2 lames de faux, des fourches, socs, bêches…, des objets de Maclaunay dans la Marne, pioche, soc d’araire, coutre, fourche, de la faucille d’Horbourg-Wihr, des nombreux outils de Courcelles-Lès-lens, environ 15 outils en fer dont des dents de herse, des forces, une serpe et une faucille, dans une cave à Contrexéville…) ; des bâtiments de stockage de grains possibles à Seclin (nord), Saint-Aubin (Jura), Aspiran et Paulhan  (Hérault), des silos (souterrains en Roussillon ou en Corrèze), des traces de vergers (environ 300 arbres à Valros dans l’Hérault), des maisons de paysans dépendant d’une villa (à Steinbourg en Alsace…), des grains plus ou moins carbonisés et des dépôts alimentaires dans des tombes (dattes, figues, cerises…). Iconographie : des paysans  représentés à Metz (il garde son troupeau), Orléans (un paysan tient un pic E 2961), Nuits-St-Georges (un paysan avec sa chèvre), Dijon (avec ses chevaux E 3467), Alligny en Morvan (peut-être un paysan avec sa houe), Francalmont (un paysan qui aiguise sa grande faux), Maslenheim (E 5640 ?), Nîmes (laboureur E 464) ; le décor de la porte de Mars à Reims montre une scène de moisson avec la « moissonneuse gauloise » et une scène de vendanges ; un individu place des olives dans des amphores à Narbonne (E 621) ; une cueillette d’olives est visible sur un sarcophage d’Arles. Deux stèles (Grand et Metz) montrent peut-être la fabrication de la bière. D’autre part, un grenier serait visible sur un grand plat en argent de Béziers. Inscriptions : des vignerons et 1 brasseur de bière à Metz, 1 jardinier possible à Nîmes.

Un récent ouvrage (F. Trément, Produire, transformer et stocker dans les campagnes des Gaules romaines. Problèmes d’interprétation fonctionnelle et économique des bâtiments d’exploitation et des structures de production agro-pastorale, Aquitania supplément 38, 2017) recense les installations agricoles en Gaule : les greniers (à contreforts, à piliers internes, à élévation basilicale ou à plateforme sur murets), les granges à pavillons (895 connues), les entrepôts de grains (près de 130 « granaria » ou « horrea »), les silos, les bergeries et étables, les fours de séchage ou de grillage des céréales (270 séchoirs et fumoirs connus) et même les meules (2 046 connues), les moulins hydrauliques ou à traction animale (7 connus seulement dans le nord-est), les installations pour le vin et l’huile (104 chais et celliers), les viviers, ateliers de sauniers et de salaisons …

R comme RESINIERS

Sont connus de nombreux lieux d’exploitation de la résine de pin distillée (la POIX = une sorte de colle), chez les Gabales en Lozère, les Rutènes dans les Causses…

Afficher l'image d'origine Mosaïque de Saint-Romain-en-Gal foulage de la vendange.jpg
Vendanges sur la mosaïque des saisons de St Romain-en-Gal Foulage du raisin (sur la même mosaïque)Vins romains « reconstitués » au Mas des Tourelles, à Beaucaire

V comme VITICULTEURS

-A en croire les auteurs latins (et ils ont raison !) la vigne est très répandue dans toute la Gaule :  les environs de Narbonne (selon Sidoine Apollinaire), de Béziers (selon Pline l’Ancien et exporté jusqu’à Rome sous les Flaviens), de Nîmes (selon Sidoine),  la région de Marseille (Pline, Strabon, Martial… mais considérée comme de mauvaise qualité !), dans les Alpes Maritimes (la « Raetica » de Pline), chez les Voconces (un vin doux selon Pline),  la région de Vienne (« l’Allobrogica », vin poissé mais cher, d’après Pline, réputé et apprécié selon Plutarque),  l’Ardèche (Columelle et Pline, c’est la « Carbunica » à floraison rapide),  l’Auvergne (selon Sidoine), le Bordelais (le cépage « Biturica » cité par Pline et évoqué tardivement par Ausone qui possède 25 ha de vignes), la Bourgogne (selon les Panégyriques du IVème s.),  l’Ille-de-France (selon l’empereur Julien)… Un point intéressant, pour finir, les Romains préfèrent le vin blanc et les Gaulois, le vin rouge.

Quelques citations : « Entre les Pyrénées et les Alpes, Marseille produit deux vins ; l’un, plus épais, et, comme on dit, succulent, sert à préparer les autres. La réputation  du vin de Béziers ne s’étend pas au delà des Gaules. Quant aux autres que produit la province Narbonnaise, on ne peut rien en dire… » (Pline l’Ancien, XIV, 8, 8) ; « Quelquefois cependant, grâce au ciel ou au sol, les vins se conservent, par exemple les vins de la vigne fécenienne et ceux de la vigne biturique, qui fleurit en même temps, mais dont le grain est moins serré. » (Pline l’Ancien, XIV, 5,7) ; « Et, tandis qu’on nous sert du vin des coteaux de Ligurie ou du moût enfumé de Marseille… » (Martial, Epigrammes, III, 82) ; « Que l’aspect de la vigne nous présente d’autres tableaux ; que les dons de Bacchus attirent nos regards errants sur la longue chaîne de ces crêtes escarpées, sur ces rochers, ces coteaux au soleil, avec leurs détours et leurs renfoncements, amphithéâtre naturel où s’élève la vigne. Ainsi la grappe nourricière revêt les coteaux du Gaurus et du Rhodopé, ainsi de son pampre brille le Pangée, ainsi verdoie la colline de l’Ismarus qui domine les mers de Thrace, ainsi mes vignobles se reflètent dans la blonde Garonne. » (Ausone, Moselle, 115)

 Un peu d’histoire…
Avant les Romains, la vigne est présente en Gaule du sud, apportée par les Grecs de Marseille (colonie fondée en -600) et cultivée par certains peuples indigènes (à partir du -Vème s., à Lattes, Martigues ou Lançon-Provence). Une découverte récente (en Ardèche, à Alba), de ceps de vigne et de pépins de raison carbonisés, datés de -765/-410, montre la précocité de cette culture. La ville phocéenne, cependant,  garda longtemps (du -Vème au -IIème s.) un monopole en la matière : importation de vins grecs, étrusques et campaniens, production de vin sur son domaine (vignoble de St Jean-du-Désert), exportation de tous ces vins vers le reste de la Gaule où se trouve une foule d’amateurs ! (exemple de la cave à vins de l’oppidum de Corent, en Auvergne). Plus de la moitié des sites de l’âge du fer a livré des amphores de vins italiens : les vins d’Etrurie arrivent dans le centre-est de la Gaule, par l’axe Rhône-Saône et les vins du Latium et de Campanie se dirigent vers le centre-ouest par l’axe de la Garonne.
-Lorsque les Romains font la conquête de la future Narbonnaise (vers -120), ils développent la viticulture dans tout le midi tout en faisant venir en masse des tonneaux et amphores de vins italiens au dépend du commerce marseillais.
Au Ier s., la vigne s’étend partout en Gaule, du Bordelais au bassin Parisien et du Val de Loire à la Bourgogne : nombreuses villas et fermes vinicoles munies de pressoirs et de chais, production massive d’amphores vinaires (10 kg et 30 litres de contenance environ) et sans doute de tonneaux. Le nombre de jarres à vin  (dolia) retrouvées dans certaines villas du midi est parfois impressionnant : 200 à Donzère (Drôme) et à Rians (Var), 250 à Sauvian (Hérault), 300 à 480 à Paulhan (Hérault). Le commerce avec l’Italie se poursuit cependant et de grands crus de Campanie (le massicum) ou des monts Albains (l’Albanum) sont toujours exportés vers la Gaule (inscription de Fos, cruche d’Arles), par dolia ou tonneaux, puis vers les camps du Rhin, par tonneaux fabriqués à Lyon. Qu’ils soient de Gaule ou d’ailleurs, il existaient déjà des cépages variés : l’amineum (supérieur), le picatum (goût de poix), le mulsum (miellé), le passum (doux)…
A partir de 250/300, la vigne connaît un recul au profit des céréales mais atteint la Moselle et le Rhin et de nombreuses régions viticoles sont citées par les auteurs de cette période (cf ci-dessus). Les amphores vinaires sont remplacées par les tonneaux, pour le transport. Plus tard, des vignes sont toujours attestées en Languedoc (à Sauvian au Vème, Nissan-Lez-Enserune au VIème s.) et en Aquitaine (à Plassac et Moissac aux VI-VIIème s.).
-D’après une étude du profil génétique de grains de raisins, l’actuel Pinot noir descendrait d’un cépage romain…
Un peu de technique :
1)culture des vignes rampantes ou sur des arbres ; disposition de petites fosses en ligne ou de longues tranchées parallèles ;
2)foulage du raisin, aux pieds, dans un bassin ;
3)pressage (pressoir à levier et contrepoids ou à vis) ;
4)jus de presse et jus de goutte mélangés et transvasés dans des dolia (grandes jarres de 1200 à 2000 litres) = moût (jus de raisin) transformé en vin = fermentation (jarres scellées quelques mois) ;
5)vente et transport sur chariots ou bateaux jusqu’à des entrepôts (vin transvasé, par des pompes ?).

Témoignages : Nombreuses découvertes de traces de plantations de vignes (environ 30 sites de vignobles en Narbonnaise dont Lattes-Port Ariane vers le -IIIème s., Nîmes, daté de -120/-50 ; à Gevrey-Chambertain sur 6 000m2, avec petites fosses et traces de palissage oblique en « pergola » ; aux Pijolins à Bourges ; à Beaune-la-Rolande dans le Loiret ; 5 400 fosses à Bruyères/s/Oise … ; un vignoble de 140 ha à la villa de Contours à Saint-Pargoise dans l’Hérault), ceps (avec traces de taille à Bordeaux et Lectoure),  bâtiments vinicoles (environ 80 en Languedoc, nombreux en Saintonge, Auvergne, Bourgogne, Moselle…), chais (de 80 m de long à Cognac et Lestagnac en Aquitaine, de 52m à Cavalaire/s/Mer, de 700 et 960m2 à St André-de-Codols dans le Gard…) avec leurs « dolia » alignées (en Narbonnaise) ou leurs foudres de bois (chez les Allobroges et dans les autres provinces), traces de pressoirs (à Pignans et Rians dans le Var, à Moncrabeau en Aquitaine, à Romagnat en Auvergne, à Piriac/s/Mer et à Chenehutte-Trèves-Cunault en Val de Loire, à Parville dans l’Eure …), de cuves de foulage (à la villa de Tremonteix à Clermont), des ateliers d’amphores « gauloises » à fond plat (une centaine connue en Gaule), de serpes et serpettes (une vingtaine connue en Aquitaine, une serpe à talon à Horbourg-Wihr en Alsace, une serpe à Arcelot et une serpette à Flavigny en Côte d’or…), des amas de pépins de raisin (à Bordeaux et Bergerac, à Selongey en Bourgogne, datés de 254)… Toutes ces informations complètent la « carte de France » des vignobles de l’époque romaine.

