Loisirs et faits divers

A-L’ ADDICTION AUX LOISIRS ! (I-Quels sont les loisirs ? ; II-Les gladiateurs ; III-Musique ; IV-Fêtes et concours)

B-VICES, VERTUS et « FAITS DIVERS » (I-Une société violente ? ; II-Les tragédies de la vie ; III-Une société superstitieuse ? ; IV-Des pratiques étranges ; V-Le Savoir-vivre… ou pas ; VI-Plaisirs et vices, c’est selon ! ; VII-Des faits très privés)

A-L’ADDICTION AUX LOISIRS !

File:Catalogue Sommaire des Musées de la Ville de Lyon, 1887, figure page 0155.pngFile:Musée GR de Saint-Romain-en-Gal 27 07 2011 05.jpg
Dessin de la mosaïque du cirque à LyonPeinture murale des thermes des Lutteurs à Saint-Romain-en-Gal

I)QUELS SONT LES LOISIRS EN GAULE ROMAINE ?
Les Romains parlaient de l’otium pour l’ensemble du temps libre, dédié aux plaisirs et loisirs comme les spectacles, le sport, les bains, la musique, la poésie…

THERMES  Autant lieu de divertissement, de relaxation, de culture que de guérison. Le circuit traditionnel est : salle tiède d’abord (pour s’acclimater ?), salle chaude (se laver, transpirer) et salle froide (« raffermir la peau »). Une plaque de Fréjus montre des socques en bois utilisés pour marcher dans les salles chaudes… Une palestre, à ciel ouvert, permet de pratiquer différents sports comme la course, le lancer de disque, le pugilat (voir à ce sujet la mosaïque de Vienne dite « les athlètes vainqueurs »)…
VOIR SURTOUT LA FICHE SUR L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
 THÉÂTRES Lieu des LUDI SCAENICI : pour voir des comédies plus ou moins vulgaires, et surtout des mimes et pantomimes -danses lentes-. Un seul acteur suffisait pour ces pantomimes, d’où, peut-être, l’étroitesse de nombreuses scènes de théâtres. Des statuettes d’acteurs représentés de façon caricaturale et des masques de scène sur des mosaïques témoignent de cet engouement.
 ODÉONS ils étaient de véritables salles de concerts, de conférences et de lectures publiques. Mais ils sont peu nombreux (Vienne, Lyon, Valence ?, Metz ?)
 MUSIQUES VOIR PARTIE III CI-DESSOUS
 AMPHITHÉÂTRES Lieux de « chasses » (LES VENATIONES, les matins ?) et de combats (LES MUNERA, les après-midis ?), pour admirer ou frissonner aux « exploits » des GLADIATEURS. Les munera étaient souvent liés aux fêtes religieuses. La population, hiérarchisée dans les gradins, unie dans une communion civique, assistait à une reproduction maîtrisée d’une crise. Les gladiateurs sont très représentés, sur des mosaïques, des lampes, des statuettes, des graffitis… VOIR PARTIE II CI-DESSOUS
 CIRQUES Ils sont peu nombreux en Gaule mais assez représentés dans l’iconographie, notamment des mosaïques comme celle de Lyon (qui montre 8 stalles, une tribune, une spina -terre-plein central- et 2 accidents…). S’y déroulent des courses de chevaux et de chars (LUDI CIRCENSES), plus appréciées.  L’aurige conduisait un char à 2 chevaux (biges), 3 chevaux (triges) ou 4 chevaux (quadriges sur la mosaïque de Lyon) et devait faire 7 tours de piste. Bien sûr, le public pariait. A signaler un gobelet de Trouville avec quatre auriges cités (Eutychus, Olympus, Farus, Hierax) et un vase de Lyon avec un cocher des bleus sur son quadrige.
 STADESles vestiges de celui de Vienne permettent d’imaginer les concours d’athlétisme (courses à pied, lancer de disque, saut en longueur) qui s’y déroulaient (et qui furent interdits selon Pline-le-Jeune pour des raisons « morales »…). En plus de la piste et des gradins, il y avait un portique et des salles d’apparat.
 CHASSE au cerf (mosaïque de Lillebonne), au sanglier (témoignage d’Ausone), au lièvre (mosaïque de Villelaure), aux oiseaux… 
VOIR FICHE ENVIRONNEMENT, SUR LES ANIMAUX POUR PLUS D’INFORMATIONS
 PÊCHE sur des bas-reliefs à Aix-en-Provence, Vieux, Metz, Narbonne. Mais il est impossible de distinguer le loisir de l’activité professionnelle.
VOIR FICHE ENVIRONNEMENT, SUR LES ANIMAUX POUR PLUS D’INFORMATIONS
 AUTRES DIVERTISSEMENTS -pratiqués chez soi ou dans des tavernes : les jeux de plateau avec jetons (parfois inscrits comme ceux de Brumath), osselets (des joueurs d’astragales sont représentés sur un décor de sigillée à Dehlingen, en Alsace), dés (un fragment de vase à Angers montre deux femmes lançant quatre osselets sur un plateau de jeu), les jeux de devinettes avec des osselets, fèves, noix, les jeux d’adresse... Avec des osselets, on peut les lancer dans un cercle ou dans un trou et essayer d’éjecter hors de ce cercle ou du trou, les osselets de l’adversaire ou faire deviner le nombre d’osselets que l’on a cachés dans sa main ou encore lancer cinq osselets ou pièces de monnaie en l’air et en rattraper le plus grand nombre sur le dos de la main (jeu du « pentelitha »). On peut même tirer des oracles avec des osselets… POUR LES JEUX DES ENFANTS, VOIR FICHE SOCIETE
-l’aristocratie préfère les promenades à cheval ou en chariot à 2 roues, les jeux de balle (Paulin de Pella utilise une « balle dorée au rebond léger » et Sidoine Apollinaire se distrait ainsi « sur un vert gazon » à Lyon vers 469, près de la basilique Saint-Just en attendant une cérémonie religieuse…), les banquets (agrémentés de « conversations, petits vers, rires… » selon Sidoine à Lyon en 458 ; voir aussi fiche sur une journée de gallo-romain avec notamment le banquet de Sidoine et de l’empereur Majorien à Arles en 461), les soirées entre amis (encore avec Sidoine, à Lyon en 458 où les hôtes écrivent des poèmes)… Ces divertissements forment la douceur de vivre (« amoenitas »), propre à l’élite.

II)LES « HEROS » DES AMPHITHEATRES :  LES GLADIATEURS 


a)Dans les inscriptions : Environ 50 gladiateurs peuvent être recensés en Gaule
 (liste ci-dessous en pièce-jointe) dont 19 à Nîmes. Dans tout l’empire, il y a 451 occurrences (mentions) de gladiateurs.

1-La plupart ont une onomastique simple (un nom unique), quelques uns sont des affranchis. Les noms uniques correspondent souvent à des noms « de scène » : Beryllus (« brillant »), Cursor (« coureur »), Callimorphus (« bien bâti »), Ursio (« fort comme un ours »), Faustus (« veinard »)…
2-Pour 10 gladiateurs, l’origine géographique est connue et témoigne de la mobilité qui règne dans ce milieu : trois sont de Gaule (Vienne, Eduen, Lyon), un espagnol, un grec, un ou deux arabes, deux égyptiens…

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 un mirmillon et un thrace (lampe au Louvre) un thrace (mosaïque de Reims)
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 des rétiaires et des sécutors (mosaïque du musée de Madrid) la fin d’un combat (gourde du musée de Cologne)

3-Les types de gladiateurs :

 noms armement offensif armement défensif témoignages en Gaule
 Les mirmillons (issus de la transformation du « gaulois » et du « samnite ») un glaive court et droit un casque à crête, un long bouclier (scutum), une jambière gauche et protection du bras droit sont 8 à 11 (7 à Nîmes, 2 à Orange…) sur des inscriptions ; sur une mosaïque près de Mâcon ; sur un médaillon d’applique de Lyon (où il est blessé)…
 Le thrace (ou thréce) un glaive recourbé (sica) un casque à visière et crête, un petit bouclier (parma), des jambières sont 8 ou 9 (7 assurés à Nîmes) sur des inscriptions ; sur des sigillées de la Graufesenque (deux thraces s’opposent)…
 Le rétiaire (apparu sous Auguste) un trident, un filet (mais rarement représenté), un poignard  pas de casque ni de bouclier ; protection et épaulière gauche sont 9 (dont 2 à Nîmes et 2 à Narbonne) sur des inscriptions ; sur des graffiti de Ruscino, de Metz, de Chartres (un combat rétiaire-sécutor), sur un gobelet de Lyon ; sur une peinture de Périgueux (deux rétiaires combattent)  ; sur une mosaïque de Metz (Senilianus, blessé)…
 L’ essédiaire   combat sur un char   sont 3 ou 4 sur des inscriptions ; aucune image connue
 Le dimachaerus a un glaive dans chaque main  Hylatis, à Lyon, est à la fois essédiaire et dimacherus
 Le sécutor (apparu sous Vespasien) un glaive  un casque mince à crête, un grand bouclier, protection du bras droit un peut-être sur une inscription à Die ? ; quatre autres sur des médaillons, une coupe et une statuette à Arles
 Le provocator (peut-être le 1er degré de la carrière ?) un glaive court  un casque, une jambière gauche, protection sur bras droit, un bouclier rectangulaire sur des lampes à huile surtout
 L’hoplomaque (certains le considèrent comme un thrace) une lance et une dague  un casque à visière et crête (comme le thrace), un petit bouclier hémisphérique, des jambières sur des bas-reliefs, statuettes, céramiques sigillées (de La Graufesenque, de Lezoux…), lampes à huile (à Clermont-Ferrand…), canifs…
 Le paegnarius un glaive recourbé dans chaque main  sur un graffiti de Vaison ; sur une mosaïque de Reims (une possible dresseuse ?)
 Le bestiarius et le vénator (combattent les animaux) armes diverses (peut-être un mirmillon, un thrace…) variable sur des sigillées (contre des taureaux, contre des lions…) ; sculpture monumentale de Chalon/s/Saône (thrace terrassé par un lion) ; mosaïque de Lyon et médaillon de Glanum (un éléphant et son cornac)… Une inscription d’Aix-en-Provence signale un « compagnon des ursarii » (chasseur ou combattant d’ours).
 Le crupellarius sans doute un glaive entièrement cuirassé cité par Tacite à Autun, lors de la révolte de 21 ; une figurine de Versigny (musée de La Fère) en représente un

Par comparaison, il y a, dans l’empire, 105 mirmillons, 99 rétiaires, 87 thraces, 68 sécutors, 36 provocators (aucun en Gaule sur des inscriptions), 31 essédiaires (aucune image n’existe sur eux), 15 hoplomaques (aucun en Gaule sur des inscriptions)… Quelques femmes « gladiatrices » sont signalées à l’échelle de l’Empire (en Gaule, nous n’avons que le thrace à l’aspect féminin combattant un mirmillon sur une sigilée de Lezoux !).