Iconographie : 2 chariots de vendanges à Langres (E 3232 avec un tonneau), vignerons à Saverne (E 5672), à Nuits-St-Georges, Rully (2 stèles : sur l’une, un possible vigneron tient une grappe de raisin, sur l’autre, une serpe), à Dijon (2 vignerons tenant des serpes E 3478), à Autun (E 1882), à Nîmes ; tonnelier à Bordeaux (E 1112) ; tonneaux à Margerie-sous-Colancelle (E 6779) ; chariot de vendanges sur un diptyque d’ivoire de Sens ; des scènes de vendanges et des Amours vendangeurs sur des sarcophages ; une scène de vendange sur la porte de Mars à Reims ; foulage du raisin (pressoir à levier) sur la mosaïque-calendrier de St Romain-en-Gal ; vignes visibles sur la mosaïque de Vinon/s/Verdon (à Manosque) ; peinture murale de Reims avec des vendangeurs dans une vigne haute. A Javols, une statue du dieu Sucellus le montre avec 2 tonneaux et une amphore. Curieusement, aucune inscription cite un vigneron mais de nombreux vases à boire sont dotés d’invitations à boire sans modération…

 A comme ARTISANS

De nombreuses professions sont citées dans les inscriptions mais le vocabulaire latin est souvent incertain (le « vestarius » est-il le producteur ou le vendeur de vêtements ?). Sur les stèles, les artisans sont représentés de profil (travaillant) ou de face (tenant ses outils) sur des « images » assez  formalistes. Mais les spécialistes ont du mal à distinguer le simple artisan du propriétaire de l’atelier. Ajoutons que de nombreux travailleurs sont organisés en collèges (voir plus bas) qui se réunissent dans des « scholae ». D’après l’archéologie, ils travaillent au cœur ou en périphérie (pour les potiers) des villes, mais aussi dans de nombreuses bourgades et villae. L’atelier (« officina ») est parfois regroupé avec le lieu de vente (« taberna » ou boutique). De véritables « zones artisanales » sont mêmes connues, à Lyon (pour le bronze) ou à Besançon (pour la verrerie). 

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 Un sabotier à Reims (Esp. 3685) Un tailleur de pierre à Metz
(Esp. 4318)
Le cordonnier Sabinianus à Autun (Esp. 1878)

A comme APPRENTIS

-Il existe très peu d’inscriptions : 1 à Bliesbruck (anonyme, de L. Toccius Flavinus), 1 à Langres (Peculiarius Codonus), 1 élève d’un mosaïste à Lillebonne, 1 à Lyon (Vireius Vitalis instruit dans son art, le travail du fer, par son beau-père), 1 à Narbonne (d’un boulanger).

B comme artisans du BOIS

= Les sabotiers, charpentiers, bûcherons (scieurs de long, scie à cadre, scie passe-partout), tonneliers, charrons, menuisiers.

Témoignages : Inscriptions :1 menuisier à Metz, 1 tonnelier à Nantes, 1 menuisier à Autun, des charpentiers à Feurs, 1 tonnelier à Sens, 2 charpentiers et 1 fabricant (ou négociant) de radeaux à Lyon, 1 charpentier à Saint-Ambroix, 1 charpentier à Rivières (Rutènes), 4 charpentiers à Arles (sans doute sur les chantiers navals), 1 charpentier à Narbonne. Les bûcherons (28 connus)  travaillent dans le cadre de collèges (les dendrophores -voir plus bas) ; Iconographie : sabotiers à Reims (E 3685) et Sens (E 2783 ?), des scieurs de long à Deneuvre (E 4702 ou charpentiers/maçons ?), Reims (E 3695), Metz, bûcherons à Bordeaux (E 1096 ?), Autun, Generest, Soulosse (E 4866 ?), Saulieu (E 2223), Luxeuil,  charpentiers à  Bordeaux (E 1117 ?), St Ambroix (ou un arboriculteur ? E 7010), Mellecey (ou carrier ?), charron ou tonnelier à Champdivers,  tonneliers à Bordeaux (E 1112), Chalon, Saintes, peut-être Autun,   menuisiers à Metz (scène de menuiserie au sommet d’une stèle funéraire), Luxeuil (E 5326), St Ambroix (E 7016), Bourges (E 1454).

Traces matérielles, forcément rares et fragiles : découvertes de haches (hache de charpentier de Marnay en Haute-Saône), herminettes, lames de scies, rabots, cognées de bûcheron (à Gilly en Savoie), cuvelages de puits, pompes de puits (Lyon et Périgueux), pilotis, tonneaux (environ 40 connus en Gaule dont Rouen, Reims, Rezé, Le Bernard, Saintes, Lyon, Lattes, Fos-sur-Mer…), seaux (2 découverts récemment à Carhaix),  fragments de meubles (Saintes, Seyssel, Bessines, Arles, Bernic en Morbihan…), boites dont une à miroir (découvertes dans un puits, place d’Assas à Nîmes),  tablettes à écrire, pan de bois de maison avec hourdis d’adobe (fossilisé par un incendie et retrouvé à Metz), pieux des ponts, bateaux… Une étude parue dans Archeosciences, 42, 1, 2018 et portant sur l’utilisation du bois à Clermont-Ferrand (2 986 bois conservés), montre la prédominance du hêtre pour le mobilier, du chêne (vers 50/150) et du sapin (vers 180/230)  pour l’immobilier.

C comme CARRIERS et les travailleurs de la pierre

Les pierres de construction : le granit de Bretagne, le marbre des Pyrénées, le calcaire du Val de Loire et du Midi, le grès des Vosges… ; carrières romaines connues à Norroy-les-Pont-à-Mousson (Lorraine), Saint-Quirin et St Jean-Saverne (Vosges), Ploerdut (Bretagne), La Roche-Vineuse et St Boil (Bourgogne), St Béat (Pyrénées), la Calmette et Vers-Pont-du-Gard (Languedoc), Gresse-en-Vercors (Alpes), Glanum à St Rémy, Sausset, Lacoste, Beaumont-du-Ventoux (Provence)… 

-Sur un chantier, les blocs de pierre sont soulevés au moyen de poulies ou de grues munies de pinces (qui s’insèrent dans les fameux « trous de louve »), ils sont liés horizontalement, grâce à des tenons ou des crampons en fer (scellés avec du plomb) ou verticalement, par des goujons métalliques. Les murs sont montés grâce à des échafaudages tenus par des poutres (les « trous de boulins » sont souvent bien visibles sur les ruines romaines en élévation).

Inscriptions : 1 maçon et 1 tailleur de pierre à Metz, des tailleurs de pierre d’un pagus à Dijon, 1 tailleur de pierre à Autun, les tailleurs de pierre de Chalon à Saint-Boil, des marbriers à Antigny, Clermont-F. (L. Iulius Cadgatus), Agen, 1 maçon ou tailleur de pierre à Bordeaux, 1 carrier à Ardiège et des marbriers à Marignac, Siradan, Saint-Béat (Pyrénées), des maçons à Sos, 1 constructeur de boutiques, 1 tailleur de pierre et 1 maçon à Narbonne, 1 tailleur de pierre à Vaison (D. Sallustius Acceptus). A signaler aussi les dédicaces des soldats de la carrière de Norroy. Iconographie : carrier à Autun (?), tailleurs de pierre à Metz (E 4318), Autun (ou ciseleur ?), Auxerre (E 8311), Bourges (marteaux E 1509 et 1561), Narbonne (outils E 730 ?),  maçons à  Reims, Sens (E 2767), Narbonne (E 781 ?). Outils de tailleur de pierre et de maçons représentés à Metz (E 8442), Escurolles (E 1615), Bourges (E 1501, 1509) et Arles.

-Une étude de A. Coutelas et D. Hourcade sur les « techniques et les étapes de la construction des salles de soutènement des thermes de Longeas » à Chassenon (2016) permet de repérer le travail des ouvriers : traces d’outils sur les voûtes, marques de peinture pour guider le travail ou signaler l’arrêt momentané du chantier, empreintes de pics ou de truelles, traces de doigts, graffito possible de comptes, empreintes des cintres en bois ou des planches du coffrage des voûtes, marques de tâcherons sur ces mêmes planches, puits d’extraction des planches de la voûte de la salle 10, évocation de travaux d’équipes (un même groupe a fait les salles 4, 6 à 8, 15 à 20 … (résumé in Monumental, Aquitania, 2016, p 486 et article in Arqueologia de la construccion, V, p 251-274) 

C comme travailleurs du CUIR
= Les tanneurs (fabriquent des sacs, des selles, des tentes militaires…), bourreliers (ils font des pièces d’attelage) et cordonniers (ils créent des sandales, des bottines).

Témoignages : Inscriptions : des cordonniers  à Autun (Sabinianus), Bourges (Maternianus), Béziers,  Narbonne ; un bourrelier à Bourges (Lalianus). Iconographie :  cordonniers/bourreliers à Baugy (E 1522 ?, l’homme tient un couteau à pied et un couteau à parer pour amincir les bords du cuir ), Bourges (ou forgeron ? E 1452), St Ambroix (ou vannier ? E 2743), Autun (E 1872 ?,  E 1878, E 1883), Luxeuil (E 5334), Bruère-Allichamps (E 8156). Chaussures visibles sur des bas-reliefs (Lillebonne E 3127, Langres E 3317 avec des pantoufles, des sandales et des flacons). Traces matérielles : couteau à écharner pour la tannage, découvert en Alsace ; nombreux outils de cordonniers (marteaux, clous, poinçons, aiguilles, pied de cordonnier à Troyes…) ; chaussures découvertes à Bordeaux, Bruère-Allichamps, Alésia, Martres-de-Veyre, Montmaurin, Paris, Bonneuil-en-France (5 calliga à semelle cloutée)… ; empreintes de semelles cloutées de chaussures sur des tuiles



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Afficher l'image d'origineStele funeraire boulanger - Narbo Via.jpg
 « L’architecte » d’Autun, Gailus
(Esp. 1881)
 Bellicus, forgeron de Sens
(Esp. 2769)
 Stèle du meunier M. Careieus Asisa à Narbonne (meule, mule, chien et un autel) (Esp. 6903)

D comme DECORATEURS et artisans d’art

Les métiers d’art = les orfèvres (aurifex), décorateurs de fils d’or ou d’armes de parade (le barbaricarius), ciseleurs de vases ou statues (le faber argentarius ou le vascularius), artisans et/ou commerçants d’intailles (le gemmarius), fabricants et vendeurs de bagues et anneaux (l’ anularius), mosaïstes, peintres, sculpteurs, architectes, verriers…

Témoignages : Inscriptions : 1 mosaïste à Bavay et à Lillebonne (il signe son oeuvre et se dit originaire de Pouzzoles en Italie), 1 sculpteur lapicide également à Bavay (il signe une inscritpion qu’il a gravé), 1 peintre à Bourbon-Lancy (Diogène Albinus), 1 sculpteur à Cenves (il signe une statuette de Jupiter), 1 fabricant de vases en argent, 1 orfèvre, 1 maître verrier (voir plus bas) et 1 plâtrier-peintre à Lyon (Pompeius Catussa), 1 mosaïste à Limoges (Adianus), 1 sculpteur à Bourges (Maritumus qui a un ciseau ou burin, E 1445), 1 peintre et 1 sculpteur (Amabilis) à Bordeaux, 1 architecte à Arles, 1 fabricant d’instruments de musique (L. Avidius Secundus) à Nîmes, 1 orfèvre à Fréjus, 1 fabricant d’anneaux ou de bagues,  3 orfèvres, 1 fabricant de vases, 1 géomètre et 1 plâtrier-peintre  à Narbonne (P. Usulenus Anoptes), 1 architecte à Vienne (Valerius Seius). A Lyon, se trouve aussi un collège d’artistes spécialisés dans le stuc. Iconographie : orfèvre à St Ambroix (E 6992), architecte et sculpteur ou dinandier à Autun (E 1881 + Eburus ?), sculpteur à Bordeaux (Amabilis E 1111), fresquistes à Sens (E 2767). Traces matérielles : bien sûr, découvertes de très nombreuses peintures (environ 160 décors peints et stuqués : cf fiche sur l’art en Gaule), sculptures, mosaïques, constructions… ; un atelier de bijoutier à Rouen, par exemple, avec 15 creusets.

M comme METALLURGISTES

Zones minières : or peu exploité (250 sites d’extraction recensés en Limousin, mais presque tous de l’époque gauloise ; quelques mines en Maine-et-Loire et peut-être en Auvergne) ; plomb et argent, souvent liés (mines dans le Tarn -Ambialet-, l’Aveyron, les Cévennes et les Combrailles) ; cuivre (exploitation modeste dans les Alpes et les Pyrénées) ; étain (autour d’Autun en Bourgogne, en Loire-Atlantique et peut-être en Limousin) ; fer très exploité (la Lorraine dont les ateliers de Bliesbruck, la Bourgogne avec les buttes de scories ou ferriers dans les forêts de la Nièvre, le Berry dont plus de 200 ateliers autour d’Argenton comme celui d’Oulches dans l’Indre avec ses 3 bas-fourneaux, les Montagnes Noires dont l’important atelier des Martys dans l’Aube, les Pyrénées…) 

-Les travailleurs du métal = les mineurs, forgerons (« réduction » du métal dans des bas-fourneaux puis martelage), chaudronniers (qui martèlent le bronze ou l’argent), bronziers, plombiers (42 marques de fabriques à Vienne dont celles d’une femme, Staia Saturnina), monnayeurs (à Lyon, Reims, Amiens, Arles… sans compter les ateliers de faux-monnayeurs comme à Chateaubleau, Corseul, Beaumont-sur-Oise). 

-A côté de ces ouvriers, on perçoit l’existence d’une organisation structurée de la production : des sociétés minières (des tesseres en plomb de Lascours, Hérault, témoignent de l’existence d’une « société des exploitations minières d’argent Rutènes »), des mines appartenant aux empereurs (Tibère possédait une mine d’argent dans l’Aveyron, gérée par un esclave impérial), à l’administration des caisses des mines de fer des Gaules (siège à Lyon), à des cités (les Ségusiaves) ou concédées à des particuliers (Memmia Sosandris, près de Lyon),  des ateliers du fer gérées par des procurateurs ou par des notables (à Narbonne).

Témoignages : Les traces matérielles sont nombreuses (tuyaux de plomb, appliques, figurines, fibules, clefs, barres de fer, godets de fusion, masses et enclumes,  lingots de plomb ou d’argent estampillés) ou plus rares (les statues en bronze), sans compter les déchets de fabrication et … les traces de pollution au plomb (à Vienne par exemple). A Seltz, a été découvert un dépôt d’outils de chaudronnier. A Autun, ce sont près de 50 ateliers qui formaient tout un quartier au sud de la ville. Inscriptions 1 fabricant de casques à Reims, 1 forgeron à Metz, des forgerons d’un pagus à Dijon, des forgerons à Alésia et Autun, 1 dinandier à Autun, 1 collège de chaudronniers à Entrains, 1 forgeron au Mans, des ouvriers d’une fabrique de cuirasses à Montceau-le-C., 1 chaudronnier et des forgerons à Sens, 1 artisan du fer à Lyon,  1 serrurier, 1 forgeron, 1 bronzier, 1 ouvrier travaillant l’argent,  1 fabricant de clous à Narbonne, 1 bronzier  à Nîmes, 1 collège de forgerons à Orange, des propriétaires d’ateliers de plomberie à Vienne. A signaler, une inscription gravée à Wallerfangen (Sarre, près de Sarrelouis, chez les Trévires, non loin de la frontière française), à l’entrée d’une mine de cuivre : « exploitation d’Emilianus, ouverte le jour des nones de Mars » (CIL, XIII, 4238). Iconographie : forgerons possibles à Paris (E 3155), Reims (rue Belin n° 22 = homme tenant des tenailles), Scarponne (E 4606 ?, E 4617, E 4706 ?), au Hiéraple (E 4433), Grand (sur un bas-relief), Metz (Carianus E 8442), Epinal  ? (E 4772 ?), Senon (E 7247 ?), Langres (E 3274), St Dié (« le maître de forge »), Nuits St Georges (représentation d’un marteau et d’une pince à feu E 2052), Sens (Bellicus E 2769, E 2779), Autun (E 1877), Narbonne,  Segur-St-Agnan en Aveyron (scène de forge E 6992), Sacoué dans les Pyrénées, Narcy dans la Nièvre,  artisans du métal à Autun (au moins 4)

M comme MEUNIERS

-Environ 15 sites de moulins à eau connus dont celui de Barbegal, près d’Arles, datés des années 100/120 (16 moulins c’est-à-dire, 2 rangées de 8 roues à augets,  constituent la plus grande meunerie hydraulique connue pour l’empire romain ; il fonctionnait de façon saisonnière et fournissait peut-être jusqu’à 28 tonnes de farine par an à la ville d’Arles, pour produire du « pain de bateau » des marins, selon P. Leveau), de Brillon dans le nord, d’Attin dans le Pas-de-Calais, des Martres-de-Veyre et de Clermont-Ferrand (2 en milieu urbain) dans le Puy-de-Dôme, de Montaigu-la-Brisette dans la Manche, de Vichy (unique exemple d’un moulin de grande rivière, accroché à une culée du pont sur l’Allier), de Pézenas et Vareilles (Hérault ; 3 moulins dans une villa, vers 110/130), de l’Auribelle-Belle (Hérault, un aqueduc achemine l’eau vers un moulin à roue verticale qui entraîne une grande meule rotative), de Saint-Doulchard (Cher ; sous Auguste), des villas des Mesclans et des Laurons dans le Var, de Lucciana en Corse (à double roue horizontale)… ; Des milliers de meules rotatives retrouvées. ; Stèle du meunier de Narbonne (E 6903).



File:Céramique gallo-romaine Metz 100109 1.jpg
File:Coupe céramique Vindunum Les Halles.jpg
 poteries communes à Metz poterie sigillée du centre de la Gaule (musée du Mans)

P comme POTIERS

LA CERAMIQUE :
COMMUNE = production « ordinaire », pour la vaisselle de table et de cuisine, de stockage et de transport ; assiettes, bols, vases, cruches, marmites, mortiers, biberons…
FINE : en « terra nigra » ou « gallo-belge » (à surface grise ou noire) ; en « terra rubra » (à surface rouge) ; à « couverte métallescente » (surface luisante) ; à vernis ou glaçure plombifère (céramique qui subit deux cuissons)…
La célèbre SIGILLEE est une céramique fine, rouge, brillante et décorée, venue d’Italie (Arezzo), installée à Lyon puis dans des ateliers du sud du Massif Central (Montans, Banassac et la Graufesenque avec 500 potiers travaillant entre -10 et 150), ensuite dans les ateliers du nord du Massif Central (Lezoux dès 10/20, avec près de 1000 potiers connus entre 50 et 300) pour terminer au nord-est, dans les provinces de Belgique et Germanies (Chémery, Mitellbronn, Lavoye… entre 150 et 400). Environ 50 ateliers de sigillée sont connus pour toute la Gaule. On place de la glaise dans un moule. Après séchage, elle est décorée (avec une molette ou à la barbotine -argile utilisée pour coller des motifs), puis trempée dans de l’engobe (bain d’argile) avant cuisson, pour obtenir un rouge brillant. La cuisson, à plus de 1000° dans un four à tubulures (ou à rayonnement), dure de 3 à 5 jours. On estime que 10 à 30 % des pièces étaient ratés à chaque défournement. Pour les motifs des décors, 48 % sont des personnes (à 53 % des humains comme les gladiateurs, les athlètes, les chasseurs et à 47 % des personnages de la mythologie), 42 % sont des animaux (oiseaux, chiens, lions et cervidés surtout).
File:Thésée four potier.svg 
File:Montans kiln.jpg
 schéma d’un four de potier (musée de Thésée) four de potier reconstitué à l’archéosite de Montans

-Dans un atelier (officine), on trouve les bassins de préparation de l’argile, les ateliers de façonnage, les fours, les hangars pour sécher les pièces… Les fours utilisés sont « à deux volumes » (salle du combustible, sole ajourée, salle de charge à cuire ou laboratoire) ou « à cuisson rayonnante » (produits de combustion dans des tubulures). Après la cuisson, le potier laisse entrer de l’oxygène (vases de couleur claire) ou pas (vases noirs). On utilise bien sûr beaucoup de bois (du pin sylvestre) pour la cuisson.

-Les potiers sont des hommes libres, se regroupant parfois (pour minimiser les coûts de cuissons à risques), se déplaçant  souvent d’ateliers en ateliers. Ils emploient d’autres hommes libres et des esclaves (signalés à La Graufesenque ou à Metz). Les potiers vivent certainement en familles, tout près des ateliers (des squelettes de nouveaux-nés ont été retrouvés à Lezoux par exemple). Le plus surprenant, c’est la rareté des potiers connus (une stèle à Metz, un portrait à Bourges, une inscription à Lyon) mis à part des centaines de noms sur estampille (nom du potier ou du propriétaire de l’officine, inscrit dans un cartouche).

-Dans les « métiers de l’argile », il y a aussi des fabricants de figurines en terre cuite (surtout dans le Val d’Allier comme les colombes de Sacrillos, en Bretagne comme les Venus de Rectugenus et en Bourgogne avec les déesses-mères de Pistillus à Autun), d’antéfixes, de briques, de tuiles, d’amphores…

Résultat de recherche d'images pour "amphores"File:P1100527Amphores gauloises4.JPG
 amphores Dressel 1 (découvertes près de Toulouse) amphores Gauloises 4 (Sallèles d’Aude)
 Les amphores : Les Gaulois, avec le « plaisir du vin »,  découvrent d’abord (au -VIème s.) :
-les amphores étrusques puis grecques et puniques, et celles de Marseille (sphériques et ovoïdes),
-enfin, les amphores italiques dites Dressel (45 types dont la n°1, allongée et pointue, transporte du vin d’Italie, la n° 2/4, un peu moins allongée et la n° 20, sphérique, de l’huile d’Espagne). La stèle du marchand d’huile de Narbonne montre justement une amphore Dressel 20.
-Les Gallo-Romains deviennent ensuite viticulteurs et producteurs d’amphores. Une centaine d’ateliers sont connus, pour la Gaule romaine et ils fabriquent 12 types d’amphores dites « Gauloise », surtout à fond plat. La plus célèbre est la « Gauloise 4 » (ou G4) d’une capacité de 30/35 litres. Ces « gauloises » transportent du vin, du garum, peut-être de l’huile. Ce sont des amphores de ce type qui sont visibles sur l’étagère du bas-relief de Cabrières d’Aygues (voir plus bas). Lors du transport, elles étaient protégées par une enveloppe en osier. Vers 70, apparaissent les amphores d’Aquitaine, pour le vin. 
-A noter aussi, la concurrence des amphores espagnoles (la « Pascual 1 » de Catalogne, la « Dressel 7/11 » de Bétique pour le garum, la « Haltern 70 » de Bétique également mais pour le vin) puis celle des amphores africaines.
Sur de nombreuses amphores, des informations (contenu, origine, nom du négociant…) étaient notées sous forme d’estampille (marque avec un sceau), d’inscription peinte (les « tituli picti »), de graffiti.  L’amphore sera peu à peu remplacée par le tonneau, pendant l’Antiquité tardive.