E. Teyssier a très bien montré l’évolution de la gladiature : de type « ethnique » d’abord (samnite, gaulois, thrace), elle devient plus « technique » sous l’Empire avec le « couple » mirmillon-thrace surtout puis le rétiaire-secutor à la fin du Ier s. D’autre part, les combats sont plus codifiés avec des combattants (relativement) plus protégés (larges rebords, protèges-joues). Le public est là pour voir les mouvements des combattants et non leur souffrance (cachée par le casque !). Profite-t-on de ces spectacles pour exécuter quelques condamnés à mort ? (sur une sigillée de La Graufesenque, un homme, ligoté est jeté aux fauves…).

4-Une inscription espagnole indique que « Pour les Gaules, même les trinqui, je suis d’avis -décision de Marc Aurèle vers 177-, que les lanistes (voir ci-dessous) n’aient pas le droit de se faire payer plus de 2000 sesterces par gladiateur... ». Non seulement l’empereur réduit les coûts élevés des spectacles mais il mentionne les « trinqui », des gladiateurs consacrés (combats dans un but religieux ?) selon A. Piganiol (REA, 1920, p 283-290). Mais pour J-M. Lassère (Manuel d’épigraphie romaine, p 501), il s’agit d’une décision locale, prise par les décurions d’Italica et non d’une loi impériale.


5-Quelques lanistes (propriétaires d’un groupe de gladiateurs) sont probables : M. Iulius Olympus à Arles, Serenianus et Cloatius à Nîmes, Cethegus à Vienne,  par exemple. Ces lanistes louent leur troupe à une personne aisée désireuse d’offrir un spectacle, comme C. Pompeius Martialis, à Nîmes. Ils pourraient être comparés aux « imprésarios » modernes ! A Nîmes (médaillon de Cavillargues) et à Arles, des gladiateurs font partis de l’école des gladiateurs de l’empereur. Des glyphes d’une inscription de Grand fait peut-être référence à une sodalité (= confrérie) d’origine africaine (les Telegenii) qui organise des chasses dans les amphithéâtre. Près d’Aléria (Corse), une inscription incomplète (AE 1984, 450) fait référence aux « (ludi matu)tini et bestiarum », peut être un collège ou un organisateur de « jeux du matin et des animaux » (des venationes = combats gladiateurs ou chasseurs contre animaux) et à un édifice associé, détruit puis reconstruit (un amphithéâtre ?).-D’autres métiers tournent autour de ce petit monde des combattants : des instructeurs, qualifiés de « doctors » (L. Sextius Latinus à Nîmes), des arbitres (Callimorphus, « secunda rubis », à Lyon,T. Vettius Loripes, « summa rudis » à Narbonne ; un arbitre est représenté sur une mosaïque de Reims), des musiciens (un orgue hydraulique est visible sur la coupe de Reims, conservée au Petit-Palais à Paris).

6-Sur 26 inscriptions « riches » en informations :
-14 mentionnent le nombre de combats (de 3 à 40 maximum pour le mirmillon Monocostelus à Thonon, ce qui donne une « moyenne » de 18 combats par gladiateurs
la moyenne est de 11 pour tout l’empire romain, sur 148 stèles),
-16 indiquent le nombre de victoires ou de couronnes obtenues (le mirmillon Primus, à Orange, obtient le record -pour tout l’empire- avec 53 !). Trois précisent avoir été libérés en ayant reçu la « rudis » (baguette d’honneur) : l’essédiaire Beryllus à Nîmes (20 combats), l’essédiaire Faustus, encore à Nîmes (37 victoires) et Hylatis, à Lyon (après 7 combats « seulement »). Les gladiateurs de « l’école impériale », à Arles et près de Nîmes, sont « stantes missi », renvoyés chez eux ou graciés.
L’âge de décès n’est indiqué que pour 5 gladiateurs, tous à Nîmes : un est mort à 21 ans seulement, 3 sont morts à 25 ans et un à 30 ans (les âges sont volontairement arrondis).
-Par contre, 10 gladiateurs ont une compagne.

7-Plusieurs évergésies sont des spectacles de gladiateurs offerts par des notables : une à Aix-en-Provence, une à Arles, deux à Lyon (dont le « normand » T. Sennius Sollemnis qui organise sur quatre jours, 32 combats, donc 64 gladiateurs !), une à Narbonne,  une à Sens (un spectacle proposé par C. Amatius Paterninus le 1er avril 250), une peut-être à Orange et  à Sérignan.


b)Les gladiateurs et chasseurs dans d’autres sources 
1-Ils sont très souvent représentés sur « des produits dérivés » vendus aux « fans » : des céramiques (nombreuses dont le beau vase sigillée de Lezoux du musée de St Germain-en-Laye ; sur une autre sigillée de Dinsheim, en Alsace, se voit une fin de combat avec un hoplomaque qui va frapper un mirmillon ; mais une sigillée de Lavoye montre des gladiateurs portant des panoplies peu réalistes…), des canifs en os ou bronze avec manche décoré d’un ou deux gladiateurs (9 connus en Gaule : St Denis, Epône, St Patrice en Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Moselle, Malain, Lyon, Nîmes, Besançon -avec un hoplomaque-), des vases en bronze (un arbitre à Reims), des gobelets en verre (une centaine, ornée de scènes d’amphithéâtre, dont Rouen, Niort…), des lampes à huile (très nombreuses, 76 recensées), des médaillons d’applique (dont celui de Cavillargues avec un secutor et un rétiaire, celui du musée d’Arles avec un arbitre entre le rétiaire Thelonicus et le secutor Sedulus et toujours à Arles, un couple de gladiateurs en plomb, découvert dans l’épave n°3, celui montrant une séance d’entrainement avec Cursor et Velox), des figurines (à Amiens, Nuits-St-Georges…), des statuettes (deux gladiateurs d’Autun, un secutor au musée d’Arles, le rétiaire de bronze d’Esbarres en Côte d’Or …). Autres « produits dérivés » mais non vendus :  des mosaïques (18 mosaïques représentent des combats ou des chasses. Par exemple, 18 gladiateurs et chasseurs sur une mosaïque à Reims dont 7 secutors et 2 equites, 4 gladiateurs à Metz : 2 rétiaires dont Senilianus et 2 sécutors dont Prudens, un mirmillon s’exerçant sur un pieu ou « palus » à Flacé-les-Macon, un rétiaire à Aix-en-Provence…) et  des peintures (chasses et combats à la Croisille-sur-Briance, à la domus de Vésone de Périgueux, un beau rétiaire près de la basilique de Périgueux)…

 K. Alexandre Kazek a recensé les représentations de chasses, de « divertissements » du midi  et de combats sur les sigillées, lampes et mosaïques : la venatio est représentée 127 sur les sigillées, une seule fois sur une lampe (à Montans) et 11 fois sur des mosaïques ; le ludus meridianus est sur 36 sigillées et 2 lampes (à Glanum et Clermont) ; le munus est sur 137 sigillées, 64 lampes (surtout des thraces et des mirmillons, aucun retiaire et secutor) et 7 mosaïques.

2-Des sculptures (un gladiateur thrace ou samnite terrassé par un lion au musée de Chalon/s/Saône et sans doute près de Glanum, mais très fragmentaire) et bas-reliefs (13/15 recensés dans Espérandieu : un combat à Moirans dans le Jura, 2 gladiateurs à Nantes, un combat à Bordeaux, un gladiateur possible à Poitiers, près de 10 blocs à Narbonne dont un samnite et un combat samnite-thrace, un combat thrace-hoplomaque à Nîmes) les montrent également. Une stèle funéraire sans inscription a été découverte à Autun : on voit un personnage en buste portant l’épaulière du rétiaire. A signaler aussi le casque de Rodez.


3-Les graffitis sont une autre source d’information (300 recensés dans le monde romain) : un rétiaire sur un panneau peint d’une domus de Chartres, peut-être deux venatores à la villa de Tremonteix (Clermont-Ferrand), deux secutors ou mirmillons à la maison des Maristes de Lyon, un affrontement secutor-rétiaire à Narbonne, un mirmillon probable à Orange, un rétiaire avec son filet à Ruscino, un rétiaire vaincu à la villa de Guiry-Gadancourt (Val d’Oise), un gladiateur indéterminé à la villa de St Ulrich (Moselle), à Vaison, la fin d’un combat entre un secutor et un rétiaire, l’évocation d’une chasse (cerf) et combat d’un thrace et d’un paegnarius, et encore un combat rétiaire-secutor, de nombreux gladiateurs assez schématiques dans la domus de Vésone à Périgueux… Un autre graffito, découvert récemment sur un gradin de l’amphithéâtre de Nîmes, ferait référence à un gladiateur des années 280/310, Astivus (cf revue Archéologia n° 570, p 43).

 Pour « finir » sur les gladiateurs : La plupart des sources iconographiques, notamment les lampes, médaillons, reliefs, montrent non pas le combat lui-même mais la fin du combat et l’attente de la décision de l’organisateur du spectacle concernant le vaincu (courageux, il est épargné, sinon il est égorgé par son adversaire et doit à ce moment mourir avec dignité !). Petits rappels : le pouce vers le haut ou vers le bas est une légende (qui peut compter le nombre de pouces dans une foule ?) et la fameuse phrase « Ceux qui vont mourir te saluent » n’est attestée qu’une seule fois, à Rome, dans le cadre d’une naumachie (combat sur l’eau). Parfois il est décidé à l’avance du nombre de morts : ainsi, à Lyon, T. Sennius Sollemnis qui offre 32 combats, a prévu que 8 de ces duels doivent se terminer par l’exécution du vaincu -« sine missione », ce qui fait 8 gladiateurs morts (à rembourser au laniste !) sur 64 gladiateurs. D’après Hopkins et Beard (p 126), environ un gladiateur sur six meurt au combat. Les vainqueurs, eux, récoltent célébrité, argent (pièces d’or), femmes qui tombent en pâmoison…
 File:Arles Musée Antique Sarcophage Iulia Tyrrania P3050101.JPG
 Sarcophage d’Iulia Tyrannia (Arles) ; On distingue à gauche une syrinx et un orgue hydraulique à 9 tuyaux, à droite, un luth (caisse très bombée ; 3 chevilles) et une cithare (à 3 chevilles)

III)MUSIQUE !
1 – La notation musicale : En l’absence de documents d’époque romaine, on peut supposer que le système de notation musicale était comme chez les Grecs, dérivé de l’alphabet ionien.
 2 – Les pratiques musicales en Gaule romaine nous sont  révélées par des documents iconographiques et épigraphiques. La musique semble présente partout : à l’armée, lors des rituels qui ponctuent la vie de la cité (rassemblements, justice), lors des sacrifices religieux, pendant les jeux ou les funérailles…