Témoignages nombreux : 

-plus de 500 ateliers de potiers connus dont Autun (fabrique d’amphores), Crouzilles-Mougon (amphores Gauloises 4), Dambach-la-Ville (atelier de 39 fours), Gueugnon (+ 60 fours, fabrique d’amphores vinaires et de sigillées), La Boissière-Ecole (3 ateliers avec 5 fours, v220 à v260), La Graufesenque (grand four qui fonctionna de 80 à 120/130 avec une capacité de 40 000 vases ; céramique sigillée surtout), Lezoux (dès la fin du règne d’Auguste, fabrique de sigillées -d’abord inspirées d’Arezzo en Italie- mais aussi de céramiques fines ; apogée au 2ème s. et exportation dans une partie de l’Europe), Lyon,  Mathay (9 ateliers avec 13 fours),  Montans (environ 50 à 100 fours et 263 noms de potiers connus, amphores vinaires surtout), Neffiès dans l’Hérault (plusieurs fours à dolia et amphores vinaires dont un de 130m3), Reims (dont 17 fours du quartier de St Rémi), Sallèles d’Aude (17 fours, fabrication d’amphores « Gauloise 4 » surtout, peut-être 3 500 chaque année ?)… 

-les ateliers de tuiliers à Villers-Farlay (Jura), à Muret (Haute-Garonne), à Brech et Plaudren (Morbihan)…  et les ateliers de briqueterie, à Toulouse (35 fabricants connus)…  

-les nombreux graffites (comptes de potiers) de la Graufesenque ; d’innombrables tuiles, vases, coupes, cruches, dolia (grandes jarres), amphores estampillées ; des marques de contenance sur des dolia ; des mentions de poids ou de mesures de volume sur des contenants (mais souvent écrites par le propriétaire plus que par le fabriquant)… A Poitiers (fouilles des Cordeliers), un marchand de vases en présentait 320 en boutique et 96 dans sa réserve.

Inscriptions : 1 tuilier ou briquetier à Sains-du-Nord (une brique mentionne un transport d’argile par chariot et une tuile de compte évoque la production ou livraison de 55 tuiles, un 1er janvier), 1 potier à Metz (Casatus), 1 tuilier à Montenach (compte  sur tuile où il est question de 8 jours de travail avec transport de tuiles creuses et plates, peut-être moulage et foulage), 1 tuilier-briquetier à Strasbourg (graffite sur tuile avec dates des 28 mai et 13 septembre pour la production), 1 potier à Autun, 1 potier à Lyon (A. Priscianus), 1 potier possible à Narbonne, des esclaves potiers à la Graufesenque, des potiers à Vayres, 1 fabricant de statuettes en terre cuite, des potiers à Aix-les-Bains, 1 tuilier à Thorame-Haute (un graffite sur tuile avec la cuisson de tuiles plates et courbes pour un 13 juillet), 1 fabricant de mortiers en terre cuite, 1 fabricant d’assiettes (Gratus) et 1 décorateur de moules de vases à Aoste, des céramistes à Vendémian (sur une tuile : « Moi Achille, j’ai donné aux céramistes une amphore de vin »), des potiers et tuiliers à Sallèles d’Aude (une inscription sur tuile cite un chiffre, 124). Iconographie :  potiers à Noyon (E 7204/9205), Metz (E 4387), Bourges (E 1446) ; négociant en objets en terre cuite à Metz (E 4344).

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Stèle du foulon à Sens (Esperandieu 2768) Stèle du verrier, Iulius Alexander, à Lyon

T comme TABLETIERS
 = travailleurs de l’os ; ateliers découverts à Alésia, Amiens, Autun, Champallement, Chartres (production de cuillères et épingles en os),  Dijon, Langres (3 ateliers), Narbonne (fabrication de jetons et pions en os au Clos de la Lombarde), Poitiers, Reims (4 espaces de production d’épingles en os) … ; site de fabrication de colle à partir du collagène d’os de bœuf à Béthencourt dans la Somme ; Très nombreuses découvertes d’aiguilles, de peignes,  de dés et d’osselets en os…

T comme travailleurs du TEXTILE

Tonte des moutons (avec de grands ciseaux ou forces), filage (parfois après la teinture, pour la laine pourpre), tissage (sur des métiers à tisser verticaux), teinture (en utilisant le nerprun pour le bleu ou vert, la myrtille pour le bleu foncé, la gaude ou le micocoulier pour le jaune, la garance pour le rouge, le murex, un coquillage, pour le pourpre…), foulage (pour assouplir l’étoffe mais ce travail  pénible est fait par des foulons dans une cuve remplie d’eau, d’argile et d’urine), cardage (pour démêler les poils de surface). 

-Lin chez les Morins dans le nord, chez les Calètes et Veliocasses en Normandie, chez les Cadurques et Rutènes (« Les Gaules entières tissent des voiles (de lin) » selon Pline l’Ancien). Les « linarii » travaillent le lin et les « lintarii » tissent le lin. 

-Laine en Berry (chez les Bituriges) et Saintonge, en Bourgogne (chez les Lingons) et Lorraine (chez les Leuques), dans le Midi (à Pézenas, selon Pline) travaillée par les « lanarii ». Les vêtements de laine (sayons, capes, couvertures) étaient réputés jusqu’à Rome (Martial, Strabon, Columelle en parlent). La livre de laine des Atrébates, dans le nord, coûte 200 deniers en 301.

-Présence de vanniers (travail de l’osier) qui fabriquent des paniers, fauteuils, berceaux, certaines barques rondes…

Témoignages : découvertes de forces (à Horbourg-Wihr…), peignes à carder (Portout, Montmaurin, Marseille…), poinçons ou broches à tisser (Alésia, Javols, St Romain-en-gal, Valentine, Strasbourg…), quenouilles (de la fillette des Martres-de-Veyre), fuseaux et fusaïoles, pesons (= lests pour tendre les fils), possibles chevalets de brodeurs (18 connus en Gaule dont un à Apt, étudié dans le RAN, 2017-2018), vêtements (Bourges, Martres-de-Veyre), tissus de lin (Lyon, Vannes), de bassins de teinture (St-Romain-en-Gal, Mazières-en-Mauges), d’ateliers de foulons (St Romain-en-Gal, Vienne ?, Orléans ? ), de bâtiments de stockage de ballots de draps de laine (Reims), de corbeilles et paniers en osier (dont un fond de vannerie, découvert à Nîmes)… ; exploitation du pourpre à Commes dans le Calvados, près du Croisic en Loire-Atlantique. Inscriptions : 1 tailleur à Marsal, 1 tailleur (vestarius) et 1 cordier à Reims, 2 tailleurs à Grand (non assurés), 1 drapier et 1 cordonnier à Metz, des foulons à Evreux et à Sens (où se trouve aussi un fabriquant de capuches), 1 tailleur à Paris,  1 tisserand et 1 brodeur sur étoffe à Lyon,  1 tailleur de sayons et peut-être des bourreliers (ou armuriers ?) à Saintes, 1 fabricant de pièces de toiles de lin et 1 tisserand à Bordeaux, 1 tailleur à Eauze,  1 esclave préposée à la laine à Auch, 2 tisserands, 2 tailleurs, 1 fabricant de toiles, 1 teinturier (en pourpre), 1 vannier (A. Turranius Niger), 1 lainier,  1 pelletier et 1 fabricant de muselières à Narbonne, 1 fabricant de sièges à Nîmes, des artisans de la laine à Arles, 1 fabricant (ou marchand) de jougs à Vaison. A Bordeaux, sur une plaque de plomb, une centaine de prix de vente ou d’achat concerne des pièces textiles. Iconographie : cordier possible à Reims (E 3667), tondeurs à St Ambroix (ou drapier ? E 2739), Bourges (E 1461), tisserands à Saverne (un homme tient des ciseaux E 5680), Baugy (Luppula E  1524 et Genetiva -elle tient un fuseau et un écheveau ; un métier à tisser est représenté sur la paroi droite de la stèle-), Autun (Lollianus tient des ciseaux, Hilaricia tient une quenouille et un fuseau), Saintes (E 1342), Nîmes, filage ou cardage à Saintes (NE 158), fileuses (les deux Parques sur un sarcophage de Strasbourg ; peut-être une femme tenant un fuseau et une pelote de laine à Horbourg-Wihr), tailleurs/drapiers à Reims (rue Belin n° 1), Baugy (Silvester, E 1519 et 1525 ?), Sens (E 2768, E 2781), teinturier possible à Grand (E 4893), foulon à Sens (E 2768), presses à étoffes à Reims … ; Objets en osier à Metz (couple assis dans des fauteuils), Dijon (chariot E 3522), Sens (corbeilles E 2852)…

V comme VERRIERS

-Très répandue, « l’industrie » du verre permet de produire de la vaisselle (richement décorée),  des gobelets, flacons, carafes, des vitres (rectangulaires ou circulaires), des bracelets et perles…  : utilisation de la canne à souffler et soufflage dans des moules.

Témoignages : fours de verriers découverts à Bordeaux, Rézé (Loire-Atlantique), Lyon, Plaudren (Morbihan), Bourgheim (Bas-Rhin), Troyes, Autun (4 fours), Besançon (atelier de 9 fours) … ; Fragments de vitres découverts à Besançon, Aix-en-Provence, Escolives, Montmaurin, Brumath… et sur des épaves. Superbe vase diatrète (taillé en seul bloc de verre)découvert à Autun du 4ème s. Une seule inscription : 1 artiste-verrier à Lyon (Iulius Alexander).

 C comme CORPORATIONS ET COLLEGES   = associations de métiers. 
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 dédicace des nautes (« nautae » à la 4ème ligne) des Parisii, à Jupiter et à l’empereur Tibère relief dit des dendrophores à Bordeaux

Les collèges ou corporations (en latin, on utilisait les mots « corpora » et « collegia ») sont des associations professionnelles, très répandues dans l’empire mais ne concernant que quelques métiers. Ils ont des patrons (à Lyon, des notables sont patrons d’une ou plusieurs corporations -voir toutes !), des maîtres (« magister » en Narbonnaise et « curateur » ailleurs), des questeurs, des affranchis et esclaves, des lieux de réunion ou « scholae » comme à Cimiez ou Alésia, une caisse commune, des places réservées pour les spectacles, des enclos funéraires réservés (certaines associations ne sont peut-être que des collèges funéraires). Ils tiennent des assemblées, peuvent  produire des décrets, obtenir des honneurs, élever des monuments (le célèbre pilier des nautes de Paris), recevoir des legs, organiser des funérailles. Des listes (fragmentaires) de membres sont connues mais pas toujours assurées (à Brumath ?, à Lyon ?, à Vaison ?). Certains membres de collèges font une carrière remarquable : à Lyon, C. Primius Secundus et son fils C. Primius Secundianus, charpentiers mais aussi bateliers, deviennent sévirs (s’occupent du culte impérial) et curateurs du collège des sévirs, M. Inthatius Vitalis, négociant en vins et naute, patron de 5 collèges, obtient le droit de siéger au sénat de la cité d’Alba, C. Sentius Regulianus, négociant en vins également, finit sa carrière dans les bureaux de l’annone à Rome et chevalier. A Arles, le naviculaire M. Frontonius Eupor est aussi sévir à Aix-en-Provence et patron des nautes de la Durance, Aebutius Agathon est naute de la Saône mais aussi sévir à Arles et Apt et curateur à Glanum. De très nombreuses inscriptions évoquent ces collèges. A signaler que les dendrophores, fabri et centonaires sont utilisés dans la lutte contre les incendies.

 Les NAUTES = ce sont des transporteurs de marchandises sur les fleuves et rivières et ils assurent le portage terrestre entre deux cours d’eau ; une incertitude demeure sur leur importance sociale : sont-ils des bateliers ?, des armateurs ?, des entrepreneurs ?
Ils sont présents sur la Saône (à Dijon, 11 membres à Lyon, tous patrons, 1 naute à Glanum !), le Rhône (1 curateur a son mausolée et sans doute son domaine à Murs-et-Géligneux dans l’Ain, 5 membres à Lyon, à Tournon où ils dédicacent une statue à Hadrien en 119), la Saône et le Rhône (à Lyon, à Nîmes où ils reçoivent des places à l’amphithéâtre, à Vienne avec 1 patron et curateur ; mais il s’agit peut-être de deux associations séparées), la Saône et Loire (à Lyon), la Loire (siège à Nantes), la Seine (le fameux Pilier des Nautes), la Durance (1 patron à Aix-en-Provence, 2 nautes et 1 patron à Arles), l’Ardèche ou l’Ouvèze (les nautes de ces rivières reçoivent des places à l’amphithéâtre de Nîmes, 1 curateur à Saint-Gilles), l’Isére (les bateliers de Voludnium à Saint-Jean-de-la-Porte, qui rendent hommage à Caligula). Curieusement, il n’y a pas de nautes connus  (pour le moment) dans le bassin de la Garonne.
 Les NAVICULAIRES MARINS = ce sont les armateurs et transporteurs des marchandises sur mer et dans les embouchures des fleuves
Ils sont mentionnés à Bordeaux (2 membres dont M. Aurelius Lunaris qui fait du commerce avec « l » Angleterre »), à Lyon (1 membre), Arles (où ils forment 5 collèges ; 1 appariteur, 1 curateur et 3 patrons  des  collèges), à Narbonne (au moins 6 membres connus, appartenant à l’élite), 1 à Fos/s/Mer (découverte récente, cf revue RAN, 48, p 9-30 = le terme utilisé de « nauclères » correspond certainement à des naviculaires).
 Les UTRICULAIRES = ils sont des transporteurs de marchandises, peut-être sur des radeaux sur outres remplies d’air,  sur de petites rivières, le Vistre à Nîmes, l’Ouvèze à Vaison, le Colostre à Riez… ; ou porteurs d’outres de vin sur des mulets ou des charriots ; peut-être aussi des passeurs, des pontonniers… Les avis sont partagés !
Présents à Bard-le-Régulier (avec le Génie du collège), Lyon (au moins 8 membres connus), Alba, Arles (5 dont 1 maître du collège, 1 curateur et 1 patron), Narbonne (1 collège), Nîmes (3 mentions dont 1 maître du collège et 1 patron ; le site des AGF était peut-être leur édifice de réunion ?), Riez (2), Soyons, Vaison (2), Vienne (3), Cannes, Antibes, Lattes (1 patron), Saint-Gilles (1 curateur des utriculaires d’Arles), Cimiez (1 patron), Cavaillon (collège).
 Les DENDROPHORES = les bûcherons ; ils participent également au culte d’Attis et Cybèle, en portant le pin sacré (symbole du corps d’Attis)
A  Bordeaux (E 1096), Vieu, Lyon (ils participent à plusieurs tauroboles, ont un questeur), Aix-en-Provence, Alba, Glanum, Marseille, Vienne, Lansargues, Cimiez (1 président du collège).
 Les FABRI = ils sont artisans, surtout forgerons, menuisiers, charpentiers (tignuarii)
Mentionnés à Autun (1 collège), Lyon (1 collège, 1 patron des charpentiers, 4 membres du collège des charpentiers), Espaly-St-Marcel (1 patron du collège des charpentiers), Alba, Apt, Arles (1 responsable  et 1 patron du collège des charpentiers, de marine ?), Narbonne (1 patron des « fabri Subaediani »), Orange (collège des forgerons), Vienne (collège des charpentiers), Lattes (charpentiers), Cimiez (les charpentiers).
 Les CENTONAIRES = ce sont des artisans du textile, fabricants de toiles de qualité médiocre
 On les trouvent à Lyon (ils restaurent des places au cirque), Aix-en-Provence (2 membres, des sévirs), Alba, Vaison, Beaucaire, Lansargues, Tresques (1 maître du collège qui s’occupent des frais des funérailles des membres décédés), Cimiez.
 D’autres collèges probables… Les artistes Stucateurs, à Lyon ; les négociants cisalpins et transalpins, à Lyon ; les bouchers de Périgueux ; un probable collège des marbriers dans les Pyrénées ; les tailleurs d’Alba (1 patron) ; les tonneliers (« cupari Vocronenses ») de Rochemaure ; les constructeurs de bateaux et les lenunclarii ou renunclarii (petits bateliers ?) d’Arles (ils dédicacent une statue de Neptune) ; les corporations du forum d’Arles (gens de justice selon E. Teyssier) ; les artisans de la laine à Arles (1 patron) ; les « lapidari Almanticenses » (tailleurs de pierre) à Arles ; les artisans de Béziers ; les sculpteurs sur marbre et tailleurs de pierre ainsi que l’association des artistes dionysiaques à Nîmes ; le collège des porteurs de lances (hastiferi) à Vienne  (sans doute confrérie religieuse) ; les « associés revendeurs » et les « associés arpenteurs » de Villars ? ; les tailleurs de pierre et les boutiquiers de Salinae (1 patron) à Cimiez ; à Vaison, un tailleur de pierre est certainement membre d’un collège (« opifices lapidari »)…
File:Musées Metz - stèle impôts.jpg


Cette image a un attribut alt vide ; son nom de fichier est archiviste-vaison.jpg
Stèle dite du percepteur d’impôt à MetzInscription de Calomallus,
archiviste (tabularius) à Vaison
 F comme « FONCTIONNAIRES » (mot anachronique !)

F comme FINANCIERS

Témoignages : Inscriptions : 1 fonctionnaire financier à Soissons (c’est un esclave), 1 trésorier à Langres, 1 dispensator (trésorier, comptable) à Angers, 2 banquiers, 1 homme avec son esclave du bureau du 40ème et 1 teneur de livres en comptabilité à Lyon, 1 receveur des mines de fer au Puy, 1 adjoint-caissier et 1 banquier-changeur à Saintes, 1 possible banquier à Lectoure, 7 associés dans la perception de deux impôts à Apt, 2 personnels du bureau des douanes du 40ème à Arles (1 régisseur esclave impérial et 1 autre esclave d’une société privée chargée du prélèvement de la taxe), 1 receveur du 40ème à Grenoble, 1 fermier (des mines de fer), 1 caissier des enchères, 3 banquiers (dont un mort à 14 ans !) et 2 changeurs à Narbonne, 1 agent du 20ème à Nîmes et à Vienne, 1 responsable du bureau du 40ème à Allondaz, 1 employé d’un bureau fiscal à Aoste, 1 caissier à Murviel, 1 scribe du trésor à Saint-Laurent-en-Royans, 1 esclave du bureau du 40ème à Théza, 1 caissier du bureau du 40ème à Avigliana, 1 caissier à Aime. Iconographie : quelques scènes de comptes non assurées (Narbonne E 626 ; un homme assis sur un coffre à Bourges -et inscription faisait référence à des caissiers- ; une scène possible de perception à Metz ?)

S comme autres employés dans un SERVICE public ou privé

Témoignages : Inscriptions  :  1 « arenarius » à Vermand (sans doute membre du personnel d’entretien d’un amphithéâtre),  1 nourrice et 2 archivistes à Metz (dont 1 de la corporation des nautes), 1 secrétaire municipal à Besançon, 1 gardien des ours à Langres, 1 secrétaire à Strasbourg,  1 secrétaire à Autun, 1 garde-forestier (d’une communauté) à Cenves, 2 nourrices, 3 secrétaires ou archivistes,  1 gardien de prison (T. Cl. Chrestus) et 1 graveur de lettres (secrétaire ?) à Lyon,  1 possible avocat à Poitiers, 1 appariteur à Périgueux,  1 grammairien à Limoges (Blaesianus), 1 « doctor librarius » à Auch (C. Afranius), 1 curateur des archives publiques à Aix-en-P., 2 nourrices à Arles, 2 rhéteurs à Béziers, 1 servante et 1 sage-femme à Fréjus, 2 enseignants à Marseille (dont un de littérature latine), 2 nourrices, 1 maître de bains (!), 5 barbiers, 1 crieur public et 1 courrier à Narbonne,  1 nourrice, 1 avocat, 1 appariteur, 1 fontainier et 1 policier, à Nîmes, 1 archiviste à Vaison (Calomallus), 2 archivistes et 1 policier à Vienne… Iconographie : pédagogue possible à Strasbourg (E 5503), scribes à Bourges (E 1443 et Cesor avec son matériel), notaire à Rom (E 1429), grammairien à Limoges (E 1584), coiffeur à Narbonne (ses « outils » E 640) et peut-être à Diedendorf (E 5565 ?). Une tombe de Brumath (Alsace) a livré un coffre contenant un scalpel et une paire de forces à barbe, sans doute le matériel d’un barbier. La littérature cite des libraires (à Lyon), des orateurs (Iulius Africanus, le Nîmois Domitius Afer…) et des avocats (le Toulousain Ursulus, le Viennois Rufus, le Narbonnais Votienus Montanus et aussi Cossus en 69, Gabinianus sous Vespasien, Florus sous Domitien…).

 M comme MARCHANDS  (« mercatores ») = le « petit commerce »
Marchand de vin - monument funéraire - dijon.jpgFile:Musées Metz - stèle marché.jpg
 Marchand de vins et charcutier à Dijon (Esp. 3608)Boulanger ou bijoutier à Metz (Esp. 4295)

Nombreuses inscriptions : 
-en Belgique-Germanie : 1 à Reims (vend des parfums), plusieurs à Cocheren (marchands-négociants d’un vicus qui font une dédicace à Tibère), 1 négociant en serrures (Caratillius) et 1 négociant en céramique à Metz, 3 marchands de sayons à Chanteroy, à Langres et à Vieu-en-Valmorey, 1 parfumeur à St Germain-en-M., 1 vendeur de textiles et 1 marchand d’encens chez les Séquanes.
-en Lyonnaise : 1 aubergiste (Vossius Crescens) et 1 boucher à Autun (ex-soldat), 2 parfumeurs à Saint-Loup-de-Varennes et à Lyon, 1 aubergiste et marchand de vins à Sens, 1 marchand de tissus ou vêtements à Vieux (S. Senodius Severus), des négociants en toiles, en comestibles, en savons, peigneur de laines, poteries à Lyon, 1 hôtelier (Septumanus) à Lyon. A signaler un nom possible de boulanger (Marcus Cirimnus) sur un moule-timbre de Seurre.
-en Aquitaine : 1 marchand d’habits à Baugy, 1 aubergiste à Bourges (Lupianus), un collège de bouchers et peut-être un aubergiste (M. Apollinarius) à Périgueux.
-en Narbonnaise : à Narbonne, on trouve des marchands de pommes, de vases, de fèves, d’encens, de poix (?), de salaisons, de sayons, de lard (charcutier ?), d’habits, 1 boucher, 3 boulangers et au moins 4 cuisiniers et aubergistes (dit « copo » dont C. Salius Primus, M. Iulius Capito et L. Titius Coponius), un hôtelier (L. Afranius Eros). A Nîmes, 1 cabaretier (L. Trebonius Nicephor) et 1 boucher, à Valence, 1 possible cuisinier, à Vienne, 3 marchands de sayons (dont Rusonius Myron) et à Die, 1 parfumeuse (morte à 9 ans !) et 1 boucher.