INSTRUMENTS MUSICIENS DOMAINE
 VENTS  
 – Tuba (trompette droite, liée à Mars) – tubicen – militaire (sonne la charge ou la retraite… ; participe aux cérémonies de triomphe -à Rome-)
 – religieux (sacrifices)
 – civil (service de la cité)
 – spectacles (amphithéâtre)
 – Tibia (flûte à un tuyau ou monaulos  = hautbois ; ou double flûte = diaule) ; assemblage de sections en os et anche en roseau ; la Tibia « phrygienne » a un tuyau rectiligne et un autre terminé en cône – tibicen – religieux (sacrifices, culte de Cybèle  et culte impérial)
 – civil (service de la cité, funérailles)
 – spectacles (processions avant des jeux ; pantomimes)
 – Bucina (cornet) – bucinator – militaire (rythme la vie du camp + sur les navires)
 – Cornu (trompe courbe ; ressemble à un cor de chasse) – cornicen – militaire (transmet les ordres aux porte-enseigne)
 – civil (rituels civiques pour accompagner les actes des magistrats, funérailles)
 – spectacles (amphithéâtre)
 – Lituus (trompette incurvée ?) – liticen (non assuré) – militaire (rôle inconnu)
 – Organum (orgue hydraulique ; l’air est comprimé par la pression de l’eau) – organarius – spectacles (amphithéâtre)
 – religieux (culte de Cybèle)
 – Syrinx (flûte de Pan, constituée de 7 à 9 tuyaux de roseaux de longueur inégale ; attribut du dieu Attis, dans le culte de Cybèle) – fistulator ? – religieux (culte de Cybèle)
 – spectacles
 – Aulos (sorte de hautbois, à anche et 2 tuyaux) équivalent grec du tibia – aulète/tibicen – concours musicaux
CORDES*  
 – Lyra (lyre, dédiée à Apollon) – fidicen – religieux (processions, sacrifices, jeux séculaires)
 – Cithara (cithare, de 3 à 12 cordes, liée à Apollon, il est l’instrument idéal pour les Romains) – citharista ou citharoedus – spectacles, concours musicaux
 PERCUSSIONS  
 – Tympanum (tambourin) – tympanista – religieux (culte de Cybèle)
 – Cymbalum (cymbale de bronze) – cymbalista – religieux (culte de Cybèle)
 – Scabellum (claquette = 2 semelles de bois reliées et paire de petites cymbales) – scabillarius (souvent un aulète) – spectacles (mimes ; marque le rythme avec son pied)

*Le luth et la harpe sont aussi connus mais très peu utilisés. Pour les percussions, il faut ajouter les sistres d’influence orientale. 


3 – Des concours de musique (« agones musicus ») réunissaient les principaux artistes du monde romain. En Gaule romaine, les principaux agones se déroulaient à Marseille, Vienne et Nîmes. L’aulos et la cithare étaient les seuls instruments autorisés et les épreuves commençaient toujours par les trompettes. A Nîmes, il s’agit de concours de choraules (flûtistes dits aulètes, accompagnant un cithariste et un chœur de 7 chanteurs) et à Marseille, des musiciens sont présents aux jeux de Jupiter. Les chanteurs (Komodos, chanteur de comédie; Tragodos, chanteur de tragédie) et les poètes pouvaient également concourir. Les vainqueurs, proclamés par le héraut et le tubicen recevaient une palme.
4 – Des corporations ou collèges, s’organisèrent pour défendre les artistes face au mépris social dont ils étaient victimes (à l’exception de quelques célébrités). Pour tout l’occident de l’empire romain, 141 musiciens sont membres d’un collège. En Gaule Narbonnaise, à Nîmes et à Marseille, des inscriptions grecques mentionnent le passage d’artistes itinérants venus d’Orient (de Tralles, Tarse ou Millet). A Vienne, une inscription révèle l’existence d’un synode de comédiens, au service de Valerius Asiaticus  (les « scaenici Asiaticiani ») et une mosaïque est décorée par cinq masques de théâtre. Des « aenatores » sont attestés en Germanie Supérieure : ils sont musiciens militaires (réunion de tubicines et de cornicines) d’une cohorte de Sequanes (Jura) et de Rauraques (en Alsace). 
5 – Des musiciens dans la société : Une étude plus générale (d’Alexandre Vincent, Jouer pour la cité, 2017) montre qu’il s’agit surtout d’affranchis (majoritaires). Il y a aussi des citoyens (15 % au niveau de l’occident romain) et des esclaves (18 %). Mise à part les musiciens militaires (311 recensés par l’auteur en occident contre 240 musiciens « civils »), nombre d’entre eux était loué par contrat et gagnait 2 à 4 sesterces par prestation (le double si c’est un service funéraire).


Les principaux témoignages musicaux en Gaule (inscriptions, stèles, autels, bas-reliefs…) :

 Arles-sarcophage d’Iulia Tyrrania (Esp. 181) avec orgue hydraulique, étui à syrinx, luth et cithare (cf image ci-dessus)
-sarcophage (Esp. 180) avec Epona et 2 personnes maniant un orgue hydraulique
-statuette d’enfant tenant une double flûte (CAG 13/5, 537*2)
 Autun-relief peu visible (Esp. 1874) : une sorte de cornemuse et des tambourins ?
-stèle (Esp. 1875) : un homme tenant une tuba
-stèle (Esp. 1876) : un homme tenant une flûte ou une bielle pour actionner l ‘orgue hydraulique (à ses côtés)
-stèle (AE 2009, 872) : Brunnius, musicien ? (il tient une double flûte)
 Beire-le-Chatel-statuette (Esp. 3631) : un personnage tenant une flûte de Pan (ex-voto ?)
 Beaujeu-bloc sculpté (Esp. 1801) : scène de sacrifice, un homme joue de la double flûte 
 Bordeaux-C. Sulpicius N… ; représenté en cornicen (tient un cornu) ; sans doute un musicien civil ou religieux
 Châteauneuf-d’Isère-sur un autel taurobolique (CIL 12, 1744), tympanon
 Conjoux-sur un autel taurobolique (Esp. 8783), tympanon et cymbales
 Die-sur 4 autels tauroboliques (Esp. 313, 315, 317, 320), représentations identiques de tympanon, tibiae, cymbales
 Dijon-stèle (Esp. 3465) : un joueur de cornu, habillé en civil
 Eyrans (33) -fragment de sarcophage avec Apollon tenant un plectre (baguette pour gratter les cordes de sa lyre) et Marsyas des tibiae
 Lattes-stèle (AE 1972, 333) : mention d’un tibicen
Lyon-Flavius Restitutus ; cité sur 4 autels tauroboliques (3 à Lyon et 1 à Valence), comme tibicen attaché au culte de Mithra, en 190, 194 et 197  puis en 207
-relief sculpté (Nouvel Esp. 60) : 4 personnages en procession dont 3 jouent un instrument (tambourin, flûte double, syrinx)
-un médaillon d’applique montre un acteur de théâtre et un orgue hydraulique à 7 tuyaux (un décor identique se trouve à Orange)
 Marseille-un chanteur de Millet, honoré à Delphes (C. Ioulios Bassos) et un pantomime  furent « couronnés » à Marseille.
 Metz-un anonyme, « cornicini »  (cornicen ?) à la 10ème légion (CAG 57.2, p 195) 
-sur un autel taurobolique daté de 199 (Esp. 4303), tibiae et syrinx
-relief (Esp. 4306) : un homme joue de la syrinx
sur un autel de Cybèle (découvert en 2008) : un musicien joue de la tibia en accompagnant un prêtre
  Millau -sur une céramique de la Graufesenque, un tibicen peut accompagner en musique un combat de gladiateurs 
 Narbonne-Aurelius Comanus, tubicen de la 13ème légion + représentation d’une tuba
sur un autel taurobolique, une paire de cymbales (?)
 Nîmes -L. Avidius Secundus, « musicarius » (musicien  d’un acteur ? fabricant d’instruments ?)
-M. Hortensius Primus, « symphoniacus » (sans doute membre d’une association de musiciens des cérémonies religieuses publiques ; il devait jouer de la tibia ou de la lyre) 
-une inscription grecque de « l’association universelle des artistes dionysiaques »  (une sorte de corporation ou « synodos ») mentionne 2 choraules (aulètes de choeur, dans des concours d’aulos = flûtes des Grecs) qui participèrent aux Capitolia de Rome
 Orléans -une stèle correspond peut-être à un tubicen ?
 Périgueux -sur un autel taurobolique (Esp. 1267), un syrinx, des cymbales et des tibiae
Puget/s/Argens-(Eu)tych(es), tubicen (peut-être musicien de la flotte de guerre stationnée à Fréjus ?) 
Reims-Ioinchus ; il tient une tuba (musicien civil au service de la cité ?) 
-sur un vase en bronze, un orgue hydraulique accompagne des combats de gladiateurs
 Roches-de-Condrieu (38) -décor figuré sur une cruche en bronze : un aulète rythme les pas d’un danseur
St Bertrand-de-C.-inscription fragmentaire citant sans doute un « cornic(en) » et un « tibic(en) » (CAG 31.2, p 396)
St Romain-en-Gal et Ste Colombe-statuette (Esp. 385) : personnage ou divinité tenant une syrinx
Hellas, pantomime (Cil  12,1916)
-un fragment de céramique laisse entendre que le tubicen pouvait aussi se voir dans un cirque ou un stade
 Saintes -sur un autel, un joueur d’aulos (Esp. 1332)
 Saulieu-stèle : un couple et un orgue hydraulique 
 Soulosse-stèle (Esp. 4855) : 2 personnages tenant chacun une flûte ou une double flûte
Sources de la Seine-statuette (Esp. 2419) : un personnage tenant une syrinx (ex-voto ?) 
 Tain-L’hermitage -Albius Verinus, tibicen sur un autel taurobolique daté de 184 
 Texon -sur un autel taurobolique très effacé (Esp. 1582), un tympanon ??
 Vienne -Nicias, « citharoedo » = citharède  (Cil  12,1923)
-De nombreuses sculptures, mosaïques et peintures montrent aussi des instruments mais surtout utilisés par des divinités : Orphée charmant les animaux (mosaïques de Blanzy-les-Fismes, de la forêt de Brotonne, de St Romain-en-Gal, de Valence, d’Aix-en-Provence, d’Arles), Triton jouant du syrinx (mosaïque de Ste Rustice), la « harpiste » (peinture d’Arles découverte récemment), Apollon et sa cithare (peinture de Famars), musicienne (peinture du temple de Loubers) …
-Quelques rares témoignages matériels complètent l’ensemble :  

*à vents : une trompette de 3m de long découverte à Bavay en 2021, l’exceptionnelle trompette  (tuba de 190 cm) en bronze du dépôt votif de Neuvy-en-Sullias, découvert en 1861 (Loiret), une autre trompette à coulisse à St Just-sur-Dives (Maine-et-Loire ; fait 175 cm), peut-être une trompette au Bernard (Vendée), des éléments de tuba à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), un élément de trompe à Sceaux-du-Gâtinais (Loiret), une embouchure de trompe, découverte en 1999,  à Vieux (Calvados), une embouchure de trompette aux Tournelles (Oise), un embout d’instrument à vent à Bliesbruck (Moselle), une flûte à Rouhling près de Metz, une flûte en bois à Alésia, une flûte en os à Mauves (Loire-Atlantique), une flûte en os à Chalon/s/Saône,  une flûte en bronze à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne), un possible sifflet en os à Horbourg-Wihr (Alsace), un vestige d’orgue à Avenches en Suisse,  
*à cordes : une cheville de cithare à Saint-romain-en-Gal 
*à percussions : une cymbale votive -pour Cybèle ? – à Crozon (Jura), une cymbale à Chassenard (Allier), 2 cymbales au musée d’Autun, une cymbale découverte à Famars (Nord), 6 clochettes ou cymbales en bronze de Bavay (découvertes dans une tombe du IVème s.), des clochettes (pas forcément musicales) à Compiègne et Morienval (Oise), le sistre de bronze de Glanum, le sistre à 3 tringles et en bronze de Nîmes (découverte dans la tombe d’un prêtre d’Isis) …