Iconographie : boutiques à Lillebonne (E 3127),  Dijon (E 3469, vases sur une étagère et jambon suspendu), Til-Chatel (E 3608, vente de vins et charcuterie), scènes de vente à Paris (E 3198), au Hiéraple, à Bordeaux (E 1097), comptoirs au Puy (E 1659), à Paris (E 3175/5148), à Reims (E 3683 et rue Belin n° 3), Poitiers,  scènes de marché à Bordeaux (E 1098), à Metz (?), marchand et sa balance à Bordeaux (E 1122), St Gilles, Soulosse (E 4846),  marchand ambulant à Soulosse (E 4861), colporteurs (Langres E 3224). ; vente de vin à Metz (ou de meunerie ?), Sens (E 2780), Til-Chatel (E 3608), Autun (E 1898, Ersius tient une pipette), Lyon (négociant en vins NE 282), marchand d’huile à Narbonne (E 774),  cabaretiers à Baugy (E 1521), St Ambroix (E 7006), Bordeaux (E 1116), Nuits-St-Georges (E 2053) et peut-être à Reims (rue Belin = un comptoir avec plusieurs gobelets devant un homme). ; boulangers à Metz (ou bijoutier ? E 4295), Narbonne (= stèle du meunier, E 6903), Soulosse (peut-être le E 4849 avec un couple et son fils, une couronne de pain, un gâteau), charcutiers à Til-Chatel (E 3608, vend des boudins ou saucisses, des têtes de porc, du lard), Reims (porte de Mars), bouchers à Dijon (E 3454, dépeçage d’un bœuf  par deux bouchers), Nuits-St-Georges (E 2056 ?), Bordeaux (E 1210 ?), Ste Apollinaire (E 3591 ?), Soulosse (couple dont le boucher tenant un couperet, E 4847), , marchand de pommes à Narbonne (E 616), poissonniers à Paris (E 3199). ; boutique de vêtements à Metz,  marchand de parfums à Lillebonne (E 3097), marchands de serrures à Metz (Caratullus Cintussi), drapier à Metz (C. Genialius Iulinus), à Sens (E 2768), au Puy (E 1659), à Bordeaux (E 1099 ?), à St Ambroix (ou tondeur E 2739 ?), marchands d’étoffes à Baalon (E 3785), Saverne (E 5680), marchand de confections à Sens (E 2784), bijoutier (ou boulanger) à Metz (E 4295).

On peut ajouter, pour la boucherie (« carnaria »), des haches, des couperets (en ville) et des couteaux (à la campagne), des dépotoirs proches d’abattoirs (Argenton, Noyon/sur/Seine et Champlieu) et souvent à proximité de marchés (Arras, Alésia), des restes osseux (surtout de boeufs et essentiellement des côtes et la tête), des lieux d’activités de fumage (d’épaules et de côtes de bœuf à Brumath, fumoirs à viande de Mandeure-Mathay)… A Dijon (site Sainte Anne), une boucherie associe étables, aire d’abattage, zone de rejet et 2 ateliers  de tabletterie et mégisserie (travail des peaux de moutons ou chèvres).

 M comme MEDECINS : -voir fiche SOIN et EDUCATION- « Comment se soigner en Gaule romaine »
 N comme NEGOCIANTS (« negotiatores ») = le grand commerce, les transports
File:MD2A,bas-relief des emballeurs.jpg
bas-relief de Cabrières d’Aygues :  un navire chargé de barriques de vin, sur le Rhône ou la Durance ; musée lapidaire d’Avignon bas-relief dit des emballeurs
à Arles

-Le grand commerce bénéficie de plusieurs facteurs favorables : un espace méditerranéen unifié, un pouvoir peu interventionniste en économie (sauf lorsqu’il s’agit de nourrir Rome et les légions), un réseau routier dense, des ports et des entrepôts nombreux, une monnaie « unique » (sesterce) stable, des « entrepreneurs » privés initiateurs (négociants et transporteurs, grands propriétaires terriens), des consommateurs avides de nouveautés (à Rome surtout, ville devenue fortement importatrice). Les routes maritimes sont utilisées surtout par cabotage (le long des côtes) et d’avril à septembre. Les ports et les fleuves permettent de relier les différents marchés régionaux qui se juxtaposent dans l’empire. Par exemple, l’étain de Bretagne (Angleterre) passe par la Garonne ou par Loire et le Rhône pour rejoindre Narbonne et Arles puis l’Italie. Les routes terrestres, quant à elles, peuvent  mettre en relation les marchés locaux, notamment les campagnes et les villes. « L’import-export » : curieusement, on assiste à une incroyable inversion de la direction des grands échanges. Au -Ier s., c’est le sens Italie-provinces (ou futures provinces) qui domine (c’est l’Italie qui exporte vers les autres régions du monde Méditerranéen et vers la Gaule) tandis qu’aux siècles suivants (Ier et IIème s.), ce sont les sens provinces-Italie et provinces-provinces.

 -IMPORTATIONS amphores, olives, huile d’Espagne, vins d’Italie (dans des amphores Dressel 2 ou 4) ou d’Espagne (dans des amphores Pascual 1 que l’on retrouve surtout dans le Bassin Aquitain et en Armorique), salaisons et garum, épices et certains fruits, verre brut, fer et étain d’Espagne, cuivre et plomb de Bretagne, marbres de Grèce et d’Italie, parfums, esclaves…
 -EXPORTATIONS (surtout vers l’Italie) amphores, céramiques du centre de la Gaule, blé (exporté vers Rome par les services de l’Annone), vins de Narbonnaise, charcuteries et viandes salées, sauces de poissons, fromages, draps et vêtements, fibules de Belgique…
 Des exemples de commerce : le trafic du port de Fos-sur-Mer dans l’Antiquité, d’après les amphores. Le vin représente presque la moitié des importations (49 %). Il vient surtout d’Italie (46 %) puis d’Espagne (15 %) et de Gaule (21 %) et enfin d’Orient ou d’Afrique (17 %) dans l’antiquité tardive. L’huile (31 % des importations) arrive presque exclusivement d’Espagne (92 %) tout comme les amphores à saumure (19 % des importations, viennent à 80 % d’ Ibérie). A Lyon, les principaux produits importés sont le vin (d’Italie d’abord puis de Grèce à la fin du -Ier s., de Gaule au IIème s., d’Afrique au IIIème s.), l’huile (de Bétique et d’Afrique), le garum (également de Bétique), l’alun (des îles Lipari)…

-Inscriptions : a)Des négociants de produits de valeur : 1 à Reims (vend de la pourpre), 1 à Bourges (Africanus vend aussi de la pourpre), 3 à Lyon (vases d’argent, textiles de Syrie et pourpre), 1 à Die (vend de la vaisselle d’argent). b)Des négociants d’autres produits « internationaux » : 9 négociants en vins (dont 2 du quartier commercial des Canabae), 1 négociant en huile de Bétique et 3 négociants en blé et en farine, en saumures (M. Primus Secundianus), à Lyon, 1 marchand de vins du Midi à Rodez (Alcovindus), des négociants en vins de Lyon à Alba, 1 marchand d’huile à Arles (L. Pacullius Ephobicus), 2 frères dans le commerce du vin à Béziers, 1 marchand de Cordoue, 1 marchand d’huile  (P. Granius Communis) et 2 armateurs à Narbonne, 1 négociant en vins à Vienne. Il faut, hélas, ajouter, 1 marchand d’esclaves (=venalicarius) à Metz , 1 marchand d’esclaves grecs à Nîmes.  c)Des négociants, sans précision : 1 à Genay (d’origine syrienne, commerçant à Lyon et en Aquitaine), 3 à Lyon, 1 à Bordeaux (négociant avec la Bretagne), 1 à Fos/s/Mer (découverte récente, cf revue RAN, 48, p 9-30).

L’ouvrage Gallia Rustica 2 (p 526-527) donne un total de 65 negotiatores pour les Trois Gaules (23 en Lyonnaise, 11 en Belgique, 5 en Narbonnaise) et la Germanie supérieure (26) sur 240 recensés dans l’Empire, soit 32 %. 

Une affaire de fraude commerciale au IIIème siècle ? Une inscription découverte au Liban, près de Beyrouth (à Deir al Qamar), a fait beaucoup réagir les spécialistes : des mesureurs de grains d’Ostie ont des soupçons de fraude sur la qualité du blé ou de l’huile provenant d’ Arles. Les naviculaires d’Arles font appel au Préfet de l’Annone, Claudius Iulianus, à Rome (c’est le « ministre » des ravitaillements) vers 198-203. Il ordonne au procurateur de Narbonnaise de contrôler les opérations de mesure et informe les naviculaires de sa décision.  Il est possible (c’est une hypothèse gratuite) que certains (qui ?) se servaient au passage ! Pour en savoir plus, voir l’article de C. Virlouvet dans MEFRA, 16, 2004, p 327-370 (visible sur Persée) et le résumé de l’affaire dans l’ouvrage « On n’a rien inventé », p 130.

De nombreux métiers se complétaient dans les ports : les haleurs, les « renunclarii » ou « lenunclarii »  utilisent les barques de déchargement des marchandises, les « phalangarii » tirent les bateaux vers les quais, les « saccarii »et les « partiarii » sont des sortes de dockers et des « mensores » (sortes de douaniers) pèsent les sacs débarqués…

Iconographiedes scènes de transport de marchandises à Evreux (chariot), Paris (chariot E 3175/5148), Reims (rue Belin n° 28 = 2 hommes avec une balle de marchandises, un véhicule et un cheval), Metz (4 scènes d’attelage dont E 4297 et 4321), Strasbourg (chariot E 5499), Dijon (chariot en osier E 3522, charrette d’un naute E 3521), Chatillon, Autun (ballot de marchandises AE 1993, 1196), Saintes (E 1342), Narbonne (chariot E 811 ; chargement sur un navire E 685 ; olives transvasées dans une amphore E 621), Cabrières d’Aygues (ci-dessus, scène de halage E 6699, Tarbes (2 chariots E 857),  Arles (scène des emballeurs E 164), Fayence (scène de chargement de navires)… A Glanum, un navire de charge et un port sont gravés sur la paroi d’une exèdre.

Autres témoignages : amphores et dolia en très grand nombre ; quelques tonneaux (celui de Fos-sur-mer contenait des sardines)  et de rares pipettes à tonneau (2 à La Croix-Valmer sur l’épave Lardier 4 et 2 découvertes en 2011 sur l’épave d’Arles-Rhône 3) ; cruches « commerciales » comme celle d’Arles (qui contenait un échantillon de grand cru d’Italie, l’albanum, de V. Proculus, propriétaire d’un chai de 140 dolia de 60 urnes chacunes soit 1 100 hectares de vin !) ; inscriptions peintes (= « tituli picti ») sur les amphores (145 à Fos/s/Mer, 31 à Lyon et Vienne, 28 à Narbonne, 11 à Marseille, beaucoup découvertes à Arles) ; cachets de bronze ou de plomb (= signacula) dont l’empreinte était peut-être mise sur des cases de registre du fisc ; plombs de douane (celui de Fos-sur-Mer, à la légende Fossa, sans doute utilisé pour la taxe sur les marchandises passant par les Fossae Marianae ?) ; étiquettes commerciales en plomb avec la quantité de marchandises, le prix ; timbres (estampilles) d’amphores à huile … On constate qu’il existait (déjà !) la traçabilité de certains produits !

File:Bas relief chargement navire - Narbo Via.jpgFile:Bateau romain.jpg
Bas-relief du chargement d’un navire, NarbonneReconstitution d’un navire romain d’après l’épave des Laurons (près de Fos), musée de Marseille

-Les navires de commerce :

Il existait trois sortes de navires : 1)les grands bateaux de mer (jusqu’à 40 m de long comme à Giens), 2)les navires fluvio-maritimes (parmi eux, les « navires à dolia » ou « bateaux-citernes » qui transportaient du vin « en vrac », dans de grandes cuves, mais ils sont uniquement attestés de -10 à 50 environ). 3)les chalands fluviaux, à fond plat. 