IV) MYSTÈRES AUTOUR DES FÊTES ET CONCOURS


1-Les manuels et guides sur l’Antiquité romaine nous donnent d’impressionnantes listes de fêtes, surtout religieuses (les Lupercales et les Feralia de février, les Liberalia de mars, les Volcanalia d’août, les Saturnales de décembre pour n’en citer que quelque-unes…). Mais, ne sont-elles « pratiquées » qu’à Rome ? Dans les provinces de l’empire, on adopte quelques fêtes romaines (même si elles n’ont pas laissé de « traces » écrites), on conserve quelques fêtes anciennes (puisque des calendriers gaulois, comme celui de Coligny, sont toujours en vigueur). Des fêtes plus « locales » (les Compitalia, pour les Lares des carrefours et les Paganalia, dans le cadre d’un pagus ou d’une zone rurale) étaient certainement en vogue. Les habitants de la Gaule étaient manifestement libres du choix de la divinité (celte ou romaine) à fêter et chaque cité avait probablement son propre calendrier des fêtes. Malheureusement, les sources sont très avares d’informations pour la Gaule romaine :


2-des « jeux publics » sont mentionnés à Apt, Nîmes (avec un curateur responsable), Die (avec un intendant des jeux de la colonie). A  Marseille, un agonothète est responsable des Jeux de Jupiter (à Rome, ils existent, le 13 septembre et 13 novembre). A Rome toujours, des jeux publics ont été institués en l’honneur de Janus (9 janvier), Mars (17 mars), Minerve (19-23 mars), Cybèle (4-10 avril), Cérès (12-19 avril), Flore (27 avril-3 mai), Mercure (15 mai), Diane (13 août), Vulcain (23 août),  Jupiter…

3-des fêtes et cérémonies religieuses sont plus précisément citées, à Lezoux (les fêtes de la déesse de l’abondance, Rosmerta), Limoges (la fête des 10 nuits de Grannus, dieu guérisseur associé à Apollon ; une inscription d’Alzey, en Allemagne, apporte une date, le 18 août, pour une dédicace à Apollon Grannus…),  Vienne et Arles (des cérémonies à Isis ; à Arles, il est question d’un collège des rameurs de la déesse et l’on sait que cette fête était célébrée le 5 mars ; toujours à Arles, des « ministres » des Lares étaient des esclaves chargés d’organiser les Compitalia), Nîmes. A Narbonne, il existe un « administrateur » des fêtes de juin : pour quelle divinité ont-elles été organisées ? (à Rome, il y a Vesta le 9 juin, Mater Matuta le 11, Minerve le 13, et Fortuna le 24). Toujours à Narbonne, un autel et un vivier sont offerts par deux magistrats pour Vulcain (le vivier servait à des offrandes de poissons pour les Volcanalia).A Lectoure, Cybèle est peut-être fêtée les 18 octobre et 10 novembre.

4-des fêtes « civiques », mi-politiques, mi-religieuses, comme celle du 1er août, à Lyon, dans le cadre du sanctuaire des Trois Gaules, en l’honneur de Rome et de l’empereur. A Narbonne, on fête la naissance d’Auguste, pendant 3 jours (22-24 septembre). Dans les provinces germaniques, des festivités concernant les militaires, sont attestées dans des inscriptions (le 13 janvier, le 30 avril et le 1er septembre, pour la maison impériale et Jupiter, le 1er juillet et le 23 décembre pour Jupiter et Junon, le 15 juillet pour la triade capitoline, le 13 août pour Apollon et Diane).

5-par contre, des concours semblent plus nombreux : sportifs à Arles (offerts par un notable) et Vienne (concours de gymnastique -voir plus haut-), de poésie peut-être à Périgueux (mais la preuve, un graffiti, est très anecdotique), de pantomimes à Arles encore (une inscription en grec évoque un tel concours, soit sous Constantin selon la CAG, soit un joueur nommé Constantius, selon E. Teyssier), sans précision à Marseille (mais sans doute de type grec), à Nîmes (avec un curateur responsable). A Nîmes, des concours agonistiques sont sportifs ou littéraires.

Sources : -A. Barbet et M. Fuchs  (Les murs murmurent, Infolio, 2008)  -D. Bartus (Les manches de couteau à représentations de gladiateurs, 2010) -A. Baudot (Les musiciens romains dans l’Antiquité, 1973)-M. Bovagne, M. Christol, J. Grimaud (Une inscription de gladiateurs en remploi dans une tombe de l’Antiquité tardive à Nîmes  et l’épigraphie de la gladiature nîmoise, in RAN, 2017-2018, 50-51, surtout p. 334-348)-Collectif (Musiques ! Echos de l’Antiquité, catalogue de l’exposition Louvre-Lens, Snoeck, 2017 ; dont l’article de C. Vendries et A. Vincent sur la musique romaine, p 84-101)-V. Dasen (Veni, vidi, Ludique. Le jeu de la vie ; catalogue de l’exposition de Nyon, 2014 ; article, Jeu et divination, revue Archéologia, juin 2017, p 60-69)-V. Dasen et U. Schadler (Jeux et jouets gréco-romains, revue Archéo-Théma, 31, 2013)-L. Deschamps (L’amoenitas de la vie à Bordeaux au 5ème s., Caesarodunum, 2001-2002, p 449-459)-F. Dieulafait (Rome et l’Empire romain, éditions Milan, 2017)-P.-M. Duval (La Gaule pendant la paix romaine, Hachette, collection La vie quotidienne, édition 1997 ; avec de nombreuses références à Espérandieu)-E. Espérandieu puis R. Lantier (Recueil des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, 1907-1949, 14 volumes)-J.-C. Golvin (L’amphithéâtre romain, Archéologie Nouvelle, 2012) -J.-C. Golvin et C. Landes (Amphithéâtres et gladiateurs, CNRS, 1990)-K. Hopkins et M. Beard (Le Colisée, l’histoire et le mythe, Tallandier, 2019)-K. A. Kazek (Gladiateurs et chasseurs en Gaule, PUR, 2012 et édition numérique 2019 ; Chasseurs et gladiateurs, l’épopée des héros de l’arène, revue Antiquité, HS, printemps 2019)-R. W. Mathisen (Les auteurs gaulois de la période 450-550 et la vie urbaine, Caesarodunum, 2001-2002, p 461-470)-P. Minne (La musique en Gaule romaine, revue Histoire antique et médiévale, HS n°26, avril 2011, p 68-73)-M. Monteil et L. Tranoy (La France gallo-romaine, La Découverte, 2008)-V. Peché et C. Vendries (Musique et spectacles dans la Rome antique et dans l’Occident romain, Errance, 2001)-B. Remy et N. Mathieu (Les femmes en Gaule Romaine, Errance, 2009)-E. Teyssier (La mort en face, le dossier des gladiateurs, Actes Sud, 2009 ; Mythes et réalités des gladiateurs, Histoire magazine, 1, 2018, p 85-95)-C. Vendries (Pour les Oreilles de Cybèle : images plurielles de la musique sur les autels tauroboliques de la Gaule romaine, in P. Brulé et C. Vendries, Chanter les dieux, PUR, 2001, p 197-217 ; Musique à Rome, Les dossiers d’archéologie, 320, mai-juin 2007 (nombreux articles variés) ;  Considérations sur le statut du musicien dans la Rome antique, in Le statut du musicien dans la Méditerranée ancienne, 2013, p 233 ; Une stèle de musicien dans la nécropole de Pont-l’Evêque à Autun. Le tibicen Brunnius, in Latomus, 72, 2013, p 1022-1033)-G. Ville (La gladiature en occident des origines à la mort de Domitien, BEFAR, 245, 1981)-A. Vincent (Jouer pour la cité : une histoire sociale et politique des musiciens professionnels de l’Occident romain, BEFAR, 371, 2016 ; avec 2 corpus des 311 musiciens militaires et 257 musiciens civils de l’empire romain, accessibles en ligne)-Le carnyx et la lyre. Archéologie musicale de la Gaule celtique et romaine. Catalogue exposition, 1993.

B-VICES, VERTUS ET FAITS DIVERS …

Tablette de défixion de l'Hospitalet-du-Larzac 1.jpg 
 Tablette du Plomb du Larzac : des malédictions (peu lisibles ici) lancées entre femmes… Graffitis sur une fresque à Strasbourg : deux personnes se proposent de trinquer…

I-Une société violente ?

-Ianuarius, soldat de la 22ème légion, est assassiné par des « brigands » (= « latronibus ») et enterré à Autun. Iulius Aventinus (Lyon), après avoir été épargné par les dangers de la vie militaire (il est vétéran de la 1ère légion) meurt à 61 ans, « tué par de méchants hommes ». Un anonyme de Lyon, est tué à 33 ans, lui aussi par des « brigands ». A Valcabrères (Convènes), se sont deux espagnols de Carthagène (Silvanus et Campanus) qui sont tués par des brigands, en mai de l’année 194 ou 202, peut-être sur un obscur chemin des montagnes pyrénéennes. Les tailleurs de pierre de Cimiez  (Alpes Maritimes) demandent la protection de Mercure (peut-être face aux brigands ?).Qui se cachent derrière ce terme vague et répétitif de « brigands » ? (des soldats déserteurs ? des bandes organisées ? des pauvres ? des révoltés comme les bagaudes ?). A Bois l’Abbé (Ambiens), L. Cerialis Rectus, magistrat (quattuorvir),  prêtre (flamine) et évergète (il offre le théâtre), est aussi nommé préfet chargé de la lutte contre le brigandage. Des préfets des « statores » (policiers ou attachés militaires ?) sont connus à Metz, à Rodez, à Vienne. Sont-ils chargés du maintien de l’ordre ?

-A Roussillon (cité d’Apt), un homme (Severianus) est tué par son propre affranchi.

-A Trans-en-Provence, un anonyme est « tué au-delà des mers, en Grèce ».

-Des individus entravés par des fers ont été découverts à Saintes : sont-ils des esclaves ou des condamnés de droit commun ?