La plupart de ces navires transportait des amphores (pour le vin, les fruits, l’huile, les sauces et salaisons de poissons…), des dolia pour le vin, des tonneaux (ils ne laissent pas de trace mais des indices confirment leur utilisation ; pour le vin, les olives, les salaisons) et il y a aussi des barres de fer, des tuiles, des plaques de marbre, des lingots de plomb ou de cuivre, des céramiques, des blocs d’architecture… Pour la navigation proprement dite, de petits objets découverts témoignent des aspects techniques dont de nombreuses ancres, des plombs de sonde pour connaître la profondeur d’eau (plusieurs découverts aux Saintes-Maries), des disques de pompe de cale pour évacuer l’eau (sur l’épave AR 3)…

Les épaves maritimes : Selon F. Laubenheimer (1990), 44 bateaux ont coulé sur les côtes méditerranéennes de la Gaule, rien que pour le Ier s. avant JC. E. Nantet et P. Pomey (2016) ont établit un corpus de 102 épaves, dont 40 concernent la Gaule entre -125 et 450. Pour tout l’Occident, 936 épaves ont été recensées du -Vème au Vème s. dont 180 pour le -Ier s., 190 pour le Ier s. et près de 400 pour le second siècle ! Deux sites internet (archeosm/fr et atlaspalm.fr) et une revue (Archaeonautica) accessible aussi en ligne, sur persée, offrent de nombreuses synthèses sur des épaves plus ou moins célèbres. 

Voici quelques épaves célèbres :

 Anse St Roch (Antibes) II-IIIème un navire de 25m a été fouillé en 2012
 Arles  IV  (v25/40, environ 1500 amphores de Bétique -transportant du garum- et des Baléares, lingots de cuivre) ; AR 3 (célèbre chaland du musée d’Arles, vers 50/60, en bois de chênes et sapins, transportait 21 tonnes de  pierres calcaires de carrières à 15 km au nord et peut-être un fret retour de chèvres vivantes ? + environ 3 000 amphores de vin de Narbonnaise, d’ huile, de sauce, de salaisons,  de Bétique, de Lusitanie, d’Orient), AR 4 (du 4ème s., sarcophages), AR 5 (chaland à fond plat mais vide, 29x3m), AR 6 (navire maritime),  AR 7 (une carlingue fluvio-maritime, sans quille, du 3ème s.), AR 8 et AR 14 (des navires fluvio-maritimes, sans quille, des 2-3ème s.), AR 10 (radeau pour la pêche), AR 13 (navire de mer, à quille, du 4ème), AR 15 (barque de service de 5m de long), AR 17 (chaland)…
En plus de ces épaves, le Rhône, le long des quais actuels, abrite plusieurs immenses « dépotoirs » portuaires (rejet de milliers d’amphores, des monnaies perdues…). Parmi les amphores retrouvées, 60 % venaient de Gaule (vin surtout), 25 % d’Espagne (huile et sauces de poissons), 5 % d’Orient (vins, fruits), 10 % d’Afrique, d’Italie…
 Bourse (la) (Marseille) v190/220 volontairement coulé, vide, dans le port ; faisait environ 22 m de long
Capo Sagro 2 (Corse) v-20/1 amphores à vin et surtout la plus grosse cargaison d’étain connue (40 tonnes, soit environ 10 millions de deniers)
 Carry-le-Rouet -125/-75 24 blocs de pierre des carrières proches de Martigues (il n’est pas allé très loin !)
 Dramont (St Raphael)  n° 1 (v1/50, blocs de marbre de Turquie) ; A (v-50, amphores) ; C (-125/-75, 130 amphores, environ 50 barres de fer) ; E  (v 425/455, 224 amphores pour huile et saumure de poisson + 10 amphores de vin ou viande de cochon + 256 amphores pour huile d’olive + 280 plats, 150 assiettes) ; F (v380/400, amphores et blocs de pierre)
 Fos/s/Mer et anse Saint-Gervais + les Laurons du -Ier au 7ème s. –7 épaves connues transportant des amphores italiques à vin (Fos 1 daté vers 50/75 et 2, Saint-Gervais 4), des amphores à huile (Saint-Gervais 3 vers 150), des lingots de plomb et barres de fer (Saint-Gervais 1, daté vers 138)… ;
Aux Laurons, au moins 10 épaves dont la 2 (amphores et blé, fin du 2ème s.), les 9 et 10 (des pierres)…
 Fourmigue C (Antibes) v-80/-60 amphores de vin et exceptionnels objets en bronze héllénistiques (éléments de lits, tête de silène d’un vase…)
 Giraglia (Corse) v20/30 55 amphores et 10 dolia à vin du Latium ou de Campanie
 Grand-Congloué (Marseille) 2 épaves superposées : 1)v-190, 400 amphores à vin de Campanie et 7000 pièces de vaisselle d’Italie ; 2)v-100, environ 1500 amphores à vin de Toscane
 Grand Ribaud D (Hyères) v-10/-8 11 dolia  de + de 2 000 litres de vin (« en vrac »)et 300 amphores d’Italie
 Gruissan et environs (avant port de Narbonne) environ 12 épaves à Grand Bassin (une épave de -100/-70, amphores d’Italie ; une épave de 130/150, lampes ; une épave vers 313…), Grazel (une épave v-100/-50, amphores d’Italie), Mateille (une épave v400/425, amphores et lampes d’Afrique), Port-la-Nautique (amphores), Port-la-Nouvelle (une épave v-120/-80)…
 Lardier 4 (La Croix-Valmer) v60/100 petit caboteur de 12-15m de long, plus de 6 tonnes de tegulae et imbrices (pour toitures), poteries locales, 2 pipettes à tonneau
 Lerins (îles de)  nombreuses  épaves dont  : Les Moines 1 (amphores ibériques du -2ème s.) ; Les Moines C (amphores) ; Nord Ste Marguerite B (amphores du -1er s.) ; Nord Ste Marguerite C (lampes à huile) ; La Tradelière (amphores et verreries de la fin du -1er s.)
 Madrague de Giens v-75/-60 qualifiée de « gros-porteur » (4 000 tonnes) avec ses 6500 amphores à vin rouge du Latium (Terracine) ; navire de 40×9 m environ
 Marina di Fiori (Corse) v70/100 amphores de Tarraconnaise ; sans doute coulé suite à un violent incendie
 Marseille  place Jules Verne : 3 navires (d’abord interprétés comme bateau-drague du port et maintenant considérés par X. Corré, comme des bateaux chargés de déverser au large les boues du curage du port), 1 barque et 1 navire de charge du IVème s.
 Mèdes (les) (Porquerolles) n°1 (barres de fer, -Ier s.) ; n° 6 (54 amphores, v-120/-80)
 Ouest-Embiez 1 v200/220 lingots de verre et verres, 31 amphores, céramiques
 Planier 3 (Marseille) v-50 des amphores Dressel 1 et plus de 40 kg de tubes de colorants
 Ploumanach (Bretagne) fin du IVème  271 lingots de plomb (22 tonnes)
 Pointe de Lequin (Porquerolles) 4 épaves dont  une du -IIème s. et une du Ier s. (amphores d’Espagne)
 Porto Nuovo (Corse) v30/40 5 blocs de marbre et 4 fûts de colonne de marbre, un fourreau de glaive
 Port-Vendres n°1 (v390/400, plus de 2000 amphores d’Espagne contenant de l’huile et de la saumure) ; n° 2 (v 41/48, amphores à vin, huile, garum, lingots de cuivre, plomb et étain d’Espagne) ; n° 4 (v-40/-30, amphores vinaires venant d’environ 8 centres de production de catalogne ; n°5 (v1/20, 200 amphores et 5 plaques de marbre)
 Porticcio (Corse) v250 amphores, verres à vitres, statues de l’empereur Philippe l’Arabe et de sa femme
 Riches Dunes (Marseillan) 1)amphores Dressel 1A ; 2)v1/50, lingots de plomb, amphores Dressel 20 ; 4)v-30/-10, 2 statues en bronze, emblema de mosaïque ; 5)v160/300, plaques et bloc de marbre
 Roscoff (Bretagne) IIIème s. épave de Bloscon 1 ; 782 lingots d’étain (environ 10 tonnes) + contrepoids, pesons de balance…
 Saintes-Maries de la Mer (avant-port d’Arles qui accueillait les gros navires, des barges prenaient le relais jusqu’à Arles) surtout entre -50 et 50 plus de 35 épaves connues, toutes échouées entre -50 et 100, dans un rayon de 5 km, au niveau de l’embouchure dite Rhône-Saint-Ferréol (au centre) et environ 15 épaves plus au large ; elles transportaient surtout des barres de fer (15 à 50 tonnes selon les navires) mais aussi des lingots de plomb ou de cuivre, des amphores de salaison, des blocs de marbre… Ces nombreuses épaves permettent une meilleure connaissance du commerce : les barres de fer venaient de la Montagne Noire (mines des Martys), via le port de Narbonne jusqu’à l’avant-port d’Arles (les Saintes-Maries) puis étaient sans doute transbordées sur des navires fluviaux qui remontaient le Rhône en direction des armées du Rhin. Par contre les lingots de plomb semblent avoir fait le chemin inverse (de Germanie vers Arles puis vers l’Italie ou la Gaule du sud ?).
Parmi ces épaves : SM 1 (v 30/100, 100 lingots de plomb de Germanie, soit 5,5 tonnes et des amphores à huile), SM 2 (v 1/25, près de 100 tonnes de lingots de fer et amphores), SM 3 (v1/60, barres de fer), SM 4 (nombreux objets en bronze), SM 5 (épave vide), SM 6 (v-50/1, barres de fer), SM 7 (galettes de cuivre), SM 8 (v1/50, barres de fer et amphores à saumure), SM 9 (près de 100 tonnes de barres et lingots de fer), SM 12 (lingots de plomb), SM 13 (épave vide), SM 14 (amphores à vin), SM 17 (galettes d’étain), SM 18-21-22-28 (6 ou 7 blocs de marbre chacune), SM 19 (4ème s., amphores africaines), SM 24 (v40/90, barres de fer et amphores espagnoles), SM 26 (galettes de cuivre), SM 27 (barres de fer), SM 30 (galettes de cuivre), SM 33 (barres de fer), SM 35 (lingots de plomb)…
On constate une disproportion entre les matières premières nombreuses et les amphores de vin, huile, poisson, rares. Ces dernières devaient passer par les deux autres embouchures du Rhône, le bras de Daladel à l’ouest et le bras d’Ulmet à l’est.
Sanguinaires A (Corse) -IIème s. amphores, céramiques, blocs de verre brut
 Sud-Lavezzi  (Corse) 1 (v375/400, 450 amphores d’Espagne) ; 2 (v20/30, 300 amphores et 399 lingots de plomb et cuivre ; venait de Bétique) ; 3 (v1/30, 201 amphores à vin de Tarraconnaise) ; 5 (v50/150, céramiques sigillées et communes, sans doute d’Italie ; bateau d’environ 30m de long)
 Sud Perduto  (Corse) 1 (v-20/20, amphores de vin ; allait de Bétique vers Rome) ; 2 (v-10/15, 48 lingots de plomb, amphores de vin, huile, saumure de Bétique)
 Titan (le) (Hyères)-50/-30environ 1700 amphores de saumure de poisson
 Toulon  deux barques de déchargement (horeia)
 P comme PECHEURS et autres métiers liés à la mer


File:041 Salaison Plomarc'h.JPG
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 bassins de garum à Douarnenez bas-relief de Metz : préparation du filet et pêche

O comme OSTREICULTEURS  

Ils travaillent dans des sortes de parcs à huîtres dans le Médoc, en Bretagne, Vendée, dans les Charentes, en Languedoc  et à Marseille. Pour l’exploitation d’autres coquillages, voir la pourpre (cf textile).

P comme PECHEURS

Les eaux de l’Atlantique (surmulets, murènes…) et plus encore de la Méditerranée (thon) étaient certainement poissonneuses. Une partie des poissons pêchés étaient envoyés chez les producteurs de salaisons et sauces de poissons.