 L’archéologie révèle régulièrement des cas atypiques de squelettes « mal enterrés »peut-être victimes de violences  : une tête décapitée découverte à Porquerolles (v 50/100) ; une tête décapitée au seuil du temple de la forêt d’Halatte (résurgence d’une pratique cultuelle gauloise ?) ; un individu décapité découvert dans la nécropole de la place Drouet d’Erlon à Reims ; trois hommes portant des traces de coups et jetés dans deux puits de Lattes (vers 25/75) ; un charnier de trois hommes et cinq enfants dans un puits à Ambrussum (4ème s.) ; neuf enfants et adolescents trouvés dans un puits à Chartres en 2013 ; deux adultes et deux enfants jetés dans une fosse-dépotoir à Arras (4ème s.) ;  un corps humain enchaîné les mains dans le dos découvert en 1895 à Sarrebourg ; quatre adultes (trois hommes et une femme) décapités, à coups d’épée,  à Evreux vers 310/430 (mais ils ont été inhumés de façon « normale ») ; à Beauvais, un homme jeté au fond d’un puits (accident ?, suicide ? crime ?) ; à Falaise, un adulte aux jambes et chevilles sans doute attachées ; à Lyon, un crâne d’un décapité (voir plus bas), un jeune homme portant des traces de coups, un adolescent bras étendus au-dessus du crâne et jambes écartées, un autre jeune homme avec des traces de décapitation et un quatrième jeune homme portant des traces de deux blessures à Lyon-Vaise (rue Sergent Michel Berthet)… Appel aux « Experts-Gaule » !

-Les victimes des conflits sont rarement  mentionnées : à Lyon, Aemilius Venustus, scribe de la 30ème légion et Attonius Constans, vétéran de la 22ème légion puis rappelé, ont été « tué(s) à la guerre », sans plus de précision. Quintus Canuleius, un soldat de la 7ème légion, originaire de Capoue, a été « tué en Gaule » (= « occisus in Gallia »). Un viennois (Valerius Sacer) est un soldat tué lors de la conquête de la Dacie, sous Trajan. Le picton, Marcus Sedatus Severianus, fait une longue carrière de haut fonctionnaire en Sicile, Italie, Dacie, Cappadoce comme gouverneur : il se suicide là-bas, après une défaite face aux Parthes en 161 ou 162.

La bataille de Lyon, le 19 février 197, remportée par Septime-Sévère sur Clodius Albinus, a laissé, semble-t-il quelques traces : des charniers découverts à Saint-Didier-au-Mont-d’Or et à Vaise, un squelette de soldat sévérien retrouvé rue des Fantasques en 1950, un crâne d’un homme décapité retrouvé récemment lors des fouilles du clos de la Visitation dans ce qui est sans doute un lieu de stockage d’armes (peut-être lié à la caserne de la XIIIème cohorte urbaine, dissoute d’ailleurs après les faits). La ville est probablement pillée mais non incendiée ni détruite et dès mai 197, un taurobole est dressé en l’honneur du vainqueur. (Sources : catalogue de l’exposition temporaire « En quête de pouvoir », présentée au musée Lugdunum)

-Des « règlements de compte » politiques sont encore visibles : deux autels à Cybèle, à Lyon, portent la marque de « damnatio memoriae » (les noms de Commode et Clodius Albinus ont été martelés). On connaît également les cas de deux allobroges, Decimus Valerius Asiaticus, riche viennois devenu consul à Rome en 35 puis en 46 et disgracié par Claude et contraint au suicide et T. Iulius Pollio (Saint-Jorioz), tribun de la 3ème cohorte prétorienne de Rome, qui participa à l’empoisonnement de Britannicus, le demi-frère rival de Néron, en 55 (il fut « récompensé » par un gouvernorat en Sardaigne !).

-De la violence discrète de la vie conjugale, émerge un cas de féminicide : la lyonnaise Iulia Maiana a été tuée par son mari, après 28 ans de mariage. Elle laisse un fils de 19 ans et une fille de 18 ans.

II-Les tragédies de la vie :

-Les catastrophes naturelles ne sont jamais mentionnées, à part un incendie  à Narbonne, vers 145 (ce qui nécessita de reconstruire certains édifices) ou des  inondations à Bourg-Saint-Maurice vers 161/169 et à Entrechaux (un monument a été endommagé). A Thésée, une dédicace fait peut-être allusion à un danger fluvial. Un séisme de forte intensité a été révélé par l’archéologie viennoise et est daté de 36 ou 37 : plusieurs monuments en portent toujours les stigmates comme le temple d’Auguste en parti reconstruit et renommé temple d’Auguste et de Livie sous Claude.

-Au IIIème siècle, l’archéologie montre les traces d’ incendies importants, pas nécessairement liés aux « invasions » et guerres civiles de cette période : à Amiens vers 250, Metz vers 260, Arras et Rouen vers 270/280, les thermes de Chassenon vers 280/300… En plus des dégâts matériels, ces événements ont fait très certainement de nombreuses victimes. A propos des incendies, 5 pompe à eau ont été découvertes en Gaule, dont une récemment à Reims, au fond d’un puits.

-Aufidius Militaris (Lyon) meurt noyé dans la Saône, à 22 ans. Primitivus meurt sans doute dans les mêmes circonstances, mais dans le fleuve Macra, à Luna, en Toscane : son corps fut ramené à Lyon. Un autre lyonnais, anonyme, meurt noyé, en se rendant à Rome. Volusianus et Fortunatus (autrefois pris pour des martyrs chrétiens) sont victimes d’un naufrage et  enterrés à Marseille. Eufronia (peut-être chrétienne ?), d’Autun, est aussi victime d’un naufrage. Une inscription fragmentaire de Vienne  évoque un jeune qui meurt noyé. A Servian (cité de Béziers), « les frères Campanus et Restitus ont péri ensemble dans l’eau ». P. Attius Firmus, un pèlerin de passage au sanctuaire de Châteauneuf (Savoie, Allobroges) remercie Mercure de l’avoir peut-être sauvé de la noyade, sur le lac de Garde, en Italie. Une inscription de Rome mentionne le décès de deux femmes (Cornelia Tyché, 39 ans et Iulia Secunda, 11 ans) dans un naufrage dans le golfe du Lion. Très incertaine est la mort de L. Maecius Maelo (St Thomas-en-Royans, Allobroges) « à l’embouchure du Tibre », à 50 ans : Est-ce un naufrage ou un décès « naturel » à Ostie ?

-Plusieurs décès mentionnés sur des stèles évoquent probablement des maladies ou épidémies, jamais citées (exception faite de C. Martius Valerius, à Lyon, « emporté par une soudaine maladie », à l’âge de 6 ans, 1 mois et 10 jours). Iulius Anicitus et sa fille Iulia Aniceta (Lyon) ont été « surpris par une mort subite », laissant une veuve éplorée et nous laissant dans l’expectative… Sutia Anthis meurt à Lyon, à 25 ans, « en même temps (le même jour ?) que leur fils », Attius Probatiolus. Encore à Lyon, Tertinia Amabilis, originaire d’Asie mineure et mariée pendant 18 ans avec un vétéran de la 8ème légion, est « enlevée de mort subite au bout de 3 jours » (maladie ?). A Arles, Voturia Elpis décède 4 jours après son mari, à plus de 40 ans. A Grenoble, les parents d’Antonia Gratinula et d’Antonia Grata sont « décédés ensemble ». A Narbonne, « un deuil a frappé deux fois en un seul jour » un mari, anonyme, qui perd son épouse et affranchie, âgée de 20 ans et leur fille de 6 ans (la mère avait donc 14 ans quand elle a accouché de cet enfant !). Toujours à Narbonne, un autre anonyme perd ses enfants (nombre inconnu) dont les corps furent incinérés le même jour. A Nîmes, Annia Eutychis et Mascellus (beau-frère de son mari) meurent en 16 jours. A Apt, Hippodamie est morte en couches en donnant naissance à des jumeaux. L’inscription la plus tragique, près de Vienne, montre un couple (Vitalinus et Martina) qui voit mourir ses trois enfants en 27 jours : Sapodus, mort à 7 ans et 26 jours, Rustica, à 4 ans et 20 jours, Rusticula, à 3 ans et 33 jours.Plus chanceux, Flavius Sabinus (chez les Lémovices) se déclare « libéré de son infirmité » dans sa dédicace à Sylvain. La (forte) mortalité infantile sera évoquée dans la fiche sur les enfants.

-Lucius Secundus Octavus (affranchi de Lyon mais né à Trèves) s’échappant, à demi-nu, d’un incendie (de sa maison ?) puis « voulant, au risque de sa vie, arracher quelque chose aux flammes », retourna dans la fournaise et périt écrasé par la chute d’un mur. Ses trois co-affranchis et son ami (« son frère en quelque sorte par l’affection qu’il lui portait ») lui rendent hommage. Quel manque de chance pour M. Octavius Nepos, qui meurt à 18 ans, le jour même de son mariage, à Fréjus ! Murra, un enfant lyonnais, meurt à 14 ans, accidentellement, frappé à la tête, en jouant. Un autre enfant (Victor), affranchi impérial, adopté par une famille lyonnaise du même milieu social, meurt à 10 ans, « au cours de ses études ».


III-Une société superstitieuse ? Des textes d’exécration, de défixio, de malédictionmais aussi d’invocation, semblent avoir été très répandus en Gaule :