Témoignages : séries de fumoirs à poisson (à Guérande, à la Chapelle/s/Erdre…) ;  résidus de pêche sur l’estran avec rejet possible des plus petits poissons ;  traces de pêche aux crevettes et gobies, découvertes à Rezé ; des bas-reliefs à Vieux-la-Romaine (scène de pêche E 3043), Metz (des pêcheurs dont E 4306 ?), Narbonne (bateaux de pêche E 678 et 687), Aix-en-Provence (scène de pêche E 99)…

S comme producteurs de SALAISONS et de SAUCES de POISSONS

On doit distinguer :

-les salaisons de poissons : « salsamenta »  = des poissons salés ou conservés dans une saumure ; ce sont surtout des thons, sardines, maquereaux. 157 étiquettes peintes d’amphores de ses salaisons sont connues et indiquent le produit, le degré de maturité, la qualité, le poids en livre, le nom du négociant.

-les sauces de poissons élaborées, dans des cuves, sur les côtes Atlantique. C’est le fameux « GARUM » : concrètement, on laisse macérer des viscères de poissons (maquereaux, thons, sardines…) pendant 2 ou 3 mois, jusqu’à totale décomposition. On imagine aisément les odeurs très désagréables qui s’en dégagent ! Trois autres « liqueurs » de poissons sont connues : l’allex (spécialité de Fréjus, selon Pline, fabriqué avec du résidu de garum, donc de qualité inférieure), le liquamen (c’est peut-être un terme générique car il est souvent cité dans des inscriptions peintes sur amphore) et le muria (peut-être  à base de maquereaux ou de petits poissons ou d’exsudation de salaisons de poissons ?). Un article récent (in Gallia 74.2, p 183-205) émet l’hypothèse de mélanges insolites : sauces de poissons et légumes, sauces de poissons et produits de la vigne (grappe, jus, vin).

Témoignages : Inscription (un producteur de saumure de thon à Antibes) ; Des graffitis et « étiquettes » (titulus pictus) sur amphores à Arles, notamment (« sauce de maquereau de 1er choix de 2 ans d’âge, C. Saturius Secundus, administrateur des propriétés impériales » et gouverneur de Rhétie vers 80 : cette amphore s’est donc perdue à Arles, entre le sud de l’Espagne et la Rhétie… ; « saumure de queues de poissons teintée, vieillie, excellente, 4 ans d’âge, 70 setiers -36,89 litres-, par Galicus« …), à Valence (un vieux vin doux de 80 livres)… ; Sur ces « étiquettes », les produits sont qualifiés de piquant (arguta), teinté (tinctum), vieux (vetus), excellens, optimum… ; Des « conserves » (petits pots) retrouvées sur les épaves d’Arles, de Marseille et de Port-la-Nautique contenaient des poissons aux olives, des poissons aux oignons… Des « usines » de salaisons et de garum ont été recensées dans le Finistère (Douarnenez), le Morbihan (Etel et Lanester), en Charente-Maritime (Muron, où l’on produisit une sauce uniquement à base d’alevins de sardines), dans le pays Basque (Guéthary)… ; au total, environ 30 sites en Gaule.

S comme SAUNIERS   

= les producteurs de sel (par transformation de l’eau de mer en pains de sel), dans le nord (chez les Morins et Ménapiens), en Normandie, en Bretagne (environ 30 ha d’ateliers de briquetage à Hirel en Ille-et-Vilaine, île d’Arz en Morbihan, Lampaul-Plouarzel dans le  Finistère) et Vendée, en Languedoc… ; A signaler, une saunerie tardive (IVème s.), à l’intérieur des terres (les Fontaines-Salées, en Bourgogne), s’installe dans des thermes et un sanctuaire abandonnés  ; Un seul témoignage épigraphique (un producteur de sel à Bages, en Languedoc)

 S comme SOLDATS –voir fiche ARMEE EN GAULE (plus de 500 inscriptions et quelques stèles figurées)
 S comme « intermittents » du SPECTACLE (pour la musique voir aussi la fiche LOISIRS)
 () ()
L’agent de théâtre (« scaenici negotiatoris »), Aurelius Paedocaeus, BordeauxLe sonneur de cor, C. Sulpicius N., Bordeaux
500

Témoignages : Inscriptions : 1 comédien (Maponus) à Bourbonne-les-Bains, 1 mime, 1 comédien  à Langres, un musicien à Reims, des mimes à Niort,   1 agent de théâtre et 1 sonneur de cornu (militaire ou civil ?) à Bordeaux, 1 ou 2 musiciens à Saint-Bertrand-de-Comminges, 1 comédien (Primigenius, d’une « troupe renommée ») et peut-être 1 joueur de pantomime à Arles,  1 jongleur (P. Gallonius Capito) à Narbonne, 1 musicien à Nîmes,  1 citharède (Nicias), 1 acteur de pantomime (mort à 14 ans) à Vienne, 1 enfant-danseur à Antibes (E 6685, stèle visible sur la fiche consacrée aux enfants). Iconographie : 1 bateleur avec des ours (E 609) ; Iconographie musicale : 1 sonneur de cor à Bordeaux (E 1107) et à Dijon (E 3465), 1 organiste à Saulieu, 9 musiciens à Reims (E 3712 ? avec une trompette), Metz (E 4306), Soulosse (2 sur E 4855, des trompettes ?), Autun (4 dont un flûtiste et organiste E 1876, un tenant un instrument à vent E 1875, un autre tenant deux flûtes -il s’appelle Brunnius), Arles (Iulia Tyrrania, E 181).

Sources : -Béal J-Cl. : La dignité des artisans : les images d’artisans sur les monuments funéraires de Gaule romaine, DHA, 26/2, 2000, p 149-182 = corpus de 163 images réparties en trois groupes, celui des 28 artisans de profil au travail, celui des 74 artisans de face tenant un outil -des possesseurs d’outils et non des artisans au travail- et celui des 60 images d’outils seuls ; 79 de ces images ont des inscriptions qui évoquent une population libre à l’onomastique indigène ; Ces images sont nombreuses à Sens (7), Arles (9), Bourges (10), Metz (8), Autun (11), Saulieu (5), Soulosse (4), St Ambroix (6)… ; Transporteurs et propriétaires terriens en Gaule romaine : un bilan, in RACF, 45-46, 2006-2007-Bonsangue M-L : Aspects économiques et sociaux du monde du travail à Narbonne d’après la documentation épigraphique, CCGG, 13, 2002-Bouet A. : La Gaule Aquitaine, Picard, 2015-Brun J-P. et Laubenheimer F. : Dossier, la viticulture en Gaule, Gallia, 2001-Caruel M-S. : L’attitude des artisans gallo-romains à l’égard du travail manuel. Etude de l’iconographie lapidaire funéraire. in Kentron, 32, 2016, p 113-134 (= reprise et complément du travail de Béal ; corpus de 212 monuments répartis en trois groupes : 50 outils isolés, 135 porteurs d’outil, 35 scènes de métier dont 11 scènes à grande échelle en face principale où le maître artisan est à l’œuvre et 14 scènes sur panneau latéral, l’artisan propriétaire étant sur la face principale. L’auteur précise que les portraits sont stéréotypés : l’artisan est de face, en pied ou à mi-corps, rarement en toge, tenant un gobelet, une bourse, des tablettes…)-Chevallier R. : Perspectives de recherche sur les scènes de métiers, in Archeologia Classica, 49, 1997, p 47-63 (Il évoque d’abord les 70 documents de Gaule Cisalpine -plaine du Pô- puis les 120 documents de Gaule Transalpine -y compris Arlon en Belgique ou Trèves)-Collegia. Le phénomène associatif dans l’Empire romain, Scripta Antiqua 41, Ausonius, Bordeaux, 2012 (30 collèges différents ; 97 attestations : 44 en Narbonnaise dont 17 à Arles, 33 dans les Trois Gaules dont 26 à Lyon, 20 dans les Germanies) -Coulon G. : Les Gallo-Romains, Errance, 2006-Coulon G. et Deyts S. : Les stèles funéraires gallo-romaines de Saint-Ambroix (Cher), 2012-Demarolle J.-M. : Un corpus en question. L’iconographie lapidaire des métiers en Gaule Belgique, in L’artisanat romain : évolutions, continuités et ruptures, 2001, p 31-42 (corpus de 46 images sur 19 sites dont 6 à Reims, 5 à Grand, 4 à Soulosse, 8 à Metz ; 12 concernent des métiers liés au métal -forgerons-, 10 des métiers du bois, 8 des métiers du textile… ; les artisans représentés sont de profil, habillés d’une tunique courte serrée à la ceinture ; images datées des années 150-250 surtout)-Djaoui D. : On n’a rien inventé ! Produits, commerce et gastronomie dans l’Antiquité romaine, Musées de Marseille, 2019-Ferdière A. : Les campagnes en Gaule romaine, 2 tomes, Errance, 1988 ; L’artisanat gallo-romain entre ville et campagne, in Artisanat et productions artisanales en milieu rural dans les provinces du nord-ouest de l’empire romain, 1999 ; Les Gaules, A. Colin, 2005 ; Histoire de l’agriculture en Gaule, Errance, 2006 ;  La place de l’artisanat en Gaule romaine du centre, nord-ouest et centre-ouest, in RACF, 2006-2007 ; La Gaule Lyonnaise, Picard, 2011 ; Dure semaine pour Maternus, paysan beauceron au IIème s., in revue L’Archéologue 149, 2019, p 58-67 + les excellentes Chroniques des campagnes de la Gaule romaine dans la RACF (dont 2008, 2009, 2011, 2013, 2015…)-Gros P. : La Gaule Narbonnaise, Picard, 2008-Hatt JJ. : Les monuments funéraires gallo-romains du Comminges et du Couserans, Annales du Midi, 1942, p 169-254 (122 stèles recensées) ; La tombe gallo-romaine, 1951/1986 (il a recensé les instruments d’artisans figurés sur des stèles funéraires : 118 dont 5 à Bordeaux, 10 à Bourges et 7 à St Ambroix, 19 à Autun, 7 à Langres, 5 à Dijon, 4 à Scarponne et 4 à Soulosse… ; les objets représentés vont des ciseaux aux marteaux en passant par les styles, les règles, les haches, les pinces de forgeron…)-Izarra F. (de) : Hommes et fleuves en Gaule romaine, 1993, Errance-Laubenheimer F. : Le temps des amphores en Gaule, 1990, Errance-Lepetz S. et Zech-Matterne V. : Archéologie des plantes et des animaux, n°5, 2017, éditions Mergoil-Lignereux Y. et Peters J. : Techniques de boucherie et rejets osseux en Gaule romaine, revue Anthropozoologica, 1996, 24, p 45-98-Monteil M. et Tranoy L. : La France gallo-romaine, La Découverte, 2008-Nantet E. et Pomey P. : Phortia, le tonnage des navires de commerce en Méditerranée du -VIIIème au VIIème s., Presses Universitaires de Rennes, 2016-Pannoux S. : La représentation du travail : récit et image sur les monuments funéraires des Médiomatriques, DHA, 11, 1985, p 293-328-Reddé M. : Les scènes de métier dans la sculpture funéraire gallo-romaine, Gallia, 36, 1978/1, p 43-63 = il recense 23 scènes d’artisans et 88 de marchands (dont 26 de transport de marchandises) ; Gallia rustica 1 (2017) et 2 (2018). Les campagnes du nord-est de la Gaule, de la fin de l’âge du Fer à l’Antiquité tardive, Projet Rurland ; Ausonius.-Roche-Bernard G. et Ferdière A. : Costumes et textiles en Gaule romaine, Errance, 1993-Tran N. : Les membres des associations romaines, collection de l’Ecole Française de Rome, 2006 ;  L’apprentissage et le statut de travail des artisans en Gaule romaine, in RAE suppl. 28, 2010, p 195-200 ; Dominus Tabernae. Le statut de travail des artisans et des commerçants de l’Occident romain, Ecole Française de Rome (BEFAR, 360), 2013-Waltzing : Étude historique sur les corporations professionnelles chez les Romains, 1896

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