 Amélie-les-bains Une des six lamelles de plomb est peut-être une prière pour « ne pas guérir » des personnes (mais la transcription est très délicate).
 Aumagne (Santons) Un texte sur deux tablettes demande à Pluton et Proserpine, par l’intermédiaire d’une sorcière (Gallara) de donner « l’ impuissance » à deux personnes (Lentinus et Tasgillus) dans le cadre d’un procès qui les opposent à l’envouteur.
 Autun (Eduens) Tablette d’exécration de la pyramide de Couhard.
Barzan (Santons) Une tablette est formée de trois plaques de plomb enserrées dans une quatrième plaque repliée en U, le tout traversé par deux clous. Pas de texte semble-t-il !
 Bouchet (Drôme) Un propriétaire d’un vignoble demande au dieu Oamoutha d’écarter la grêle et la neige !
 Chamalières (Arvernes) Un inconnu invoque le dieu Maponos et les dieux d’En bas  ; peut-être contre un accusateur (C. Lucius Florus) et ses six « faux témoins » d’un probable procès. On demande au dieu de leur infliger la déformation des os droits pour avoir juré un faux serment. Mais pour JM Pailler, cette tablette de plomb découverte dans une source et non cachée, n’est pas une défixio mais une invocation.
 Chartres (Carnutes) Deux textes « magiques » : le premier, sur deux tablettes en plomb et écrit en gaulois, évoque une malédiction portée contre cinq accusateurs et trois complices. Le second, sur un brûle-encens, énumère une prière (répétée quatre fois), neuf divinités inconnues (répétées aussi quatre fois) et une invocation divine (quatre fois aussi), pour apporter des bienfaits à un citoyen, gardien de ces divinités (C. Verius Sedatus).
 Chateaubleau (Senons) Pas de malédiction mais sans doute une promesse de mariage (?) : « Je (veux épouser) une femme qui doit être donnée en mariage avec dot de bétail et que je connais par ses noms…, une femme consentante… elle dira à ses parents, je demande Quprinnos pour qu’il soit à moi… ô mon propre père… si le futur beau-père rompt sa promesse, qu’il me le dise ».
Chateaumeillant (Bituriges) Une tablette non inscrite a été découverte dans un puits : elle contenait des poils d’animaux domestiques et 6 cheveux humains !
Compertrix (Marne)Tablette de defixio : Pluton et Proserpine sont priés de réduire au silence l’adversaire et ses avocats en leur faisant perdre la raison.
 Deneuvre (Leuques)Sur une tablette, un charme concernant un jeu ou un vol (?) et des prescriptions divinatoires.
 Dax (Tarbelles) Une tablette  a sans doute été rédigée pour punir des auteur de vols ?
 Le Mans (Cénomans) Une douzaine de  plaques de plomb ont été découvertes dans un ancien étang sacré : certaines portent des écritures difficiles à déchiffrer (langage symbolique).
 Lezoux (Arvernes) Un plomb  et un plat inscrits, en gaulois, sont très délicats à déchiffrer
 L’Hospitalet-du-Larzac (Rutènes) Plomb du Larzac : une femme retourne contre un autre groupe de femmes, une malédiction qu’elles lui ont lancé, en utilisant les « services » d’une sorcière « officielle » (Severa Tertionicna) et de la déesse Adsagsona (très demandée : voir plus bas) : « envoie le charme de ces femmes contre leurs noms… »
 Magalas (cité de Béziers)Une tablette est plus explicite : « … que tombe la jeunesse, les membres, la vie… de ceux qui m’ont fait tort (suit une liste de cinq personnes dont une mère et son fils).
 Mariana (Corse) Plus violente, la defixio indique qu’un individu prie un dieu de se venger de deux autres personnes dont Pollion (« qu’il dépérisse du mal jusqu’à ce qu’il meure … qu’il ne vive même pas un an »).
 Martres-de-Veyre (les)   (Arvernes)Deux tablettes de plomb qui s’adressent à de probables dieux, Adsagonda et Antumnos
 Monastère-sous-Rodez/Flavin (Rutènes)Plomb du Mas Marcou : un individu (propriétaire d’une villa ?) prononce 3 fois une formule de protection contre une malédiction lancée par une sorcière (Bregissa ?)
 Mondragon (Drôme) Un autre propriétaire en appel au même dieu (voir Bouchet) pour protéger sa terre de la neige. Un dieu « anti-neige » en quelque sorte…
 Murol (Arvernes)Un plomb : évocation d’un contrat ou d’un procès ? d’une maladie ?
 Peyriac (cité de Narbonne) L’auteur d’une defixio, sur une feuille en plomb  demande de triompher de ses ennemis et de les faire bannir.
 Pézenas Plusieurs tablettes de malédiction (en cours d’étude) ont été découvertes récemment dans le dépotoir de puits à l’Auribelle
 Poitiers (Pictons)    Une formule magique, en gaulois, sur une lame d’argent (phylactère), pour Tinus (doit prendre de la centaurée, pour garder sa force… ?)
 Rom (Pictons)Une tablette de plomb, en gaulois, de compréhension difficile (il s’agit de quatre femmes qui veulent que des dieux fassent  souffrir au moins cinq personnes dont un pantomime nommé Sosio)
 Senas (Alpilles)« Puisses-tu maudire le voleur d’eau » est une exécration d’une grande netteté !
 Troyes Tablette de cire avec « engagement de Nerta à comparaître »

IV-Des pratiques étranges ?

-A Bourbonne-les-Bains (Lingons), on dédicace une urne utilisée pour des tirages au sort au profit des « mancipes Ludnomagenses » (sont-ils des acheteurs ? des propriétaires ? des adjudicataires qui ont pris à ferme le transport du blé vers Rome ?). A Vienne, un citoyen offre en ex-voto, une urne et des sorts. A Meyzieu (Allobroges), c’est au Génie (du trésor ou des bronziers ?) des Diarenses que l’on dédie. A Aigues-Mortes (cité de Nîmes), on demande à Silvain, la conservation du troupeau. A Arzon (Vénètes), C. Sabinus dépose une dédicace à un dieu anonyme, à l’intérieur d’un monument déjà vieux d’environ 4 000 ans : le cairn néolithique du Petit-Mont ! A Saint-Paulien (Vellaves), L. Sergius Primus offre une curieuse dédicace au « Salut du Genre Humain » !  Un centurion (C. Pompeius Cornutus) remercie Hercule d’avoir assurer la santé et le retour de ses soldats de la 21ème légion (et même de son chef, le tribun G. Licinius Macer) à Glanum.-21 inscriptions (dont 19 en Narbonnaise) commémore la chute de la foudre : « la foudre divine (a été) enterrée (ici) » ! Dans les invocations à Cybèle, sur les autels tauroboliques, des propos et pratiques cultuelles nous semblent insolites et mêmes cruelles : à Bordeaux, deux femmes citent « des forces sexuelles qui ont fait renaître », à Lectoure, on consacre les parties génitales de taureaux sacrifiés et le 24 mars 239, Valeria Gemina recueille les testicules du galle Eutychès (prêtre du culte de Cybèle, émasculé) en présence d’un autre prêtre Traianus Nundinus !!! Une étude plus récente parle plutôt des testicules du taureau (heureusement pour Eutychès !). Pour des raisons inconnues (financières ?), un homme de 80 ans (Vostrus) vivant à Lisieux (Lexoviens) acquiert sa future stèle funéraire préparée pour un jeune garçon et à Bordeaux, la stèle de Secundianus, décédé à 2 ans et 7 mois, est celle d’un enfant d’environ 15 ans … A Lyon, Claudius Myron adresse une dédicace au « Génie de la « splendidissime » corporation des charpentiers et des stucateurs » et M. Sennius Metilius se déclare membre de la « splendidissime corporation des négociants cisalpins et transalpins ». A Cimiez, est honoré, le patron des trois collèges de la « splendidissime cité de Cemenelenses ». A Saint-Bertrand-de-Comminges, une inscription relate la restauration du « très magnifique poste de douane » de l’impôt du 40ème des Gaules !

Des enfants précoces : Le fils du gouverneur C. Iulius Celsus (à Lyon) devient sénateur à … 4 ans ! A Antibes, T. Aelius Iucundus, décédé à 5 ans, est chevalier romain. Sextus Iulius Verus (à Aix-en-Provence) est sénateur lorsqu’il meurt à 15 ans. Q. Acceptius Venustus (fils d’un magistrat lyonnais) est décurion (membre du sénat local) lorsqu’il décède à 11 ans, 6 mois et 26 jours. Un anonyme de Marclopt (Ségusiave) « a assumé toutes les charges » (civiques ?) avant son décès à 21 ans. Sextus Iulius Felicissimus (à Aix-en-Provence) fut le plus jeune médecin de tout l’empire, mort à 19 ans. Près de Vienne, l’acteur de pantomime, Hellas, meurt à 14 ans. Le célèbre Septentrion, mort à Antibes à 12 ans, « dansa deux jours dans le théâtre ». A Die, une prêtresse (flaminique) originaire d’Arles, décède à 14 ans et une parfumeuse, anonyme, meurt avant 10 ans ! Rufus, archiviste « du grand bureau » à Lyon, meurt à 15 ans. Rappelons que le travail des enfants ne sera interdit en France que dans la deuxième moitié du XIXème siècle ! 

-Comme on vient de le remarquer, de très nombreuses stèles funéraires indiquent avec une étonnante précision (année, mois, jour) l’âge de décès ou la durée de l’union matrimoniale des défunts. Au moins,  six stèles précisent même l’ heure du décès : un enfant, anonyme, d’Arles, à 10 mois, 20 jours … et 9 heures.  A Naix-les-Forges, Aulus Tiberius Scarcellus, meurt à 6 ans, 5 mois et 3 heures. A Besançon, Caesonia Donata décède à 47 ans, ? mois, 11 jours et 4 heures. A Lyon, Aelia Germanilla est morte à 6 ans, 8 mois, 13 jours et 3 heures,  Peculius à 10 ans, 10 jours et 5 heures. Un soldat de Chalon-en-Champagne décède à 28 ans (?), 15 jours et 3 heures. Sur une dernière, à Toulon, le mot heure apparaît mais le chiffre est illisible.-Iuventia Felicissima (Lyon) est mariée à 7 ans à un affranchi impérial, avec lequel elle vivra 23 ans. Toujours à Lyon, Maria Dafne se marie à 12 ans et demi et décède à 18 ans, Attia Successa, mariée à 12 ans et pendant 31 ans ou Blandinia Martiola mariée de 13 à 18 ans. … Aelia Aeliana (Arles) meurt à 17 ans, 7 mois et 18 jours « alors que son mariage était annoncé ». A Cimiez, Clementilla meurt à 15 ans en laissant une fille, Moccia Vera… Serais-ce des mariages arrangés !

-Deux épitaphes rares, s’adressent à des animaux : à Apt, pour le cheval de l’empereur Hadrien, Borysthène et à  Auch (Ausques), pour une chienne (« quel péché Mya que tu sois morte »).

-Enfin, P. Charlier évoque des cas possibles de nécrophobie (= peur du retour des morts) : des corps sont enterrés sur le ventre (« procubitus ») comme à Marseille, Aix-en-Provence ou Evreux, des clous sont mis sur des cadavres à Argenton ou Cabasse (le crâne d’un enfant de 7 ans a été perforé de plusieurs clous au 3ème s.).


V-Le « savoir vivre »… ou pas !

-Les Romains et Gallo-Romains se saluent (« salve » ou « ave »), se disent bonsoir (« bonum vesperum ») ou « Porte-toi bien ! » (« vale »), merci (« gratias ago »)… Des faire-parts d’événement sont sans doute utilisés à l’image de ceux retrouvés en Grande-Bretagne, sur des tablettes à Vindolanda, où une femme de militaire en invite une autre pour son anniversaire… Ils se doivent, dans la bonne société, de bien se tenir à table (cf fiche sur les repas) et de contrôler leurs émotions : montrer ses émotions est mal vu chez les philosophes (stoïciens) et dans les sobres rituels religieux. On se doit même de mourir avec dignité. Les excès émotifs sont associés aux Barbares (les stéréotypes du sauvage !). Par contre, le pathétique du discours de l’orateur, la théâtralisation des pleureuses lors de certains deuils, la passion pour les gladiateurs sont dans le registre de la normalité. En ce qui concerne le suicide, aucune inscription n’en porte témoignage mais l’acte n’est pas impossible car les mentions dans la littérature sont nombreuses à l’échelle de l’empire et peut-être que certains squelettes retrouvés au fond de puits en Gaule, sont des suicidés (voir la partie 1-) ?
-Dans un domaine moins respectable (à notre époque), faire des « gaz et vents » n’est pas inconvenant à l’époque romaine et faire des tags sur les murs est une pratique courante (cf fiche sur les graffiti). Selon A. Angela (« Une journée dans la Rome antique », p 310), roter à table est un signe de bonne éducation ! Enfin, lorsqu’il s’agit des « noms d’oiseaux » et autres insultes, les Romains en avaient une belle liste (à voir dans l’ouvrage Artes Urbanae, p 233). J’en retiendrai quelques-unes toujours usitées (« Frutices » = Imbécile ! ; « Nugator » = Idiot ! ; « Vappa » = Salaud ! ; « Malum » = Abruti ! ;  « Spurce » = Ordure ! ; « Taceas » = Ta gueule !) et d’autres, disparues, mais assez pittoresques… (« Cucurbita » = Citrouille ! ; « Vappa ac nebulo » = Sac d’ordures ! ; « Luteus » = Tas de boue ! ; « Pediculose » = Sac à poux ! ; « Ructabunde » = Sac à gaz ! ; « In malam crucem » = Va te faire crucifier !).

VI-Plaisirs et vices, c’est selon !

Le vin : déjà les Gaulois étaient considérés comme de gros buveurs. La romanisation a-t-elle mis un frein à cette passion ? Nous l’ignorons, les auteurs romains n’en parlent pas, en tout cas. Par contre, il existe des vases à boire inscrits de formules vivantes ou familières (cf dans le 7-Arles, Banassac, Paris, Valence, Vannes...)

Les drogues : l’usage en est assuré pour les Gaulois (une tombe de Cébazat dans le Puy-de-Dôme, a livré un vase contenant du cannabis !). Selon Gérard Coulon (Les Gallo-Romains, A. Colin, 1985, p 151), une lampe de Vaison montre comme motif un homme nu aux yeux exorbités (drogué ?) et des fourneaux de pipes retrouvés à Vertault ou à Cimiez, pouvaient être utilisés pour des narcotiques. A Chateaubleau, du jusquiame noire (un psychotrope) a été découvert dans un puits : il peut être relié à un rituel religieux…

Les contrefaçons (déjà !) : de nombreuses fausses monnaies ainsi de quelques ateliers, datant surtout du IIIème s. ont été découverts (Châteaubleau, Pérignat-sur-Allier…) ainsi que, peut-être, des ateliers de contrefaçons (à Lezoux ?).

Les prostituées : Dans la société romaine, l’homme a « le droit » à des aventures extraconjugales à condition qu’il pérennise sa famille dans le cadre du mariage. Des graffiti (cf dans la partie 7- Feurs, Limoges, Paris, Périgueux, Poitiers, Rennes, Sens, Villards-d’Heria…) peuvent évoquer l’existence des prostituées (mais sans certitude). Comme ailleurs dans l’empire, il devait exister des prostituées très pauvres, « exerçant » dans un  lupanar (aucun n’est connu en Gaule), dans une auberge, dans la rue ou même dans un cimetière et des prostituées de luxe, louées pour des banquets par exemple.

L’homosexualité, n’est évoquée que par des graffitis (cf dans la partie 7-Clermont-Ferrand, Lyon, Montbrison, Périgueux, Poitiers, Rennes, Saint-Pierre-de-Nazac, Tende, Villards d’Héria…), ou comme décor de céramique (au musée de Valenciennes, à Arles -un homme « actif » joue avec un miroir sur son amant qui boit !-), concernant une réalité possible  ou une « insulte »… 

L’amour, le sexe, l’érotisme : Chez les Romains, l’ obscénité n’existe pas, la nudité du corps n’est pas honteuse mais la pudeur est de mise. L’amour n’est pas passionnel ni démonstratif mais il a un rôle social important : assurer une descendance et faire en sorte que « l’actif » soit toujours supérieur au « passif » (une femme, un esclave)… L’art au sens large (y compris les graffiti) ne montre pas l’amour mais le caricature pour provoquer le rire qui est censé écarter le mauvais sort. L’érotisme est objet de moqueries (cf Bliesbruck, Famars, Narbonne) ou de vantardises (cf Beauvais, Limoges, Lyon, Périgueux, Reims), accompagnées souvent de commentaires vulgaires. De nombreuses scènes érotiques illustrent aussi des lampes, médaillons d’applique, vases… avec parfois des situations à double lecture :  une femme portant une cape est en position dominante (Arles), une autre femme dominante tient son miroir et tourne le dos à son partenaire qui boit (Arles), une femme gladiatrice sur un homme (Orange), une naine, figurant Cléopâtre (!)  accroupie sur un phallus (Arles),  des nains qui s’accouplent (Fos-sur-Mer), un homme face à sa partenaire qui détourne la tête (Lyon), des scènes de groupe…
Autant le sexe féminin est très rarement représenté, autant le phallus est partout ! (cf partie 7- Autun, Beauvais, Brumath, Chalon, Entrains-sur-Nohain, Gonesse, Limoges, Nîmes, Poitiers, Pont-du-Gard, Rivery, Saintes…). Il n’a pas de connotation indécente chez les Romains, on peut donc le voir dans les lieux publics, dans les domus, sur les objets de la vie courante (amulettes, lampes à huile…). Il est utilisé comme ex-voto (sur certains sites cultuels), comme objet de parure (bagues ou boucles d’oreille !) et surtout comme porte-bonheur ou protecteur pour éloigner la mort (pour les femmes enceintes) ou la maladie (pour les enfants). Gravé seul sur un mur, il est objet humoristique (pour chasser le mauvais sort). Dans la religion, il est aussi très présent avec les innombrables statuettes de Priape (il n’est pas un dieu sexuel mais un dieu malheureux qui souffre d’une malformation, un sexe disproportionné…, d’où son rôle protecteur pour éloigner aussi le mauvais sort), les cortèges dionysiaques, les Satyres obscènes, les scènes où Zeus viole Leda…


VII-Des faits très privés ! (interdit aux moins de 18 ans !)
Quelques objets, graffiti et « petites inscriptions » nous font entrevoir quelques bribes de l’intimité romaine :

AngersGraffite sur un gobelet : « garde-toi, voleur, d’emporter…., 5 setiers »
 ArlesInscription sur un gobelet : « Eternité Hercule. Pour l’éternité l’Alcide boit le Styx au sombre nectar » 
Scène érotique sur une sigillée avec une femme dominante tenant son miroir et tournant le dos à son partenaire qui boit … (et une inscription : « Que je me sens bien ainsi, cela me convient »)
 Autun Sur des fusaïoles (pesons de fuseau), on peut lire, « bonjour maitresse, j’ai envie de toi », « vas-y maitresse, aime-moi », « puis-je chevaucher (tes organes maternels ou Materna ?) » ou encore « belle fille, bonjour, porte toi bien… », « jolie fille, donne (moi) de la bière », « bonjour, au revoir, tu es belle/toi Bella », « bonjour madame, j’ai soif », « tu es élégante, Lauta », « Mata, donne les accessoires du bain », « belle génisse » (ou « Taurina, ma belle »)… Sur un fragment de bol sigillée, dessin d’ un oiseau muni … de testicules et d’un phallus
 AuxerreSur une fusaïole, « Jolie fille, bois du vin » 
 Badaroux (gabales) Sur une bague, « je t’aime » !
 Bages, près de Narbonne« Tiens-moi (bien) Eucion ! »
 Banassac (Gabales)« Viens à moi amie » ou « remplis-moi de cervoise » (sur des céramiques) 
 Bar-le-Duc Au musée, une pâte de verre à scène érotique (une femme nue « à quatre pattes » et un homme nu)
 Bayard-sur-Marne (Leuques)« Si tu m’aimes, (je t’aime ou reçois ceci) » et « Je m’emporte et pourtant j’aime » !
 Beauvais Un dessin d’un grand phallus avec la mention « le mien » !
 Beauvois-en-Vermandois Sur une fibule : « Je t’aime ma douce »
 BesançonSur une fibule : « Coucou ma chérie » 
 Bliesbruck Mainaxus a écrit « Il en a une de cette taille » sur un grand phallus en terre cuite !
 Bourges Au musée du Berry, une intaille à scène érotique avec quatre lettres (SURA = prénom d’esclave ??)
 Bouvines (nord) Sur une fibule en or : « Ce que tu veux, je veux ».
 Brumath  Une urne est ornée d’un visage stylisé et de 2 phallus ; Et un « Nicephora (?) baisée ! »
 Chaintrix-Bierges (Rèmes)Sur une fibule : « Ouvre (ton cœur ?) si tu m’aimes » 
 Chalon Vase tripode à trois versoirs phalliques
 Chartres « Titianus, ce jeune garçon te plaît… tu donnerais..; Quand à moi, j’écris, je (ne) crains ni… »
 Clermont-FerrandUn « eros pedicas »  évoque peut-être une dispute érotique masculine ; Sur une coupe, on lit aussi un propos de la même veine : « lorsque (cela) se produira, toi… de lierre masseur (?)… quand tu baises » ; « … tête de celui-ci » (en gaulois)
 Constantine (oppidum de) Une intaille montre un homme debout derrière une femme penchée…
 Dammartin (Séquanes) Sur un anneau en argent : « Attention, si tu buvais autant qu’un décurion (le fait) les vins tressailliraient dans tous les membres »
 Entrains-sur-Nohain Deux imposants phallus en pierre, découverts dans des maisons de forgerons, servaient à détourner le mauvais oeil et à assurer la fécondité de la maisonnée…
 Etaples (Pas-de-Calais) « Accepte si tu m’aimes » sur une fibule
 Famars Un graffite des thermes concerne un certain Martinus mais la traduction est variable (« Va martinus, Salut » ou « Va Martinus, épile-le » ou encore « Va Martinus, épile ta bite » !)
 Feurs Graffiti sur une peinture : « Ne baise pas Silvia, de façon désordonnée/avec un objet conique »
 Fréjus « Apprenez … hommes/apprenez femmes »
GanagobieUn phallus gravé sur une culée du pont romain
GièvresSur une fusaïole, « file une couverture/divine, belle jeune fille »
 Glanum « Teucer était ici le 4ème jour avant les calendes d’avril (29 mars)… » sur un enduit peint daté de -32
 Gonesse (Parisii) « La bonne Taurilla prendra le pot de cervoise » écrit sur un étonnant vase à 3 anses et décoré de 2 phallus (« vase à fascinum ») découvert en 2004 (cf site Inrap)
La Graufesenque Une coupe sigillée (signée L. Cosius) évoque le triomphe de Trajan sur les Daces et sur les Parthes
 LaonSur une fibule en forme de semelle de chaussure : « Bonjour la belle » 
 Lanslevillard (Alpes Cottiennes)     Graffitis érotiques ajoutés à des gravures de l’âge du fer, évoquant une sodomisation entre un homme (Luccius Met…) et un animal.  (cf AE 2013)
 La Roche-Maurice (Osismes) Liste de 4 mots (noms ?) et de 5 chiffres, sur une brique = peut-être un document comptable d’un domaine ?
 LattesSur un vase : « Pose-moi, j’appartiens à Domna » 
 Les Echelles (Allobroges) Mention d’une amende d’ un denier à donner au temple de Jupiter Domestique, « si quelqu’un urine ou défèque dans la rivière ». « La part du délateur soit de la moitié, à moins qu’il ne l’ait fait à plus de cinq pas » !
 Limoges Plusieurs graffiti de la maison des Nones de Mars célèbrent quelques « performances » amoureuses : « moi, Quintus, a fait l’amour ici toute la nuit, aux nones de Mars » (un 7 mars) ; un autre n’a laissé qu’une date assez précise, en août 235, ses exploits ayant été rayés par une main rageuse ; un troisième évoque un « amour en cachette vers les Nones » d’une femme, « Iris » à qui on demande « si elle veut autre chose »…
Un autre graffiti sur vase montre un phallus qui a des pattes et des ailes !
 Longeville/s/Doubs (Séquanes)Sur une fibule : « Si tu m’aimes, viens au secours de ton amant » 
 Lyon-Graffiti :  « …endus, pédé » !
-Médaillon d’applique : scène érotique mais où la femme détourne la tête + inscription (« Je fous bien. Tourne-toi vers moi »)
-graffiti obscène au dos d’un bloc de la dédicace de l’amphithéâtre
 Mandeure Sur un « autel miniature », « A Casunis, Lapida a donné, A mon Casunis »
 Meaux (Senons)Sur un gobelet : « Moi qui lit, je me fais enculer » 
 Montbrison (Segusiaves) Graffite sur un vase : « N’emporte pas le vase de Pidytès. Que celui qui l’aura pris, soit sodomisé. » 
Montferrand (près de Toulouse) Une balle de fronde est gravée sur les deux faces, d’un côté, allusion au fromage (« caseum comes permitto ») et de l’autre (« tu meurs de faim et tu me le caches »), le tout destiné à l’ennemi… A signaler que les balles de fronde de Pérouse en Italie sont réputées pour leurs langages orduriers.
 Moyencourt (Viromanduens)Sur une fibule : « Fais-moi plaisir, porte-toi bien » 
 Naix-aux-Forges (Leuques)« Je brûle d’amour pour toi » sur une fibule (idem à Beauvais-en-Vermandois)
 NarbonneUn dessin de gladiateur  est gratifié de « verpus » (« sans couilles ») et des clients d’une auberge, peu satisfaits, ont laissé « nous avions envie de venir ici, nous avons encore plus envie d’en repartir »
 Néris-les-Bains (Bituriges) Un classique et sage alphabet d’enfant
 Nîmes Une sculpture montre un homme guidant un phallus ailé ; des phallus sont visibles dans l’amphithéâtre.
 Niort « Viens, si tu m’aimes » sur une fibule
 Paris« hôtesse, remplis ma gourde de cervoise » et « patron, as-tu du vin relevé ». Sinon, un certain Hy… déclare avoir bien profité des faveurs d’une fille, Caprias.
 PérigueuxMérite une mention spéciale pour ces : « … a enculé trois fois un mirmillon », « Perpetus est pédé », « j’ai tringlé Aucina 14 fois », « Dibixta appelle un homme, un vrai », « la grue de Primus », « j’ai cherché Sabina la servante… » suivi d’un « (c’est) le lot quotidien d’Arugus que de la chercher) », une « Corde pour gibier de potence » ou en plus amusant, un possible gage lors d’un concours de poésie (« ceux qui transgresseront les règles des Muses donneront 10 fèves ») et le célèbre « Vava » écrit par une main enfantine, près d’un dessin d’un chien qui semble aboyer. 
 Peyrestores (Ruscino)79 graffiti sur céramiques, provenant sans doute d’une auberge (« Aux deux paons ») et peut-être des marques de propriété de buveurs ou des noms de servantes = env. 50 noms dont Albinis, Alius, Cleopatra, epax, Fausta, Fullonis, Mentilus (« le menteur »), Potinus (« le buveur »), Tibicinis (« le joueur de flûte)… ; il y a aussi le même avertissement qu’à Ruscino : « Je suis la (propriété) de Tiburtinus, voleur, gare au bâton » (sur une poterie)
PlouhinecSur un papyrus (une rareté en Gaule et le plus à l’ouest jamais retrouvé) : « toi, prends soin de toi » (sans doute une lettre privée ?) ; cf J.-L. Fournet (dir.), Le papyrus dans tous ses Etats, de Cléopâtre à Clovis, 2021, page 54
 PoitiersUn graffiti accompagné d’un phallus : « Ateuritus à Heucita, salut ! Qu’on lui mette ça dans le « connus » (sexe de la femme). Un graffiti sans dessin mais explicite : « Qu’Aenius (ou Aenia) (me) lèche ». Et un « J’ai sodomisé » (ou « … a sodomisé »). Un graffiti « Mercurio » également associé à un phallus.
 Pont du Gard une sculpture sur une pile montre un phallus à pattes, à queue et à clochette ! (longtemps considéré comme un lièvre !!!)
 Reims « Nocturnus est aimé » (le veinard !)
 Rennes« j’ai baisé 25 fois… » et « pédé ! » ; vantardises et injures sexuelles, comme graffiti, ont été relevés sur le site Ambroise-Paré
Rezé Plaquette en plomb avec, peut-être un registre de recettes et dépenses
 Rivery Célèbre statuette en bronze du musée d’Amiens : un homme portant cape et capuche puis dévoile un phallus lorsque l’on soulève la partie supérieure de cette oeuvre !
 Rouffach (Alsace) une inscription sur les 4 faces d’un stylet en bronze a peut-être une lecture à deux niveaux : « Mon savoir-faire fait progresser l’amour grâce à mon zèle » (sous-entendue, « Mon amour bénéficie de mon savoir-faire érotique »…)
 RuscinoGraffites sur cruches : « J’appartiens à Lucius, l’amateur de femmes. Il n’a jamais eu peur (de personne ?). Voleur, prends garde au bâton. » ; « Je suis la cruche d’Hermas. Je ne donne pas gratuitement ce qui peut se vendre, voleur, garde-toi du châtiment »
Saint-Couat d’AudeUn plomb inscrit (liste comptable avec 8 noms de personnes et peut-être des produits avec leur poids ?) provenant de la villa du Fleich II
 Saint-Pierre-de-Nazac (Tarn-et-G.) Un postérieur, gravé (celui d’un certain Maximus) « s’offre » à un phallus, gravé aussi (celui de Quintus) !
Saint-RévérienSur une fusaïole, « viens, ma fille, donne un petit baiser »
 Saint-Ulrich (villa)« Tibère (l’empereur ?? le propriétaire ? un invité ?), lèche-moi ! » 
 Saintes Un pendant en bronze est constitué d’un pénis, d’un phallus et d’une « mano fica » (geste figurant une pénétration) ; un gemme (au musée) montre une femme déposant une offrande sur un autel sur lequel se dresse une statue de Priape
 SensSur une fusaïole,  « Je suis une bonne et jolie fille »
 StrasbourgSur une fresque du camp de la 8ème légion, découverte récemment, des graffitis invitent deux personnes à trinquer : « Démétrius boira sainement à toi avec …ussus et Cassius » et « Démétrius le philosophe boira même le bouillon à la marmite/le vin mélangé aux eaux chaudes dans un gobelet ». Il faut bien que les militaires s’amusent !
 Tende (Alpes Maritimes ?)Inscriptions obscènes ou érotiques sur des parois de la vallée des Merveilles : « Celui qui a écrit ceci a sodomisé le fils de mon père » ! ; « Au … vous aime, cinq garçons » ; « (Et nous) avons trouvé l’argent : (ce sont) les habituels 2 as » (AE 2016, p 420)
TrouvilleUn gobelet en verre citant quatre auriges : « Allez Eutychus, Allez Olympus, Allez Farus, Victoire à Hierax ».
 Valence« chopine de vin de Viventia »
 Vannes (Vénètes)« … tu bois de la cervoise gratuitement »
 Vertault « au chef de la cité, cette bière » (graffiti) !
 Villards d’Héria (Séquanes)« con, tu peux pleurer et que toute la nuit menacer, un cul s’est emparé de ce qui aurait dû être ta proie » (une femme !). = un homme s’adresse à une femme et lui dit qu’il préfère aimer un homme… (in La Franche-Comté à l’époque romaine, p62) ; Dans les thermes, les pèlerins ont laissé de nombreux graffitis sur les enduits peints (des noms comme Iulius Agricola, des bâtonnets verticaux, des dessins comme celui d’un chien…)
 Volon (Séquanes) Sur un stylet en bronze : « fait (en) un heureux usage, convenablement, justement »
File:Amulettes phalliques gallo-romaines Musée Saint-Remi 120208.jpg  Ethan Frome
 Amulettes phalliques (musée de Reims) Phallus gravé du Pont du Gard
File:Roman lamp with an erotic scene, 1st century AD, Musée gallo-romain de Fourvière, Lyon (9191555997).jpgFile:Francia2010 (4774883768).jpg
Lampe érotique (musée de Lyon)Lampe érotique (musée d’Arles)

SOURCES :Artes Urbanae, La civilisation romaine au travers des graffitis (A. Sanchez, 2017)-Erotisme et mauvais œil chez les Gallo-Romains (N. Mengus, , Pax Romana n° 3, 2018, p 25-29 puis livret Editions Pax Romana, 2019)-Graffitis sexuels gallo-romains (L. Flutsch, in Dossiers d’archéologie/HS n° 22, p 32-35)-Histoire des émotions, volume 1 (collectif, éditions du Seuil, 2016)-L’art érotique en Gaule romaine (C. Dumas, in revue l’Archéologue n°80, p 34-37)-L’art érotique antique. Fantasmes et idées reçues sur la morale romaine (C. Dumas, Editions book-e-book, 2016)-L’érotisme des Gaules, catalogue d’exposition (C. Dumas, 2005 et 2008)-La langue des inscriptions latines (CERGR, 1989)-La nef de Vénus : Erotisme et mauvais œil dans l’est de la Gaule et l’empire romain (N. Mengus, ID Edition, 2018)-Les décapités d’Evreux (V. Gallien, J-Y. langlois, P. Cousyn, F. Gerber, in Vers une anthropologie des catastrophes, 2009)-Les intailles romaines : des objets érotiques et moraux (C. Dumas et L. Sageaux, in Archéologie, n° 589, p 64-67)-Les messages érotiques (M. Dondin-Payre, in Dossiers d’archéologie/HS n° 22, p 26-31)-Les Murs murmurent (A. Barbet et M. Fuchs, Infolio, 2008)-Male mort : morts violentes dans l’Antiquité (P. Charlier,Fayard, 2009)-Mal enterrés et mal rangés : le cas des squelettes humains sans sépulture en France gallo-romaine et médiévale (I. Rodet-Belarbi et I. Séguy, Archéopages, HS 3, 2012)-Nouvelles réflexions sur les objets grivois du quotidien » (C. Dumas, Instrumentum, n° 35, 2012, p 30-32)-Les pesons de fuseaux inscrits en Gaule romaine (M. Dondin-payre, in Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 2004, p 198-205)-Priape, un sex-symbol (C. Dumas, in revue Antiquité magazine, n°14, 2019, p 75-79)-Sexe et érotisme à Limoges (in TAL, 2014)-Sois Maudit ! (M. Martin, édition Errance, 2010)-Sortilèges et amulettes (in revue Antiquité magazine, n° 14, 2019, p 81-87)-Subjektive und faktische Risiken… (U. Ehmig, in revue Chiron, 43, 2013, p 127-198 = liste de 257 actes de décès mentionnant la cause du décès, pour tout l’Empire romain ; 17 concernent les Gaules)

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